The Twilight Zone (1.01) – Evergreen (2002)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

The Twilight Zone

Evergreen

(2002)

 

 

Après un excellent revival dans les années 80, The Twilight Zone va tenter un second retour dans les années 2000 sous l’influence d’un nouveau paysage télévisuel. Les extraterrestres et le surnaturels sont de bon ton grâce aux succès de The X-Files et Buffy Contre les Vampires, et surtout la série The Outer Limits a été elle aussi dépoussiérée et ramenée sur les écrans. Diffusée chez nous sous le titre de Au-Delà du Réel: L’Aventure Continue, elle jouait énormément de cette modernité en proposant une science-fiction d’anticipation et des idées contemporaines. Historiquement elle a toujours été la rivale de La Quatrième Dimension, tant est si bien que beaucoup de spectateurs avaient tendance à confondre les deux. Quelqu’un, quelque part, s’est sûrement dit qu’il était temps de ramener le véritable maitre du genre afin de protéger son honneur… ou de gagner rapidement quelques dollars en surfant sur la même vague. Et cela se ressent énormément tant les décisions créatives de cette nouvelle mouture puent le jeunisme superficiel et l’effet de mode.
Si La Cinquième Dimension pouvait être critiquée pour ne pas être vraiment à la hauteur de son modèle, alors La Treizième Dimension (la traduction française s’expliquant par le fait que la diffusion était alors exclusive à la chaine 13ème Rue – bonjour l’égo) devrait elle faire honte à Rod Serling.

 

 

Twists prévisibles, histoires anecdotiques, visuels laids ou sans inspiration… Les sujets sont pour la plupart des resucées d’autres films et les valeurs de production sont terriblement basses: chaque épisode est tourné à Vancouver, et ça se voit. Beaucoup. Le nouvel arrangement musical du célèbre thème est à vomir (composé par le leader Korn, alors ultra populaire) et l’hôte est ici joué par un Forest Whitaker jovial qui n’a pas toujours l’air de comprendre que sa nonchalance peut directement affecter le ton de l’histoire qu’il présente. Oh, et il est filmé derrière un green screen histoire de gagner du temps. Autant dire cette version parait désormais très ringarde, trouvant le moyen d’avoir mal vieilli alors qu’elle est l’adaptation la plus récente.
Et sans vouloir tirer sur l’ambulance, parlons de ce premier épisode: il s’agit d’un remplacement de dernière minute, le pilote original ayant été repoussé pour de mystérieuses raisons. The Lineman, qui a pour lui d’être réalisé par Jonathan Frakes de Star Trek: The Next Generation, apparait désormais en deux parties en plein milieu de la saison sans que son intrigue ne justifie cette durée supérieure à la normale. Au moins son substitut s’avère assez marquant pour attirer l’attention, même si ce n’est pas nécessairement pour les bonnes raisons…

 

 

L’histoire se déroule dans une petite communauté de Evergreen Estates, un lieu retranché où viennent s’installer des familles en difficultés avec leurs enfants. Car il s’agit moins d’une ville que d’un centre de redressement pour délinquants, et c’est là que les Winslow déménagent suite aux soucis causés par leur fille aînée Jenna, une jolie punkette avec un gros problème d’autorité. Tatouée, vulgaire, les cheveux teints, celle-ci s’avère ingérable pour ses parents qui placent leurs derniers espoirs dans cette bourgade supposément spécialisée dans l’encadrement et l’accompagnement des mineurs, afin de les conformer aux bonnes valeurs de la société.
Ainsi les lieux sont surveillés et clôturés, les jeunes doivent porter un uniforme en permanence et participer à des activité associatives sans faire le moindre remous. Fumer et boire est interdit, et Monsieur Brooks, le responsable du programme, évoque son mépris pour les drogues, le gangsta rap et (gasp !) les films violents. Plus des paroles de gourou que d’éducateur, et pour cause.
L’héroïne est à peine sortie de la voiture qu’elle est immédiatement droguée par ses propres parents. A son réveil, elle réalise qu’on lui a retiré ses colorations, ses piercings et même ses tatouages ! Choquée, elle va immédiatement s’opposer à ce mode de vie qu’on lui impose mais toute sa famille va se se ranger contre elle, y compris Jules, sa jeune sœur pour qui elle éprouve une affection sincère.

 

 

La jeune femme va décider de s’évader, mais un garçon va lui révéler que cela est impossible et que toute opposition au système risque de lui faire gagner un aller simple pour Arcadia, lieu mystérieux où sont déportés les adolescents trop rebelles. Plus tard, elle va être témoin du rapt de celui-ci, jeté dans un fourgon blindé au beau milieu de la nuit par décision du Conseil – en fait les parents du quartier, facilement manipulé par Cliff qui organise un vote d’élimination. Comprenant que Evergreen est un endroit dangereux, elle va tenter de s’enfuir… avant d’être dénoncée par Jules, qui elle ne désire que le bonheur de ses parents…
Le twist, s’il est prévisible en soit, s’avère être particulièrement sordide dans son exécution et justifie vraiment la vision de l’épisode. Car il apparait que les enfants désobéissant ne sont pas hypnotisés, reprogrammés ou même gardés prisonnier. Ils sont euthanasiés et leurs corps sont transformés en fertilisant, la famille se retrouvant avec un bel arbre à planter en guise de tombe ! Tôt dans l’épisode, Jenna voyait ses voisins se recueillir en larmes devant un petit sapin. Un détail que l’on comprend être d’importance même si l’on ignore ce qu’il signifie. Et ainsi le nom même de la ville donne un frisson dans le dos, Evergreen – toujours vert, et on réalise que nombreux sont ceux qui verdissent les beaux jardins de ces résidences idéales.

 

 

Ce détail est ce qui rend cet épisode particulièrement mémorable, le scénario lui-même étant plutôt convenu. On l’a déjà vu en mieux ailleurs, avec Comportements Troublants par exemple, dont la fin était plus satisfaisante car montrant les adolescents l’emporter sur les idéologues fous. Pire, Au-Delà du Réel est déjà passé par là avec Straight and Narrow, doté d’une conclusion similaire ! Mais le vrai problème vient de cette cruauté plutôt inhabituelle pour Twilight Zone, qui jusqu’ici avait toujours été une série soucieuse de valoriser la vie humaine et rendre le bon jugement sur ses protagonistes. Certes il y a quelques exceptions, notamment avec Time Enough at Last où Burgess Meredith casse accidentellement ses lunettes après la fin du monde, mais toutes les institutions fascistes étaient condamnées par Rod Serling et essuyaient une défaite à la fin de l’histoire. Dans The Obsolete Man, si le personnage principal est effectivement assassiné par un gouvernement autoritaire, il parvient à se venger de celui qui l’a condamné et montre au monde la faiblesse du régime. Ici Jenna, adolescente vaguement criminelle, est trahie par ses proches et transformée en engrais pour plantes, tandis que la secte s’en lave les mains. La famille retrouve le sourire et Forest Whitaker prononce son discours de conclusion avec bonne humeur !

 

 

Vraiment, si ce n’est pour la façon ignoble dont Evergreen se débarrasse de ses opposants, cette entrée en matière révèle a peu près toutes les erreurs dans lesquelles va tomber La Treizième Dimension, à ce jour la pire incarnation de la série tout format confondu. Au moins Amber Tamblyn, la jeune actrice qui interprète l’héroïne, retient l’attention grâce à son charmant minois et sa douce impertinence (“I have a sunflower in my ass if you’re interested”). C’est déjà ça de gagné. Terminons sur ce très étrange commentaire laissé sur la page IMDB de l’épisode par quelqu’un qui n’a pas non plus apprécié que M. Brooks et les Winslow s’en sortent impunis. I decided the community should pay the price that God did to Sodom & Gomorrah. Euh… Okay…?

 

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>