She Creature (2001) | Mermaid Chronicle, Part 1: She Creature

 

Mermaid Chronicles, Part 1

She Creature

(2001)

 

 

Responsable des effets spéciaux sur de nombreux grands films (Terminator, Predator, Jurassic Park), Stan Winston s’est imposé comme parmi les plus grands. Avec Creature Features, une série de films de monstres, il s’occupe lui-même du design des créatures tandis que son équipe se charge de la fabrication des effets spéciaux pour les films. Cette anthologie veut rendre hommage aux vieilles productions de Samuel Arkoff, bien que différant complètement des histoires originales. Sont alors produits cinq films: Earth vs. The Spider, The Day the World Ended, How to Make a Monster et ce She Creature, qui devait à la base se nommer War of the Colossal Beast (tous ces titres, bien entendu, sont repris de ceux d’Arkoff), tandis que furent mise en vente les figurines de chacun des monstres. Celle du présent film a pour nom Queen of the Lair.

 

 

Malheureusement ces productions ne furent prévues que pour de simples diffusions télévisuelles et c’est la chaîne HBO qui produisit le film, provoquant un planning de tournage évidemment des plus réduit (environs seize jours ici) et un budget des plus mince. Les téléfilms ainsi créés ne brillent généralement pas par leurs qualités ou leur intérêt: comment ne pas repenser aux catastrophiques productions Nu Image ou UFO tels que Shark Attack ou Python ? Et il est vrai que la plupart des films de l’anthologie Creature Features sont globalement moyens, exception faite de ce She Creature, un véritable petit bijou !

 

 

L’histoire se passe en 1905, en Irlande, où la petite troupe d’une fausse foire aux monstres organise son dernier numéro dans le pays. A l’issu du spectacle, un vieil homme vient se plaindre de la supercherie à propos de la sirène du cirque. Se faisant raccompagner chez lui par Angus Shaw, le dirigeant, et sa fiancée Lillian, il en vient à leur parler du mythe des sirènes puis leur révèle en posséder une lui-même. Angus, obsédé par la découverte, décide d’y retourner la nuit même afin de lui voler la créature, pour l’exhiber au monde entier. Le vieil homme meurt accidentellement et cela permet à Angus de faire embarquer secrètement la sirène sur le bateau qui doit l’emmener lui et ses compagnons aux États-Unis…

 

 

Après une première partie narrant la découverte de la sirène en Irlande, le film devient un huis-clos maritime qui aurait facilement pu s’orienter vers un énième ersatz d’Alien (ce n’est donc pas un hasard si She Creature renvoie à Alien 3 sur sa fin). Heureusement Sebastian Gutierrez mise avant tout sur l’ambiance qui évoque directement le gothique de la Hammer, mais surtout les écrits de Lovecraft. Ici la sirène n’est pas l’équivalent de l’héroïne de Splash ou du dessin animé de Disney: pas de queue de poisson simpliste mais quelque chose de beaucoup plus élaboré anatomiquement parlant, pas de cheveux devant la poitrine ou de soutien-gorge en forme de coquillage. La sirène ne parle pas non plus la langue humaine, pas plus qu’elle ne chante comme une déesse (même si le principe de la voix inhumaine demeure). L’approche se veut plus réaliste, mais aussi plus horrifique. Ainsi notre créature possède des doigts palmés, une dentition proche du piranha et une petite crête dans le dos. Quant à sa queue, elle n’est pas sans faire penser aux Serpents de Mer plutôt qu’au simple poisson d’aquarium. Le thème du loup-garou est même reprit par le biais de la transformation en humaine ou en créature monstrueuse les nuits de pleines lunes. Ajoutons à cela des pouvoirs psychique ainsi qu’une attirance toute particulière pour la Femme plutôt que l’Homme et le fait que la sirène soit carnivore, et le mythe du vampire est lui aussi intégré à l’histoire.

 

 

She Creature possède également une qualité esthétique étonnante et absolument magnifique au regard de son budget, avec une richesse de décors et de costume particulièrement soignée renforçant bien entendu l’immersion dans l’histoire. Incroyable également de voir l’excellente distribution, Carla Gugino en tête, à la fois magnifique et touchante, et Rya Kihlstedt, l’envoûtante et inquiétante sirène au regard troublant, réussissant à rendre son personnage des plus crédible, tour à tour amusante, touchante, sensuelle et terrifiante. Rufus Sewell y est parfait comme à son habitude et on retrouve Aubrey Morris dans le rôle du vieillard obsédé par la sirène, à l’origine prévu pour Christopher Lee avant le refus de ce dernier…

 

 

On sera également heureux de constater que les effets spéciaux, parfaitement réussis, ne cèdent pas à la facilité du numérique (généralement foireux pour ce genre de production), jouant du latex et d’autres procédés old school tout bonnement impeccable (Stan Winston oblige). On regrette tout juste quelques ajouts digitaux pas franchement nécessaire comme des yeux rougeoyants peu convaincants et un morphing des plus laids. Dommage.

 

 

She Creature aurait dû être une série B tout juste passable, un téléfilm basique comme il en existe à la pelle, et pourtant le résultat nous montre du haut de gamme: un conte horrifique baignant dans une atmosphère gothique semblable à celles de Lovecraft ou Poe. A ne pas laisser tomber dans l’anonymat donc, tant les nombreuses qualités font de ce téléfilm une petite perle. Reste à comprendre pourquoi un titre annonçant un hypothétique Mermaid Chronicles Part 2 tant le film ce suffit à lui-même…

 

 

 

4 comments to She Creature (2001) | Mermaid Chronicle, Part 1: She Creature

  • Jacques Coupienne Jacques Coupienne  says:

    Excellent souvenir ! Je possède d’ailleurs le coffret : tu me donnes envie d’y revenir …

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Si c’est le cas c’est une bonne chose 🙂
      Du moins pour She Creature, les autres lui étant quand même inférieur.

      • Jacques Coupienne Jacques Coupienne  says:

        Et puis il y a Julie Strain dans un ces téléfilms … Mais celui ci est clairement le meilleur, en effet !

        • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

          Oui, petit caméo mais gros moment de rigolade d’ailleurs 🙂

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