The Walking Dead
Ep.5.10
Them
“We are the Walking Dead.”
La reprise du mid-season n’était guère palpitante et ce nouvel épisode poursuit sur cette lancée. En fait il trouve le moyen de faire encore pire, n’ayant pas la moindre chose intéressante à raconter et continuant de nous assommer d’images symboliques et de métaphores grossières. Pire, on tombe à la limite du surnaturel avec un Deus Ex Machina invraisemblable, hors sujet pour une série jusqu’ici ancrée dans le réalisme, et qui n’est là que pour souligner au gros marqueur le message d’espoir du scénariste: en gros, même dans les pires moments, il faut toujours avoir la Foi. Une thématique religieuse qui se ressent douloureusement sur ces quarante minutes et qui va faire rouler des yeux n’importe quel spectateur qui à un minimum les pieds bien sur terre.
Démographiquement parlant, j’imagine qu’il faut au moins un épisode de ce style par saison, afin de rester les valeurs sacro-saintes américaines et de s’assurer l’emprise sur une large audience. Au moins la mise en scène à l’intelligence de ne pas en rajouter avec des effets de styles “artistiques” et prétentieux, c’est toujours ça de gagné. Mais le message reste d’une lourdeur et d’une grossièreté étonnante ! Encore une fois, c’est bien la dernière chose que dont la série à besoin à ce niveau là. Si, après cinq ans, il faut évidemment renouvellement le sujet et traiter les choses différemment pour ne pas sombrer dans la routine, je doute que partir sur un traitement pompeux et spirituel soit la solution. Et pour dire la vérité, ce procédé risque vite s’essouffler et de rendre encore plus visible les défauts propres à la série…
Dans Them, il ne se passe littéralement rien. Tout aurait pu être condensé et combiné avec l’épisode suivant, mais le showrunner voulait probablement créer un effet de suspense avec l’arrivé d’un nouveau personnage à la toute fin de l’épisode. En fait son but est simplement là pour faire passer Team Rick d’une situation (le désespoir, la fatigue) à une autre (la chance d’une nouvelle vie et d’un futur), sorte de transition qui ne se fait pas, pour la simple et bonne raison qu’il reste encore plusieurs épisode à cette saison. L’arrivée de nos héros à la Safe Zone d’Alexandria va se faire sur encore deux semaines, puis il faut narrer le temps d’adaptation. Autant d’éléments qui vont nous transporter jusqu’au dernier épisode, et qui ne vont pas tous se mettre en place immédiatement.
Du coup il paraît vain de nous montrer encore une fois la détresse du petit groupe. Nous savons déjà que Maggie est traumatisée par la perte de Beth, que le couple Abraham / Rosita bat de l’aile, que Sasha est totalement perdue et que Daryl culpabilise. Pour autant, il va falloir supporter encore tout cela sans la moindre avancée, preuve que l’épisode de cette semaine n’est qu’un filler sans véritable intérêt. Le plus perturbant vient peut-être de cette idée de ne pratiquement pas utiliser de musique, ni de sons d’ambiance, ce qui nous vaut de longues séquences totalement silencieuses lorsque les protagonistes marchent dans la forêt sans se parler. Dans le doute, on en vient même à hausser le son de la télé, au cas où.
L’intrigue reprend cette idée stupide de partir en direction de Washington, juste au cas où, peut-être, il y aurait un espoir d’y trouver du monde ou quelque chose. Quand bien même nos héros sont passés par tout un tas de groupes corrompus ces derniers temps et qu’ils devraient être extrêmement méfiant (ce qui va justement jouer un rôle l’épisode prochain), aucun d’entre eux ne semble préoccupé par le fait que pénétrer dans une ville aussi grande est un danger énorme vu le nombre de zombies qui doivent y traîner. Mais passons. Team Rick se retrouve à cours d’essence, de vivres et d’eau, et chacun fouille les parages sans grand succès. Épuisés tant physiquement que moralement, les membres de l’équipe se laissent vite submerger par les Walkers environnant et doivent utiliser leurs dernières forces et ressourcent pour se débarrasser du surplus. Plus dangereux, des tensions commencent à apparaître entre certains et le groupe pourrait bien voler en éclat si ça continue comme ça…
Heureusement, trois faits d’importance vont permettre aux personnages de se reprendre. La première c’est l’apparition d’une réserve d’eau sur leur chemin, délivrée par un inconnu qui, dans un message, se présente comme un ami. Méfiant, ils refusent le cadeau. Ensuite arrive une tempête, une bonne nouvelle a priori puisque cela leur permet de récupérer l’eau de pluie. Seulement il s’agit ouragan très dangereux qui va les forcer à trouver un abris et de tenir la place alors qu’une horde de morts-vivants les y rejoints. Enfin débarque un mystérieux randonneur, lequel connait leurs noms et désire parlementer avec eux…
Trois moments “forts” qui permettent à l’action de progresser, et entre lesquelles ont se fait gentiment chier. En fait je ne sais pas ce qu’il y a de pire entre les longs passages où personne ne fait rien (Abraham sirote sa binouze, Maggie pleure dans son coin, Daryl mange des vers de terre et tout le monde traine des pieds) et ceux où les personnages interagissent de manière franchement puérile et / ou prévisible. Il y a par exemple une certaine redondance avec le comportement de Maggie et Sasha, de femmes fortes mais bouleversées par la perte récente d’un parent, la première se laissant aller au chagrin et la seconde au désespoir. Et naturellement la fin de l’épisode montre les deux se réunir pour avoir une petite conversation et montrer qu’elles surmontent leur tristesse grâce au reste du groupe.
Il y a Daryl qui a perdu quelque chose avec la mort de Beth et qui intériorise ses sentiments, quand bien même Carol et Rick l’enjoignent de se laisser aller. Évidemment celui-ci préfère s’isoler pour aller pleurer dans un coin, comme pour nous montrer que derrière la façade, il y a un cœur. Lorsque Carol lui répète ses propres mots, “nous ne sommes pas morts”, celui-ci va évidemment les répéter un peu plus tard au reste du groupe, parvenant lui aussi à surmonter sa tristesse et se considérer comme un survivant. Et puis il y a les confrontations thématiques, d’une simplicité à faire pleurer. Maggie était la fille d’un homme de Foi, aussi se retrouve t-elle à converser avec le prêtre: puisque celui-ci croit encore en Dieu, la jeune femme réplique que ce n’est plus son cas et s’oppose immédiatement à ses paroles. Pareillement, Sasha sombre dans une rage quasi suicidaire et tape sur les nerds de Michonne, qui elle souhaite survivre et considère cette réaction comme totalement idiote.
Bref, autant de chose qui aurait pu fonctionner sur la première ou seconde saison, mais qui désormais font tâches. On nous rabâche les émotions et souffrances des personnages, qui se répètent en boucle et obéissent à une structure thématique ultra éculée, laborieuse. On sait déjà tout ça, on sait où ils veulent en venir et comment les choses vont s’arranger en fonction des situations. Les responsables du show, eux, ne voient visiblement pas le problème et cherchent par tous les moyens à avoir l’air intéressants, voir quasiment philosophes.Il y a, par exemple, tout ce symbole autour d’une petite boite à musique, un jouet cassé donné à Maggie par Carl. L’objet représente le groupe, bloqué de l’intérieur (le mécanisme est grippé, les héros sont paralysés par leurs problèmes psychologiques) jusqu’à ce qu’une personne arrive pour arranger l’affaire (Daryl nettoie le jouet, l’inconnu à la fin de l’épisode vient leur indiquer un possible refuge). L’épisode se conclut alors par l’arrivée d’une bonne nouvelle avec un nouveau survivant, qui va les enjoindre à trouver refuge à Alexandria: la boite à musique se met subitement à jouer sa petite mélodie, comme pour signifier la lumière au bout du tunnel.
Déjà pas très fin, le procédé est encore plus caricatural lorsqu’il touche à la religion et au personnage du prêtre. Vexé par les paroles de Maggie qui le renvoi à son manque de responsabilité vis-à-vis de ses ouailles, et donc de son propre manque de Foi, celui-ci décide de brûler son col blanc par dépit. Il sombre, réalise que c’en est fini de l’ancien monde et que son rôle de confesseur n’a plus aucun sens. Quelques heures plus tard, lorsque l’orage éclate et que Team Rick peut retrouver l’eau précieuse qui lui manquait, il fond en larme et s’excuse auprès de son Dieu, comme s’il n’aurait jamais dû douter. Quant à Maggie, la scénariste s’amuse à lui faire croiser une Bible sur son chemin, comme pour bien lui renvoyer à la figure ce qu’elle est réellement, malgré ses paroles.
Et si ce n’était que ça ! L’épisode pète un câble et transforme ce qui aurait dû être son moment fort en une véritable farce. Dans une séquence qui évoque fortement l’assaut final de L’Enfer des Zombies, nos héros se retrouvent prisonniers d’une petite grange et doivent soutenir les portes branlantes contre une horde de morts-vivants qui s’amassent de l’autre côté. Le tout en pleine tempête. Les protagonistes dérapent dans la boue tandis que l’obscurité, les éclairs laissent entrevoir un grand nombre d’assaillant et la configuration des lieux empêchent qui que ce soit d’élaborer une stratégie. Autant dire que la tension est à son comble et qu’on s’intéresse enfin à ce qui se passe devant l’écran !
Aussitôt, coupure publicitaire. Lorsque l’émission reprend, les personnages sont pour ainsi dire tous endormis alors qu’un doux soleil pointe le bout de son nez. Tout ceci n’était qu’un rêve ? Même pas ! Il faut croire que, durant l’ellipse temporelle, nos héros ont réussis à tenir la place et à partir se coucher après que la tempête se soit calmée. Le bon sens nous fait présumer qu’ils ont, entre temps, exterminés les Walkers d’une façon ou d’une autre, mais… non. Leur première réaction au réveil et de faire un tour prudent dehors, arme à la main, pour vérifier les environs. Ce qui signifie qu’ils ont bien baissés leur garde sans la moindre inquiétude après l’épreuve de la tempête. Incroyable. Heureusement Mère Nature à fait le ménage et à littéralement décimé les rangs des zombies, dévastant la forêt au passage. Des séquoias géants sont déracinés, arrachés, un zombie se retrouve empalé sur une branche à des mètres de hauteurs. La petite grange ? Pas une rayure. “It should have torn us appart” déclare quelqu’un, conscient de l’invraisemblance de la situation. Moralité ? Il ne faut toujours croire en Dieu et au petit Jésus !
La séquence devait probablement, à l’origine, montrer que malgré les hauts et les bas, Team Rick restent unis face à l’adversité et veille sur chacun de ses membres, comme une vraie famille. L’argument n°1 du recruteur d’Alexandria pour leur proposer de venir vivre chez les siens, où ils seront à l’abri. Au final le résultat s’apparente plus à un gros doigt d’honneur pour tout ceux qui voyaient en The Walking Dead une série ultra réaliste concernant l’idée d’une Apocalypse zombie. Comment, désormais, ne pas s’attendre à une intervention divine chaque fois que les héros seront en danger ?
Bref, le show est au plus bas et va devoir faire fort pour se surpasser dans la nullité. La raison pour laquelle cette chronique a près d’un mois de retard vient en partie du fait que je ne pouvais me résoudre à écrire sur le sujet sans m’arracher les cheveux, me forçant à repousser toujours plus loin l’inévitable. Cela me permet quand même de voir les autres épisodes et de constater que, miracle, les choses changent et deviennent plus agréable à suivre. La réalité rattrape la fiction et peut-être n’aurais-je pas dû douter d’un miracle permettant de redonner un second souffle à la série. Hallelujah.
Et puisque j’en suis à ne plus trop dire du mal de la série, pourquoi ne pas évoquer les quelques bonnes choses qui trainent ici et là dans l’épisode ? Car malgré tout (c’est-à-dire vraiment tout), quelques passages retiennent l’attention. Il y a la découverte macabre dans un coffre de voiture, zombie ligotée, peut-être victime d’un kidnapping avant que la Fin du Monde ne viennent mettre fin à ses jours. Cette bande de chiens errants, affamés, qui surprend nos héros durant un moment de faiblesse, avant de se faire abattre sans sommation par Sasha, et d’être utilisé comme nourriture…
Quelques fossés au bord d’un chemin permettent d’élaborer tout une tactique pour se débarrasser des Walkers en économisant des forces. Daryl retient un mort-vivant par les cheveux, lequel s’échappe lorsque son scalp s’arrache, et un autre montre une certaine ressemblance à la version Deadite de Bruce Campbell dans Evil Dead 2 (pour lequel KNB s’était occupé des effets spéciaux). Mais le meilleur c’est un simple plan. Celui de nos héros, épuisés, marchant lentement au beau milieu de la route sans même faire attention aux zombies de plus en plus nombreux qui se profilent derrière eux. Tous avancent lentement, sans énergie, et voilà qui représente parfaitement le propos du comic book original. Sans un mot, avec subtilité, cette image illustre la célèbre réplique de Rick: “We are the Walking Dead”.
Beaucoup plus en tout cas que cette séquence qui intervient plus tard, et où la scénariste ose l’utiliser en dépit du bon sens. Elle transforme ce qui était un cri du cœur, un coup de colère et un constat amer, en une simple petite anecdote sans intérêt et aussitôt démentie par Rick et les siens. Dans le Walking Dead papier, le héros hurlait à la face du monde que l’humanité s’était transformée et que les survivants n’étaient que des morts en sursis. Ici, il raconte très calmement comment son grand-père soldat ne se sentait plus véritablement “vivant” après être revenu de la guerre, car incapable de se réadapter à une vie normale. La seconde d’après, devant le regard terrifié de ses amis, il tient à les rassurer. “Nous ne sommes pas morts” déclare t-il à Daryl, comme pour lui rappeler que la vie et l’espoir en valent encore la peine.
La comparaison parle d’elle-même, et je n’ai rien d’autre à ajouter.
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