Monsters (3.06) – The Hole (1990)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

Monsters

The Hole

(1990)

 

 

Il était grand temps que je vous parle de Monsters, probablement ma série télé préférée toutes générations confondues ! J’en avais déjà le projet en 2012, avant de me dire qu’il était intéressant d’évoquer d’abord comment le concept de Creepshow avait évolué au format lucarne avec Tales From the Darkside, qui a ensuite lui-même donné naissance à Monsters. Car il s’agit d’un spin-off pour ainsi dire, ayant vu le jour l’année même où Darkside s’est terminé. En réalité il s’agit de trois saisons supplémentaire à celui-ci, présentées sous un nouvel habillage. La structure, la réalisation et le montage restent identique: pas plus de trois acteurs, un ou deux décors seulement, des effets spéciaux très limités et une durée de vingt minutes par histoire. Même la transition générique / épisode est similaire, en une sorte de porte qui s’ouvre !
Si les origines de ce changement ne sont pas claires et que les producteurs tentèrent de marquer la différence entre les shows en présentant l’un comme un Quatrième Dimension horrifique basé sur des évènements surnaturels et l’autre comme un train fantôme se concentrant uniquement sur les monstres, il n’y a fondamentalement aucune différence notable entre les deux. Des tas de créatures faisaient déjà leurs apparitions dans Darkside, et pleins de situations surnaturelles sont au cœur de Monsters, même si le cahier des charges impose au moins une bestiole par épisode (celle-ci pouvant être vraiment secondaire et n’apparaître qu’à la toute dernière seconde).

 

 

Seule remarque: la disparition de George Romero comme producteur exécutif, alors trop occupé avec le remake de La Nuit des Morts-Vivants et le projet Deux Yeux Diaboliques qui rencontrait quelques difficultés. Peut-être aussi une perte d’intérêt après la mort de Tom Allen, consultant créatif de Darkside et brièvement sur ce successeur. Au moins la parenté avec Stephen King tient encore grâce à l’adaptation d’une de ses nouvelles, le totalement fou The Moving Finger avec Tom Noonan. L’absence de ces grosses têtes n’est heureusement pas un problème ici, et la série est presque un sans faute sur toute sa durée. Quelques ratés bien sûr, notamment Household Gods, idéologiquement puant (du sexisme à l’état pur), et naturellement il y a toujours des intrigues moins prenante que d’autre. Mais le bilan reste positif de façon quasi constante et avec quelques bijoux qui transcendent leurs limitations et en imposent fortement.
The Hole est de ceux-là, arrivant sur le tard puisque durant la toute dernière saison. Réalisé par un inconnu qui n’aura jamais rien fait d’autre de sa carrière, il a pour lui d’avoir été conçu par une véritable pointure: Gerry Conway, ancien de chez Marvel et DC, créateur du Punisher et de quelques autres personnages bien connu (le Killer Croc de Batman, la très poumonée Power Girl, Man-Thing) et auteur de l’histoire la plus célèbre de Spider-Man: La Mort de Gwen Stacy !

 

 

S’il a déjà eu un peu d’expérience dans l’industrie cinéma avec Tygra, la Glace et le Feu et Conan le Destructeur, il va ici s’entourer d’une équipe plutôt surprenante pour livrer son script, s’associant avec Wayne Berwick, réalisateur du shot-on-video Microwave Massacre pour concevoir l’histoire, et laissant à Haskell Barkin, auteur sur Darkside et le nouveau Twilight Zone, le soin d’écrire le scénario final. Étrange façon de travailler pour ce tout petit projet, mais coup de chance le résultat n’en pâtit pas. Au contraire, l’épisode est l’un des plus marquants de toute la série grâce à un cadre original tirant merveilleusement parti des contraintes de décors et de casting. L’intrigue se déroule en pleine guerre du Vietnam et s’intéresse à une escouade de soldats, trois hommes seulement, dont le job est d’investir un réseau de souterrains abandonné par l’ennemi afin de récupérer le plus d’information possible et d’interroger les survivants toujours présent. Un sale boulot où il faut éviter les embuscades et qui nécessite un petit groupe afin de se déplacer rapidement et avec discrétion…
Malgré quelques pièges à neutraliser, ils progressent rapidement dans le dédale et tombent avec surprise sur un camp totalement désert mais bourré à craquer de munitions, de cartes, de nourriture et de médicaments. Pas un blessé en vue, pas un ennemi retranché. Malgré leur mauvais pressentiment, ils continuent d’explorer et trouvent enfin un Vietcong agonisant et totalement défiguré qui va tenir des propos incohérents.

 

 

 

Selon lui ses hommes auraient creusés trop profond dans les entrailles de la Terre et auraient réveillé quelque chose de maléfique. Les souterrains les auraient comme avalés et les tunnels eux-mêmes ne les auraient plus laisser sortir. Pour ne rien arranger les choses les G.I. découvrent que la zone n’est pas juste une cachette secrète mais de véritables catacombes: les Vietcongs, n’ayant pas le temps d’enterrer leurs morts sur le champ de bataille, ont murés les cadavres dans les parois de leurs galeries… Et bien sûr ceux-ci reviennent maintenant à la vie pour attaquer les vivants – tous les vivants. En une reprise de la citation de Zombie, il est dit que la terre vengerait peut-être tout le sang versé sur elle, qu’il soit vietnamien, français ou américain.
Et il n’en faut pas plus pour faire monter la tension. Avant même l’apparition des zombies, le labyrinthe apparait comme malfaisant en lui-même, se modifiant sans cesse, ne menant qu’à des voies sans issues et piégeant les soldats qui avaient pourtant semés des cartouches pour retrouver leur chemin. On sent la patte de Conway qui n’est pas qu’un auteur d’histoires de super-héros, ayant participé aux publications type Creepy ou Eerie et plusieurs équivalents chez DC et Marvel (The Witching Hour, Tomb of Dracula, Chamber of Chills). L’absence d’argent lui permet de jouer avant tout sur l’atmosphère, la sensation de claustrophobie et l’idée d’une menace que les armes ne peuvent arrêter. Quant aux morts-vivants, ils évoquent plus des fantômes traversant les murs, emportant leurs proies avec eux sans laisser de trace, et hurlant comme des banshees.

 

 

 

Qui plus est Monsters se veut être une série faisant honneur aux monstres, et les maquillages sont ainsi soignés et pratiquement du même niveau qu’un Creepshow. Outre quelques blessures horribles sur ce soldats mourant laissé sur place, les créatures ont l’apparence de squelettes décharnés et couvert de terre, se confondant avec leur environnement. Ils sont innombrables, affluant dans des tunnels presque trop petits pour tous les contenir, et viennent un peu en tête les abominations souterraines de L’Affaire Charles Dexter Ward de Lovecraft.
Mais au final ils comptent peu, et l’horreur provient de la terre elle-même qui ne relâchera jamais ses prisonniers. La conclusion est particulièrement vicieuse, montrant un survivant creuser au-dessus de lui en raisonnant qu’après avoir remonté si haut, il ne devrait plus être loin de la surface. Et il se créé une ouverture, n’ayant plus qu’à grimper avant que les morts ne le saisissent… sauf qu’une fois là-haut, il réalise qu’il est toujours dans les souterrains, comme s’il n’y avait plus aucune logique de sens et de directions ! Quant en plus on voit les acteurs se tenir accroupis à longueur de temps puisque n’ayant réellement que très peu de place pour tenir, on se dit que The Hole a parfaitement réussi son coup. Seule la musique a un peu vieilli, trahissant l’âge et le budget de la série, et bien sûr l’exploitation même du thème de la guerre du Vietnam est le fruit de son époque: Platoon en 1986, Full Metal Jacket en 1987, Outrage en 1989, et bien d’autres…

 

 

Le casting ne parlera pas à beaucoup et c’est dommage car les deux rôles principaux sont tenus par des personnes issu de deux horizons bien distinct. D’un côté nous avons Antone Pagán qui a énormément sévit dans le Bis et le film de genre puisqu’il fut aussi bien figurant sur Opération Dragon et The Warriors qu’acteur dans L’Éventreur de New York et Les Guerriers du Bronx. Habitué à écrire et improviser, il se retrouve même crédité à côté des scénaristes pour les quelques lignes de dialogues qu’il aura ajouté durant le tournage. De l’autre il y a Ahmad Rashād, ancien joueur de foot professionnel et reporter sportif à la longue carrière. Malgré leurs backgrounds radicalement différent, les deux sont impeccable dans leur rôle respectif et forment un duo auquel on fini par s’attacher. Enfin, même si ce n’est qu’un titre honorifique qui est rapporté à chaque épisode, il faut mentionner la légende des effets spéciaux Dick Smith qui fut un consultant régulier sur Monsters. Son travail s’est certainement résumé à peu de choses, mais comment l’ignorer ?
Alors oui, il y a des épisodes bien meilleur encore au sein de la série, et The Hole parait désormais obsolète puisque certains films ont depuis reprit le même type d’intrigue avec de plus gros moyens (le génial Outpost avec Ray Stevenson, La Tranchée avec Jamie Bell), mais il s’agit d’un véritable tour de force qu’il convient de sortir… de son trou. Si vous avez vingt minutes n’hésitez surtout pas, vous ne serez pas déçu !

 

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