The Princess Blade
(2001)
Scénariste de Himawari (de Isao Yukisada) et Tokyo Lullaby (de Jun Ichikawa), mais aussi du jeu vidéo Tekken 4, Shinsuke Sato se retrouve réalisateur pour la première fois avec ce The Princess Blade. Voilà en fait une réadaptation du manga Lady Snowblood (Shurayuki Hime), œuvre des années 70 du grand Kazuo Koike (auteur de Crying Freeman et Lone Wolf & Cub, alias Baby Cart), et qui avait déjà été transposé par deux fois au grand écran avec les deux films de Toshiya Fujita (Lady Snowblood: Blizzard from the Netherworld et Lady Snowblood 2: Love Song of Vengeance), le rôle de Yuki étant interprété par la magnifique Meiko Kaji (héroïne de Elle S’appelait Scorpion). Cependant, la transposition s’effectue dans un Japon futuriste, environ 500 ans après notre ère et en proie à la désolation.
Il y est question du clan Takemi Kazuchi, autrefois au service des souverains, et désormais tueurs à gages travaillant pour les plus offrant suite à la modernisation du pays. Parmi eux la jeune Yuki, qui vient d’avoir 20 ans et a qui l’on révèle que sa mère, la princesse Azora, autrefois dirigeante du clan, s’est faite assassinée par l’actuel meneur des Takemi Kazuchi. Souhaitant se venger, elle se retrouve avec le clan à ses trousses et trouve par hasard refuge chez un mystérieux jeune homme, Takashi, un idéaliste faisant partie d’un groupe terroriste.
Cette vengeance, qu’elle se solde par la mort de Yuki ou par sa vengeance , ne peut toutefois qu’aboutir à la disparition totale du clan, celui-ci ne signifiant plus rien dans cette ère technologique. Ainsi cette réadaptation garde l’idée de l’œuvre originale, qui montrait le changement de l’Ère Meiji et la disparition progressive des samouraïs, alors inutiles. En cela Princess Blade n’est pas un film de sabre basé sur l’action, contrairement à ce que sa bande-annonce laisse présager, mais une œuvre plus posée. Et ceux qui espéraient une succession de combats seront déçus.
Princess Blade, malgré quelques belles scènes de combats, reste un film lent qui tend a la réflexion quant à l’avenir possible d’un Japon de plus en plus mondialisé et à la disparition progressive des valeurs ancestrales désormais dépassée. Et c’est ainsi que le film laisse beaucoup plus la place aux dialogues, montrant la remise en question des divers personnages (Yuki et sa nature de tueuse, Takashi en tant que terroriste, Byakurai sur l’utilité du clan). Ce parti pris en rebutera forcément plus d’un et il faut aussi dire que parmi les défauts du film, l’intrigue traîne en longueur à cause de cela.
Alors certes tout cela semble classique, déjà vu (l’œuvre originale ne date pas d’hier non plus), le manque de budget se fait ressentir, les effets spéciaux numériques de Shinji Higuchi (ayant œuvré sur la nouvelle série des Gamera, la tortue géante concurrente de Godzilla) se limitent finalement à peu de choses lorsqu’on aperçoit quelques plans du Japon futuriste, les combats manquent de férocité (aucune giclée de sang malgré des combats aux sabres) et la musique du grand Kenji Kawai, le compositeur fétiche de Mamoru Oshii, est finalement des plus basique, mais il serait trop facile et injuste de considérer Princess Blade comme un mauvais film.
La photographie est élégante, Sato se retrouve être un metteur en scène inspirant (certains de ses plans sont vraiment sublimes), les scènes d’action chorégraphiées par Donnie Yen (Blade II, Hero) sont incroyables (quoiqu’un peu poussée surréaliste, mais bon, on a l’habitude) et les acteurs sont excellent dans leurs rôles, que ce soit Hideaki Ito en jeune homme triste et touchant, Shirô Sano (Violent Cop de Takeshi Kitano) en ordure de première ou encore la magnifique Yoko Mari, jouant la sœur autiste de Takeshi, dont un seul regard suffira à vous faire fondre. Quant à Yumiko Shaku (“Idol” japonaise et mannequin ayant posée pour de nombreux album photo, donc le très particulier et fétichiste CHAOS, où l’on peut la voir sur un lit, attachée ou faisant l’amour à un mannequin en plastique !), elle s’en tire plutôt pas mal pour ce qui est son premier rôle à l’écran. De plus Princess Blade se termine sur une note tragique qui n’est pas sans dégager une certaine émotion…
Malgré ses nombreux défauts qui l’empêchent d’être un grand film, Princess Blade est divertissant et agréable à regarder.
Commentaires récents