The Howling (1977) | Gore N°50: Hurlements

Gore N°50

Hurlements

The Howling

(1977)

 

Premier volet d’une trilogie écrite par l’auteur de La Féline, le roman Hurlements n’est pas aussi connu que son adaptation cinématographique. Par ailleurs la comparaison avec celui-ci est inévitable, si le lecteur l’a vu, ce qui amène à un problème: une grosse révélation de l’histoire est connue d’avance, ce qui fausse toute l’intrigue et la perception du lecteur sur celle-ci. Déjà un peu trop linéaire et prévisible, Hurlements n’en devient que plus banal et il faut alors se raccrocher aux différences avec le film de Joe Dante pour ne pas avoir l’impression d’avoir toujours un train d’avance sur l’intrigue. Bien heureusement celles-ci sont nombreuses et réservent quelques surprises.

Le prologue fait état d’un petit village nommé Dradja, perdu dans la forêt d’Arda qui se situe à la frontière de la Bulgarie et de la Grèce. Un village réputé maléfique et sur lequel on raconte de nombreuses histoires superstitieuses. En 1583, la mort brutale d’une petite famille attira les villageois voisins qui tentèrent d’élucider ces meurtres, ayant alors recours à la torture. Le mutisme des habitants de Dradja causa leur mort, se faisant brûler avec leur village. Le lieu ainsi maudit est abandonné et la végétation n’y pousse plus… Quelques siècles plus tard le livre nous transporte à Hermosa Terrace, un quartier chic de Los Angeles. Alors que son mari s’absente pour travailler, Karyn est victime d’un viol perpétré par le jardinier du quartier, perdant alors l’enfant qu’elle portait. Traumatisée, elle ne supporte plus d’être touchée par son mari et leur vie sexuelle est au point mort. Sur les conseils d’un psychologue, le couple part alors se ressourcer dans un petit village, Drago, au nord de l’état (et plus précisément situé dans une vallée des montagnes Tehachapi, selon la séquelle). Alors que tout semble aller pour le mieux et que les deux jeunes gens tentent de reconstruire leur vie, Karyn est perturbée par un étrange hurlement qui se fait entendre chaque nuit et se referme de plus en plus sur elle-même…

Joe Dante n’a finalement gardé que l’idée de base du couple arrivant dans une petite communauté repliée sur elle-même pour son film, avant d’orienter l’histoire vers quelque chose de radicalement différent. Le Hurlements de Gary Brandner se veut plus classique mais d’un autre côté nous épargne les personnages trop creux et insupportables du film. L’héroïne notamment, dont la fragilité est palpable et la paranoïa très compréhensible. Son mari quant à lui est bien loin d’être l’homme idéal puisque passant vite d’un comportement sympathique à celui d’un égoïste abandonnant son épouse et ses problèmes à la moindre occasion. En guise de thérapie, on découvre un petit village perdu dans les bois, coupé du monde, et qui n’a rien d’accueillant: la forêt cache la lumière du soleil et l’endroit est quasiment désert la plupart du temps. Même si Drago abrite une centaine d’habitants, on y croise pratiquement personnes, les rares badauds traînant dans les rues dans un état léthargique tandis que le shérif du coin se révèle être plutôt avare en parole et qu’une voluptueuse jeune femme fait du gringue au mari de Karyn, sous ses allures de sorcière mystérieuse. Seule la vieille épicière du village se révèle être amicale…

 

 

Le récit installe une atmosphère inquiétante dès les premières pages et ne fait pas longtemps planer le doute: il se passe effectivement bien des choses inquiétantes à Drago. Tout d’abord c’est la petite chienne du couple qui disparaît, puis c’est le mari de l’héroïne qui se met à la quitter subitement dès que l’occasion se présente. Enfin les hurlements se font de plus en plus insistant chaque nuits. Livrée à elle-même, Karyn se laisse droguer par le docteur du village après qu’elle ait racontée qu’un loup est responsable de la disparition de son chien. Évidement, on s’en doute rapidement, il est question de la présence de loups-garous, descendants des habitants de Dradja. Et Hurlements garde une approche très basique de cette créature, telle qu’on la voyait autrefois: il s’agit du fruit d’une malédiction, œuvre de Satan qui fait de l’Homme son serviteur. Le loup-garou se transforme chaque nuit (la pleine lune n’étant ici qu’une légende), prend la forme d’un loup (et non d’une créature hybride), possède des capacités de guérison très développées et, bien sûr, ne peut être tué que par de l’argent.

Pas d’innovation, aucune originalité, et cela peut être quelque part assez décevant puisque aucun élément n’est jamais développé. Le livre ne traite pas du satanisme, pas plus qu’il ne nous fait réellement découvrir les habitants de Drago qui, en tant qu’humain, ne sont finalement pas bien méchant malgré un côté un peu taciturne. Heureusement Brandner s’attarde un peu plus sur le mode de vie du loup-garou par le biais d’un jeune initié: pensées humaines de moins en moins cohérentes alors que la transformation approche, instincts animal prenant le dessus et besoin de liberté qui attire inexorablement dans la forêt. A noter pour les connaisseurs du film l’absence de la scène d’accouplement en pleine transformation, les deux amants ayant ici tour à tour des relations sous forme humaine puis animale. L’érotisme est d’ailleurs assez corsé à travers les scènes de sexe, ce qui s’avère plutôt surprenant pour une histoire où l’on s’attend plus à des passages sanglants, qui eux sont pratiquement inexistant !

Ce que l’on retient de Hurlements au final, c’est sa bonne approche du personnage principal et son atmosphère intéressante qui, hélas, se dissipe un peu en raison de trop de non-dit et de non-vu: il se passe bien des évènements étranges mais en trop petit nombre et trop dispersés sur la longueur de l’histoire. Du coup, rien de véritablement intéressant n’arrive vraiment, si ce n’est par petites touches, et les loups-garous que l’on attend impatiemment finissent par perdre tout aspect terrifiant lors de leur entrée en scènes: les monstres interviennent, certes dangereux, mais ne suscitant ni craintes ni angoisses. Trop classique, trop bateau, Hurlements perd alors tout son intérêt tant l’on devine ce qui va se passer par la suite (et cela sans prendre en compte l’adaptation cinéma). C’est bien dommage car aussi simpliste qu’était l’intrigue de Brandner, elle aurait pu être très efficace si mieux narrée. Le seul bon point réside dans le fait que le livre soit plutôt court, ce qui évite trop de temps mort.

Finalement, s’il est à des années lumières de sa version cinéma, bien moins spectaculaire malgré son personnage principal plus attachant, Hurlements demeure comparable à celui-ci: beaucoup d’inaction et d’attentes pour quelques passages intéressants seulement. Roman moyen mais vite lu, on peut s’y tenter pour satisfaire sa curiosité ou pour le comparer au film.

 

 

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