The Toxic Slime Creature (1982)

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The Toxic Slime Creature

(1982)

 

How come it does not have legs ?!
What doesn’t have legs ?! 

 

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Quand un film porte un titre comme The Toxic Slime Creature, on ne se pose pas de question, on le regarde. Peu importe la qualité du machin. En fait dans le cas présent il est même préférable de ne pas trop être regardant sur le sujet d’ailleurs, étant donné qu’il s’agit d’un vieux shot on video tourné au tout début des années 80 dans l’amateurisme le plus total. Un micro budget venant du fin fond du New Jersey, justement distribué par une compagnie locale, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Vidimax, une minuscule filiale de la Carlson International, entreprise de vente par correspondance s’étant lancée dans la distribution de séries Z lorsque le marché vidéo se mis en place à l’arrivée des premiers caméscopes. Autant dire que leur catalogue ne volait pas bien haut, proposant surtout des trucs mal foutus du genre The New York Centerfold Massacre, mais on en retiendra malgré tout deux représentants qui furent assez médiatisées en leurs temps.

 

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L’un n’est autre que le fameux Guinea Pig 2, alors rebaptisée Slow Death : The Dismemberment pour l’occasion, faux snuff movie japonais bien moins crédible que son prédécesseur mais que l’acteur Charlie Sheen (probablement sous l’influence de l’alcool ou de stupéfiants) prit pour un vrai ! Celui-ci alerta les autorités et, supposément, le FBI lui-même aurait mené l’enquête. L’autre c’est A Certain Sacrifice, une petite bande 8mm où apparaît une jeune Louise Ciccone peu avant qu’elle ne devienne Madonna. Elle s’y montre topless le temps d’une scène, et évidemment la chose refit surface au moment où elle atteint la célébrité. L’artiste essaya un temps de faire bannir l’œuvre pour protéger son image de marque, en vain. Non pas que Vidimax en profita à vrai dire, puisqu’elle cessa d’opérer lorsqu’un incendie détruisit l’entrepôt où elle stockait ses masters. De ce fait, les seules exemplaires restants de ses titres sont des copies VHS de qualité déplorable et parfois même incomplètes.

 

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Ce qui nous amène à ce Toxic Slime Creature, qui à l’origine s’appelait The Slither si l’on en croit les informations du générique de fin. J’avoue que pendant un moment, je croyais que le titre était The Toxic Purple Creature ou The Purple Slime Creature pour la simple et bonne raison que le film est violet. Filmé avec un caméscope bruyant de première génération, ce moyen métrage de 58 minutes semble avoir macéré dans du jus d’aubergine durant son développement et une bande mauve visible sur le côté droit de l’écran témoigne du problème. Celle-ci teinte les couleurs blanches, bleues et grises de l’image qui – manque de bol – sont prédominantes. En résulte l’impression que, dans l’univers où se déroule l’intrigue, tout est violet, y compris la bestiole gluante du titre qui en réalité donne plutôt dans le marron sombre, couleur caca. On y perd pas trop au change donc, mais enfin puisque ce film ne sera jamais restauré en 4k il me semblait bon d’évoquer le problème.

 

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Écrit, produit et réalisé par un Kenneth Zollo qui s’occupe également de la “cinématographie”, The Toxic Slime Creature s’apparente a priori à une alternative do it yourself au Blob. Sauf qu’en fait pas du tout puisque nous avons là un creature feature qui met plutôt en scène une sorte de gros mollusque mutant de taille d’un cheval, peut-être une limace, probablement un vers, à vrai dire on ne sait pas très bien. Le fait est que le monteur a choisi de ne pratiquement pas dévoiler la créature qui pourtant a bien été fabriquée et animée, et n’était pas si mauvaise que ça d’après les rares secondes où elle apparaît. Difficile de comprendre: où bien le réalisateur n’était pas satisfait du résultat, ou bien les séquences d’effets spéciaux ont été perdues durant l’incendie évoqué plus haut. S’il ne fait aucun doute que la bête ne tient pas la comparaison avec les gros budgets de l’époque, sa présence aurait cependant été un bonus non négligeable pour un SOV aussi dépouillé.

 

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Car le scénario et la mise en scène ne proposent absolument rien d’autre, les acteurs (juste des mecs ordinaires sans aucune expérience, et d’ailleurs ils n’ont jamais rien fait d’autre) se contentant de parler et de marcher de long en large pour meubler jusqu’à la conclusion. Disons-le franchement, il n’y a absolument rien à voir ici: ce film n’est qu’une immense perte de temps. C’est (presque par définition) le genre qui veut cela, puisqu’il est principalement le terrain de jeu de personnes ordinaires n’ayant jamais versé professionnelement dans le cinéma. Pour autant c’est là que l’on se rend compte du talents de certains, et s’il est facile de cracher sur les frères Polonia, Ron Ford ou Brett Kelly, force est de constater que ceux-là font généralement plus d’efforts que les autres pour combler leur public, aussi raté ou ridicule que soit le résultat. Ici hélas personne ne risquera de brandir l’étendard “film culte underground”, même ironiquement.

 

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Et c’est dommage car le point de départ n’était pas si mauvais. Dans une zone industrielle, un accident de train provoque la fuite d’un mystérieux produit chimique qui va générer un gaz acide pouvant rapidement tuer quiconque entre en contact avec lui. Les employés d’une petite usine et un livreur de sandwich se retrouvent alors piégé dans un bâtiment sans possibilité de fuir ni de contacter les secours. Ils sont alors attaqués par un agresseur monstrueux: s’étant infiltré dans le sol, le liquide toxique a provoqué la mutation d’une sorte de vers qui a remonté à la surface pile dans une salle de stockage de l’entreprise où le sol n’a pas été bétonné. Ne pouvant quitter les lieux, le groupe va devoir se défendre avec les moyens du bord… Ce qui n’arrive en fait jamais, faute de moyens, tout le monde attendant que le temps passe. Noyés dans un flot de dialogues et de séquences de remplissages, quelques moments laissent toutefois entrevoir ce que le film aurait pu être dans des mains plus compétentes.

 

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Comme lorsque les héros réalisent qu’ils n’entendent plus les sirènes des pompiers en route vers le crash, sans doute parce qu’ils ont été tué par le gaz une fois arrivé sur place. Ou lorsque la radio évoque la présence d’hélicoptères de l’armée alors que le gouvernement refuse de révéler l’origine du produit, préfigurant un peu le complot gouvernemental de X-Files avant même le remake du Blob de Chuck Russell. Il y a ce passage où les employés se préparent à calfeutrer les fenêtres pour se protéger du nuage d’acide avant de désespérer en découvrant que le bâtiment possède une gigantesque baie vitrée allant du sol au plafond. Du potentiel malheureusement tué dans l’œuf par manque d’argent, d’expérience et de talent, condamnant ainsi The Toxic Slime Creature à l’insignifiance la plus absolue. Le spectateur intéressé devra alors composer avec les longueurs et la quasi absence de menace visqueuse, tout ça pour une non-conclusion peu satisfaisante

 

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Car le film n’a pas de fin: il s’arrête juste comme ça, avec un fondu au noir, alors que le monstre et plusieurs personnages sont encore là pour continuer l’histoire. Passe encore que chaque mise à mort se déroule hors champ et de la façon la plus paresseuse possible, mais se farcir une heure de métrage où il ne se passe strictement rien pour en arriver là est pratiquement insultant. A la décharge du réalisateur, il est possible que son film soit incomplet en raison de la destruction des archives de Vidimax, et je pense que cet épilogue manquant devait détruire le mollusque en l’exposant au gaz acide de l’extérieur. A la place il faudra se farcir une tentative de romance inopinée à la 45ème minute alors que le temps commence à se faire long, le héros bedonnant proposant un massage à la secrétaire idiote. Le duo va se conter fleurette pendant cinq bonnes minutes durant lesquels ils tenteront même de s’envoyer en l’air malgré le danger, avant d’être justement interrompu par la bête.

 

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Pour la forme citons quand même quelques détails marquants, comme cette fameuse réplique du vilain patron s’étonnant que le monstre ne possède pas de jambes. “What doesn’t have legs ?!” demande t-il. “Well, fish, snakes” répond de but en blanc un jeune employé. Drôle mais probablement pas volontairement. Drôles aussi les répliques du très beauf livreur de sandwich joué par le frère du réalisateur. Premier personnage à apercevoir la créature, il en donnera une description qui l’apparente vraiment à un gros étron : “Brown and wet, like slimy, you know ?”. Notons quelques plans composites avec superposition d’images pour représenter les décombres du train en flammes et une attaque du mutant qu’un personnage repousse, ainsi qu’un visage maquillé tendance farces et attrapes pour simuler les brûlures du gaz. Des effets spéciaux qui là encore n’apparaissent que pour quelques secondes, comme s’ils avaient été coupés au montage.

 

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Voilà qui relance l’idée que The Toxic Slime Creature est une version incomplète de The Slither, et peut-être peu représentative du travail effectué par Kenneth Zollo. Si c’est le cas, il est quand même dommage que les seules éléments ayant survécu sont les moins intéressants et j’ose affirmer qu’une simple démo compilant tous les trucages et effets visuels aurait été plus intéressante à regarder. C’est justement la raison pour laquelle j’ai décidé de réunir les plans dévoilant le monstre en une petite vidéo, histoire de satisfaire la curiosité de certains sans leur infliger la vision complète du film. Au final on se retrouve avec un total de juste onze secondes disséminées sur pratiquement une heure de métrage, la plupart montrées lors du final chaotique où la limace s’attaque aux derniers survivans. Une scène assez rigolote puisque filmée majoritairement en vue subjective du point de vue du monstre, mais sans filtre ni rien pour représenter sa vision.

 

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Les acteurs se contentent de tourner autour du caméraman en hurlant et en lui jetant des livres à la tête pour le repousser, donnant une impression de chaos semblable à celle d’une cours de récréation. Ajoutez à cela la tentative d’accompagnement musical au synthé, répétitive et pas du tout effrayante, et les rares gargouillis audio du vers lorsqu’il bave ou grogne, et l’impression de regarder un vieux film de potes tourné durant les week-ends se fait bien ressentir et pas nécessairement d’une façon désagréable. Et puis comment rester de marbre lorsqu’un personnage récupère un peu de mucus laissé par la bête pour la renifler et déclarer tout haut que “ça ne pue pas” ? Il en faudra de la volonté pour atteindre cet état d’esprit cependant, ce qui n’est pas donné à tout le monde. La rareté de la chose suffira sans doute à faire le tri dans le public, puisque de nos jours il est pratiquement impossible de retracer l’existence de la moindre copie Vidimax.

 

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Pas même un visuel de la VHS ne semble disponible, donnant l’impression que The Toxic Slime Creature n’a même pas eu droit à une véritable édition, n’ayant peut-être existé que sous la forme de cassettes bootleg dépourvues de jaquettes. La seule façon de le voir est désormais d’écumer YouTube, encore que l’an dernier l’éditeur américain Frolic Pictures le sorti en DVD (un simple transfert dégueulasse sur galette, ne rêvez pas non plus) dans le cadre de sa collection Grindhouse. Trente-sept titres vendus en bipacks de deux films qui tapent dans le gros Z qui tâche, de Linnea Quigley’s Horror Workout à R.O.T.O.R. en passant par The Psychotronic Man. Puisque la limace géante de Kenneth Zollo ne risquait pas d’attirer les foules, elle a été refourguée avec le bien plus célèbre The Wizard of Speed and Time, qui lui fait bien l’objet d’un petit culte parmi les cinéphages.

 

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Je vous conseillerais d’en rester à la version YouTube cependant, voir même à ma propre vidéo trouvable ci-dessous, tant cela n’en vaut pas la peine. Et parce que je ne savais pas comment caser cette dernière information, je conclurai avec cela: l’intégralité du tournage s’est effectué au sein de la Tech-Art Plastics Company, à Morristown, une usine spécialisée dans la création de moules sur-mesure pour la fabrication de produits en plastiques, en particulier pour l’industrie des orgues et des pianos. Voilà. C’était totalement inutile et ça ne fait que rallonger ce texte inutilement, mais c’est parfaitement en phase avec le sujet. Après tout si Kenneth Zollo et Vidimax peuvent le faire alors pourquoi pas moi ?

 

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GALERIE

 

 

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