Paix aux Hommes de Bonne Volonté… Et aux Femmes

PAIX AUX HOMMES DE BONNE VOLONTÉ…
ET AUX FEMMES

par Pern du Chaos

 

 

Mon Dieu !

Mais c’est vraiment immonde ici, c’est… Comment fait-on pour vivre ici ? Est-ce que ma mère t’a fait souffrir à ce point ? Non, il y a autre chose. Autre chose, oui…

Prince de Sang au grand manteau de cuir noir. Marques rouges sur le visage, trace de sa douleur passée, souvenir de ce que doit être sa voie…
Pas vraiment l’image qu’on se fait du Père Noël. Peut-être dans un monde gothique ? Non, simplement un morceau de famille qui cherche à retrouver un être perdu…

Une Ombre sale, une conscience perturbée. Tout me porte à croire que tu as décidément trop souffert. Mais tu t’éloignes de moi, et pourtant, quand j’ai vu ce regard de petite fille, cette innocence, j’aurais dû savoir que tu ne pourrais que souffrir… A cette époque, j’étais trop faible pour te soutenir, pour te tirer de ses griffes. Nous en serions mort tous les deux. Mais finalement, j’aurais dû essayer.

Un coup d’œil sur ma montre, une heure du matin, tu dors encore, c’est sûr. Au pied de cet immeuble dans lequel tu dors, la neige s’accumule, je pousse la porte, elle grince en cédant.

Une volée de marche, ton appartement.

“Do not disturbed”. Désolé, mais cette fois, c’est non !

Le Logrus pénètre le barillet, fait sauter les verrous, la porte s’ouvre, cette fois ci, je ne te laisserais pas faire.

Quelle odeur, c’est infect ! Je passe le pas de la porte, à voix si basse qu’elle est inaudible. “Itadakimasu”, je suis rentré.

Un studio, peut-être moins en fait… Bref, il n’est pas temps de s’apitoyer. Où es-tu ? Je reste silencieux, j’écoute, je cherche ta respiration, ton souffle.
Un léger vent, comme un soupir, tu es là. Je parcours la pièce en douceur et m’approche du… Lit ? Matelas ? C’est ?

C’est quoi au juste ?

Un coup d’œil sur la table. Une arme automatique, modifiée, chargée et armée, pas de cran de sûreté. Je m’assoie sur le lit, en douceur, enlève mon gant, coupe mes transfert et pose ma main sur ta tête, tu soupires, une caresse écarte de ton visage la masse de tes cheveux…
Un effort simple, je pénètre doucement ton subconscient, change tes cauchemars en rêves apaisants. Le contact est en place, mes dons de métamorphes entre en toi, modifiant légèrement ton métabolisme, régulant ton sommeil, désormais, tu vas rêver, rêver un bon bout de temps…

Le temps que ton frère fasse ce qu’il faut pour toi…

Je me redresse, sort de ma poche le cadeau que ma femme m’a fait, cette piécette de métal m’offre le contrôle de ses Ombres. Je brasse la matière, remue la trame de ce monde, le quartier change légèrement, la pollution disparaît, les arbres repoussent, les oiseaux reviennent.

Je jette un coup d’œil autour de moi, change les murs jaunis et craquelés en murs lisses et blancs rehaussés de rouge sombre. La plomberie siffle à nouveau, les radiateurs se raccroche, le gaz se rebranche, l’électricité reviens ! Un sourire à ta petite bouille qui dort sur ce lit.

Je lâche le contrôle d’Ombre et range ma pièce. Je m’approche, enlevant mon manteau. Si cette Ombre a changée, il reste encore quelque chose à y faire. Je te prends dans mes bras, t’arrachant à ce… Nid de puces, pour te déposer comme je l’ai fait jadis pour mon fils au creux de mon manteau.

Je retrousse mes manches, je saisi le mobilier et le passe par la fenêtre, chaque objet qui disparaît est aussitôt remplacé. Pour une fois que le Logrus me sert à quelque chose…

Culottes, sous-vêtements, T-shirts, pantalons, vestes. Tant de choses hors d’usage. Je modifie tout ça, je brasse tant de saleté que l’air est irrespirable !
Une nouvelle garde robe, une nouvelle penderie, une nouvelle armoire, une chaîne Hi-fi, un lecteur de DVD, une vidéothèque ! Allons-y joyeusement, ce n’est rien finalement, mais je veux te prouver que le confort existe !

Le salon a de nouveau forme humaine. Propre, il sent bon. Le lit est large, confortable, une petite lampe de chevet, un porte-photo. Un regard sur toi, petite sœur, tu dors encore, ton sommeil forcé semble t’apaiser. Je retrouve le visage de la petite fille que j’avais voulu sauver…

Mais ce n’est pas fini, ça c’est qu’un début en fait…

Sur la porte “toilette” j’ai comme un doute…

J’ai affronté beaucoup de monstre dans ma vie, mais j’ignorais qu’une chiotte et une douche puisse être aussi terrifiant. Je soupire , un rien découragé.
Je glisse une main dans ma poche, j’en tire la piécette. Je manque de courage là.

Je modifie la trame d’Ombre une fois encore, l’effort est difficile mais je le lui dois ! Les carrelages se ressoudent, les toilettes se nettoient, la douche se reforme, le miroir revient à la normal. Les produits de toilettes s’alignent dans l’armoire murale, du gel douche, des sels de bain, des crèmes, des brosses, du maquillage.

Que du superflu me dirait-on ? Mais du superflu qui donne au corps un peu de réconfort. La salle de bain est propre, ouf… J’allume l’eau, fait couler un bain, je sais qu’il me reste beaucoup à faire.

Le bain coule, les sels se dissolvent dans l’eau lui donnant de curieuses propriétés régénérantes, apaisante, et pour l’âme, et pour le corps.

Je repasse dans le salon, tu es toujours sur le sol, sur le tapis, roulée dans ma veste. Je te prends dans mes bras, te regarde un instant.

J’ai baigné mon fils, ma femme, une foule de malades, mais pour toi, te soigner prend un sens différent. Tes vêtements ne rejoignent pas la commode, mais la poubelle. De toute façon… Ils sont déjà remplacés.

Je te porte jusqu’à l’eau, t’y pose délicatement.

A t-on idée de se soigner à coups de Chatterton… Après avoir étudiée la médecine en plus… Mes doigts déroulent prudemment le scotch, les plaies sont à vif, elles suppurent…
Je nettoie ton corps, soigne les plaies, appliquent onguent et crèmes sur tes bleus, fait disparaître tes plaies.

Je te frotte la tête, te savonnant les cheveux avec prudence. Je soigne ta peau, a t-on idée de se faire souffrir à ce point ? Finalement à ton âge je n’étais pas différent…
Quoique tu en penses petite sœur, tu restes très féminine, tu as bien grandie depuis que je t’ai vu pour la première fois. Je rince tes cheveux, ils sentent bon le propre, ton cuir chevelu est comme neuf lui aussi. Plus de bleus plus de bosses. Mes dons de métamorphes modifient ton corps, le rendant plus performant, tu cicatriseras plus vite sœurette. Ils ont raison de tes dernières plaies.

Te voilà propre et saine. Un grand drap de bain et mes bras pour te sécher, je te porte jusqu’au salon. T’installes dans un fauteuil, la tête en arrière. Une paire de ciseaux, un peigne, un rien de patience.
Je te rafraîchis la tignasse, tes cheveux sont pleins de vigueur.

Je souris en te regardant grogner…
J’ai presque terminé petite sœur, presque…

Te voilà fraîche, tu sens bon, ta peau est douce, tes cheveux coiffés, tes plaies ne sont plus que de vieux souvenir. Je frotte la serviette sur ta peau, mes mains te réchauffent un peu. Ta peau est devenue douce.

Je te change, rapidement, un pyjama bordeaux en soie, confortable, chemise à manches longues, pantalon de même… Une paire de chaussette, les vieux réflexes de père reviennent vite.

Je te porte en te berçant légèrement, écarte les draps tout frais et t’y dépose. Je m’assoie sur le bord de ton lit, je prends ta main dans la mienne, écartant les quelques mèches de tes cheveux de ton front.

“Natasha, ma puce… Dans quel état tu as pu te mettre…”

Je continu à te câliner en relâchant doucement mon étreinte sur ton inconscient, tu vas te réveiller je le sais.

Tu ouvres un œil, plus que surprise, paniquée. Un sourire, une caresse, la confiance, je t’apaise…

“Chhhhtttt, c’est moi, c’est ton frère… Calme toi petite sœur, j’ai repris un rien ta vie en main…”

Tu ne comprends pas, tu veux te lever, tu te redresses un peu vite. Tu te heurtes à moi, te voilà prise au piège, mes bras se referment sur toi. Depuis combien de temps n’as tu pas eût de tendresse ?

“Dorénavant, voilà ce qui va se passer. A chaque fois que tu te feras du mal, je serais là pour te soigner ! A chaque fois que tu t’enfermera en enfer, je t’en tirerais de gré ou de force…”

Petite sœur s’énerve, me griffe, me frappe, se débat, un peu… Pas beaucoup… Plus du tout…

“Voilà petite sœur, c’est mon cadeau de Noël. Une famille, un peu de paix, que tu sache que je suis là et que je veillerais sur toi, tout Sang Réel que je suis.”

Tu ne luttes plus, tu te laisses faire. Tu reste dans mes bras, je caresse tes cheveux sourire aux lèvres. Je te réinstalle dans mes bras.

“C’est ma confiance que je t’offre, et un peu de mon cœur… Et tu sais quoi ? On ne refuse pas un cadeau…”

Tu te laisses enfin aller, je sens tes larmes. Je te berce…

Natasha ? Natasha ? Joyeux Noël ma petite sœur…

Ton grand frère qui t’aime, petite sœur.

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