Red Sonja – Halloween Special (2018)

ROAD TO HALLOWEEN VIII

 

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Red Sonja – Halloween Special

(2018)

 

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En Octobre 2018 Dynamite Entertainment lance une série de one shots estampillée “spécial Halloween” pour quelques uns de leurs personnages. Ce sont Ash de Evil Dead, la légendaire Vampirella, la pin-up Betty Page et bien sûr la guerrière rousse Red Sonja, qui représente l’un des atouts majeurs de la compagnie. Et si l’on peut se demander comment la Diablesse va t-elle pouvoir fêter Samhain en plein Âge Hyborien, époque en toute logique antérieur aux traditions celtiques et à leurs déclinaisons modernes, la couverture nous répond de but en blanc: en affrontant de vilaines citrouilles monstrueuses ! Une bien jolie illustration signée Reilly Brown (Deadpool: Dracula’s Gauntlet et co-créateur de Bob et Shiklah pour Marvel) qui n’a cependant aucun rapport avec les deux histoires contées dans cette BD, lesquelles traitent d’éléments certes surnaturels, mais qui ne sont finalement pas bien différents des autres menaces que rencontre régulièrement l’héroïne dans ses aventures.

 

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La première intrigue, que l’on doit à Erik Burnham (le crossover Red Sonja: Age of Chaos et les différents Ghostbusters publiés chez IDW), s’intitule Curse of the Wolf (Len Kabasinski approuverait certainement) et ne laisse pas trop de doute quant au type de créature que l’on va y croiser. Le scénariste invente pour l’occasion le festival de Valahiei, équivalent proto historique d’Halloween et du Jour des Morts où les esprits peuvent venir visiter le monde des vivants et où le voile entre la réalité et l’au-delà devient si fin que les évènements surnaturels deviennent fréquents. C’est au dernier jour de cette période que Red Sonja débarque dans un petit village, s’arrêtant à l’auberge pour s’envoyer quelques chopines. La nuit venu, une vieille dame lui demande de sauver son fils qui a disparu dans la forêt depuis trois nuits, ce que personne ne semble vouloir se risquer à faire tant l’endroit est propise à de mauvaises rencontres. Parce qu’elle a autant de cœur que de poitrine, la jeune femme accepte et part explorer la forêt environnante…

 

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N’en attendez pas trop du script cependant, celui-ci se montrant extrêmement prévisible. Outre la facililté avec laquelle ont peut deviner la présence d’un loup-garou en associant les mots “halloween” et “wolf”, on comprend vite que le type que doit secourir l’aventurière est lui-même le monstre et la résolution de l’intrigue ne surprendra personne. Heureusement la conclusion de cette affaire n’est pas une finalité en soit, et c’est plus le cheminement de Sonja à travers les bois hantés qui vient divertir. Elle est suivie par un pseudo barbare nommé Konnar (tiens donc !) qui en pince pour elle et rencontre quelques spectres inoffensifs qui les observent sans agir, d’où l’absence d’inquiétude de la part de Sonja, forcément habituée à combattre de pires opposants. Le danger vient surtout en la présence du sorcier Kulan Gath, ou plutôt son esprit, qui émerge des entrailles de la Terre pour provoquer la Diablesse en déclarant l’attendre en Enfer. Réalisant qu’elle ne peut le pourfendre, celle-ci se contente de le mépriser en l’ignorant, préférant se concentrer sur l’adversaire plus tangible qui la guette.

 

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Une attitude très proche de celle de Conan pour le coup, impression rendue encore plus forte par la façon dont l’artiste, Tom Garcia (Hellraiser: The Dark Watch, et le récent Army of Darkness: 1979), la dessine: puissamment musclée, thicc, comme on dit, et dotée d’une poitrine très impressionnante. Du pur fanservice comme ça en devient mal vu de faire de nos jours, avec nombre de gros plans sur le postérieur de la demoiselle et un moment où la guerrière se retrouve au sol après avoir reçu un coup, allongée les jambes écartées sans se soucier de la moindre question de décence. Clairement le spectacle est surtout visuel ici, et Garcia assure comme un pro, bien soutenu par Morgan Hickman aux couleurs. Les visages de ses personnages sont expressifs et il semble s’amuser avec les fantômes qui gardent leurs blessures mortelles et se dissipent en volutes brumeuses sous les coups ou le vent, comme lorsque la Sonja balance une tête coupée sur Kulan Gath pour lui signifier de disparaître.

 

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Finalement seul le lycanthrope pourra décevoir, simple humanoïde typé glabro (les rôlistes comprendront) qui n’est jamais dangereux ou imposant. Mais pas autant que la back-up story torchée en cinq minutes par le pourtant prolifique Tom DeFalco, qui est dans le business depuis les années 70 et a notamment créé l’adorable Spider-Girl. Il n’écrivit même pas le scénario lui-même a vrai dire, déléguant la tâche à Anthony Marques, artiste et éditeur qui embaucha inexplicablement ses enfants pour travailler avec lui tant à la rédaction qu’à l’illustration. En fonction de leur âge cela pourrait bien être de faux crédits venu donner le sentiment aux gamins d’avoir participé au boulot de papa, du moins il faut l’espérer, car cette courte histoire de quelques pages ne nécessitait pas autant de monde pour voir le jour et se montre si banale et oubliable qu’elle n’est pas spécialement intéressante à exhiber sur un CV. Ni même à lire.

 

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L’air de rien cela soulève l’un des problèmes actuel de l’industrie, que l’on voit particulièrement chez Marvel, où les compagnies sont prêtes à engager n’importe qui du moment qu’elles paient au lance-pierre, se moquant totalement de la qualité du produit pourvu qu’il y ait du contenu. Le pire étant que les “talents” engagés ne font eux-même que le minimum d’effort, plus intéressés par leurs profiles Twitter et l’idée de nous brandir leurs avis socio-politiques sous le nez que de créer une véritable histoire. Ici les dessins cartoonesques et très peu détaillés penchent hélas dans cette direction, heureusement l’intrigue est dépourvue du moindre activisme. Hail Halcoose ! montre comment Red Sonja se retrouve piégée par une bande de cultistes dans une auberge, désireux de la sacrifier à leur dieu chaotique Halcoose (un nom débile, mais passons). Totalement ivre et armée d’une cuisse d’agneau qu’elle s’apprêtait à dévorer, elle va alors pourfendre ses ennemis, non sans réaliser qu’un peu plus tôt une fillette a tentée de l’avertir avant d’être enlevée à son tours.

 

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L’aventurière va devoir partir à la rescousse de l’enfant et combattre une abomination lovecraftienne à tentacules et bec de perroquet qui rappelle un peu ces bons vieux chinasaurs, qui inspirèrent le bestiaire de Donjons & Dragons en leurs temps. C’est très simple, trop simple, et ça n’en vaut pas vraiment la peine même s’il n’y a rien de particulièrement offensant là-dedans, à part peut-être le style graphique que certains auront comparé à celui de Darwyn Cooke. Ce qui peut éventuellement se comprendre, mais alors de loin et avec les yeux plissés. Le morceau de viande tenu par l’héroïne évoque un gourdin d’homme des cavernes, Sonja a constamment les yeux fermés sans raisons particulières et les arrières-plans demeurent tristement vides faute de temps (ou d’envie) de faire mieux. Un esthétisme qui évoque en fait plutôt ces dessins animés américains pour jeunes adultes aux designs minimalistes que l’oeuvre de Cooke. Mais c’était peut-être l’intention justement. En tout cas cela ne laissera pas un souvenir intarissable et justifie à peine sa présence au sein d’un titre à la gloire d’Halloween…

 

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