Pendragon, T1 – Bâtard (2005)

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Pendragon

Tome 1 – Bâtard

(2005)

 

Le mythe du Roi Arthur a maintes fois été adapté et réinventé à travers la bande dessinée, et Pendragon est l’une de ces nombreuses incarnations qui hante les rayons des librairies. Débutée en 2005, inachevée à ce jour (abandonné ?), cette saga narre l’épopée classique de la naissance d’un grand chevalier. Ou pas… Gare aux Spoilers !

Sur une île perdue au milieu de l’océan, un enfant rêve d’exploits guerriers et de combats héroïques, tout en priant le ciel de briser la monotonie de son existence. Une nuit suffira pour exaucer ses désirs au-delà de ses espérances. Abandonnant la terre qui l’a vu naître aux mains de pillard sanguinaires, il devra tout faire pour éviter la catastrophes…

 

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C’est en Octobre 2005 que sort le 1er tome de Pendragon, une nouvelle série s’inspirant de la vague Fantasy / Celtique qui perdura après la sortie du Seigneur des Anneaux. Le projet semble être une énième relecture du mythe d’Arthur mais après lecture, la direction semble légèrement différente. Chronique d’un premier tome qui ne raconte pas grand chose mais qui met en place son univers. L’histoire débute sur l’Archipel de Sept-Îles, des terres immergées au bout du monde où ne vivent que quelques pêcheurs et soldats du Roi placés ici pour faire le guet, attendant depuis des années l’arrivée potentielle d’ennemis depuis le front de mer. Une vie ennuyeuse qui va basculer avec l’arrivée inattendue d’un petit bébé…

 

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Ga !

 

Celui-ci est le fils d’une prostituée morte en couche et de l’un de ces gardes, le mystère restant entier quant à l’identité du véritable père. Dans une narration peut-être un peu trop lourde et alambiquée (afin de coller à l’époque ?), l’enfant lui-même devenu grand nous raconte ses premières années difficiles: renié par tous au point de ne pas porter de nom, il n’est qu’un élément de décors pour les résidents de la petite île-forteresse.

 

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Désormais âgé de 12 ans et uniquement élevé par des militaires, le jeune garçon ne supporte plus son quotidien ennuyeux et ne rêve plus qu’a rejoindre l’armée du Roi, afin de devenir chevalier et participer à de grandes batailles. Une idée fixe entretenue par le vieux Phidias, toujours persuadé qu’un jour l’ennemi reviendra par la mer, lorsque personne ne s’y attendra. S’il passe pour un fou aux yeux de tous, il captive cependant l’enfant par ses récits du légendaire Pendragon, celui qui leva autrefois une grande armée pour protéger l’Archipel…

 

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Et l’auteur, Régis Hautière, de placer ici un premier élément récurrent à travers la BD: la position de la femme dans cette période barbare. Sur un premier échange, lorsque Phidias évoque la fille du Roi, notre héros ne semble d’abord pas intéressé le moins du monde par la possibilité de connaître une femme. Tel le petit garçon qu’il est, seule l’idée de se battre et de devenir un grand héros est importante. Un point qui reviendra plus tard dans le récit, probablement pour gagner en conséquence…

 

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Mouahaha ! Attends un peu garçon, tu verras quand tu seras grand !

 

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Comme il faut bien que l’intrigue commence après toute cette exposition, un heureux coup du sort vient changer le train-train de notre guerrier en herbe. Son tuteur, compréhensif, accepte de l’emmener avec lui hors de l’île pour chercher des vivres, lui permettant alors de connaître le reste du monde pour la première fois de sa vie. Le début du récit initiatique par excellence puisque l’enfant va bien vite faire ses premières rencontres…

 

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Le titre de ce premier tome va trouver écho avec l’arrivée d’un premier conflit. Débarquant dans l’unique village de l’archipel, notre héros fait la connaissance d’un groupe de sales gosses qui vont immédiatement le prendre en grippe parce qu’il ne possède pas de nom. Du fait que sa mère soit une prostituée, il est alors surnommé le “bâtard de Belonzio”, de l’île où il habite. De cette confrontation va t-il découler la classique première bagarre, où l’on découvrirait un talent inné pour le combat au jeune orphelin ? Pas du tout, et contre toute attente, c’est une jeune fille qui va lui sauver la mise…

 

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Croyez-le ou non, voici une gamine de douze ans (si si).

 

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Oui. Elle a vraiment douze ans ?

 

Il s’agit de la jolie Mina Fanc’h, gamine à fort caractère et aux cheveux magnifiques qui est également le seul protagoniste féminin de toute la BD. Une brève entrevue qui marque la seconde entrée d’une réflexion sur la place de la Femme dans un tel univers. Mina est la première fille que va connaître notre héros, mais également la première à prendre son parti, et elle se démarque nettement de l’attitude agressive typiquement masculine jusqu’ici aperçue grâce à son franc parlé et sa provocation assumée.

 

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Profondément marqué, l’enfant (qui s’est lui-même donné le nom de Belonzio) va se questionner sur sa mère et sur la Femme en général. La narration, pas tendre, nous plonge dans la tête du garçon qui tout d’abord rejette l’idée d’être lié à l’une d’elles avant de finalement avouer ressentir une absence profonde. Un monologue qui permet de ressentir une certaine détresse chez le garçon, bien différente que celle de ne pas être à la hauteur d’une icône guerrière.

 

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Bien malheureusement le scénario ne s’attarde pas sur cet angle plutôt inédit, car il faut bien que l’histoire ait son lot de batailles et de violences. Et c’est ainsi que, dans la même journée, Belonzio va voir sa vie totalement basculer avec l’intervention de soldats sanguinaires, s’exprimant dans une langue étrangère, qui attaquent l’île. La réaction de l’enfant est toute sauf héroïque: apeuré à la vision de l’ennemi, il va prendre la fuite tandis que son tuteur se fait tuer sous ses yeux.

 

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Parvenant à faire croire à sa noyade en tombant à l’eau, Belonzio va profiter d’une distraction des attaquants pour fuir en barque et rejoindre son île où il va immédiatement alerter Phidias. Les choses semblent claires pour celui-ci: “ils” reviennent. L’adversaire jadis repoussé par Pendragon, et dont les soldats devaient guetter le retour éventuel, tente une nouvelle conquête de ces terres.

 

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Retournant au village pour prévenir les habitants et organiser une défense, les deux vont se heurter à un mur: personne ne veut croire le fou et le bâtard, et il n’est pas question d’alerter le Roi. Devant se refus de réagir, Phidias s’apprête a repartir et laisser ces incrédules à leur sort mais Belonzio va prendre sa première décision de héros: alerter Mina, qui n’est pas présente, en retour de son aide contre les garçons.

 

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Un exemple de graphisme un peu trop anguleux.

 

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A sa grande surprise, Belonzio va apprendre que Phidias connaît les Fanc’h et ne leur fait pas confiance, les considérant comme les pires demeurés que la Terre ait portés. Et sur place, les choses ne s’arrange guère. Étant la seule famille de bergers sur une île de pêcheur, les Fanc’h ne sont pas enclins à aider qui que ce soit. Seule Mina, unique représentant féminin du clan, semble les croire mais son avis n’est pas prit en compte. Encore une fois l’auteur souligne la position inférieur de la jeune fille alors que ses paroles sont les seules à être pleine de sens.

 

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C’est donc bien décidée que Mina repart avec Belonzio et Phidias, tandis que la menace prend de l’ampleur. Plusieurs bateaux s’approchent des côtes et cette fois l’alerte est entendue par les pêcheurs. Seul homme compétant face à une telle situation, Phidias décide de prendre en main les défenses de l’île et envoi Belonzio et Mina avertir le Roi. Le point de départ véritable à la série Pendragon.

 

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S’ensuit une violente bataille où l’envahisseur barbare ne fait pas dans le détail. Phidias donne ses ordres tandis que Belonzio, complètement perdu, voit Mina prend l’initiative pour organiser leur départ et ordonner à ses frères de les aider à fuir. La situation s’accélère alors: le port est anéantit tandis que l’embarcation des enfants est repérée et attaquée à son tour. Ce premier tome arrive à sa conclusion et avec celle-ci apparaît une certaine tension: les envahisseurs traversent les premières lignes de défenses, Phidias ne peut plus aider son protéger et les Fanc’h vont devoir livrer bataille…

 

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Dans un moment pareil, il peut presque paraître mal indiqué d’inclure ce qui sera probablement le ressort comique de la série, en la présence de ce drôle de mouton qu’embarque un des frères de Mina. Une créature très expressive qui, ont le devine, va devenir la mascotte de nos héros. Un cliché, diront certains.

 

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Cette fin d’album, on la sent venir de loin. Bien sûr Mina et Belonzio (et le mouton) seront les seuls survivants, s’échappant alors que périssent les Fanc’h dans un ultime assaut. Comme dans grand nombre de récits d’aventures, les deux enfants vont se retrouver seuls face à l’adversité et créer des liens avant de rencontrer d’autres compagnons. Là encore on peut parler de clichés, et il va falloir attendre le prochain tome pour se prononcer sur ce choix scénaristique.

 

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“Comment ça, ‘A l’abordage’ ?”

 

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Et la BD de se conclure sur une dernière scène à suivre, avec l’apparition surprise d’une tornade probablement d’origine magique et invoquée par Phidias. On devine en fait d’emblée que le vieux fou n’est pas ordinaire et qu’il a fait partie des sorciers de Pendragon, autrefois… Reste à savoir si la suite va amener un peu de sang neuf a une histoire qui s’annonce finalement très commune. Bilan, le tome 1 de Pendragon donne une énorme impression de déjà-vu en terme de récit, reprenant des éléments maintes fois utilisés, sans pour autant les modifier pour surprendre. Il va sans dire que cela risque de lasser plus d’un lecteur, lesquels ne seront pas vraiment tenté de prolonger l’aventure. Heureusement l’œuvre se laisse suivre sans problème grâce à quelques choix audacieux (l’aspect guerrier finalement assez en retrait et la réflexion sur la vision de la Femme dans un tel contexte) et un graphisme intéressant.

Les dessins de Nacho Arranz, auteur espagnol, sont certes un peu cubiques par instant et ne fourmillent pas nécessairement de détails, mais apportent de la vie au personnage, notamment par le biais d’expressions faciales bien travaillées. Mina, notamment, sort du lot avec ses cheveux ondoyant et son visage attachant. L’illustration est elle-même relevée par la coloration de Sylvie Sabater, qui confère à l’ensemble des couleurs vivaces quoiqu’un peu sombres par moment. Pendragon n’a rien d’extraordinaire et c’est probablement pour cela que l’œuvre est passée inaperçue. Sauvée par quelques qualités qui devraient être plus appuyées pour la suite, la série pourrait trouver son public si celui-ci lui donne sa chance…

 

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