A une époque où l’on encense des monster movies basiques et sans originalité, avec juste une bestiole moche qui tue pour tuer, ou que les Boogeymen sont en passe de devenir encore moins brutaux qu’un gangster dans un film policier (voir le récent Boogeyman justement), il est bon de se replonger quelques temps en arrière et voir que certains films traitant d’une idée originale se font conspuer ou ignorer…
Wishmaster est l’œuvre de Robert Kurtzman, le “K” du trio des effets spéciaux gore-latex KNB . L’histoire ne traite pas d’un croquemitaine classique tuant figurants sur figurants pour la bonne cause, mais celle d’une créature ancestrale: le Djinn. Bien loin du Aladdin façon Disney, le Djinn nous est décrit non pas comme un bon génie à votre service, mais comme un démon malfaisant cherchant à “conquérir le monde ©” en réalisant les vœux des humains. Pas question alors de laisser ces derniers obtenir ce qu’ils veulent ! Le but est de les piéger en réalisant les vœux au pied de la lettre où de les réinterpréter.
Ainsi, souhaiter être “belle pour toujours” ou vouloir changer de métier n’est pas sans avoir de graves conséquences. Toutefois notre méchant Djinn ne se limite pas à réaliser des souhaits histoire de trouver quelques victimes. Son but est de charger une certaine pierre, portail entre son monde et le notre, d’âmes humaines puis d’activer celle-ci en réalisant les trois vœux de celui qui l’a réveillé.
Le principe du souhait se retournant contre celui qui le désir n’est pas nouveau et on peut se souvenir d’un Leprechaun 2 qui partait déjà dans cette direction le temps d’une scène. Toutefois Wishmaster tient là un concept faisant preuve d’une nouveauté certaine à l’époque où Freddy, Jason et Michael Myers étaient laissés pour mort. Et loin d’être un petit slasher façon “djeunz”, le film se trouve être une œuvre partagé entre la Fantasy et la comédie horrifique bien dans l’esprit de ceux qui aiment ce genre.
Avec Kurtzman à la barre, c’est bien entendu KNB qui s’occupe des effets spéciaux: Djinn imposant, créatures monstrueuses en pagailles, têtes défoncées à la masse, cancer accéléré, décapitation, arrachage de mâchoire inférieure… Bref c’est gore et on ose y aller à fond, ce qui n’était plus trop le cas alors, et encore moins maintenant. Il faut aussi compter sur une véritable réunion de famille orchestré par son grand fan de réalisateur !
Le scénariste, Peter Atkins, est connu pour avoir livré les suites des Hellraiser, des futurs autres Wishmaster ainsi que celui de l’adaptation live de Ken le Survivant. Parmi les producteurs on retrouve un certain Wes Craven, le papa de Freddy Krueger, tandis que le compositeur du film n’est autre que Harry Manfredini, créateur du thème musical des Vendredi 13 et compositeur de quasiment tous les films de cette série. On retrouve bien sa patte dans cette soundtrack par ailleurs, à tel point qu’on s’attend parfois à voir Jason pointer le bout de son nez.
Et si Robert Kurtzman, Greg Nicotero et Howard Berger (KNB donc) s’amusent évidemment à jouer les figurants, ils ne sont pas les seuls. Wishmaster est très connu pour avoir été le premier film à réunir Robert Englund, alias Freddy, Kane Hodder, alias le Jason Voorhees le plus connu, et l’excellent Tony Todd, le majestueux Candyman himself, au sein d’un même film. De petits rôles certes mais parfois amplis de déclarations au sens cachés – mais sûrement involontaires ! – très amusantes:
Le Djinn
“Sais tu quel effet cela fait de disposer d’un pouvoir infini mais de ne pouvoir l’utiliser uniquement lorsqu’une larve vous le demande ?”
Kane Hodder
“Non j’en sais rien, et j’en ai rien à foutre.”
—
Le Djinn
“J’ai déjà rencontré quelqu’un de ce genre.”
Tony Todd
“Monsieur, vous n’avez JAMAIS rencontré quelqu’un de mon genre !”
Bref pour un peu, on s’imagine les acteurs dévoiler leur “nature horrifique” au Djinn…
Cependant ces acteurs iconiques ne sont pas les seuls invités. On se souvient que lors de son précédent film, The Demolitionist, Kurtzman avait réunis un bon nombre de têtes connues que l’on retrouve presque toutes ici (non hélas, plus de Bruce Campbell !): Tom Savini, célèbre artificier du gore et acteur mémorable (Biker chez Romero, le Sex Machine d’Une Nuit en Enfer) apparaît trois secondes lors de la mort d’un pharmacien qui n’est autre que le sympathique Reggie Bannister, très connu pour ceux qui regarde la saga Fantasy / Horreur Phantasm. Du même Phantasm on retrouve l’immense et impressionnant Tall Man lui-même, Angus Scrimm, qui n’apparaît malheureusement pas dans le film puisqu’il fait la voix-off au tout début. Ted Raimi, frère de Sam Raimi et acteur dans les films de ce dernier, mais aussi dans quelques réjouissantes œuvres comme Skinner, apparaît un cours instant en début de film avant de se faire écraser la tête par un certain Joseph Pilato, bien connu par les fans de George A. Romero pour être l’ignoble Capitaine Rhodes dans Le Jour des Morts-Vivants. Enfin on peut également voir George “Buck” Flower, spécialiste des rôles de clodo qui a plusieurs fois traîné ses guêtres chez John Carpenter, ici dans le rôle d’un… clodo ! Enfin pour le moins connu on peut retenir Ricco Ross en inspecteur de police, qui fut marines dans Aliens avant de se reconvertir dans la SF cheap (Octopus, Project: Shadowchaser, Timelock).
Il serait cependant injuste de ne pas parler des acteurs principaux. Tammy Lauren, qui compose ici un rôle très loin des jeunes blondinettes à forte poitrine des films d’horreurs et qui impose une héroïne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Le Djinn, lui, est incarné par Andrew Divoff, qui par son visage et sa voix devient indissociable de la créature qu’il incarne.
Si Wishmaster a ses défauts (longuet par instant, les rares CGI pas trop aboutis, quelques facilitées scénaristes), il n’en reste pas moins un très bon film qui possède son propre univers et s’impose par son côté novateur et sa générosité.
Par contre pour ce qui est des suites, c’est une autre histoire…
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