Une Main Baladeuse

UNE MAIN BALADEUSE

 

Prologue

 

2h42 du matin. Une heure secrète correspondant à la date butoir d’une antique prophétie selon un ancien grimoire, le Naturum Demonto. Un livre ancestral dont le parchemin des pages est constitué de peau humaine, encré avec du sang. Celui-là même que referme une jeune sorcière en quittant le cimetière d’Arkham.

Celle-ci venait d’y passer les dernières heures pour empêcher la prédiction de se réaliser. Depuis la fin des cours, elle s’était rendue ici, cachée de tous, à dresser une barrière magique pour couper ce lieu impie du reste du monde. Puis, en attente de l’événement, elle avait lu attentivement le grimoire, se concentrant sur les textes de la légende: il y était dit que les créatures continueraient à surgir des entrailles de la Terre à flot continu jusqu’à un certain délais. Tout ce qu’elle avait eu à faire fut d’allumer sa tronçonneuse…
La lutte avait été longue et laborieuse, mais elle y était parvenue. Sous une pluie de sang, elle en était venue à bout. Les corps démembrés gisaient de parts et d’autres du cimetière et n’étaient plus animés que de quelques soubresauts. La sorcière avaient alors éteint son engin, récupérée son sac et quittée l’endroit en pataugeant dans les flaques écarlates. Dans la nuit, on entendait plus qu’un chien hurlant au loin…

Alice referma la grille de l’entrée derrière elle et rompit son sort. Très pratique pour empêcher d’entendre le bruit et d’attirer les curieux. Le cimetière était maintenant accessible à tous et l’argent qu’elle avait versé au gardien pour fermer les yeux sur son petit trafic devait suffire pour lui donner également le courage de tout nettoyer avant le lendemain matin. Sac sur l’épaule, tronçonneuse en main et livre sous le bras, l’adolescente rentra chez elle…

 

I

 

Le logement étudiant était presque désert en cette période de vacance, ce qui était une aubaine pour Alice au vu de son allure. Rouge de la tête au pied, ses vêtements goûtaient le sang d’une centaine de cadavres et son corps était couvert d’entrailles. La lame de sa tronçonneuse était pleine de lambeaux de peau et un seul coup d’œil au livre qui était en sa possession en aurait fait fuir plus d’un: le cuir dur de la couverture était composé d’un visage figé dans une expression d’horreur et de douleur. Faisant de son mieux pour ne pas laisser de trace derrière elle, Alice pénétra dans son petit appartement et s’adossa à la porte en soupirant. Éreintée, elle laissa tomber au sol la tronçonneuse tandis que son sac glissa de son épaule. Ses muscles douloureux la tiraillaient et, désormais dégrisée après son combat, elle se sentait poisseuse et l’odeur de pourriture des cadavres la révulsait. Une chose était sûre: elle ne serait jamais une très bonne Nécromancienne.

Le livre posé, c’est d’un pas traînant qu’elle se dirigea vers la douche. Elle entra directement dans la cabine et tourna les robinets. Un jet d’eau chaude l’aspergea subitement, lui arrachant un gémissement de plaisir non dissimulé. Fermant les yeux, elle resta un petit instant à apprécier le contact de l’eau brûlante sur son corps gelé. Détendue et revigorée, Alice baissa les yeux vers le bac de porcelaine et constata le torrent de sang qui s’écoulait à ses pieds. Finalement elle n’allait pas être exempté de nettoyage… Se déshabillant, elle grimaça en trouvant des morceaux de corps enfouie dans ses vêtements: des dents pourries dans son col, un fragment de chair putréfiée sur sa poitrine, des ongles arrachés s’étant frayés un chemin à travers ses sous-vêtements… Avec dégoût elle ôta ses reliques morbides et les mis en tas dans un petit coin, prenant ensuite le soin de se débarrasser du sang et de la cervelle qui maculaient sa peau et ses cheveux. Prise de nausée, elle ferma les yeux et se savonna encore et encore, avec l’impression que le contact de ces choses putrides contre son corps ne partirait jamais. Il lui fallu un long moment pour que la douce odeur des savons ne viennent remplacer celle des matières en décomposition et qu’elle ne se sente vraiment bien. Mais peu à peu, l’eau chaude chassa ses dernières hantises et la jeune femme se mis bientôt à somnoler.

Perdue dans sa détente, la sorcière était inconsciente du léger bruit de grattement émanant de son sac à dos, dans l’entrée de sa chambre. C’était un petit raclement semblable à celui que l’on aurait pu faire avec ses ongles contre le tissu, et il provenait de l’intérieur du bagage. Bientôt, une fermeture à velcro se défit d’elle-même, et quelque chose émergea d’une des poches. C’était une main humaine, grossièrement tranchée au niveau du poignet. Sale, couverte de sang et de terre, elle était pourvue d’ongles longs et mal taillés et des asticots grouillaient dans son moignon sanglant, perçant parfois sa chair encore épargnée par la décomposition. La Chose glissa du sac pour se retrouver au sol, rampant avec dextérité sur ses doigts, amplie d’une vitalité maléfique et animée des plus mauvaises attentions…

 

II

 

Des ondes émises par le Naturum Demonto la guidèrent, lui faisant traverser le studio jusqu’à la petite table où avait été posé l’ouvrage. La main y grimpa avec autant d’aisance qu’un petit singe et commença à palper le livre doucement, reconnaissant l’aspect rugueux de sa reliure de cuir humain, en appréciant les reliefs. D’un doigt elle ouvrit le grimoire et tourna quelques pages avant de s’arrêter au chapitre de la prophétie. En l’état il lui était difficile de pouvoir lire les écrits, mais les forces maléfiques étaient de son côté: elles lui donnèrent un petit coup de pouce. L’encre du grimoire se fit plus épaisse, se libérant de sa prison de parchemin par les pores de la peau des pages. Puis elle durcie, devenant une série de croûtes en brailles pour que la Chose puisse comprendre. Seule survivante des siens, elle avait le devoir de reprendre les choses en main. Si la date butoir était dépassée et qu’il n’y avait plus aucun moyen d’invoquer les morts, il restait toutefois un dernier espoir. Un petit annexe perdu parmi les multiples textes détaillés de ce chapitre offrait la possibilité d’inverser le processus. Tout non-mort pouvant sacrifier le responsable de l’échec de la prophétie réinitialiserait alors celle-ci au moment exact de l’expiration de la victime. Un rituel spécifique était ensuite proposé afin de mettre en œuvre cette seconde chance offerte aux créatures des Ténèbres.

Effleurant avec respect la surface de sang séchait, la main frémissait d’excitation. Quelle aubaine se présentait à elle ! Elle serait reconnue comme l’Élue, la Sauveuse de toute son espèce, peut-être serait-elle même récompensée par les Anciens ? Elle pourrait exiger une place hiérarchique importante ou un statut respectueux. Peut-être même pourrait-elle demander un nouveau corps ? Pourquoi pas celui de cette sorcière ? Une humiliation éternelle de son corps en guise de punition

 

(…)

Texte inachevé. La suite devait se résumer à une lutte pittoresque entre la main vivante et la jeune femme en une sorte de parodie de la célèbre séquence de Evil Dead 2, où Ash se bat contre son propre membre coupé. Ci-dessous les notes décrivant l’histoire, du début à la fin, et que je devais développer pour l’écriture de la nouvelle.

• Alice se rend dans un cimetière en attendant la résurrection des morts, ancienne prophétie de fin du monde. Son travail est donc de l’empêcher.
• Fabrique un cercle magique autour du cimetière et est venu avec une tronçonneuse. Les tues tous.
• Rentre chez elles, couvertes de sang et d’entrailles. 2h42, fin de la tuerie, heure secrète de fin de prophétie. Alice a réussie et va prendre une douche.
• Se déshabille, mais dans son sac un morceau de cadavre s’était caché : une main.
• Alice sort en serviette et se fait attaquer par la main, combat à la Evil Dead 2.
• Logement étudiant, période de vacance, très peu de monde donc peuvent faire du bruit.
• Alice lui jette une casserole d’eau bouillante, fait des cloques sur la main.
• La main lui claque les fesses quand elle est en serviette
• Lui met un doigt dans les fesses quand elle se penche en avant
• Alice en profite vaguement pour s’habiller : bikini
• Main assomme Alice, la place sur un pentacle, l’attache et reprend le livre qu’elle avait, sorte de Necronomicon parlant de la prophétie.
• Alice se réveille, parle à la main qui lui “répond” (des fucks, montre du doigt des lignes du bouquin): elle montre qu’en sacrifiant une fille avant, à une autre heure secrète (heure de rattrapage), la prophétie se re-réalise.
• La main trace un cercle magique sur le ventre d’Alice avec la cire de bougie, puis griffe sa peau pour faire de petits signes avec les ongles.
• La main attend, en profite pour chatouiller Alice en attendant.
• Alice réussi à se libérer, chasse la main
• La cloue au parquet, un clou dans chaque doit, grave un cercle sur sa paume, rageuse
• La renvoie dans les limbes
• Blessure superficielle, gratte la cire, part se coucher.
• Dors. Dans son sac, un autre morceau de cadavre humain est présent et s’était caché jusque là: une longue langue humaine.
• Elle rampe vers le lit, se glissant sous les draps…

Voilà également un résumé condensé de l’intrigue, écrit peut-être avant la rédaction de la nouvelle afin d’obtenir un synopsis clair des évènements à relater, avec là encore quelques notes supplémentaires pour information.

Alice empêche une résurrection de zombies, la nuit au cimetière. Elle y entre par effraction, prépare quelque chose pour le gardien puis délimite une zone pour faire un kekkai et empêcher les morts de partir. Avec une tronçonneuse, elle charcute les morts-vivants qui se lèvent et les morceaux qui bougent tout seul. Elle ignore durant la bataille qu’une main coupée se glisse dans son sac.
Au final, elle brûle les dépouilles et nettoie la zone avant de rentrer chez elle. Il est très tard et elle est fatiguée, lâchant son sac dans la pièce et partant prendre un bain. Alors qu’elle se relaxe la main émerge et s’adapte à l’environnement. Elle repère un grimoire et “lit” une explication de rituel. Elle se cache lorsqu’Alice arrive dans la pièce, en serviette, mais l’odeur la prévient ainsi que la vue du livre. La bataille s’engage entre les deux façon Evil Dead 2 et au final, Alice est assommée.
Elle se réveille nue au centre de la pièce, attachée en croix et avec le grimoire (posé sur un porte-partition) à côté d’elle. La main invoque des pouvoirs et se trouve légèrement modifiée. Avec ses ongles longs, elle griffe Alice et lui trace un pentacle sur le ventre. Son but est d’ouvrir un portail vers l’Au-Delà ou l’Enfer, et de ramener les morts.

• Se déroule dans la ville d’Arkham (avant rencontre avec Jade)
• La main chatouille Alice, la touche (“main baladeuse”)
• Alice conservera la main dans un bocal à formole, scellé avec un parchemin magique

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