Frankenstein Reborn (2005)

ROAD TO HALLOWEEN

 

 

Frankenstein Reborn

(2005)

 

 

Attention de ne pas confondre ce Frankenstein Reborn de 2005 avec le Frankenstein Reborn ! de 1998, production Full Moon réalisée par David DeCoteau. Ici nous sommes sur le territoire d’une compagnie pourtant semblable, The Asylum, et là je n’ai plus besoin d’en dire plus concernant le niveau de qualité du film. Oui, il s’agit d’un titre conçu par la société responsable de Transmorphers, Snakes on a Train et Mega Shark vs. Giant Octopus. Oui, le produit est cheap, avec peu d’acteurs et de lieux de tournage. Oui, le script ne brille pas par son originalité. Le plus important ici, c’est de savoir si le film est bon dans le sens nanar.

 

 

Pas tellement en fait, puisque le réalisateur Leigh Scott accouche d’une œuvre plutôt sérieuse, malgré quelques travers indiquant son affiliation avec la firme responsable de Titanic II et Mega Python vs. Gatoroid. Nous sommes ici dans l’univers de ces bonnes vieilles série B avec monstres, scènes gores et actrices dévêtues, mais sachant tenir un minimum son histoire sans sombrer dans d’excentriques débordements. A vrai dire, Frankenstein Reborn se montre même assez fidèle au matériel d’origine, aussi surprenant que cela puisse paraître.

 

 

Le récit est ainsi narré en flashback par Victor Frankenstein lui-même, ou plutôt Victor Franks comme il est appelé dans le film (ce qui pose la question, pourquoi appeler le film “Frankenstein quelque chose” si le nom n’est finalement pas utilisé ?), qui est emprisonné dans un asile psychiatrique suite a plusieurs meurtres dont il est accusé. Soumis à une évaluation pour son procès, il va donc raconter son histoire incroyable au Dr. Walton (qui remplace le capitaine du roman). Ce dernier est convié par la police à valider son bilan mental pour pour permettre son jugement mais le récit du savant fou va grandement le perturber…

 

 

Dans cette nouvelle version, Dr. Franks est un scientifique travaillant sur un projet de bio-nanotechnologie qui pourrait soigner le corps humain et, dans un goal ultime, réanimer les cellules mortes et donc ramener les morts à la vie. Avec son assistante et maitresse Elizabeth ainsi qu’un collègue chirurgien, il va tester sa formule sur Bryce, un patient ayant perdu toutes ses capacités moteurs. Très vite le jeune homme se rétablit et tout semble fonctionner à merveille, jusqu’à ce que Franks tente de vérifier une théorie: et si les bio-nanos étaient capables de retenir les souvenirs et sentiments de leurs hôtes ? Et si ces informations pouvaient être stockées ?

 

 

Le temps va valider cette idée farfelue puisque Franks va s’injecter lui-même les nanomachines, lesquelles vont alors enregistrer ses fantasmes et ses émotions les plus sombres, conservant les données dans l’ordinateur du laboratoire avant de les redistribuer à Bryce ! Très vite celui-ci va être victime de pulsions meurtrières alors qu’il se trouve au lit avec sa partenaire, assaillit de visions violentes et finissant par taillader la jeune femme avec un rasoir… Le monstre est créé.

 

 

Victor Franks nous est présenté ici comme un homme extrêmement intelligent et amoureux passionné de sa maîtresse (quoique le film échoue à vraiment montrer ce dernier point), mais psychotique. Il drogue une laborantine pour réaliser un plan à trois, est praticien de jeux sado-maso et lorsque Bryce lui demande d’annuler l’expérience pour redevenir lui-même, il n’hésite pas un instant a l’assassiner ! Le transfert de psyché lui étant prouvé, il ne lui reste plus qu’à utiliser le corps de sa victime pour une ultime expérience: la résurrection.

 

 

L’histoire va alors suivre un schéma plus classique. Franks et son assistant fabriquent une créature à partir du corps de leur cobaye, charcutant sans remord son anatomie pour injecter les bio-nanos avant d’utiliser un puissant courant électrique pour relancer le cœur. Bien sûr Bryce revient à la vie mais n’a plus rien d’humain, traumatisé par son état et la vue de son visage défiguré. Enragé, il tue le chirurgien et s’apprête à faire de même avec Franks, mais ce dernier parvient à le raisonner: il est désormais le seul à pouvoir s’occuper de lui. Afin de protéger Elizabeth des représailles, Franks rompt avec elle mais la créature la retrouve et la tue en lui arrachant le cœur. Le savant s’associe alors avec son monstre pour la faire revivre, lui demandant de tuer d’autres femmes pour lui procurer de la matière première.

 

 

On retrouve là pas mal d’éléments du livre de Mary Shelley, modifiés pour l’occasion. Quelques retouches ont également lieu dans la structure narrative car, si Dr. Franks raconte son histoire, ce n’est pas dans un flashback linéaire. Les évènements sont d’abord évoqués de façon disparates avant de se rejoindre progressivement au fil de l’interrogatoire. Un choix qui a le mérite de relancer l’intérêt de l’histoire, laquelle semble un brin plus complexe comme ça. Car malheureusement, mis bout-à-bout, la succession de scènes n’est guère palpitante. Ça parle beaucoup, le monstre n’apparaît pas avant une bonne demi-heure et n’a finalement pas grand chose à faire hormis quelques meurtres craspec, le scénario faisant l’impasse sur l’aspect tragique du personnage.

 

 

Un dernier acte est également totalement inventé par l’occasion, et alors que l’on s’attend à voir le monstre débarquer à l’asile pour trouver son créateur, nous voyons au contraire toute une petite troupe accompagner Victor Franks à son laboratoire pour vérifier de la véracité de son histoire. Deux policiers, une psychiatre, le Dr. Walton et même un avocat qui arrive comme un cheveu sur la soupe, sans présentation et dont on se demande un moment qui il peut bien être ! Bien sûr, Bryce rôde aussi dans les parages et massacre plusieurs personnes avant de se retrouver face à Franks pour une confrontation dans la lignée des classiques de la Universal. La fin elle-même laisse une porte ouverte vers une suite (logique pour un film de ce type) plutôt que de conclure les choses.

 

 

Frankenstein Reborn ne renouvelle pas le genre et passe même totalement inaperçu parmi la multitude d’autres films sur le même sujet. Le fait qu’il s’agisse d’une production Asylum ne joue pas non plus en sa faveur. Pourtant le produit final s’avère un minimum soigné: l’utilisation des flashback permet de camoufler les faiblesses du scénario, la musique est de bonne facture et Rhett Giles, qui interprète Victor Franks (avec un faux air de Bruce Payne), se montre très convaincant. Généreux en gore, le film pâtit de quelques démembrements malhabiles mais le maquillage du monstre est irréprochable. A tel point qu’il est même dommage que la créature soit si rarement montrée. Au final, c’est bien plus que ce que certaines autres séries B accomplissent de nos jours !

 

 

Maintenant le film n’est pas exempt de défaut. Comme je l’ai cité plus haut, il se traîne en dialogue inutiles et, choisissant de se concentrer sur le personnage du Dr. Franks, en oublie même carrément son monstre. Celui-ci n’apparaît pas avant une trentaine de minute et se retrouve clairement sous-employé alors qu’il avait beaucoup de potentiel. De la même manière, la “fiancée” ne fait qu’une apparition et ne se réveille qu’à la fin du film, en guise d’épilogue. Sa résurrection est tellement évidente qu’il en devient agaçant qu’il ne s’agisse pas d’un point important de l’histoire !

 

 

Le manque de budget se voit beaucoup et les décors sont, du coup, d’une grande pauvreté: une boite de nuit fréquentée par les personnages est vide de tout clients, le laboratoire secret de Franks n’est qu’un sous-sol aménagé (genre le même que dans Dr. Poulet quoi !) et l’asile est représenté par des bureaux d’entreprises. Certaines prises de vue souffrent également, désespérément plates, tandis que le montage empire les choses en voulant camoufler tout ça. S’ensuit alors une série de bruitages high-tech placés sur des éléments hors-propos (un dictaphone, une seringue) tandis que les scènes d’actions sont caviardées d’arrêts sur images comme-ci un photographe prenaient tout une série de clichés ! Au moins ça me permet une transition sympa entre ce film et Snapshot

 

 

Mais pour être franc, ces problèmes sont tellement habituels pour une production de ce genre qu’il ne s’agit pas vraiment d’un critère de jugement. C’est toujours dommage, mais jamais embêtant. Je reste en revanche beaucoup plus sceptique sur certains choix de casting (les deux flics caricaturaux, franchement mauvais tant comme personnages que comme acteurs) et de scénario. Intégrer une petite fille à l’histoire en référence au Frankenstein original est plutôt sympa, mais pourquoi donc considère t-elle le monstre comme son ami même lorsque celui-ci a tué sa babysitter sous ses yeux ? Lorsque le Dr. Franks fait croire à son chirurgien que leur patient s’est suicidé, comment celui-ci fait-il pour ne pas questionner la présence d’un impact de balle dans l’abdomen ? Et y avait-il besoin de défigurer le cadavre à ce point pour leur opération ? Même en prenant compte la nécessité d’atteindre le cerveau sans ouvrir le crâne, c’est un peu exagéré: je ne savais pas qu’on avait besoin de retirer des dents pour une telle intervention…

 

 

Bien sûr dans tout ça, j’oublie de mentionner le quota de fesses bien pratique pour attirer le spectateur. La laborantine semble même n’être introduite dans le film que pour ce seul besoin (en plus d’une autre scène de meurtre), se retrouvant au cœur d’une scène plutôt chaude avec Elizabeth. Deux femmes qui font l’amour, forcément, c’est essentiel à l’intrigue: ça permet de montrer a quel point Victor Franks est un pervers. Maintenant faudrait être bien hypocrite pour critiquer la présence d’une scène pareil, aussi vais-je m’abstenir de toute jugement

 

 

Malgré ses 84 petites minutes, Frankenstein Reborn en montre pas mal et s’en tire très honorablement, se hissant sans problème au-dessus de la majorité des autres productions The Asylum. Son réalisateur ne va d’ailleurs pas hésiter à reprendre à peu près la même équipe pour ses œuvres suivantes, revisitant encore quelques classiques de l’horreur via The Beast of Bray Road (un film de loup-garou) et Dracula’s Curse. A noter que celui-ci semble s’être donné un petit rôle dans le présent film, non crédité au générique, sous le nom génial de Dr. Cadaverella. Probablement une scène coupée au montage puisque je ne trouve aucune trace de lui.

 

 

Et puisque nous sommes sur les anecdotes pour conclure, on peut s’amuser à constater que la backstory de Victor Franks mentionne une compagnie pharmaceutique du nom de Blackthorn Industries. Cette dernière réapparaîtra dans d’autres production The Asylum, comme Dead Men Walking et Exorcism: The Possession of Gail Bowers du même Leigh Scott ! Simple clin d’œil ou tentative de créer un univers cohérent ? Affaire à suivre !

 

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