Les Griffes de la Nuit (1984) | Psychotronomicon

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PSYCHOTRONOMICON

 

Les Griffes de la Nuit

(1984)

 

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S’il ne fallait retenir qu’un seul film de Wes Craven, ça serait celui-ci. Oeuvre phare du genre dont l’impact se ressent encore aujourd’hui, A Nightmare on Elm Street a renouvelé un type de cinéma alors terriblement coincé dans la formule encore récente mais gagnante du slasher, remplaçant le psycho killer masqué par un croquemitaine surnaturel dont les pouvoirs permettent bien plus de créativité lors des scènes de meurtres. Freddy Krueger, un tueur d’enfants (et possiblement pédophile même si les années 80 n’osaient pas frontalement aborder le sujet) est tué par des parents en colère après avoir bénéficié d’un non-lieu durant son procès. Brûlé vif, il revient des années plus tard pour se venger sur la progéniture de ses bourreaux, de jeunes adolescents vivants principalement dans la grande rue d’Elm Street de la ville fictive de Springwood. C’est dans leurs rêves qu’il agit, et quiconque meurt dans un songe meurt aussi dans la vraie vie. Comme si cela ne suffisait pas son arme de choix est proprement terrifiante, gantelet en métal dont les doigts sont prolongés par de longues lames de rasoir. Il éventre une jeune fille, anime des draps pour pendre un vilain garçon et Johnny Depp, alors jeune et inconnu, se fait avaler par son propre lit qui le recrache en un geyser de sang !

 

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Il agresse une jolie donzelle dans le bain et, même ramené dans le réel et transformé en torche humaine pour la seconde fois, s’en va étranger quelqu’un dans son lit. Wes Craven redouble d’ingénuité pour simuler une impression d’onirisme durant les cauchemars et certaines séquences sont proprement troublantes, comme lorsque l’héroïne somnolant en pleine classe aperçoit une amie décédée dans un coin, couvert d’un body bag transparent et vomissant des insectes. Freddy lui-même, sorte de version démoniaque du Krug de La Dernière Maison sur la Gauche, impressionne tant il a à proposer: chauve mais couvert d’un chapeau, habillé d’un horrible pullover rayé, il se scarifie pour exhiber la vermine qui grouille sous sa peau. Il parle peu mais toujours de façon obscène ou blasphématoire (“This is God” dit-il en brandissant ses griffes) et prend vraiment plaisir à torturer les gamins. Il transforme des marches d’escalier en bouillie pour enliser une fuyarde, allonge ses bras à n’en plus finir pour en effrayer une autre et se laisse arracher le visage durant une empoignade pour surprendre sa proie.

 

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A la première vision la tension ne vient donc pas seulement de voir les personnages s’endormir, mais aussi de comment détruire ou éviter une abomination pareille. Robert Englund, alors juste un blondinet à la bouille adorable aperçu dans V, opère une transformation exceptionnelle qui aura totalement boulversée sa vie et fait de lui une véritable star. Heather Langenkamp incarne un petit bout de femme forte rivalisant sincèrement avec Helen Ripley et Sarah Connor, et fait une final girl bien plus intéressante que Laurie Strode dans Halloween. John Saxon se montre convaincant dans le rôle d’un shérif dépassé par les évènements qui ne comprend pas comment sa fille peut connaître Freddy, et Charles Fleisher a une courte apparition. Dommage quand même que Craven se répète un peu avec son habituel dernier acte MacGuyveresque où le protagoniste installe des pièges pour neutraliser la menace, et avec quelques images déjà montrées auparavant (le gant mortel émergeant entre les jambes d’une fille dans la baignoire, comme la scène du serpent de La Ferme de la Terreur), mais l’inventivité et les prouesses techniques d’époque balayent facilement ces petits reproches.

 

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Le film fut évidemment un succès, permettant à la maison de production – New Line Cinema – d’entrer dans la cours des grands, et transformant ce qui était une idée unique en une véritable franchise et un bulldozer de produits dérivés. Craven quitta plus ou moins le navire, ne revenant qu’à l’occasion pour dynamiser la série lorsqu’elle s’enlisait un peu, mais Englund resta fidèle jusqu’au bout, devenant indissociable du personnage.
Il y aurait beaucoup à dire, du travail sur l’ambiance sonore à la musique icônique en passant par l’influence que laissa certaines séquences sur l’industrie (Krueger traversant une porte de prison comme un fantôme, totalement repris par James Cameron dans Terminator 2 avec le T-1000), mais on se contentera de dire qu’avec Les Griffes de la Nuit (titre français merveilleusement bien trouvé), le cinéaste livra l’un des plus importants films d’horreur de son temps, façonnant le paysage fantastique pour les deux décades qui suivirent, ainsi que l’un des meilleurs films de sa carrière. Il gagna la réputation d’un Maître de l’Horreur après cela, même s’il ne cacha jamais son dédain pour cette étiquette, tandis que New Line afficha fièrement son affiliation à la saga en se décrivant comme “the house that Freddy built”.

Suivront six suites, une séquelle méta un rien divergente, un crossover avec son grand rival Vendredi 13, une série télé et plusieurs comics et jeux vidéos.

 

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4 comments to Les Griffes de la Nuit (1984) | Psychotronomicon

  • Fabien Fabien  says:

    J’ai du voir ce film quand j’avais 12 ans.. ah bordel, qu’est ce qu’il m’a fait peur.. des cauchemars à répétition.. Maintenant en vieillissant, j’adore Freddy.
    J’ai même un tatouage de lui sur le bras, enfin son ombre..
    Le meurtre de Tina m’a énormément marqué. Nancy je l’apprécie beaucoup. Je regrette que sa carrière de comédienne n’a pas décollé.
    j’aurais aimé voir les documentaires sur la sage mais bon sans aucune VF ni sous titrage, je ne vais rien comprendre..
    La musique est terrifiante.
    Avais tu vu la version bollywood de ce film ? elle est impressionnante, dans tous les sens du terme…
    A bientôt

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Ah, très cool pour le tatouage. Tu es sûr que le documentaire (j’imagine que tu parles de Never Sleep Again ?) n’est pas disponible dans un coffret Blu-ray ou quelque chose comme ça ? Honnêtement pour avoir le vieux coffret DVD et le BR de l’original, il y a de toute façon suffisamment d’infos similaires entre chacun avec les vidéos et les commentaires audio, donc tu ne manques rien d’extraordinaire.

      Et oui, j’ai vu Mahaakal et a vrai dire je devais le chroniquer juste après Halloween. Et puis j’ai repoussé sans cesse. Il est totalement fou et a bien le côté « rêve », en tout cas comment j’imaginais les films d’horreur quand j’étais gamins et que je ne pouvais pas les voir !

      • Fabien Fabien  says:

        Oui oui je parle bien De Never Sleep again. Après je l’ai pas ce coffret BR, j’ai juste le coffret dvd sorti dans les années 2000.
        Et y’a aussi le documentaire I am Nancy. j’aime bien les interviews mais hélas.. Une VOST m’aurait ravi mais là sans sous titrage c’est même pas la peine.
        j’étais très en colère quand Nancy s’est faite tuer dans le 3.
        tu vas faire une critique des autres Freddy ?

        • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

          Oui c’est prévu depuis longtemps. Je vais quand même finir les Vendredi 13 d’abord, mais ça va venir 😉

          La mort de Nancy était effectivement gonflée et c’est vraiment parce que le film est cool que ça passe. Je me souviens que j’avais été encore plus surpris de voir Kristen mourir dès le début du 4ème pour la remplacer par Alice, à se demander quel intérêt d’avoir fait tout un film autour d’elle pour ça. Mais Alice est cool aussi, alors bon.

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