Lorsque quiconque évoque Ray Liotta, il déclenche chez son interlocuteur une réponse mentale immédiate: des souvenirs du film Les Affranchis de Martin Scorsese. C’est ainsi depuis 1990, et ce phénomène s’explique assez simplement du fait que Ray Liotta, l’acteur, y était absolument parfait. Il aura tenu de nombreux autres rôles après cela, mais aucun n’a jamais atteint la cheville du personnage de Henry Hill, version Hollywoodienne du véritable mafieux du même nom. En fait le seul qui soit vraiment reconnu par le public date de l’année précédente, dans le sentimental Jusqu’au Bout du Rêve, où Kevin Costner fabrique un terrain de baseball pour invoquer les fantômes de quelques grands joueurs. Ray y joue le revenant principal, Shoeless Joe Jackson, mais s’y croisent aussi James Earl Jones et Burt Lancaster pour sa dernière apparition. Après ces deux coups d’éclats, malheureusement, l’homme se retrouva généralement cantonné aux rôles secondaires, puis tertiaires, et enfin aux abonnés du DTV sans-le-sous, le poids des années n’aidant pas. Dans le lot toutefois, quelques pétites.
La plus connue c’est évidemment Hannibal, suite grossière du Silence des Agneaux où il incarne un collègue désagréable de l’héroïne Clarice Sterling. Capturé par le cannibal, il fini à sa table, complètement drogué et inconscient de sa craniotomie. Le tueur découpe alors un morceau de son cerveau, le fait sauter à la poële et lui offre à manger ! On est loin de l’ambiance cérébrale (héhé) du premier opus, mais qu’est-ce qu’on se marre ! Autre moment important de sa carrière: l’excellent Cop Land de James Mangold, où il retrouve Robert DeNiro et se confronte à quelques pointures comme Harvey Keitel, Sylvester Stallone et, dans une moindre mesure, Robert Patrick. Mais la vraie perle de sa filmographie reste Unforgettable, ironiquement oublié de tous et qui pourtant vaut sacrément le coup. Il y incarne un médecin dont la femme est assassinée, et qui découvre le moyen de transférer les souvenirs de la défunte dans son esprit. Une méthode utile pour identifier le meurtrier, mais qui va l’affecter tant émotionnellement que physiquement, la formule agissant comme une drogue.
Narc mérite aussi d’être salué, thriller sombre et efficace où il s’associe avec Jason Patric pour élucider le meurtre d’un flic sous couverture, sans que l’on sâche vraiment si son personnage est sincèrement instable car traumatisé par l’évènement, ou s’il est un ripoux prétendant être borderline. Enfin il reste remarquable malgré un temps de présence limité dans Blow, biopic criminel où il joue le père de Johnny Depp (et grand-père d’une toute jeune Emma Roberts, véritable fille d’Eric). Il croise Jason Statham par deux fois, dans le bancal mais regardable Revolver de Guy Ritchie, sorte de Arnaques, Crimes et Botanique en moins fun et spontanné, puis dans le nanar King Rising de Uwe Boll, où il cabotine à mort, tente de s’envoyer en l’air avec Leelee Sobieski et tue John Rhys-Davies en faisant léviter des épées. Un bordel non-sensique où se cotoient rien de moins que Burt Reynolds, Kristanna Loken, Matthew Lilard, et Ron Perlman ! On pourrait dire la même chose de Sin City: J’ai Tué Pour Elle, suite très tardive de l’original qui invente ses propres histoires malgré les nombreux tomes pondus par Frank Miller.
Le film est occasionnellement intéressant et Ray Liotta complète le casting à merveille, rejoignant Stacy Keach au rang des noms qui font plaisir à voir au générique, mais on se souviendra plus d’Eva Green toute nue et des danses sexy de Jessica Alba qu’autres choses. Jamais cité par personne, Control mérite aussi le coup d’oeil, petite série B produite par Millenium / Nu Image où Liotta est un sociopathe condammné à mort mais sauvé en secret par des scientifiques voulant l’utiliser comme cobaye. La drogue qu’on lui administre le guérit de ses troubles et il gagne une liberté sous surveillance, mais son passé le rattrape et il se retrouve traqué par tout le monde alors que son esprit est plus pacifié que jamais. Le scénario n’a rien d’extraordinaire mais Liotta y demeure convaincant, partageant ses scènes avec Michelle Rodriguez, Stephen Rea et Willem Dafoe. On sera un peu plus positif avec Turbulence, mi-thriller mi-film catastrophe dans un avion où il s’éclate dans le rôle d’un supposé tueur en série prenant le contrôle d’un Boing 747 durant la nuit de Noël. C’est complètement con, mais ça marche.
Phoenix est un peu moins recommandable, petit film méconnu de David Cannon (Judge Dredd et Souviens-toi… L’Été Dernier 2, ouch) plus que certainement inspiré par Quentin Tarantino et sur lequel il n’y a pas grand chose à dire. Quant à Powder Blue, c’est évidemment du vrai cinéma malgré un petit budget et production indépendante, et il s’agit de la dernière apparition de Patrick Schwayze avant sa tragique disparition, mais très franchement on ne se souviendra que des incroyables numéros de striptease de Jessica Biel. Et ce n’est pas une critique, bien au contraire, puisqu’ils justifient à eux seuls une vision de la chose. Citons aussi Smokin’ Aces, petit DTV d’action délirant où plusieurs tueurs à gages se lancent à la poursuite d’une même cible dans un immeuble bien gardé, tandis qu’un duo du FBI (Liotta et un Ryan Reynolds pré-Deadpool) tente de gérer la situation. Cela conjure parfois un peu trop Tarantino et Guy Richie pour être honnête, mais c’est bien foutu et ça ne s’arrête jamais en plus de terminer sur une note sombre inattendue. Andy Garcia, Ben Affleck et Chris Pine viennent faire coucou.
Absolom 2022 est un improbable mélange entre Mad Max et le Fortress de Stuart Gordon où Ray Liotta semble très mal casté. Difficile de le croire dans le rôle de l’action star, mais il s’en tire honorablement, tout comme le film qui nous balance une prison futuriste, des cannibales aux tatouages tribaux et un Lance Henriksen en gourou pacifique. La narration est chaotique, le sujet n’est pas très original et la violence trop atténuée, mais allez comprendre, cela reste extrêmement sympathique et certaines scènes restent en mémoire, comme l’introduction montrant un défilé militaire où l’un des soldats sort subitement des rangs pour griller la cervelle de son supérieur d’une balle dans la tête. Et au rayon des bonnes surprises, Identity se pose là, survival mystérieux qui plonge de plus en plus dans le surnaturel alors que l’intrigue progresse. Les personnages s’y retrouvent prisonnier d’un hôtel désert d’où ils ne peuvent plus partir (dans le sens où tous les chemins les y ramènent) tandis qu’un meurtrier doté d’une force surhumaine les massacre un par un.
La conclusion sera prévisible pour les plus observants, mais elle demeure bien amenée et apporte justement un peu d’identité à Identity, qui mélange habilement thriller, slasher et drame psychologique en plus d’être bien filmé et de réunir un casting sympathique (Alfred Molina, Clea DuVall, Jake Busey, John Cusak et Pruitt Taylor Vince, tous impeccables). Enfin il y a Obsession Fatale, petit thriller très recommandable l’opposant à Kurt Russel. Après ça par contre, l’oeuvre de Ray Liotta s’embarasse d’un paquet de merdes. Des titres difficilement défendables, aux mieux médiocres, dont personne ne parle jamais, et à raison. Des trucs comme Hubie Halloween (avec Adam Sandler), The Line (avec Danny Trejo), La Revanche des Dragons Verts (avec personne) ou Street Kings 2. Il faudra plutôt se tourner vers les jeux vidéos pour profiter de lui, avec évidemment le grandiose GTA: Vice City, où il prête sa voix au vilain Tommy Vercetti, et Call of Duty: Black Ops II, où il apparaît digitalisé sous les traits de Billy Handsome pour une mission spéciale morts-vivant nommée Mob of the Dead. Il revient en tant fantôme pour la suite, Blood of the Dead, dans Call of Duty: Black Ops 4.
L’air de rien ce fut un sacré parcours pour quelqu’un qui a commencé sa vie difficilement: abandonné à l’orphelinat par ses parents, ils ne fut pas adopté avant ses six ans ! Dieu merci il rattrapa son retard en amusement plus tard, en jouant dans Les Muppets dans l’Espace ou en déconnant avec les filles de Frank Sinatra, Nancy et Tina, qui lui envoyèrent une tête de cheval par courrier pour se venger de son refus de jouer leur père dans une minisérie sur laquelle elles travaillaient ! Pas rancunier, l’acteur incarna donc bien le célèbre chanteur… dans une production complètement différente.
C’est dans la nuit du 26 Mai que Ray Liotta est décédé, à l’âge de seulement 67 ans. Il serait mort dans son sommeil, alors qu’il résidait en République Dominiquaine pour les besoins de Dangerous Waters. De vilaines rumeurs se sont aussitôt emparé de l’affaire, prétendant que c’est un vaccin du COVID qui serait à l’origine de son trépas, ce que sa fille a démenti. Les véritables causes, alors inconnues lorsque la nouvelle fut diffusée sur les réseaux, n’ont pas été révélées à ce jour. Peu importe. Ce qui importe c’est que Ray Liotta nous va salement nous manquer et qu’il est encore difficile d’accepter qu’il n’est plus avec nous. Il laisse derrière lui un bien bel héritage, et personne ne s’opposera à revoir Les Affranchis une énième fois pour lui rendre hommage. Ça ou Nicky et Gino, chacun son truc.
Bonjour Damien
j’aimais bien Ray Liotta. C’est un très bon acteur et physiquement je le trouve très classe , un bel homme. IL savait tout jouer. Tous les genres.
Récemment dans la salle de sport (quand j’en faisais….), j’avais vu le clip de David Guetta à l’ambiance western, et il faisait parti du clip. ET je l’avais à peine reconnu.
J’ai toujours trouvé qu’il méritait d’avantage de succès même s’il avait déja une renommée.
Et je ne peux que te conseiller Beautés empoisonnées, il y joue avec Jennifer Love Hewitt et Sigourney Weaver.. Et ces sacrées femmes vont lui en faire de toutes les couleurs…