The Dragon Unleashed
(2019)
Rene Perez est un habitué du cinéma de série B tendance Z, étant entre autre réalisateur de la trilogie zombiesque The Dead and the Damned, la trilogie slasheresque Playing With Dolls et tout récemment de Death Kiss, un faux Death Wish 6 avec un vrai sosie de Charles Bronson. Un film de vigilante qu’il a conçu dans un esprit rétro pour “rendre hommage” aux œuvres des années 70/80, surfant en réalité sur une monde très rentable qui ne semble jamais s’épuiser. Avec The Dragon Unleashed (anciennement Bring the Pain) il poursuit sur le même thème avec un supposé film de ninjas dans la lignée de ceux de la Cannon et équivalent, lequel n’a en vérité rien à voir – mais alors pas du tout – avec le sujet. Alors oui le héros possède un katana et une statuette de dragon sur son étagère, et il s’amuse à lancer des shurikens dans une ou deux scènes, mais les similitudes s’arrêtent là d’autant que son uniforme n’a rien à voir avec celui des shinobis. Ce qu’il porte est une armure de combat intégrale avec casque qui le recouvre entièrement, une tenue par-balles plus proche de celle que porte le héros du Rampage de Uwe Boll que des tenues utilisées par Shô Kosugi. Le costume intervient d’ailleurs de façon récurrente dans la filmographie du metteur en scène, qui le fétichise presque, entre autre dans The Dead, The Damned and the Darkness et The Punished.
Avec ses soixante dix-sept petites minutes, l’histoire ne raconte finalement pas grand chose, Rene Perez persistant à utiliser son style contemplatif où les images sont certes bien jolies mais où il ne se passe finalement jamais grand chose entre trois ou quatre grosses scènes. L’intrigue s’intéresse à un super-soldat aussi doué avec un sabre qu’avec un fusil, employé comme tueur professionnel par le Gouvernement. Les contrats s’enchainent et le jeune homme commence à souffrir de stress post-traumatique, se retrouvant hanté par l’image d’un petit garçon qui représente symboliquement son innocence qui lui tourne désormais le dos. Alors qu’il enchaine les missions, il se demande si le gamin qu’il était autrefois serait content de voir ce qu’il est devenu… Son quotidien va être bouleversé par l’arrivée d’une nouvelle voisine, une jolie bimbo qui vient de revenir dans sa ville natale après une succession d’échecs et qui espère maintenant reprendre le droit chemin. Pour se faire, elle s’est lancée le défi de faire le bien autour d’elle et d’aider autant de gens qu’elle le peut, ce qui va évidemment faire écho aux problèmes personnels de l’assassin.
Les deux se retrouvent vite attirés l’un par l’autre et ils vont passer du temps ensemble, le “ninja” finissant par tomber amoureux d’elle et de l’idée d’aider son prochain. Autant dire que cela ne plaît pas trop à son supérieur, un gradé façon Richard Crenna dans Rambo (mais qui ressemble plutôt à Ray Stevenson), qui va alors lui confier des travaux toujours plus accablant. Après avoir été contraint de faire disparaitre un docteur venant de trouver un remède contre la Malaria, il reçoit l’ordre de descendre le jeune fils d’un grand criminel juste histoire de freiner les affaires de celui-ci. C’en est trop et il refuse, décidant d’abandonner son poste… On pourrait croire qu’il s’agit là du point de départ d’une intrigue maintes fois rabâchée, mais je viens en fait de vous raconter toute l’histoire ! The Dragon Unleashed n’est pas tant un film d’action qu’un film de personnages qui s’intéresse à la psyché vacillante de son protagoniste sur la brèche, un beau gosse qui voudrait être aussi gentil que Superman mais qui doit abattre n’importe qui sous des prétextes de sécurité nationale. Il s’isole aussi bien mentalement que physiquement, son uniforme étant cette fameuse armure qui ne laisse plus rien entrevoir de sa personne.
Le problème c’est que l’on fini par s’emmerder à force de séquences méditatives et de belles prises de vue qui font presque office de démo pour une marque de caméra numérique 4K. Oui les images sont belles, superbes, tout en grand angle avec un cadre presque panoramique qui arrive à rendre intéressant des décors pourtant très moches (parkings, entrepôts, usines désaffectées) et transformant les paysages naturels en tableaux féériques (les resplendissantes chutes d’eau au cœur de la forêt). Mais les scènes d’action se comptent sur les doigts d’une main en plus de ne pas être particulièrement soignées. Une mission façon Hitman qui aurait pu faire montre de suspense (le protagoniste sait qu’il doit tuer une innocente) se résume à deux ou trois plans paresseux, et si les combats sont bien chorégraphiés, ils pèchent par un manque de rythme au montage. Les acteurs font des prouesses mais cela est montré sans fulgurance, sans bruit ni fureur, et au final les coups perdent tout leur impact. Le pire étant sans doute les fusillades où les personnages se tirent dessus interminablement, souvent à découvert les uns en faces des autres, sans jamais réussir à se toucher…
Alors ici et là viennent tout de même apparaitre quelques flashs de violence ou d’exploitation, comme pour bien nous rappeler que l’auteur est malgré tout capable de faire les choses correctement lorsqu’il le veut. Une bagarre avec un biker colossal au bord d’une rivière se termine avec un crâne violemment fracassé par une grosse pierre, un psychopathe se fait pulvériser la tête d’un gros coup de masse et il est toujours sympa de retrouver les bonnes vieilles poches de sang lors des impacts de balles sur les figurants mitraillés. Les coups de katana sont en revanche décevant, sans la moindre grâce ni giclée de sang, avec une décapitation prometteuse qui se déroule finalement hors champ. Le soucis vient sans doute de l’égo de Rene Perez, qui aime visiblement se regarder filmer. Ses plans sont longs, lents, ponctués de lense flares et de cadrages inspirés, et on fini par de se dire qu’il en oublie les lois fondamentales des films d’action d’autrefois: ils étaient brutes et rapides, les responsables ne disposant alors ni de la technologie ni du temps nécessaire pour rendre un travail soigné. Alors heureusement surnage des éléments qui se réclament du cinéma Bis et qui fonctionnent parfaitement dans ce contexte.
Le héros grave des marques sur son casque blindé à chaque nouvelle victime, l’héroïne dévoile sa belle poitrine de façon purement gratuite, et surtout il y a ce personnage de film d’horreur – ancien soldat ayant commis tant d’atrocité qu’il est devenu fou, se déguisant comme Leatherface. Il tente de violer l’héroïne de Death Kiss venue faire une apparition tout en chevauchant un vélo rose de petite fille ! Clairement une référence au psychopathe de Playing With Dolls qui mêle ainsi les genres pour notre plus grand plaisir. Tout ceci sur la musique de type retrowave d’un groupe chouettement nommé: The Darkest Machines… qui se trouve être en fait Rene Perez en solo. Celui-ci ne perd d’ailleurs pas une occasion pour s’afficher, comme le prouve l’un des premiers écriteaux du générique de fin où sont réunis tous ses postes: réalisateur, scénariste, monteur et cinématographe. Il n’y bien sûr rien à reprocher à cela, surtout dans le monde du cinéma indépendant, et il est vrai que le bonhomme est techniquement très doué. Mais lorsque cela vient faire obstacle aux intentions de base et à la bonne tenue du produit, c’est quand même un sacré problème !
Death Kiss avait pour lui la curiosité de faire “revenir” Charles Bronson. Playing With Dolls a son ultraviolence et The Dead and the Damned fonctionne dans son originalité (relative) vis-à-vis d’un thème mainte fois abordé. The Dragon Unleashed n’a rien du tout, hormis deux ou trois bonnes idées, un soupçon de nudité et la jolie frimousse de son acteur principal qui rappel un peu Michael Dudikoff à ses débuts. N’en faites donc pas une priorité, surtout si vous vouliez le tenter parce que vous aimez les films de ninjas !
GALERIE
c est vrai que ca à l air beau. je retourne matter la fausse trilogie de ninja de sho kosugi.