Tales of Halloween (2015)

ROAD TO HALLOWEEN II

 

 

The October Society’s

Tales of Halloween

(2015)

 

 

C’est déjà le 31 et je n’ai que très peu de temps pour écrire une dernière chronique (temps écoulé, mais comme le dirait Wendy, Halloween c’est toute la nuit, du coup me voilà à prolonger mon délais – NdA). Concluons donc ce Road to Halloween 2015 avec le bien nommé Tales of Halloween, un film à sketches datant de cette année et qui, contrairement à All Hallow’s Eve 2, se montre tout à fait respectable et thématiquement bien ancré dans la fête aux fantômes. En fait il s’agit d’une véritable anthologie horrifique (et non d’une compilation vite balancée pour engranger quelques dollars) et les responsables ont eu la bonne idée de chercher l’inspiration du côté du génial Trick ʽr Treat, tout simplement la référence en la matière avec Creepshow.
Peut-être un peu trop même, au point que Tales of Halloween semble parfois n’en être qu’une copie cherchant à réitérer le succès sans faire preuve d’autant de virtuosité que son illustre modèle. Ainsi chaque histoire se déroule en parallèle et dans une même petite ville, tandis que quelques personnages se croisent de temps en temps, mais cela se montre beaucoup moins ambitieux et satisfaisant que dans le film de Michael Dougherty. En fait on se rapproche presque plus de Creepshow 3 en terme de résultat, mais attention. Je parle simplement de l’écriture, de la façon plutôt artificielle dont les protagonistes se retrouvent d’un segment à un autre (grossièrement, surtout les mêmes enfants faisant du porte à porte d’un épisode à l’autre). Du reste, le présent film est à des années-lumières de cette purge !
D’ailleurs les réalisateurs aux commandes des différentes histoires sont pour la plupart de très expérimentés dans le domaine de l’Horreur et on y retrouve quelques “maitres” comme Darren Lynn Bousman (Saw II, III et IV), Neil Marshall (Dog Soldiers, The Descent), Lucky McKee (May, The Woman et les deux versions de All Cheerleaders Die) et rien de moins que le très fun Mike Mendez (Killers, Le Couvent, Big Ass Spider !). Autant dire que nous sommes entre de bonnes mains.

 

 

Ça commence pourtant très moyennement avec ce générique d’ouverture qui se veut créatif mais qui est désespérément laid: un plan de la ville qui s’ouvre façon carte postale pop-up, ce qui est une très belle idée, mais elle est immédiatement saccagée par les affreux CGI qui la compose. Qui plus est cette séquence affiche les titres et metteurs en scène de chacun des sketches et on réalise que Tales of Halloween voit un peu grand: une dizaine de courts-métrages pour à peine plus d’1h30, c’est trop. D’une part cela signifie que les segments se montreront plutôt court, ce qui n’est pas nécessairement un bien pour leur efficacité, et en plus la multiplication de ces épisodes peut amener à l’overdose et plomber l’ensemble. Les ABCs of Death en sont le meilleur exemple, contrairement à Trick ʽr Treat et Creepshow qui savaient doser comme il le fallait leur contenu.
Et d’ailleurs c’est là le véritable point faible du film. Si Tales of Halloween est globalement très bon, plusieurs de ses contes se montrent assez anecdotiques et finalement très dispensables. C’est souvent réussi, mais tenant plus d’une blague mise en images que d’une véritable histoire. Du coup on a l’impression de perdre un peu son temps avec certains sketches, tandis que d’autres auraient pu gagner quelques précieuses minutes pour aller plus loin ou juste prendre plus de temps pour construire leur atmosphère.
Quoiqu’il en soit cela fait du bien de réentendre Adrienne Barbeau, ici animatrice radio mettant ses auditeurs en garde contre les forces surnaturelles qui règnent sur la nuit. Une référence évidente au Fog de John Carpenter, façon de se mettre le fan dans la poche, et ça fonctionne plutôt bien. Dommage tout de même de ne pas profiter de l’occasion pour pondre une histoire autour du personnage ! Elle reste en fait un simple guest de luxe dont on entendra que la voix…

 

 

Sweet Tooth, le premier segment rassure tout de même beaucoup et affiche la note d’attention, offrant un petit conte de facture classique mais tout à fait dans l’esprit de Creepshow. En fait il me rappel énormément l’épisode Seasons of Belief de Tales From the Darkside, puisqu’il joue sur le même concept. Une copie carbone presque, où Noël serait remplacée par Halloween: un gamin qui revient de sa chasse aux bonbons commence à dévorer son butin avant que la babysitter et son petit ami ne le mette ne garde: il faut qu’il en mette de côté pour Sweet Tooth, une créature meurtrière obsédée par les sucreries et qui n’hésite pas à tuer ceux qui ne veulent pas partager avec lui.
Le réalisateur, Dave Parker, est loin d’être un manchot et à déjà sévit avec la Full Moon en début de carrière (quelques sections de Kraa ! The Sea Monster, le making-of de Killer Eye) avant de se rendre coupable du sympathique Les Morts Haïssent les Vivants et de The Hills Run Red. Ici il construit son monstre avec un parfait sens du rythme, commençant sur une légende urbaine à la fois cruelle et très drôle (des parents stricts autorisaient leur fils à fêter Halloween, mais celui-ci ne devait manger aucun bonbons, abandonnant son sac aussitôt qu’il rentre chez lui… Jusqu’à ce qu’il découvre que ses géniteurs en profitaient dès qu’il partait au lit !) puis tombe dans le schéma classique du Boogeyman qui s’attaque à ceux qui connaissent son histoire sans y croire. Un sketch de facture classique, voir même prévisible, mais très bien foutu, doté d’une belle créature et de quelques effets gore réjouissant. L’œil attentif trouvera une bar chocolaté au nom de Carpenter ainsi qu’une réplique de la voiture démoniaque de The Car parmi quelques jouets !

 

 

La suite est un poil moins bonne quoique très originale, avec le The Night Billy Raised Hell de Bousman. Il s’agit d’un de ces segments qui évoquent plus un gag qu’une histoire courte, mais celui-ci à le mérite d’être plutôt amusant et inventif quoique trop répétitif. L’intrigue présente Billy, petit garçon trop gentil qui est poussé par sa sœur et son compagnon à faire une farce gratuite à un de ses voisins, quelqu’un qui ne fait jamais aucune décoration pour Halloween et qui est la cible privilégiée des sales gosses. Obéissant à contre cœur, il est interrompu par le propriétaire qui s’avère être… un démon déguisé en humain ! Celui-ci embarque Billy chez lui et explique a quel point il est excédé d’être attaqué par de mauvais plaisantins chaque année, décrétant que cette nuit les choses vont changer et qu’il va lui apprendre ce qu’est une vraie farce…
L’intrigue part ensuite dans une direction inattendue où Billy et le démon sortent dans les rues et commettent toutes sortes de méfaits, poignardant des gens, frappant des passants, braquant des magasins… C’est l’escalade de la violence, bien que toujours montré de façon très comique, et on pourrait même renommer ce court Thug Life tant c’est tout ce qu’il semble représenter. On pense un peu à Satan’s Little Helper avec ce môme aidant un monstre à commettre quelques atrocités, mais le récit prend une direction très différente… Puisque ce “Billy” s’avère être un faux, en fait un véritable diablotin masqué, et que la “farce” consiste à rendre le vrai petit garçon coupable aux yeux des autres ! Bref, ça reste sympathique et plutôt intelligent, seulement ça aurait pu être raccourci sur une seule minute tant tout ne tient que dans la chute. A retenir tout de même ce démon libidineux qui drague toutes les femmes qu’il croise et qui s’avère aussi fun dans sa méchanceté que le quatuor de diables de la série MilleniuM (épisode Somehow, Satan Got Behind Me).

 

 

Une bonne surprise avec Trick de Adam Gierasch, réalisateur du pourtant mauvais remake de Night of the Demons. L’histoire paraît plus réaliste et joue, comme Cooties, sur une idée assez horrifiante qui est celle des enfants meurtriers. Ainsi un groupe d’amis passe Halloween sans faire de vagues, donnant même quelques sucreries aux gamins qui viennent sonner à leur porte, jusqu’à ce qu’une petite sorcière poignarde l’un d’eux mortellement. Alors que les adules tentent d’appeler les secours, ils sont attaqués par d’autres bambins costumés, lesquels s’introduisent chez eux et les assassinent un par un, toujours plus brutalement…
L’intérêt de celui-ci, c’est de construire une atmosphère très réaliste et d’en jouer pratiquement jusqu’au bout avant de nous retourner comme une crêpe via une révélation inattendue. L’ambiance n’est franchement pas à la rigolade, les meurtres font mal et les enfants sont particulièrement perturbant, attaquant sans faire de bruit, sans prononcer la moindre parole, et sans afficher d’expressions particulières. Des mini Michael Myers en quelque sorte, qui se montrent si efficace qu’on se demande si une de leur proie va finir par survivre. Du moins jusqu’à ce que l’ultime survivante, cachée dans un garage, se mette à appeler les secours.
Dès lors, elle efface d’étranges photos sur son portable, que l’on pense d’abord être des images d’Halloween faussement gore mais qui pourraient être compromettantes vu la situation: chacun s’amuse avec des globes oculaires, des doigts coupées et autres masses sanglantes, etc… En fait il s’avère que ces jeunes gens tout à fait “normaux” n’étaient qu’une bande de psychopathes s’amusant à capturer et découper des enfants en petits morceaux ! Le massacre organisé n’était qu’une revanche et même une mission de sauvetage, puisqu’une fillette est retenue prisonnière dans leur salle de tortures. Surprenant, mais terriblement efficace ! Le genre d’histoire à regarder deux fois, afin de la suivre du point de vue des deux camps.

 

 

Vient ensuite The Weak and the Wicked, une autre histoire de vengeance dirigée par Paul Solet, l’un des réalisateurs les moins connus de l’équipe (on lui doit un Grace et un Dark Summer que je ne connais absolument pas). Contrairement à Trick, cet épisode fonctionne beaucoup plus visuellement qu’en terme d’écriture. En fait il ne se passe quasiment rien ici, si ce n’est qu’un pré-adolescent prépare sa revanche contre trois voyous agressifs. De véritables criminels malgré leur jeune âge, car ceux-ci ont déjà brûlé une caravane avec les parents du héros à l’intérieur alors qu’ils n’étaient que de petits enfants. Des années plus tard, ils s’amusent toujours à racketter et brutaliser violemment les gamins du quartier. Lorsque le personnage principal débarque, accoutré comme un GNiste ridicule, ils s’en amusent et le poursuive, ne réalisant pas que celui-ci les ramènent en réalité sur les lieux de leur double-meurtre. Lorsqu’enfin elle découvre qui il est, la petite bande s’apprête à en finir, ignorant que leur victime prépare l’invocation d’un démon vengeur…
S’il est loin d’être le sketch le plus mémorable, celui-ci est toutefois très intéressant par son visuel totalement décalé, surréaliste même. Un quasi Western, empruntant une musique à la Morricone et même la célèbre montre musicale de Pour une Poignée de Dollar. L’exercice est peut-être vain pour quiconque voudrait une intrigue construite, mais le concept est clairement de livrer une histoire imagée plus qu’autre chose. On pense notamment aux débuts de Jan Kounen (Capitaine X, Gisèle Kérosène et surtout Vibroboy) ou à Marc Caro / Jean-Pierre Jeunet. Il y a un grand soin dans les mouvements de caméra et les tenues des personnages, fait de différents éléments assemblés et leur donnant un look très “bande-dessinées”. Et il va de soit que la créature, sorte de gigantesque minotaure, est particulièrement réussite et tape-à-l’œil.  Toutefois malgré son monstre, The Weak and the Wicked semble presque un peu hors-sujet et aurait sans doute gagné à être son propre court-métrage. Cela lui aurait permis de gagner sa propre identité plutôt que de se retrouvé mal emboité avec le reste de Tales of Halloween. Pour autant, ce sketch reste hautement recommandable.

 

 

Cinquième opus de cette anthologie, Grim Grinning Ghost est hélas un autre de ces “faux” films, simple idée qui traine sur plusieurs minutes mais qui pourrait être expédiée en 30 secondes. Encore une fois c’est plutôt soigné sur la forme, mais ça ne va tellement pas loin qu’on ne peut que se demander l’intérêt d’inclure ce court dans la compilation. Ici une jeune femme entend parler d’une légende urbaine, celle du fantôme d’une femme défigurée qui s’est suicidée parce que tout le monde se moquait d’elle. Vindicative, elle revient parfois, juste derrière vous, et éclate d’un rire horrible en cherchant à vous effrayer. Celui qui se retourne pour la voir se fera arracher le visage… Obsédée par cette histoire, l’héroïne tâche de rentrer chez elle mais se retrouve submergée par la peur de croiser le fantôme, sursautant au moindre bruit et se retrouvant presque provoquée par la fête d’Halloween elle-même, qui place nombre de choses “riantes” sur son chemin…
Seule femme du lot de réalisateurs, Axelle Carolyn est une autre débutante n’ayant pas grand chose à son actif si ce n’est quelques courts-métrages et un seul long. Il parait clair que son travail repose beaucoup sur l’atmosphère et la tension, et tout son segment fonctionne là-dessus. Le problème c’est que malgré le point de départ, presque parfait dans le genre, le sketch n’a rien à proposer. Je n’ai absolument aucun doute qu’il va fonctionner chez certains, notamment ceux qui sont capable d’avoir véritablement peur devant un film d’épouvante, seulement il n’y a là aucune surprise et tout se déroule exactement comme on s’y attend. L’héroïne traverse des ruelles désertes, entend des bruits, des rires, se surprend à avoir peur et fait ce qu’elle peut pour rentrer chez elle en essayant de ne pas se laisser surprendre par le fantôme. Jusqu’à la fin qui est on ne peux plus évidente.
On y trouve des échos de Halloween, avec Michael Myers qui suit lentement ses proies en arrière-plan, et même de It Follows, mais jamais cet épisode de se hisse à leur hauteur. L’essai est intéressant et, thématiquement, s’accorde parfaitement avec le sujet de Tales of Halloween, seulement il paraitra insignifiant pour quiconque connait le genre.

 

 

Avec Ding Dong, Lucky McKee signe ce qui est le pire court de l’anthologie, un “truc” incompréhensible qui évoque beaucoup plus les délires “art et essai” bizarres et antipathiques des ABCs of Death. Il s’agit, très grossièrement, d’une reprise du contes de Hansel & Gretel, avec une sorcière désespérant de se trouver un enfant à placer dans le four. D’apparence humaine, elle vit avec un compagnon introvertie qu’elle brutalise fréquemment et semble utiliser comme esclave, comptant sur lui en cette nuit d’Halloween pour l’aider à kidnapper un gamin lors du porte-à-porte.
Du moins c’est ce que je crois comprendre de ce segment tant il est confus. Ce n’est ni drôle ni effrayant ni gore ni rien du tout, juste étrange et décalé, et pas du tout dans le bon sens du terme. On dirait surtout une espèce de métaphore sur la violence domestique, avec cette femme manipulatrice et dépressive, qui peut entrer dans des éclats de colère impressionnants. Je ne vois vraiment pas quoi en dire si ce n’est que l’ensemble est insupportable, désagréable. Il s’agit, et heureusement, d’un cas unique, mais il reste difficile à endurer, rappelant les mauvais souvenirs des anthologies horrifiques bas de gammes qui ont vu le jour ces dernières années.

 

 

Autre déception, This Means War de John Skipp et Andrew Kasch promet beaucoup mais ne délivre jamais. Encore une fois un gag qui pourrait être réduit à une seule minute. Il y est question d’une guerre entre deux voisins, lesquels ne comptent pas du tout fêter Halloween de la même manière. L’un est un homme tranquille ayant construit un faux cimetière gothique qu’il anime durant la nuit. L’autre fait dans la déco gore et diffuse du Métal à fond, désirant simplement se pochetronner avec ses potes. Autant dire que le premier supporte mal cette différence de culture et va immédiatement se plaindre au second, lui ordonnant d’en finir là. Manque de chance pour lui, son adversaire est un coriace, un dur, qui n’hésite pas à lui rentrer dans le lard si tôt qu’il comprend qu’il n’y aura pas de terrain d’entente.
Les insultes fusent et bientôt c’est une bagarre qui éclate, les deux adversaires se déchainant avec une telle hargne que l’ensemble du quartier vient observer l’évènement. Et c’est tout. Il ne se passe rien d’autre de plus, jusqu’à la conclusion où l’un des deux porte un coup si violent qu’ils finissent par s’entre-tuer accidentellement. De l’humour noir que l’on voit venir de loin. Honnêtement voilà un épisode parfaitement dispensable car il ne sert à rien. Il n’y a rien là-dedans, et même le combat entre les personnages est des plus simplistes. Ce n’est pas tant une guerre qu’une simple baston tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Le thème aurait sans doute grandement fonctionné pour un long métrage, une comédie dans le style années 80/90 avec Chevy Chase, John Candy ou Dan Ayckroyd. Quelque chose comme The Great Outdoors ou un improbable Halloween Vacation. Ici cependant, rien n’est développé et le résultat parait vain. Cela s’explique certainement par le fait qu’il s’agit d’un travail à quatre mains effectué par deux novices. Skipp n’est pas vraiment un réalisateur, même s’il a un peu touché à tout dans sa carrière (acting, scénarisation, composition), et Kasch est avant tout monteur, ses seuls “films” étant des documentaires (dont le très bon Never Sleep Again: The Elm Street Legacy, consacré à la saga de Freddy Krueger).

 

 

Il était grand temps de retrouver un bon segment sous peine de voir Tales of Halloween rejoindre le rang des déceptions, et c’est absolument le cas avec ce Friday the 31st signé Mike Mendez. Une improbable parodie de Vendredi 13 se déroulant à Halloween, avec un analogue de Jason Voorhees (un colosse difforme portant un masque en bois quasi identique à celui du zombie de Crystal Lake) qui massacre de pauvres gens. Un détournement qui va s’engager dans une direction inattendue et absolument hilarante, rappelant un peu l’introduction de Jason Goes to Hell. Et donc l’intrigue se déroule après un épisode “slasher” où plusieurs adolescents on trouvés la mort, littéralement mis en pièce par le Boogeyman. Alors que la Final Girl vient d’être tuée et que l’assassin s’apprête à ramasser le corps pour le ramener dans son antre, un OVNI apparaît subitement dans le ciel !
Débarque alors un minuscule extraterrestre, gros comme un écureuil, venu fêter Halloween ! Adorable, il possède même un tout petit sac à bonbon et répète quelques mots qu’il a dû mémoriser pour l’occasion: “Twick or tweat”. D’abord très surpris, le “Jason” de service va carrément essayer de répondre à ses attentes, avant de réaliser qu’il ne possède aucune sucrerie sur lui. Embêté, effrayé sans doute, et incapable de parler de toute façon, il fini par vouloir chasser l’intrus et va simplement l’écraser d’un coup de botte en voyant que celui-ci ne cédera pas. Mal lui en prend car l’alien n’est pas mort: son corps prend la forme d’un petit Blob qui s’infiltre dans le corps de sa dernière victime, réanimant celle-ci sous forme d’un zombie indestructible. S’engage une véritable lutte entre les deux créatures, aussi increvable l’une que l’autre.

 

 

Voilà donc le point d’orgue de l’anthologie, et franchement cela valait le coup d’attendre. Toujours aussi inventif et délirant que dans ses premiers films, Mendez se lâche et livre une parodie outrancière du film d’horreur sans se poser la moindre question. Du monstre, du sang et du n’importe quoi, voilà ce qu’il nous balance pendant quelques minutes si dynamique qu’on a pas le temps de voir le temps passer. Le décalage de la situation, entre le tueur violent et sa découverte de l’OVNI, vaut à lui seul toute la vision du film mais lorsque le duel éclate entre les deux personnages, c’est le retour au gore slapstick à la Sam Raimi ! Et pour cause: malgré son apparence à la Jason, le Boogeyman évoque subitement Ash en raison de sa démarche, ses expressions et de tout ce qu’il se prend dans la tronche, tandis que son adversaire ressemble à s’y méprendre à une Deadite, se déplaçant même comme eux. Enfin, la cabane du tueur comprend aussi bien un Necronomicon qu’une réplique de la tête coupée de Madame Voorhees.
S’ensuit un combat comme aurait dû l’être celui de Freddy vs. Jason, du gore théâtral, Grand Guignol, où chacun se coupe un bras ou une jambe dans des gerbes de sang qui n’en finissent plus. On se croirait dans le spectacle d’école de La Famille Addams. Le réalisateur a également eu la très bonne idée d’animer son extraterrestre à l’ancienne, en claymation, ce qui rend le résultat encore plus appréciable. Friday the 31st est vraiment le sketch à ne pas manquer, sacré hommage aux films d’horreur gore et au B comme on en fait plus, et il redonne un peu d’espoir quant à la carrière de son réalisateur qui s’était un peu perdu avec le temps.

 

 

Difficile de succéder à un tel épisode, et pourtant les deux derniers courts s’en tirent très bien et permettent de faire un bilan globalement positif de Tales of Halloween. C’est d’abord The Ransom of Rusty Rex de Ryan Schifrin (le film de Yéti Abominable, avec Jeffrey Combs), ou vient apparaitre rien de moins que John Landis lui-même ! Il y est question du kidnapping de Rusty Rex, fils d’un grand millionnaire que deux truands aimerait bien faire cracher. Lorsque l’enfant va, seul, sonner aux portes des maisons pour Halloween, c’est l’occasion parfaite et l’opération est un succès. Trop même, car il semblerait que Rusty soit mentalement attardé, ne communiquant même pas avec ses gardiens et ne voulant que manger ses bonbons. Et lorsque vient le moment d’appeler le père, celui-ci raccroche aussitôt, se contentant de plaindre les deux criminels ! Bien vite le duo va comprendre pourquoi: Rusty n’a rien d’humain, c’est un monstre difforme, sorte d’humanoïde à tête de rats qui ne souhaite que manger, encore et toujours, et qui ne quitte plus ceux qui se sont attachés à lui. Les pauvres voleurs vont alors essayer de se débarrasser de la créature par tous les moyens, mais celle-ci revient à chaque fois. Indestructible et affamée.
Le sketch opère comme une véritable comédie, jouant avant tout sur l’immortalité de l’enfant-rat et les réactions paniqués des deux compères plus idiots que menaçant. Du slapstick plutôt réussi, où les acteurs se frappent, se tirent dans les pattes, se font vomir dessus façon L’Exorciste et où un “gamin” est flingué et frappé à coup de pelles à n’en plus finir. Ce n’est peut-être pas extraordinaire mais cela fonctionne très bien et prolonge la bonne humeur retrouvée avec le segment précédent. Mention spéciale pour Ben Woolf, l’acteur au corps véritablement difforme qui s’était déjà fait remarqué auparavant (on a pu le voir dans Insidious et la série American Horror Story), hélas décédé en Février dernier dans un tragique accident.

 

 

Dernier opus, et pas des moindres, avec Bad Seed de Neil Marshall. Celui-ci réalise également un hommage très amusant aux séries B des années 80, avec une improbable histoire de citrouille vivante et carnivore qui sème la panique dans la ville. Une femme flic badass se retrouve chargée de poursuivre la créature qui dévore toujours plus de monde, sortant les gros calibres pour venger son collègue qui a perdu la vie durant leur première rencontre.
Une parodie, évidemment, laquelle cherche visiblement plus à amuser la galerie avec ses multiples références que son concept pourtant suffisant à lui tout seul, mais il n’y a pas à se plaindre. La citrouille déambule clairement via un petit chariot camouflé, exactement comme la bestiole de The Brain à laquelle elle fait penser, et engloutie les corps de manière volontairement exagérée. Une musique rétro au synthé vient soutenir le court et on peut s’amuser à croiser Joe Dante ainsi qu’un sosie de Sam Neil dans L’Antre de la Folie. Le réalisateur s’amuse aussi avec ses policiers, liant chaque segment de l’anthologie à travers les cas qu’ils ont dû traiter durant la nuit et donnant l’impression que la situation générale est chaotique au possible. L’héroïne est un détournement des personnages macho et caricaturaux des films d’actions des années 80/90 et le tout se termine en une sorte d’hommage à la fois à Halloween III et L’Attaque des Tomates Tueuses, lorsque l’on découvre que la créature a été fabriquée par une société qui en possède des millions d’autres, toutes prêtes à se réveiller…
Voilà typiquement le genre d’histoire que l’on aurait voulu un peu plus longue, et qui fait regretter que Tales of Halloween s’embarrasse de quelques épisodes anecdotiques à la place. L’air de rien, c’est clairement le genre de problème qui vient creuser un fossé entre cette anthologie et Trick ‘r Treat, lequel ne souffrait jamais de comparaison ou de durée dans ses différents sketches.

 

 

Mais ne boudons pas notre plaisir: la majorité des segments sont de qualités et même certains des plus faibles demeurent amusant, intéressant et / ou bien fait. Cela enterre facilement tous les V/H/S, ABCs et autres toutes ces anthologies honteuses qui rabaissent le format de part leur médiocrité. Au contraire, on y trouve ici une volonté de s’amuser, de livrer des petites histoires qui fonctionnent autant avec le thème (Halloween) qu’avec l’Horreur en général. Outre les nombreux clins d’œil et hommages présent dans chacun des épisodes se trouve un grand nombre d’invités dont on aurait pas soupçonné la présence: Adrienne Barbeau bien sûr, mais aussi les réalisateurs Joe Dante, John Landis, Stuart Gordon, Mick Garris et Adam Green. Également présents l’inénarrable Trent Haaga, les anciennes Scream Queens Barbara Crampton et Tiffany Shepis, et des acteurs plus sérieux comme John Savage et Greg Grunberg !
Un véritable défilé, même s’il va sans dire qu’il doit y avoir beaucoup de copinage, pas mal des réalisateurs, scénaristes et comédiens s’étant déjà retrouvé dans un ou plusieurs projets chez les autres au cours de leur carrière. Quoiqu’il en soit cela confère à Tales of Halloween un espèce de label Horreur appréciable et la garantie que chacun voulaient véritablement participer à l’expérience. Le bon esprit ambiant a clairement déteint sur le produit final et c’est heureux.

En attendant Trick ʽr Treat 2, voilà un très bon substitut voir, pourquoi pas, une future franchise parallèle qui permettrait d’alterner un peu les films entre chaque Halloween !

 

 

VERDICT: TREAT

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