Dead Heat (1988)

 

Dead Heat

(1988)

 

Welcome to Zombieland !

 

 

Pur produit des années 80 où le sous-genre du film de morts-vivants était à son apogée (Romero réalisant en 1985 son “dernier” volet de sa trilogie, Le Jour des Morts-Vivants) et déclinait en tombant dans la parodie forcée, Dead Heat à la particularité de mélanger le buddy movie plutôt commun aux films d’action de l’époque ainsi que la comédie horrifique tendance Le Retour des Morts-Vivants… Loin d’être indigeste, le résultat donne plutôt dans le spectacle fun et décomplexé.

 

 

L’histoire présente l’enquête que mènent les inspecteurs Roger Mortis et Doug Bigelow. Une série de braquages sont commis par des gangsters pratiquement invincibles. Après en avoir abattu deux, nos compères voient leur amie légiste leur affirmer avoir déjà pratiquée une autopsie sur ces corps quelques temps auparavant. Trouvant alors la présence d’un étrange produit chimique dans les cellules de ces cadavres, Roger et Doug vont fouiller du côté de la Dante Laboratories, société pharmaceutique qui cache au sein de ses locaux une machine ramenant les morts à la vie. Lorsque Roger est assassiné pendant un combat avec un mort-vivant, Doug et la légiste utilise cet appareil pour le ressusciter et poursuivre l’enquête. Seulement Roger ne dispose que de quelques heures avant de voir son corps se décomposer et la mort l’emporter de nouveau, pour de bon cette fois…

 

 

Avec un sujet pareil et le ressort dramatique voulant que le personnage principal soit voué à mourir à la fin de l’aventure, Dead Heat aurait pu être très sombre, avec un aspect dépressif et pessimiste. Hors il n’en est rien ! Le film prend volontairement le côté humoristique de la chose et met en place une ambiance cool et détendue issue des buddy movies cités ci-dessus. Ainsi nos inspecteurs roulent en décapotable et se balancent des vannes et des punch lines à faire pâlir les meilleurs des sidekicks, et on y retrouve les petits clichés inhérent au genre comme le commissaire Noir qui hurle tout le temps, les fusillades en pagaille ou encore la sacré différence de look et de comportement des deux héros: l’un en costard cravate, bien propre sur lui, l’autre en blouson de cuir et vanneur comme c’est pas permis…

 

 

Nous sommes en terrain connu avec tous les repères qu’il faut, et l’élément surnaturel introduit ici ne détruit en rien cette ambiance, bien au contraire: elle l’a renforce ! Ainsi l’invulnérabilité des morts-vivants permet d’exagérer les fusillades, les zombies se mitraillant longuement sans sourciller, de provoquer des gags burlesques (Treat Williams se maquillant avec du fond de teint pour masquer sa pâleur, le même passant de flic en costume un brin coincé à véritable punk blagueur en chemise hawaïenne, sans parler de son nom, dérivé du terme “Rigor Mortis”), bref de profiter pleinement de l’atmosphère pour livrer au final un produit complètement déjanté. Preuve en est cette scène où, en pleine enquête, nos héros se retrouvent dans une boucherie chinoise où chaque morceau de viandes sont subitement réanimés ! En lieu et place d’un affrontement habituel à base de malfrats, nous voyons donc les deux policiers lutter contre des têtes de canards, un cochon rôti, divers morceaux de viandes et même une énorme carcasse de porc (que Joe Piscopo proposera d’essayer de “noyer dans la sauce”) ! Dire que Dead Heat gâte à la fois le fan de film d’action et celui de films d’horreur (période Eighties) n’est pas un euphémisme.

 

 

Toutefois, malgré ce ton volontiers déconneur et pleinement assumé, on remarque une certaine noirceur qui ne sera pas très exploité. Très discret, ce côté sombre du scénario n’est pourtant pas très tendre dans le traitement de ses personnages, car pratiquement personne ne s’en sortira en fin de compte. Et même si l’ambiance est à la rigolade, il n’empêche que Dead Heat aurait pu être traité de façon complètement différente tant certaines séquences sont plus proches du film d’horreur pur et dur que de la simple comédie fantastique. On note ainsi le sort peu enviable réservé aux morts-vivants en fin de parcours, qui se caractérise par une décomposition accélérée du plus bel effet. Quant aux vivants, il disparaissent subitement du film à une vitesse assez surprenante, d’autant plus que l’on s’attendait à un script basique avec ce qu’il faut de repères (la romance, les sauvetages in extremis…) qui ainsi n’ont pas lieu. Cela permet cependant de jolis retournements de situation et éclipse le côté basique et sempiternel de ce type de film.

 

 

En bon film fantastique des années 80, Dead Heat compte sur des effets spéciaux old school tout simplement excellent. Ici composés par l’équipe de Steve Johnson (The Fog, Videodrome, Le Loup-Garou de Londres), ils incluent les inévitables impacts de balles et le maquillage des morts-vivants qui s’avère particulièrement soignés. Si l’on fait exception du personnage de Treat Williams qui se décompose progressivement, et donc affiche un maquillage d’abord très léger avant de s’accentuer petit à petit, les cadavres ambulant ne sont généralement pas de première fraîcheur et sont très plaisant à regarder (enfin, on se comprend). Dans le même genre, outre la séquence de décomposition accélérée, les animaux de la boucherie sont aussi de joyeux spécimens par ailleurs très bien animés. Dead Heat, sans verser dans le gore excessif ou le trash répulsif, se montre très généreux en ce qui concerne ses créatures, et c’est tout à son honneur.

 

 

Toutefois il faut reconnaître que le film est loin d’être parfait et on peut relever plusieurs défauts technique assez flagrants, notamment sur ces effets spéciaux. Le maquillage des blessures par-balles apparaît ou disparaît selon les séquences (quand Treat Williams se recoiffe dans la salle de bain après une fusillade, il n’a aucune blessure sur le torse et le dos après avoir pourtant reçu deux ou trois rafales de mitrailleuse), le nombre des impacts est parfois aléatoire (un trou dans la tête pour une rafale de Uzi par exemple), quant à la décomposition de Treat Williams, elle aussi subit des modifications qui se ressentent parfois un peu trop d’une scène à l’autre (la faute au fait que les séquences sont tournées dans le désordre, ce qui obligea les maquilleurs à improviser en fonction du scénario). De menus défauts sans aucune incidence sur le plaisir que procure Dead Heat, même s’il aurait été préférable qu’un budget plus important lui soit allouer pour donner un peu plus de zombies et de séquences aussi folle que celle de la boucherie. C’est la dure vie de la série B…

 

 

Le casting, lui, fait énormément plaisir puisqu’en guest star on y retrouve rien de moins que le célèbre et fringant Vincent Price. Toujours un plaisir de voir ce regretté acteur même si sa participation est ici très limitée par un petit rôle ainsi que par sa santé (il s’agit de l’un de ses derniers films). Outre cet invité prestigieux, les rôles principaux échouent à l’excellent Treat Williams, acteur trop souvent cantonné aux seconds rôles mais qui dégage un charisme impressionnant, et Joe Piscopo, aussi excellent ici qu’il peut être nullissime dans le nanar Sidekicks (avec Chuck Norris). Enfin il faut noter la prestation amusante de Darren McGavin, ainsi que quelques habitués du réalisateur Joe Dante (les Gremlins pour les incultes), comme Robert Picardo ou Keye Luke. Son acteur fétiche Dick Miller est même présent dans une scène coupée du film ! A se demander si le nom de “Dante Laboratories” est une vraie coïncidence, d’autant que Mark Goldblatt fut le monteur de Piranha, Hurlements et L’Aventure Intérieure… Et à propos de scènes coupées, l’une d’elle nous montrait la célèbre “Reine des Scream Queens” Linnea Quigley dans un rôle d’une… zombie Go-Go danseuse ! Une réminiscence du Retour des Morts-Vivants ?

 

 

Il faut aussi noter que le film est écrit par Terry Black, frère de Shane Black (fameux scénariste des deux premiers L’Arme Fatale, de Au Revoir à Jamais ou encore du Dernier Samaritain) qui fait justement une petite apparition en policier à moto vers la fin du film, et que le réalisateur Mark Goldblatt, alors futur metteur en scène de la première adaptation du Punisher avec Dolph Lundgren, est un habitué des films d’action puisqu’il est le monteur de film comme Terminator 1 et 2, Rambo 2, Commando, Predator 2, True Lies ou encore Starship Troopers entres autres (citons pêle-mêle Super Mario Bros., Halloween II et Cabal… la liste est longue).

Grosse série B d’action décomplexé et comédie horrifique amusante, Dead Heat est un excellent divertissement bien fun.

 

2 comments to Dead Heat (1988)

  • Maëlle Ström Maëlle Ström  says:

    Le jeu de mot pour le nom de Roger XD

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Ça te donne un peu le ton du film 😉

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