Tales From the Darkside (2.05) – Halloween Candy (1985)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

Tales From the Darkside

Halloween Candy

(1985)

 

Trick or treat.

 

 

J’ai déjà fait, il y a longtemps, une introduction à la série Tales From the Darkside, pour expliquer qu’il ne s’agit pas que d’un précurseurs aux Contes de la Crypte de HBO mais aussi de la version télévisée de Creepshow. Et si quelques épisodes se rapprochaient un peu plus de La Quatrième Dimension que des EC Comics, nombreux sont les dignes héritiers du film de George Romero et de Stephen King. Dans le Top 2 on retrouve cet Halloween Candy au côté de Inside the Closet, chacun mettant en scène un petit monstre en caoutchouc, et chacun ayant été réalisé par Tom Savini ! Car oui, avant même de tourner le très bon remake de La Nuit des Morts-Vivants, le célèbre maquilleur a fait ses premières dents sur ce show, prouvant qu’il est  aussi talentueux avec une caméra et des acteurs qu’avec ses prothèses de latex.
Dans ce cas particulier il fait bien plus qu’emballer une petite histoire d’horreur de quelques minutes, rendant en fait véritablement hommage à Halloween et à son atmosphère si particulière. Pas le Halloween commercial, mais l’esprit “effrayant” de cette fête qui fascine tant les enfants: une nuit où tout peut arriver et où les monstres sortent de nulle part pour vous terroriser. Certes ce n’est pas la première fois que les Contes des Ténèbres s’en inspirent et déjà le pilote s’amusait à détourner le Conte de Noël de Dickens en le plaçant à cette période de l’année.

 

 

Cette fois c’est le scénariste Michael McDowell qui régal, un vétéran de la série qui a également signé le script de Beetlejuice et a participé à celui de L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Autant dire qu’il est très bien placé pour faire le boulot, même si on pourra lui reprocher de faire une reprise du sketch They’re Creeping Up On You de Creepshow ! On y retrouve le même vieillard méchant enfermé dans un appartement et qui va passer une nuit difficile à cause de ses réactions excessives, et jusqu’à l’invasion de cafard et le “cadavre surprise” dans le final. Mais ça ce sont les grandes lignes, et l’intrigue va suivre une direction très différente et bien plus intéressante.
Le récit s’intéresse à Monsieur Killup, un vieux grincheux qui se retrouve seul le soir d’Halloween et qui se lamente des incessants va-et-vient des gamins venu chercher leurs bonbons. C’est un bonhomme aigris qui mène la vie dure à tout son quartier et ne cherche pas à changer de comportement. Son propre fils, adulte, ne le porte pas dans son cœur même s’il s’occupe encore de lui, et désespère de lui faire entendre raison. Malgré son invitation de l’emmener chez lui pour passer la nuit, le vieillard reste dans sa demeure et va alors envoyer paître tous les garnements qui vont se présenter à sa porte.

 

 

Bourru, il se plaint, menace, insulte et va jusqu’à gâcher la récolte d’un pauvre gamin en versant dans son sac une mixture faite de colle, de miel et de crème (“Goblin candy”). La nuit s’annonce longue et effectivement: peu avant minuit débarque sur son palier ce qu’il croit être un énième trick-or-treater, lequel refuse de partir avant d’avoir eu ses friandises. Seulement voilà, il s’agit d’un véritable démon qui va alors jouer des tours cruels au vieil homme, le harcelant sans arrêt. Killup va comprendre un peu trop tard à quoi il a affaire et n’aura guère le temps de modifier son comportement en conséquence…
Si cette histoire vous est familière, c’est parce que Michael Dougherty en a fait un quasi remake dans son génial Trick’ Treat. Une preuve que cet épisode a non seulement marqué tout une génération, mais qu’il est légitimement bon. Car malgré son budget minuscule et de sacrés limitations (deux acteurs, un décors et vingt minutes de durée), Halloween Candy est un véritable film d’épouvante qui ne tire jamais sur la comédie. Tom Savini tourne les contraintes à son avantage pour faire une épisode atmosphérique, jouant avant tout sur la peur de l’inconnu et de ce qui peut arriver. Le monstre apparait essentiellement en arrière-plan tel Michael Myers, derrière une porte ou une fenêtre, et si le maquilleur n’hésite absolument pas à nous dévoiler son faciès grotesque (et très réussi), son comportement seul suffit à mettre mal à l’aise.

 

 

La chose à la taille d’un enfant mais une voix caverneuse surprenante. Lorsque Killup tente de l’empoigner, il se dégage d’une roulade et se montre assez agile pour faire des acrobaties: il pourrait attaquer sa proie mais se contente de le saluer d’un geste de la main avant de disparaitre dans la nuit. Une brise surnaturelle ouvre les portes et fait rentrer les feuilles mortes dans la maison, la télé et les horloges ne les fonctionnent plus et le téléphone refuse d’appeler autre chose que l’horloge parlante qui, heure après heure, persiste à dire qu’il est minuit. Et s’il est supposé être détestable, le vieil homme semble surtout perdu et très vulnérable face à la situation. Car on réalise bien vite que le temps s’est arrêté, et peu importe qu’il s’endorme ou s’occupe, il reste prisonnier de ce moment sans fin. Il s’affame, mais tout ce qu’il possède est envahi par les cafards que contenait le sac du démon…
Ce cauchemar, Tom Savini le montre avec beaucoup de retenu. Pas de jump scare, de fausses frayeurs ou de musique trop forte. Parfois il expérimente, utilise le flash forward à l’occasion et même un dutch angle très renversé, mouvement de caméra comme la série n’ose jamais en faire habituellement. Quant à la bande son, elle est absolument parfaite et participe à l’ambiance irréelle qui se dégage de cet épisode. Enfin il ne faut pas négliger l’allure saisissante du petit monstre, que certain vont d’ailleurs reconnaitre.

 

 

Car à quelques détails près (le nez, les dents, les oreilles, les poils, le costume, bref, tout en fait) il s’agit d’une copie exacte de Fluffy, le yéti miniature du segment The Crate de… Creepshow ! Un cousin médiéval qui se cache derrière un vieux capuchon clouté et doté de grelots, et qui laisse sa queue reptilienne dépasser du costume. Une créature mémorable, terrifiante dans l’obscurité et adorable en gros plan car rappelant le bon vieux temps où le genre Horreur pouvait donner dans le train fantôme tout en restant crédible.
Et pour les amoureux de la terreur psychologique, il y a aussi quelques miettes à grappiller. Car avec un regard adulte sur l’épisode, on peut relever des détails plutôt osés. Ainsi le fils de M. Killup semble avoir été victime d’une enfance terrible au point qu’il a lui-même refusé de devenir père, de peur d’être aussi méchant que son paternel ! La conclusion amène un point intéressant lorsque la police découvre le corps sans vie du vieillard à la fin de l’épisode: selon eux il est mort de faim après une agonie de plusieurs semaines, avec seulement quelques bonbons en guise de repas. Leur conclusion ? De la négligence de la part du fiston ! Alors se pose la question: a t-il finalement tué son père et l’aventure n’était-elle qu’un mauvais rêve du mourant ?

 

 

On peut aussi déconstruire le protagoniste et ignorer son statut de “méchante personne” si l’on regarde bien. S’il parait si amer, c’est uniquement parce qu’il fait une dépression. Une vraie, du genre à prendre au sérieux. Voici une personne âgé vivant seule, n’ayant plus avoir aucun désire depuis la mort de sa femme (sa seule activité semble être de manger et regarder la télé) et qui a une très mauvaise relation avec son seul enfant. L’acteur joue moins l’homme en colère que l’ermite triste, lequel parait finalement très fragile tant sur le plan physique que psychologique. Certains pensent voir ici quelques reprises au Conte de Noël, encore, ce qui ferait de Killup une sorte de Scrooge qui cache son malheur derrière une façade. La fin n’en serait que plus tragique alors, même si à la décharge du Gobelin, c’était plutôt abusé de sa part de ne pas refiler deux ou trois bonbons aux gamins du quartier juste par principe.
Mais peu importe comment vous regardez Halloween Candy, le résultat reste le même. C’est un véritable petit classique (presque) à l’épreuve du temps, qui prouve que l’on peut captiver son public sans moyens et sans exagération. Tom Savini rappel pourquoi il est demeure une légende du genre, et le fan pourra s’amuser à retrouver au générique les noms de Greg Nicotero et Howard Berger, alors ses assistants et bien avant l’époque de KNB. Moins connu mais tout aussi talentueux, Ed French est également crédité.

Il est loin le temps où l’on pouvait voir du si beau monde à travers la lucarne !

 

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