Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 18
Pin-Up
CAROL MAIBAUM
Shevonne Durkin – Ghost in the Machine (1993)
S’il ne fallait évoquer qu’un membre du casting de Ghost in the Machine, il est évident qu’il devrait s’agir de Bryan Cranston, star internationale depuis Breaking Bad et à l’époque un parfait inconnu ressemblant un petit peu à Patrick Schwayze. Il y joue le héros, un hacker défendeur de la veuve et de l’orphelin au sens propre, puisque sauvant une petite famille des griffes d’un tueur en série digitalisé et pouvant contrôler les appareils électriques à volonté (car la notion de online / offline était un peu aléatoire chez le public, en ce temps là) ou prendre la forme d’un hologramme vindicatif. Seulement je ne suis pas comme tout le monde, et non seulement je n’ai encore jamais vu Breaking Bad, mais je préfère m’intéresser à la jolie blonde servant de chair à canon pour l’antagoniste virtuel. Et en grande partie puisque celle-ci est jouée par Shevonne Durkin, héroïne de Leprechaun 2, dont je viens d’écrire la chronique ! En 1993, soit à l’époque du premier volet de la série, on la retrouve dans cette sympathique série B pour un premier vrai rôle, bien que très court. Une seule véritable scène, deux si l’on veut être généreux, pour un personnage de Bimbo pas spécialement intéressant mais néanmoins remarquable par son allure.
Le film tourne autour du surnommé Address Book Killer, un tueur en série ayant pour habitude de voler l’agenda de sa proie, décimant progressivement son entourage en se basant sur les adresses et numéros qu’elle y avait inscrit. A la manière des nombreux avatars électroniques de Freddy Krueger (Shocker, House III, Prison), il fini par mourir mais revient sous une forme voltaïque: c’est ici son âme qui est accidentellement digitalisée dans un système informatique, suite à une grave surcharge de courant. Désormais virtuel, il se cache sur Internet et peut manipuler toutes les connexions électriques qu’il désire, utilisant divers appareils pour tuer. Il opère désormais à travers les pages scannées d’un répertoire appartenant à une mère de famille. Une veuve ayant bien du mal à gérer sa situation de travail et un fils rebelle qui se prend pour John Connor dans Terminator 2 sans en avoir la classe ni le talent. Parmi ses contacts, une certaine Carol Maibaum, babysitteuse occasionnelle et objet de fantasme du jeune héros, qui éprouve ses premiers émois sexuels en la regardant. Et on le comprend puisque la demoiselle semble constamment jouer de son sex appeal, qu’elle en soit consciente ou non !
Et la réalisatrice, Rachel Talalay, d’en jouer un maximum, caractérisant avant tout le personnage par ce comportement de séductrice à défaut d’autre chose. Carol se promène pieds nus avec bracelet de cheville et verni à ongles (Quentin Tarantino approuverait certainement) et porte une tenue certes un très ringarde et typée 80s, mais suffisamment déshabillée pour être notable, dévoilant un bout de ventre et exhibant de fines longues jambes. Un aperçu de sa chambre révèle des soutien gorges en pagailles dans toute la pièce, et naturellement la jeune femme passe plus de temps au téléphone à flirter avec son petit ami qu’à surveiller les garnements dont elle a la charge. Ce qui n’est justement pas sans poser problème puisqu’un bébé échappe alors à sa vigilance, se frayant un chemin jusqu’à la cuisine avant d’essayer de grimper sur un meuble où un couteau électrique, un fer à repasser et une casserole menacent de lui tomber dessus ! Si la catastrophe est forcément évitée il y a de quoi la traiter d’irresponsable, même indépendamment du tueur qui profite de la situation (il allume le four et une plaque chauffante pour faire monter le suspense). A sa décharge, on peut autant accuser la mère d’avoir groupé ces objets dangereux au même endroit, à porté d’enfant…
Toute cette scène ne sert qu’a placer le héros dans une fâcheuse posture puisqu’il se retrouve accusé d’avoir branché les appareils électriques – un thème récurrent dans le film. Et celui-ci s’en retrouve fort désolé puisqu’il espère désespérément brancher la jeune femme pour sortir avec. Par deux fois il joue le numéro du mec “cool” pour la draguer, avec toute la sobriété d’un Vanilla Ice. Bref, c’est un loser et Carol ne prend même pas la peine de le rembarrer, le traitant évidemment comme un gamin. Il est même permis de penser qu’elle n’a même pas conscience de la situation, ce qui rend ces embarrassantes interactions encore plus drôle. Roublard, le môme trouvera quand même un moyen de parvenir à ses fins, lorsque lui et un copain proposent de la payer afin de la reluquer: 37,28$ pour qu’elle déboutonne son chemisier, et si elle peut retirer son soutien-gorge, peut-être iront-il hacker le système de la préfecture pour rétablir son permis de conduire, qui lui a été retiré ! Maline, l’adolescente prend l’argent et semble marcher dans la combine pour finalement se contenter de flasher un décolleté bien inoffensif. Une séquence qui évoque beaucoup un passage similaire dans Leprechaun 2 où l’actrice a finalement recours à un body double.
Et justement cela est encore le cas ici, le soutien-gorge entraperçu étant trop “plein” par rapport à son corps. Nous n’auront de toute façon pas le loisir d’en voir plus puisque c’est déjà le moment de lui dire adieu. Une mise à mort bien trop sage par rapport à ce que l’on a pu voir auparavant dans le film (comme ce pauvre gars fondant sous l’effet d’un micro-onde défectueux) et qui ne fait intervenir aucun effet sanglant. L’assassin se contente de prendre le contrôle du lave-vaisselle et faire exploser sa porte, libérant des trombes d’eau qui vont atteindre un branchement électrique se trouvant au sol et provoquer une électrocution cartoonesque à base de gros éclairs bleus. La scène est plus a prendre comme un gag, avec les inscriptions apparaissant sur l’affichage digital de l’appareil électro-ménager (Wash / Explode / Die) et ce graphique en forme de cœur, se dessinant sur l’écran d’ordinateur qui affiche les coordonnées de la jeune femme, le tueur la “rayant” de sa liste comme s’il venait de s’envoyer en l’air avec elle. Et compte tenu de son nouvel état d’existence, c’est peut-être justement le cas ! Gardez donc cela en tête la prochaine fois que vous verrez le film.
Il est dommage que Shevonne Durkin n’a pas eu une carrière plus longue, car si elle n’est pas véritablement une Scream Queen, c’est ce genre de participation qui l’aurait fait un peu sortir du lot. Non pas que le reste de sa filmographie soit inintéressant, et on peut notamment la retrouver dans d’autres B comme l’hallucinant Tammy & The T-Rex (un film Rated-R volontairement censuré par ses producteurs pour le transformer en comédie tout public !) et Magic Kid II, un sous Karate Kid avec Ted Jan Roberts. Il ne s’y trouve hélas rien qui puisse la mette en valeur et sa carrière se terminera à travers des rôles très secondaires, la jeune femme s’éclipsant ensuite de l’industrie du cinéma en toute discrétion. Notons tout de même le titre du dernier film où elle apparut: Spermicide. Avouez que sur un CV, ça rend pas mal !
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