Slugs
Muerte Viscosa
(1988)
De son vrai nom Juan Piquer (le Simon étant là pour américaniser et faciliter l’exploitation de ses films), le réalisateur est avant tout connu pour ses nanars, tels que Supersonic Man ou Le Sadique à la Tronçonneuse. Avec Slugs, une coproduction entre l’Espagne et les États-Unis, il adapte un petit livre de Shaun Hutson, œuvre horrifique et gore, qui alors cartonne et devient best-seller en Grande-Bretagne.
Lorsque Juan Piquer s’attaque au scénario, il est alors sous l’influence d’Aliens et imagine une Reine pondeuse en dernière partie de film. Cette idée de limace géante est trop ambitieuse au regard de la production, qui ne peut en permettre la réalisation. Le scénario est révisé et se limite ainsi à l’invasion d’une petite ville par des milliers de grosses limaces noires ayant mutées suite à une exposition aux déchets radioactifs.
L’histoire se veut donc très banale, et les attaques se limitent à une poignée d’agressions sur quelques habitants, avant que le personnage principal et deux de ses amis ne décident de prendre les choses en main lorsqu’on refuse de les croire. Ainsi Slugs ne serait qu’un basique film d’agression animale comme il en existe des dizaines (pourquoi n’est-on pas surpris de voir qu’à la fin du film, une limace survie à l’extermination ?). Pourtant, il gagne ses galons d’honnête série B par le biais de l’origine de sa menace, bien ridicule quand même il faut avouer, et par ses débordements gore très réjouissants.
Bien que possédant une progression narrative plutôt lente (normal pour une histoire de limaces) comme beaucoup de films dans le même genre, Juan Piquer se focalise surtout sur la violence des agressions, qui interviennent à rythme assez régulier. Le film livre son quota de geysers de sang, de têtes explosées et de cadavres rongés. Le scénario n’hésite pas à expédier ses personnages de la façon la plus méchante qu’il soit, que ce soit une jeune fille victime d’une tentation de viol, ou un vieil homme allant jusqu’à couper sa main, prisonnière d’un gant piégé. On peut noter tout particulièrement la mort d’un pauvre gars ayant ingéré une des bestioles (découpée dans sa salade !), se retrouvant attaqué de l’intérieur par des parasites naturels des limaces, lesquels lui feront ressortir les yeux par pression interne, ainsi que celles des deux teenagers qui offrent la scène de sexe classique et inévitable, se retrouvant assaillit par des centaines de limaces autour de leur lit.
Malgré quelques excès peu crédibles (la mort du vieux couple dans une explosion un peu trop exagérée, l’apparition de limaces, toujours plus nombreuses sans que cela inquiète vraiment les autorités), et autres menus défauts (personnages souvent creux, teenagers inutiles, musique type “film catastrophe” parfois un peu trop envahissante, longueur dans certaines parties), Slugs est un produit basique mais qui se laisse voir avec plaisir grâce à ses mises à mort, et offre des passages assez impressionnant compte tenu du faible budget de l’entreprise (la plupart des limaces du film ne sont que des morceaux de plastiques associés à de vraies bestioles, afin de donner une illusion plutôt réussie de prolifération aux proportions excessives).
Petite série B délirante et gore, Slugs sera censuré dans divers pays (et carrément interdit pendant six ans dans le Queensland, en Australie !) mais qui, au final, a remporté un certain succès au point qu’on pensa un moment produire une suite, Breeding Ground, toujours d’après Shaun Hutson. Un projet qui ne se fera pas, pas plus que Juan Piquer n’a pu après cela monter un Orca 2 (qui aurait pu être intéressant… ou un vrai navet), poursuivant sa carrière avec d’autres titres.
Slugs est un énième film d’invasion de petites créatures, mais force est de constater que Juan Piquer a donné un maximum avec ce qu’il avait, et que la chose est au final bien divertissante.
Celui là, je dois avouer que je l’aime bien. C’est gore à outrance, basique, gluant, souvent idiot, parfois très drôle, bref un de ces monster-movies débridés comme on n’en fait plus beaucoup, hélas. Gros succès au mythique Festival du Film Fantastique du Grand Rex, à l’époque.
Oui, j’en regrette même que Breeding Ground n’ait pas été adapté. Mais bon on a déjà celui-ci et les bouquins alors on va pas se plaindre.