The Walking Dead
Ep.5.05
Self Help
Du Walking Dead pur jus cette semaine, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Pour le meilleur d’abord, car ce n’est pas souvent qu’on peut trouver quelque chose de spécialement intéressant dans cette série. Self Help bouge pas mal et apporte de grosses révélations. Dans ses dix dernières minutes. Avant cela il faut se farcir un ventre mou interminable qui cristallise tous les poncifs du show (ça parle, ça tente de créer de l’émotion ou de renforcer des liens entres les personnages, ça rabâche des situations que l’on connait par cœur, bref on se fait chier et ça rempli l’épisode) mais lorsque le contexte se renouvelle, amorçant un virage décisif dans la narration pour préparer un nouveau chapitre dans l’histoire, et bien ça marche. Il se passe enfin quelque chose et nous pouvons voir les personnages devoir s’adapter, faire des choix décisifs, se disputer à cause de ce chamboulement de plan inattendu.
Abraham surtout, centre de l’épisode, voit son avenir idéalisé se briser et doit maintenant faire face à la dure réalité. Et quand bien même je roulais des yeux dès qu’il parlait de pouvoir sauver le monde, chapeau aux scénaristes qui ont su ramener cette idée au simple rang de fuite mentale. Voyez-vous, Eugène dévoile un lourd secret que les lecteurs du comic-book ne seront pas surpris de voir. Certes les circonstances sont sensiblement différentes (pas de radio, l’idée ayant été reprise bien plus tôt avec Rick et son téléphone imaginaire) mais le résultat est le même. Un flash-back épisodique, montré tout au long de l’épisode, nous apprend la façon dont le colosse et le scientifique ont fini par se rejoindre, et il apparaît que l’instance d’Abraham pour remplir sa mission n’est qu’une façade. Un but qu’il s’est donné sans vraiment y songer, suite à une tragédie qui l’a amené au bord du suicide.
Donc non, le showrunner n’a pas bêtement réécrit cette partie de The Walking Dead et je suis très heureux de voir qu’il n’y aura pas suite à l’intrigue de Washington et du remède. Aucun retour possible vers une civilisation “normale” et c’est tant mieux. Rajoutons à cela des tensions qui font éclater le faible équilibre du nouveau groupe, la belle Rosita s’opposant pour la première fois à son chef (et amant !) et Glen devant jouer la voix de la raison alors qu’il est d’ordinaire très en retrait. Bref, Self Help chamboule le statu quo, et même si je crains que le reste de la saison ne modifie jamais vraiment les choses de façon permanente (Glen restera un suiveur timide, Abraham conservera sûrement son assurance, etc.), ça fait du bien de voir The Walking Dead sortir des sentiers battus et oser foutre un peu de désordre dans son écriture jusqu’ici en pilotage automatique.
C’est très bien, bravo ! J’applaudis sincèrement.
Et pour rester dans les bonnes choses, la séquence gore de la semaine se trouve être très originale. Du jamais vu même, puisqu’il s’agit de l’utilisation d’un camion de pompiers et de sa lance d’incendie pour faire le ménage dans une bande de morts-vivants. Le jet d’eau fait exploser des têtes, perdre des membres, fait de gros trous dans les corps. Innovant, et en 2014 ce n’est pas rien ! Dommage simplement que la pression d’eau n’ai pas l’air si puissante que ça, donnant parfois l’impression que les corps des zombies doivent être en carton-pâte pour se détruire aussi rapidement. Mon âme de geek tente de me persuader que toutes ces bonnes choses sont dues en partie grâce au réalisateur, Ernest Dickerson, celui qui fut l’auteur du génial Le Cavalier du Diable (alias Tales From the Crypt, le film) et dont je n’arriverai probablement jamais à dire du mal. Mais je sais que non, tout l’honneur en revient aux scénaristes et il faut rendre à César ce qui est à César. Au moins je n’ai pas trop à médire sur le travail d’un artisan que j’apprécie.
Quand je dis « pas trop », il y a quand même quelques choses qui ne vont pas, et j’étends par là tout le reste de l’épisode. Puisque les personnages n’ont rien à faire en attendant la conclusion et le massacre de zombies hebdomadaire, et bien ça discute. Et ça discute, et ça discute encore. Les dialogues ne sonnent jamais juste ou bien sont trop anecdotiques pour être remarqués (surtout quand entendu a peu près trente milles fois pendant ces quatre dernières saisons), ou juste totalement stupides comme cette discussion sur le mythe de Samson.
Lorsque les protagonistes passent la nuit dans un bâtiment, la scène où chacun exprime ses doutes et se rassure les uns les autres se répète en boucle au moins trois fois (combo Glen / Maggie, Abraham / Glen, Eugène / Rita). Déjà interminable en soit, ce n’est que plus agaçant lorsque l’on sait qu’on a déjà vu tout ça auparavant dans la prison, dans la ferme de Hershel, puis encore ailleurs, et encore et encore. Visiblement les scénaristes ne s’en lassent pas et doivent confondre les scènes d’expositions avec celles de caractérisation. Il y a quand même une sacré différence entre approfondir un personnage, ses peurs et ses décisions, et voir les mêmes bonhommes jouer sempiternellement le coup des gars incertains mais se soudant les coudes pour vaincre tous les obstacles.
Assez. On en a mangé pendant quatre saisons déjà. Il est temps de passer à autre chose.
Bref. Reste le comportement sensiblement dérangeant d’Eugène qui, bien que sympathique dans le fond, va quand même trafiquer le véhicule du groupe, risquant leur vie, et jouer le voyeur lorsque Rosita et Abraham font l’amour dans leur coin. Tout ça sans nécessairement penser à mal mais transformant ce qui est comportement asocial en sacré petit manipulateur.
Des faiblesses de caractère étranges, un poil flippantes, mais qui n’en font pas un antagoniste pour autant. Dans une série comme The Walking Dead, j’irai jusqu’à dire que c’est un personnage complexe. Après des épisodes entiers à ne rien le laisser faire, c’est plutôt courageux d’explorer son caractère et sa façon de voir les choses. J’espère juste que cela ne signifie pas la mort imminente du personnage, comme c’est généralement le cas dans la série: aussitôt que quelqu’un de (très) secondaire est mis sur le devant de la scène, cela signifie qu’il disparaît. Après tout, le prêtre vient de remplacer Bob, donc je suppose que l’évadé de l’hôpital pourrait prendre la place d’un autre membre de la Team Rick…
Je conclurai juste en disant que faire un épisode où la belle Christian Serratos a une scène de sexe, mais qu’on nous laisse rien voir, est purement criminel. En faite ça fait même un moment qu’on a pas eu droit de voir son petit nombril. Scandaleux. Zero stars, thumbs down.
Ton imaginarium ne t’a pas joué de mauvais tour et tu a très bien analysé cet épisode charnière.
Episode plutôt lourdement bavard , je partage ton point de vue a ce sujet ; les quelques twist , dont celui « flashbacké » et qui nous dévoile le passé de Abraham sont de nature a ouvrir la voie a un personnage qui devrait compter a l’avenir .de meme que l’explorationde la psyché complexe de eugéne . Pour la zombie touch effectivement le canon a eau sert une séne qui dans un « film » aurait acquise le statut de culte . pour le reste , et tu le savais déjà je suis fan de la série , et je manque d’objectivité pour porter une chro aussi pertinente que celle sortie de ta plume faconde . mais je garde un certain libre arbitre pour noter un peu de redondance dans cet épisode au niveau du rythme , et un petit coté un tantinet pornawak que cela provoque particulièrement dans cet épisode .Bravo pour ton analyse , je les suis toujours avec autant d’interet que le soin que tu met a les rediger . continue …mais pas trop avec W.D. lol .
Et bien merci beaucoup, content de voir que nous sommes sur la même longueur d’onde malgré tout 🙂
Très heureux que l’article te paraisses bien écrit, c’est un sacré compliment !