Santa Claws (1991)

12 DAYS OF CHRISTMAS III

 

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Santa Claws

(1991)

 

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A ne surtout pas confondre avec l’horrible film du même titre réalisé par John Russo, Santa Claws est une courte bande-dessinée plutôt obscure et que l’on doit à la petite compagnie Malibu Comics, un peu avant qu’elle ne soit absorbée par la grande Marvel. C’est à travers son label Eternity Comics qu’elle est publiée, grossissant ainsi son catalogue horrifique qui compte déjà quelques titres intéressants comme le Evil Ernie original de Brian Pulido, des suites inédites au Puppet Master de la Full Moon et l’adaptation du Blood Feast de H.G. Lewis. A l’origine du projet on retrouve Dave Olbrich lui-même, l’un des fondateurs de Malibu qui à l’époque opérait plutôt du côté “business” de l’industrie, manageant entre autre les fameux Eisner Awards récompensant les meilleurs artistes comics. Comme il l’explique dans son propre blog, sa créativité reprit un jour le dessus et le poussa à écrire un petit quelque chose.

 

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Ne se montrant ni ambitieux, ni commercial, le scénariste développa une courte histoire sanglante sur le thème de Noël, sans vraiment viser autre chose qu’un court divertissement le temps d’un one shot. Et a vrai dire son concept ne dépasse même pas le stade du mauvais jeu de mots, Santa Claws se prononçant exactement comme Santa Claus mais remplaçant le nom Claus par claws (griffes). Son intrigue présente donc les méfaits d’un Père Noël sanguinaire s’en allant massacrer les employés d’un petit supermarché durant la nuit du réveillon, un peu à la manière du slasher Intruder bien que le bodycount soit ici drastiquement réduit puisque l’écrivain n’a que trente petites pages à sa disposition. Plutôt un court-métrage du coup, dont l’intérêt repose principalement sur l’incroyable twist ending venant expliquer les dessous de l’affaire de la façon la plus absurde et imprévisible possible.

 

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L’intrigue commence le soir de Noël, quand l’horrible patronne d’un centre commerciale oblige ses employés à faire des heures supplémentaires à la dernière minute, menaçant de licencier ceux qui désapprouvent. Un petit côté Scrooge qui ne sera cependant pas du tout développé par la suite. Lorsque le type chargé de jouer à Santa Claus avec les bambins s’éclipse pour une pause cigarette, il est aussitôt mis en pièces par un étrange individu sorti de nulle part, complètement nu et doté de canines de vampire ainsi que d’ongles très pointus. La créature vole son costume et prend sa place auprès des enfants, s’amusant à les terroriser en leur racontant avoir bouffé Rudolphe et en leur promettant du fumier pour cadeau. Évidemment cela ne passe pas auprès de l’équipe commerciale, mais ce n’est que le début des ennuis car bientôt le maniaque arrache la gorge de la directrice…

 

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Dans le meilleur des mondes, le script aurait ensuite montré l’antagoniste massacrer un tas de personnes dans un jeu de cache-cache  exploitant autant que possibles les différentes boutiques et rayons du centre commercial, comme dans Intruder encore, ou Chopping Mall. Mais le manque de place empêche tout développement et le scénariste avoue lui-même avoir livré quelque chose d’assez banal et sans grandes idées, demandant pour l’occasion à son collègue R.A. Jones de dynamiser un peu tout ça pour rendre le bouquin plus excitant. Si les détails de cette réécriture ne nous sont pas révélés, on peut supposer que cela donna surtout de l’importance aux répliques délirantes que l’on retrouve tout au long du récit (“I’m gonna find that monster and blow his sleigh bells off !” dit l’héroïne, armée d’un énorme revolver), car question péripéties, malheureusement, c’est plutôt la douche froide.

 

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Si Santa Claws tue d’autres personnes, cela reste hors-champ et sans que les corps ne soient découvert, tandis que le centre commercial censé être ouvert pour la soirée est désormais complètement désert et fermé. Cela ne laisse plus que trois individus au total dans le bâtiment et prouve qu’effectivement le scénariste à plutôt torché son boulot. Au moins le Père Noël prend le temps de déchirer la blouse de la jolie Nicki d’un bon coup de griffes, révélant son soutien-gorge qu’elle va exhiber pour le restant de l’aventure. “Nice cleavage” commente t-il. Le gardien de nuit lui fera le même compliment un peu plus tard avant de partir faire sa ronde en oubliant son flingue malgré les avertissements des protagonistes. Bref, on est là dans l’extravagance la plus totale et il faut au moins ça pour rendre les choses intéressantes, surtout à l’aube des années 90 “extrêmes” où il y avait peu de place pour l’autodérision.

 

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La BD va ainsi chercher l’inspiration du côté de Freddy Krueger pour faire de son anti-héros un bouffon de l’horreur adepte des one-liners cinglants: “I want to stuff your stocking” balance t-il à l’héroïne dénudée, tandis que la narration nous explique que si des milliers de fumeurs meurent chaque année, ce n’est pas toujours à cause de la cigarette, en témoigne se pauvre type se faisant démembrer dans une ruelle sombre. Un personnage s’offusque que de ne pas être pris au sérieux lorsqu’il raconte ce qu’il a vu, mais pour de mauvaises raisons (“He thinks I can’t tell the difference between the boogeyman and a killer Elf ?”), et à ce titre on peut noter que la dégaine de sale clodo que se paye Santa Claws prédit un peu le film Rare Exports, qui présente une menace similaire. En gros ça délire plutôt bien malgré le contenu très mince, et puisque tout s’enchaine assez vite cela permet de conserver une ambiance sympathique du début à la fin.

 

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Et quelle fin ! Cette ultime scène est la première chose que le scénariste à développé lorsqu’il s’est attelé à ce projet, et si elle n’a rien d’originale en soit, elle ne manquera pas de surprendre le lecteur pensant jusqu’ici que Santa Claws est un comic book horrifique avant tout. Perdu, puisque l’on flirte en fait avec la parodie et que le véritable Père Noël fini par débarquer, Uzi en main et cartouchières sur la poitrine à la Rambo, pour truffer de plomb son imposteur ! L’explication à cela, ahurissante, est que l’existence même de Santa Claus dérègle la balance cosmique de l’univers puisqu’il génère trop de Bien dans le monde chaque 25 Décembre. Pour rééquilibrer les choses, un Anti-Santa prend alors vie et s’en va commettre des crimes odieux, forçant notre cher Papa Noël à le traquer tous les ans avant de faire ses distributions. Et l’histoire de se conclure avec une énième remarque sur le décolleté de l’héroïne.

 

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Disons le franchement: c’est d’une stupidité confondante, mais qu’est-ce qu’on se marre ! Je serais du genre à dire que cela justifie amplement la lecture, mais quelques décades après sa publication originale, le livre possède un atout supplémentaire qui pourra gagner l’attention de certains: son illustrateur n’est autre qu’un Mike Deodato alors débutant, signant ici son premier contrat professionnel. Celui qui deviendra l’un des grands talents de la Marvel n’était qu’un petit dessinateur pour fanzines au Brésil, et on en retrouve d’ailleur un peu la trace puisqu’il est crédité sous l’étrange identité de Deodato ‘n’ Deodata Filho. Un sacré coup de bol pour lui que Malibu, ne disposant pas d’un gros budget, ait une préférence pour les artistes de son pays, efficaces et peu coûteux. En 1998 les droits de la bande-dessinée se retrouveront on ne sait tro pcomment entre les mains de Thorby Comics, une boite insignifiante qui republira Santa Claws avec l’intention de profiter de sa popularité grimpante.

 

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Enfin concluons en touchant quelques mots à propos de son collègue Dan Day, qui réalisa la couverture. S’il atterrira lui aussi chez Marvel quelques temps plus tard, sans toutefois acquérir la moindre célébrité, le hasard vaudra que tout juste un an après avoir gribouillé le personnage de Santa Claws, il croquera Freddy Krueger en personne pour les besoins de la série A Nightmare on Elm Street: The Beginning chez Innovation Comics. Coïncidence ? … et bien euh, oui, sans doute…

 

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2 comments to Santa Claws (1991)

  • Rigs Mordo Rigs Mordo  says:

    Santa Claws est nul, mais c’est aussi ce qui fait sa qualité.

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Oh absolument, et j’aime bien l’idée du patron de Femme Fatale qui fait basiquement un film sur sa propre compagnie. M’enfin Russo reste un tocard alors fuck him !

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