Inner Sanctum 2 (1994)

 

Inner Sanctum 2

(1994)

 

 

Inner Sanctum n’avait pas besoin d’une suite et il est même difficile de croire que le film a rencontré la moindre popularité, que ce soit en vidéo club ou sur le câble. Et pourtant trois ans plus tard Fred Olen Ray revient avec ce nouvel opus qu’il scénariste lui-même sous pseudonyme et avec l’aide d’un Steve Armogida, futur réalisateur de Bikini Drive-In et Masseuse. Étrangement le duo livre une histoire extrêmement fidèle à l’original au point de faire des rappels à nombreux détails insignifiants, comme pour s’assurer de ne pas perturber les fans hardcore du premier volet. Margaux Hemingway reprend son rôle mais Tanya Roberts disparait, et avec elle toute prétention qu’il s’agit là d’un thriller érotique. Car tout au plus peut-on compter deux scènes de sexe bien sages et de vagues allusions à un jeu de séduction qui n’a finalement jamais lieu.

 

 

Ce qui intéresse les scénaristes ici est clairement le côté “suspense” de leur histoire, et les évènements sont en effet bien plus intriguant que la dernière fois avec une multiplication importante du nombre de protagonistes pour offrir plusieurs pistes et suspects. L’histoire se déroule tout juste deux semaines après les évènements précédent et Jennifer peine à se remettre de la situation, faisant continuellement des cauchemars à propos de son mari Baxter qui la hante sous la forme d’un horrible zombie. Si elle a retrouvé l’usage de ses jambes, elle demeure faible et mentalement instable, devant compter sur l’aide d’une nouvelle infirmière à domicile et d’un homme à tout faire. Hélas Bill, le frère de Baxter, débarque subitement avec son épouse Sharon pour régler quelques détails concernant l’héritage du défunt.

 

 

Sa seule présence perturbe la veuve qui commence à perdre les pédales, entre visions de mort et fantasmes de harcèlement sexuel sur sa personne par le nouveau venu. Chercherait-il à venger la mort de son frère en rendant Jennifer folle ? Il éveille clairement les soupçons de Jane, l’aide-soignante, mais il cherche en fait une réserve d’argent que Baxter avait caché dans le but de s’enfuir avec sa maitresse Anna. Laquelle est également la maitresse de Bill. Le duo compte reprendre cette idée à leur compte et il leur faut une clé se trouvant quelque part dans les affaires du disparu. Mais plus le temps passe, plus il semble que quelqu’un cherche véritablement à faire craquer Jennifer, laquelle est persuadée que Baxter est revenu d’entre les morts pour finir le travail. Qui peut bien lui en vouloir ? Baxter ou Anna, par vengeance ? Jane et le bricoleur, qui sont secrètement amants ? Son médecin, qui semble obsédé par son cas, ou Sharon, épouse délaissée que Bill déteste autant que Baxter la détestait elle ?

 

 

Voilà qui permet d’entretenir un bien meilleur suspense que Inner Sanctum premier du nom, et jusqu’au bout le spectateur est gardé dans le flous quant au(x) véritable(s) coupable(s) et aux motivations, au point même de le faire douter quant à la possible résurrection de Baxter en guise de twist fantastique. La conclusion fait chavirer cette suite dans l’univers du slasher avec cet assassin mystérieux qui se met à massacrer tout le monde de façon brutale: tête coupée, meurtre au crochet, strangulation… Mais le véritable intérêt de cette suite réside dans les visions assez incroyable du personnage principal, bien plus délirantes que la dernière fois et tout droit sorties d’un film d’horreur. Baxter y revient sous la forme d’un croquemitaine à la Freddy qui s’amuse à la poignarder, égorger son propre frère ou à danser avec sa belle-sœur en pleine nuit dans un cimetière.

 

 

Le film nous fait le coup du “rêve dans le rêve”, transforme quelques patients d’une salle d’attente en figures inquiétantes tandis qu’une jolie infirmière plonge sans prévenir une grosse seringue dans le cou de l’héroïne, et surtout montre Sharon donner sans prévenir une fellation à son mari  juste sous les yeux de Jennifer tandis que l’heureux élu lui souffle qu’elle sera la prochaine ! Le clou du spectacle reste sans doute ce fantasme qui dérape et dont on ne sait pas bien au début s’il s’agit d’un rêve ou de la réalité: Bill avoue finalement ses sentiments à l’héroïne et s’introduit dans son lit pour lui faire l’amour. Mais alors qu’il est au-dessus d’elle, la besognant, il se transforme subitement en vieille momie décharnée dont le visage se brise comme un œuf, laissant s’échapper une coulée d’ectoplasme qui fini dans la bouche de sa partenaire !

 

 

A côté de ça l’érotisme de pacotille que le réalisateur distribue au compte-goutte ne risque pas de retenir l’attention du public. Ça n’y baise pas plus que dans n’importe quel film, avec seulement deux séances de jambes en l’air par le même couple, le fantasme vite avorté cité plus haut et un viol conjugale entre Bill et Sharon qui coupe net lorsque les choses sérieuses ne commencent, les acteurs n’ayant pas signés pour montrer simuler l’acte. Pire, c’est un body double qui est utilisé a chaque fois, rendant encore plus fausses ses séquences qui en deviennent alors dénué d’intérêt. C’est dommage, surtout que Jennifer Ciesar, qui incarne Jane, se trouve être très jolie avec un corps visiblement charmant, et Fred Olen Ray se concentre uniquement sur son sex appeal à elle, l’habillant d’une blouse serrée et d’une nuisette à décolleté pigeonnant.

 

 

Margaux Hemingway, dont la situation personnelle ne faisait que s’empirer à l’époque (elle décèdera d’une overdose deux ans plus tard), n’a pas la moindre scène chaude, et la nouvelle Jennifer est jouée par une comédienne encore plus vieille qu’avant au point de faire un brin cougar. Autant dire que nous sommes loin des femmes fatales à la Tanya Roberts, dont le personnage n’est d’ailleurs même pas mentionné ici. Surprenant vu la conclusion ouverte de Inner Sanctum et son importance dans l’histoire. Ça ne serait pas vraiment problématique si cette suite ne faisait pas constamment référence à son prédécesseur, ramenant des éléments précis mais somme toute inutile comme le fauteuil roulant ou le bandeau de police à la fenêtre du bureau de Baxter suite à l’assassinat d’un collègue trop curieux. Même Chuck Cirino revient à la musique, comme pour se faire pardonner son score insignifiant de la dernière fois.

 

 

Au moins les nouveaux venus relèvent le niveau, à commencer par Michael Nouri (Hidden) dans le rôle de Bill qui se montre si sérieux et professionnel qu’il parvient à en devenir intimidant. Sandahl Bergman (Conan le Barbare, She) joue son épouse, et si elle est reste en retrait durant tout le film c’est pour mieux ressurgir avec forces dans les dernières minutes. David Warner (Waxwork) n’a pas grand chose à faire pour être inquiétant, l’inénarrable Joe Estevez vient faire une apparition dans le rôle d’un flic idiot qui lui va comme un gant, et a ses côtés rien de moins que Orville Ketchum himself, le toujours sympathique Peter Spellos, tandis que Fred Olen Ray  peut être aperçu comme figurant avec une superbe coupe mulet. Une belle brochette de valeurs sûres – chacun à leur manière – dont on ne peut que regretter que la sous-exploitation évidente.

 

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