Modern Vampires (1998) | Revenant

 

Modern Vampires

(1998)

 

 

Modern Vampires, dont le titre original semble être Revenant, est une série B que l’on doit au duo responsable du bien farfelu Shrunken Heads. Le réalisateur Richard Elfman, frère du célèbre compositeur, et le scénariste Matthew Bright (les deux Freeway et le sympathique Dark Angel: The Ascent) s’en prennent cette fois aux vampires et autant dire que leur version du mythe n’a rien de classique. Fusse le budget plus important et les compères auraient pu livrer quelque chose d’un peu plus mémorable que ce film oublié de tous.
La faute à des valeurs de production très basses qui diminuent fortement l’impact de certaines scènes, et à un script un brin confus qui déborde d’idées mais n’arrive jamais à se focaliser sur une intrigue bien précise. Résultat les personnages gravitent autour de plusieurs histoires qui auraient pu donner lieux à différents films, sans qu’aucune ne soit bien exploitée. C’est un peu comme regarder un de ces téléfilms composés de plusieurs épisodes de série télé remontés n’importe comment.

 

 

Modern Vampires se déroule à Las Vegas, qui est sous le règne secret du Comte Dracula (assimilé ici à un vulgaire chef criminel), et comme dans le jeu de rôle Vampires: La Mascarade, les suceurs de sang vivent cachés parmi les Hommes et ne doivent pas attirer l’attention sur eux.. Les Nosferatus qui ne respectent pas ces règles représentent une menace pour toute la société vampire est sont condamnés à la destruction. L’une de ces renégats, Nico, est une jeune vampire ne sachant rien de sa nature et se faisant passer pour une prostituée afin de se procurer du sang frais. Les médias s’emparent du phénomène et lui donne le surnom de Hollywood Slasher.
Son chemin va croiser celui de Dallas, un vampire exilé depuis une vingtaine d’années et de passage en ville pour revoir ses amis. Celui-ci a autrefois transformé le fils de Van Helsing, provoquant une guerre sans fin et lui valant de se mettre Dracula à dos. Alors qu’il a ordre de repartir le plus tôt possible sous peine d’être exécuté, il décide de prendre Nico sous son aile pour la sauver et les deux tombent naturellement amoureux.
Mais pour ne rien arranger les choses, Van Helsing débarque lui aussi en ville afin de se venger…

 

 

Ce postulat de départ, un peu chargé, pourrait évoquer l’habituelle romance tourmentée que l’on retrouve fréquemment dans les histoires de vampires, mais ne nous y trompons pas. Elfman et Bright ne cherchent pas à faire dans la tragédie sérieuse et font preuve de tout autant d’idées déjantées qu’auparavant.
Ainsi découvre-t-on pleinement la vie quotidienne des vampires, véritables monstres sans pitié qui s’éclatent dans des night club bien plus sordides que ceux de Blade. Ici les humains sont gardés en cage ou enchainé, livrés en pâtures aux suceurs de sang comme de vulgaires amuse-gueules. S’ils ne sont pas dévorés sur place, ils sont victimes de pratiques horribles: certains se font directement transfuser par intraveineuse, d’autre se retrouvent prisonniers de tables d’où seule leur tête dépasse tandis que les clients s’installent autour pour leur découper le crâne à la scie circulaire…
Mais le plus étrange est que ces actes horribles sont contrebalancés par toutes les autres actions de nos vampires. Ils s’entre-aident, se témoignent amour et affection, pleures la disparition de leurs semblables et s’amusent de petites choses. Il faut voir Casper Van Dien se limer les dents dans la salle de bain ou se couple dont la femme est enceinte depuis plus d’un siècle vanter la les joies de la maternité…
Bref, le script accumule les séquences un peu délirante dont la plus mémorable reste quand même celle où une femme vampire, capturées par les acolytes de Van Helsing et attachée à un lit, remet en question la virilité des jeunes hommes et leur ordonne de l’honorer sans attendre… Pour mieux prendre une forme monstrueusement hideuse afin de freiner leurs ardeurs ! Contre toute attente, ces derniers s’emploient quand même à la besogner et vont en découvrir les terribles conséquences puisque le vampirisme est ici assimilé à une MST !

 

 

Des comme ça il y en a plein dans Revenant, entre les gags liés à l’immortalité (un vampire enflammé qui tente de s’éteindre avec un tuyau d’arrosage, la demi-douzaine de pieux planté dans le corps de Dracula) et ce pauvre Van Helsing passant une annonce dans le journal pour se trouver un apprentie. Celui-ci est contraint de s’associer avec une bande de gangsters du Ghetto qui, par un incroyable coup du sort, se retrouverons être les premiers vampires Noirs de l’Histoire !
Du coup il en devient presque étrange de voir des scènes beaucoup plus sérieuse, comme celle où Nico rentre chez ses parents après vingt ans d’absence pour mieux se venger du beau-père qui l’avait maltraité, tout en espérant pouvoir encore renouer avec sa mère. Bizarre aussi ce choix de script qui inverse subitement les rôles et fait passer les vampires pour des héros, révélant à notre plus grande surprise que Van Helsing fut un scientifique Nazi qui aurait peut-être bien pratiqué des expériences sur des enfants (!) et qu’il a tué son fils par haine plutôt que d’accepter sa condition et de revoir son jugement sur les Nosferatus !
Dommage que ces petites choses viennent perturber un univers qui était plutôt bien trouvé, d’autant qu’entre ça et le script qui part dans tous les sens, on peut aussi relever des fautes de goût parfois gênantes: la surabondance de musiques classiques (ce qui est étrange quand on a Danny Elfman pour vous pondre le thème musical), les bruitages façon rugissements de fauve lorsque les vampires attaquent, des maquillages parfois limite pour leur forme monstrueuse (celui de Dracula notamment, avec sa perruque ridicule) et surtout ces étranges mini-montages “artistiques” qui se déclenchent lors des morsures (montrant des choses un peu étrange comme des fleurs s’ouvrant en accéléré ou un cimetière en noir et blanc). Je comprends qu’ils représentent probablement un espèce de transfert de souvenirs, comparable à ceux de Underworld, mais ça fait tout de même un peu maladroit !

 

 

Modern Vampires / Revenant ne conviendra pas à tout le monde, ni à tous les fans de vampires, et il va de soit qu’il faut être ouvert au délire. Cependant il y a de la substance dans ce film et ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir le grand Udo Kier “danser” dans un boite de nuit des années 90 ! Sa présence est bien trop courte mais on peut compter sur la prestation d’un Rod Steiger en pleine forme dans le rôle de Van Helsing, tantôt en transe, tantôt à côté de la plaque selon les situations, et Casper Van Dien joue avec conviction un anti-héros assez loin des standards.
Avec sa belle gueule et ses capacités de comédiens, celui-ci aurait mérité une bien meilleur carrière et il prouve ici qu’il aurait pu sans problème se hisser au niveau d’un Tom Cruise.

Pour les intéressés, il existe un DVD “special director’s cut” (en fait une version non censurée) et disposant de quelques bonus comme un commentaire audio du réalisateur et de l’acteur principal, qui peuvent peut-être lever un peu le voile sur les intentions de Elfman et Bright.

 

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