The Twilight Zone (1.04c) – Nightcrawlers (1985)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

The Twilight Zone

Nightcrawlers

(1985)

 

– War’s over Mr. Price. No need to bring it back.
– Bring it back ?! It never went away !”

 

 

Pour toute introduction au revival 80s de Twilight Zone, vous pouvez lire la chronique précédente que je ne me sens pas de copier-coller juste pour gagner un ou deux paragraphes. Du coup plongeons directement dans ce Nightcrawlers, troisième segment du quatrième épisode qui a pour lui d’avoir été réalisé par William Friedkin ! Et beaucoup vont considérer qu’il s’agit là d’une œuvre mineure dans sa filmographie  tandis que d’autres n’auront même pas idée que c’est bien lui derrière la caméra. Il faut dire que nous ne sommes pas à Hollywood et que le budget est très serré, aussi sa mise en scène n’a rien d’époustouflante, se contentant déjà d’être compétente et efficace. Mais pour être franc l’histoire n’a pas vraiment besoin de lui, son récit extravagant se suffisant à lui-même pour être remarqué.
Celui-ci est justement tiré d’une nouvelle de Robert R. McCammon, responsable du très pulp L’Heure du Loup (si James Bond était un loup-garou durant la 2ème Guerre Mondiale !) et auteur assez solide pour avoir son propre mérite. L’association des deux est juste un petit bonus, assurant une adaptation fidèle et solide qui n’hésite pas à plonger dans l’horreur, dépassant de ce fait le cadre “tout public” prévu par la chaine productrice qui s’en mordra sûrement les doigts…

 

 

L’histoire se déroule durant une nuit de tempête dans un petit restaurant de bord de route. C’est là où vient dîner le shérif du coin qui tente d’oublier sa dure journée: il y a eu un massacre dans un hôtel de la ville et l’endroit ressemble à un véritable champ de bataille. Quatre morts et un bâtiment complètement détruit par les balles et les flammes, le ou les responsables ayant disparu. Lorsqu’une famille débarque, il se montre malgré tout courtois et leur propose de les guider vers un logement pour leur éviter de subir l’ouragan. Mais un autre arrivant va éveiller sa méfiance, Price, individu nerveux qu’il a vu débouler à toute vitesse sur la route malgré la météo. Celui-ci est juste venu prendre un peu de café avant de reprendre le volant et persiste à décliner l’offre du représentant de la Loi d’attendre le lendemain pour reprendre la route. La tension va vite monter lorsque l’inconnu déclare être un vétéran de la guerre du Vietnam…
Traumatisé par ce qu’il y a vécu, il tente désespérément de détourner la conversation mais le shérif l’y ramène sans cesse: n’ayant pas eu la “chance” d’y participer lui-même, il possède une vision fausse et très patriotique du conflit, ne comprenant pas les réticences de l’ancien soldat à évoquer ses actes de bravoures. Poussé à bout, Price va alors lui révéler son secret…

 

 

Il était un membre des Nightcrawlers, une équipe de reconnaissance patrouillant au plus profond de la jungle pour débusquer les ennemis. Un surnom qui vient du fait qu’ils devaient ramper en pleine nuit pour effectuer leurs missions. Blessé lors d’une terrible embuscade il a fini par déserter, abandonnant ses camarades blessés sur place, piétinant leurs corps pour se frayer un chemin. Se sentant coupable et souffrant de stress post-traumatique, il désire secrètement retourner au Vietnam et y mourir afin de rejoindre ses compagnons… Le problème étant que ces militaires ont développés un pouvoir spécial après être entré en contact avec un mystérieux produit chimique, pouvant alors créer ce à quoi ils pensent.
Si Price désire un steak, celui-ci va apparaître sur le gril, s’il veut une bière, une cannette vient remplacer la tasse qu’il tient à la main… Le flingue que le shérif braque sur lui ? Il le fait fondre ! Ces petits miracles ne sont que de courte durée car il n’arrive pas à contrôler parfaitement ce don, malheureusement il en perd totalement le contrôle aussitôt qu’il se repose. Et si son esprit perturbé se remémore la jungle et les combats, alors à la manière de Night Wars ses cauchemars de la guerre deviennent réels. A la différence que ce n’est pas lui qui se retrouve là-bas, mais que ce sont ses hallucinations qui pénètrent dans notre réalité !

 

 

La forêt apparait subitement et avec elles les G.I. morts, désireux de se venger de lui et armés jusqu’aux dents… Price est effectivement responsable de l’incident de l’hôtel, s’étant endormit par mégarde, et voilà pourquoi il refuse la proposition du policier de passer la nuit dans un bâtiment public. Sauf que ce dernier, prenant peur, va finir par se disputer avec lui et l’assommer afin de le retenir… invoquant du coup ses frères d’armes fantomatiques ! Aussitôt l’environnement se transforme, et alors que la tempête fait toujours rage, le diner  se retrouve comme perdu au milieu de la jungle tandis que les revenants se lancent à l’attaque…
L’état de siège qui s’ensuit ne dure pas bien longtemps puisque les pauvres clients n’ont aucun moyen de défense. Le shérif, qui avait tant rêvé de partir à la guerre, est vite abattu tandis que le minuscule bâtiment est pulvérisé par les explosions et les rafales de mitrailleuses lourdes. Ne restent alors que le cuisinier, la serveuse et la petite famille. Et la question se pose alors: vont-ils eux-même tuer le vétéran afin de mettre fin à la situation, ou est-ce que les Nightcrawlers l’atteindront avant eux, décimant en même temps tout ceux qui se trouvent autour de lui… ? La conclusion n’apportera aucune sorte de réconfort même si la morale reste sauve dans le sens où les innocents s’en sortiront.

 

 

Au-delà de ça, il y a un refus total de respecter les conventions habituelles de la série et un des personnages finira presque pas sombrer dans la folie lorsqu’il se souviendra qu’il existe au moins quatre autres personnes comme Price quelque part dans le pays. Le ton est sombre, violent et n’apporte aucune justice pour son pauvre vétéran détraqué qui n’a rien d’un vrai coupable. La guerre c’est l’Enfer, et voilà ce qui semble avoir intéressé Friedkin plus que la traditionnelle aventure humaine. Il se concentre avant tout sur l’ambiance, l’explosion intérieur de son soldat perdu qui va d’abord esquiver le sujet du Vietnam pour mieux sauter dedans à pieds joints une fois lancé, effrayant tout le monde. “Vous n’êtes pas obligé de revivre tout ça” lui dit-on. “Je sais mais maintenant j’en ai envie” répond-t-il avant de se montrer très descriptif dans ses souvenirs.
Et les soldats attendent patiemment que le “portail” s’ouvre pour les laisser passer. C’est d’abord une ombre qui se tient immobile sous la pluie, tel Michael Myers. Puis ils surgissent accompagnés d’hélicoptères et de fusées éclairantes, tandis que le bruit du vent se transforme en un long hurlement de douleur qui résonne constamment ! Le réalisateur de L’Exorciste les filme comme de vrais démons, marchant sur un sol couvert de crâne est de squelettes exactement comme dans les scènes du futur de Terminator !

 

 

Muets, implacables, ils ne sont que des silhouettes sombres même si des plans furtifs viennent révéler leurs physiques mutilés: l’un a perdu son visage, un autre son bras, tandis que le troisième à un cratère à la place d’un œil. Quand enfin il se confronteront au traitre, il ne feront preuve d’aucun sentiment envers lui, tandis que derrière eux le Vietnam à cède la place à un mur de flammes. Saisissant, et sans doute bien trop violent pour un épisode de La Cinquième Dimension alors diffusée à une heure de grande écoute. Une erreur commise par la chaine responsable en fait, celle-ci ayant pour d’étranges raisons choisi de décaler l’émission, à l’origine passant tard en soirée lorsque les enfants sont au lit, à plus bien plus tôt dans la journée.
Résultat de nombreux parents se sont étranglés en voyant ce Nightcrawlers où plusieurs personnes se font tirer dessus et où l’un des “gentils” ordonne à un autre d’achever Price pour sauver leur propre peau ! S’ils avaient réfléchis un peu (sûrement pas leur fort), les responsables auraient sûrement compris que William Friedkin a profité du créneau horaire initial pour livrer un épisode particulièrement destiné aux adultes ! Hélas pour eux ils n’y gagnèrent qu’une perte d’audience potentielle, certains ménage interdisant évidemment le show à leur progéniture suite à ça.

 

 

Quelque part Nightcrawlers n’en devient que plus intéressant encore, prouvant la futilité pour un grand cinéaste d’œuvrer pour la petite lucarne en raison de tous les interdits et limitations qu’elle impose. Cela n’empêchera pas Friedkin de récidiver quelques années plus tard avec Les Contes de la Crypte, pour un résultat en revanche sacrément décevant. Il faut dire qu’il avait ici une équipe du tonnerre puisque outre le texte original de McCammon, il y était également épaulé du cinématographe Bradford May, bon technicien s’étant illustré sur Motel Hell et Monster Squad et réalisateur de quelques série B comme les suites de Darkman. A la musique rien de moins que les Grateful Dead (déjà responsable du sympathique thème du revival) qui invitèrent même Huey Lewis a venir jouer de l’harmonica ; vous savez, le type qui chante The Power of Love pour Retour vers le Futur !
Et au casting au moins deux noms notables: dans le rôle du vétéran, Scott Paulin de La Féline et L’Étoffe des Héros, qui se déchaine complètement sans doute pour bien se faire voir du réalisateur (pas de chance il échouera en Red Skull dans le Captain American de Albert Pyun). A ses côtés la sympathique mais bizarrement nommée Exene Cervenka dans le rôle de la serveuse, chanteuse Punk Rock dans le groupe X… et ex-femme de Viggo Mortensen. Ça c’est du CV !

 

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>