Snake Eater II: The Drug Buster
(1989)
En 1989 sort Snake Eater, un film d’action qui propulse son héros, un McGuyver de la guérilla, dans l’univers du survival à la Massacre à la Tronçonneuse. En 1989 sort également Snake Eater II, suite tournée back-to-back avec son prédécesseur et réunissant la même équipe créative. George Erschbamer reste à la réalisation, les producteurs John Dunning et Michael Paseornek s’occupent toujours du scénario (cette fois aidés d’un troisième larron, Don Carmody, collègue ayant bossé sur les mêmes films qu’eux) et naturellement Lorenzo Lamas reprend le rôle de Jack “Soldier” Kelly, ancien militaire devenu flic à la brigade anti-drogue. Le principe reste le même d’un opus à l’autre: rebelle à toute autorité et n’ayant aucun scrupule à agir en-dehors de la Loi, le héros est suspendu de ses fonctions après un coup d’éclat et va alors régler ses problèmes à sa manière, en utilisant des techniques apprises durant la guerre du Vietnam. Mais si Snake Eater premier du nom opérait un surprenant virage vers le genre horrifique, sa suite va s’engager sur un chemin très différent.
Loin de verser dans l’exploitation crasse et violente, cette nouvelle aventure préfère donner dans la comédie excessive, voir même la parodie pure. Un choix surprenant mais pas nécessairement insensé puisque l’original versait parfois lui aussi dans l’humour un peu branque malgré son intrigue sombre et sérieuse. Non pas que le point de départ soit des plus amusants puisqu’il s’ouvre sur la mort de deux adolescents en place publique, agonisant après s’être envoyé quelques rails de coke empoisonnés. Car la pègre locale a décidée de faire des économies sur la marchandise et coupe sa drogue avec de la mort-aux-rats, se souciant peu des dommages que cela entraine chez les jeunes. La police ne pouvant se contenter d’arrêter les petits dealers qui la refourguent dans les rues, visant les hauts responsables bien planqués dans leur villa, elle détourne le regard et ignore la douleur des familles pour se concentrer sur l’enquête. Soldier, superviseur de ces gamins de rues, ne parvient pas à en faire autant et fini par jouer les justiciers.
Blessé durant l’assaut, il se retrouve épinglé par ses collègues et se retrouve au tribunal pour homicide multiple au second degré. Son avocat ne trouve rien de mieux à faire que de plaider la folie et notre héros se retrouve coincé quelques semaines en hôpital psychiatrique en vue d’une évaluation pour le procès à venir. Heureusement il va sympathiser avec de gentil fous qui vont lui apprendre comment entrer et sortir de l’asile à sa guise, lui permettant de faire des allez-retour pour traquer les responsables du trafic en toute discrétion. Il est aidé dans sa tâche par un jeune voyou désireux de venger sa sœur, plongée dans le coma après une snifette de trop, et ensemble ils vont remonter la chaine de commande de la mafia afin de stopper leur opération. Cette suite nous donne ainsi ce que l’original ne montrait qu’à moitié: Soldier utilisant ses talents pour se débarrasser de ses ennemis. Spécialiste ddes armes improvisées, il emploi ici quelques gadgets conçus avec les moyens du bord pour exécuter ses proies.
Il construit un javelot qu’il propulse sur des lignes à hautes tensions, piège un extincteur pour qu’il fonctionne comme un lance-flammes en cas d’incendie, installe une chasse d’eau explosive dans les toilettes d’un criminel a qui il a refilé une tonne de laxatif et fait des petites boulettes de C4 qu’il balance à ses ennemis comme dans une bataille de boules de neiges. Très efficace et original, surtout durant l’âge d’or de l’actioner de vidéoclubs où les règlements de comptes s’effectuaient généralement à coups de tatanes ou de pétoires. A ce titre l’amateur de fusillades traditionnelles risquera de s’ennuyer puisque l’on ne compte que deux scènes de ce type, l’une durant les dix premières minutes, l’autre durant les dix dernières. En fait il n’y a même pas d’antagoniste principal dans cette histoire puisque les gangsters ignorent jusqu’à l’existence de leur ennemi ! Durant toute l’affaire ils penseront qu’une famille rivale en a après eux et jamais ne sauront ce qui leur est vraiment arrivé. En tant normal voilà qui devrait être un problème, mais ici cela fonctionne.
Le fait est que Snake Eater II ne se prend jamais au sérieux, cherchant surtout à divertir son public à travers sa galerie de personnages déjantés et son héros qui a l’air de se foutre complètement de ce qui se passe autour de lui. Cela est en partie dû à l’acting de Lorenzo Lamas, qui n’a jamais été un comédien particulièrement expressif, mais aussi au script qui en fait une sorte de vaurien n’en faisant qu’à sa tête et se moquant totalement des réactions d’autrui. L’intérêt du film réside ainsi dans ses interactions avec son entourage, forcément absurdes ou décalées au point de sombrer parfois dans la caricature la plus totale. Il se perd dans les conduits d’aération de l’hôpital durant son évasion, croisant un livreur de pizza et une prostituée sur son chemin, prétend que Dieu lui ordonne de tuer les dealers afin de passer pour un fou aux yeux d’un psy et infiltre une base ennemie au volant d’une camionnette multicolore qui dispose sur le toit d’une énorme pancarte animée montrant un plombier déboucher des chiottes.
L’équipe de bras cassé avec laquelle il fait équipe comporte un pseudo sosie de Groucho Marx, un évangéliste obsédé sexuel fabriquant des figurines d’argiles à gros seins (“I love tits !” déclare t-il à qui veut bien l’entendre) et on y retrouve même le pyromane croisée dans la conclusion de Snake Eater 1, même si ni lui ni Soldier ne semblent se reconnaitre. Une occasion perdue pour créer une dynamique intéressante entre eux, mais tout est pardonné lorsque l’on découvre que les patients organisent secrètement des combats de chaises roulantes sur les toit de l’hôpital à la nuit tombée ! Contraint de participer, l’ancien Marine va affronter un improbable monstre de foire nommé Goliath, doté de longues dents pointues et d’arcades sourcilières boursouflées. Lorsque ce dernier est vaincu et manque de tomber dans le vide, se raccrochant à la hampe d’un drapeau, un petit vieux viendra lui frapper sur les doigts avec sa béquille pour le faire tomber, furieux d’avoir perdu son pari !
En un mot, Snake Eater II est tout simplement fun, enchainant les farces et les assassinats sans aucun temps mort. L’adepte de canuxploitation sera même récompensé par un petit combat entre Lorenzo Lamas et ce gros barbu de George Buza, acteur de série B croisé dans The Brain l’année précédente qui incarne un vilain porte-flingue en chemise hawaïenne qui sera électrocuté à l’aide d’un aquarium. Il n’est pas le seul visage connu du casting puisque l’on peut également apercevoir Kathleen Kinmont, épouse de Lorenzo Lamas à l’époque mais que le Bisseux reconnaitra aussitôt pour avoir joué l’impressionnante Fiancée zombiesque de Re-Animator 2 ainsi que la fille à gros seins de Beau Starr dans Halloween 4. Ron Palillo, qui reprend son rôle d’incendiaire, principalement connu pour son rôle dans le sitcom Welcome Back, Kotter, tenait aussi la vedette dans le gros nanar Hellgate et se faisait tuer par Jason lui-même dans le sixième Vendredi 13. Mentionnons enfin Larry B. Scott, cette grande folle de Lamar des Revenge of the Nerds, qui tente ici de jouer les durs.
Du beau monde au service d’une séquelle atypique, à l’opposée totale de son grand frère mais qui a le mérite de s’assumer complètement. Les accros de l’auto-défense regretteront sans doute l’absence de violence ou de conflits véritables, et les scénaristes auraient sans doute pu pousser encore plus loin les tactiques DIY de Jack “Soldier” Kelly (étrangement renommé Jonathan J. Kelly au passage, ce qui trahit sans doute une pré-production un peu rapide, comme l’indique aussi ce titre alternatif de Snake Eater’s Revenge… lequel n’est toujours pas sans évoquer la saga Metal Gear et son opus Snake’s Revenge non supervisé par Hideo Kojima) mais qu’importe. Le résultat demeure plaisant et aura su se distinguer de la compétition à l’époque, permettant à ses producteurs d’empocher suffisamment d’argent pour continuer la saga. Hélas les choses se gâteront par la suite avec un troisième volet peu convaincant et bien plus conventionnel. Le Snake Eater mangera alors les pissenlits par la racine dans Hawk’s Revenge, remplacé par un nouveau héros et par un nouvel acteur suite à la défection de Lorenzo Lamas. Triste destin.
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