Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 53
LE REJETON DE SATAN
Freakshow (1995)
Seriez-vous surpris d’apprendre que cette vilaine petite chose est l’enfant d’une sorcière ? Probablement pas, mais l’histoire n’est pas celle que vous pourriez imaginer. Car malgré son affinité pour les arts obscures, la maman – Kristen – était une belle jeune femme qui ne rêvait que d’être normale. Lorsqu’elle fut en âge de devenir mère, elle rejeta sa famille et son promis, prenant la fuite jusqu’à ce qu’elle rencontre Ron, un homme ordinaire dont elle tomba amoureuse. Mais après un début de relation idéal, le garçon montra vite son véritable visage en devenant violant, abusant d’elle sexuellement et ne retenant pas ses coups. Leur histoire prit fin lorsque Kristen tomba enceinte, son compagnon cherchant aussitôt à la faire avorter. Désespérée, elle retourna auprès des siens, trouvant un peu de réconfort auprès de sa sœur Karla, mais fini par se suicider en raison de son cœur brisé, se tailladant les veines.
Karla parvint à sauver l’enfant en pratiquant une césarienne, donnant naissance à une petite fille grandement prématurée dont elle décida de s’occuper. Lorsque Ron tenta de contacter Kristen à propos de l’avortement, la sœur orchestra sa revanche en le droguant et lui présentant son engeance monstrueuse. Un bébé dont l’apparence n’est pas la seule chose anormale puisqu’il possède aussi une soif de sang littérale, ce dont Karla tira avantage en tailladant le père et laissant le nourrisson boire à la source. Une façon tordue de permettre à Ron de jouer son rôle de papa et de nourrir sa petite. Du pur EC Comics plutôt plaisant, d’autant que malgré son budget anémique le film (Freakshow, un petit DTV du milieu des années 90) fit l’effort de fabriquer sa créature. Avec les moyens du bord certes, comme le prouve ce visage grotesque et relativement figé comme un simple masque d’Halloween, mais tout de même.
En fait la tête du bébé possède même quelques animations, se montrant capable d’ouvrir les yeux et la bouche, et de froncer les sourcils. Ce n’est pas grand chose mais c’est toujours plus que ce que l’on attendait d’une telle production, et cela rend la scène finale un peu plus efficace que si elle avait été conçue hors-champ. Cela étant dit le script n’explique jamais la condition de son monstre, qui n’a logiquement aucune raison d’être comme il est. En faisant de la gymnastique mentale on pourra associer la nature de sorcière de sa mère et les conditions brutales de sa naissance pour justifier tout ça, et Karla précise que la fillette souffre d’une mauvaise santé, mais c’est un peu poussif même pour une anthologie à la Creepshow. Au moins le segment ose montrer sa bestiole et toujours c’est plus généreux que ce que le genre nous offre actuellement.
Parce qu’un fil rouge situé dans un freakshow présente chaque épisode, on retrouve notre grotesque bébé dans le bestiaire du Freakmaster, le présentateur de l’attraction qui cherche à questionner ses visiteurs sur la nature du destin. Hélas c’est dans un bocal de formol qu’apparait la créature, celle-ci n’ayant probablement pas survécue bien longtemps. Un simple coup d’oeil au specimen suffira pour comprendre que l’équipe du film n’a pas utilisé le même accessoire et d’ailleurs cela est évoqué au détour d’une réplique, le forain expliquant que le produit utilisé pour préserver le corps rend difficile d’observer ses traits distinctifs. En réalité la marionnette du bébé n’était peut-être pas encore prête ou plus disponible lors du tournage de ce segment. Ou peut-être que le fœtus en bocal fut récupérée quelque part pour gagner du temps, d’où sa différence avec la version que les responsables des effets spéciaux ont développés. Qui sait ?
Peu importe au final. Un bébé mutant dévore son méchant papa en une version pauvre de From a Whisper to a Scream avec Clu Gulager, et cela devrait bien suffire à éveiller quelques intérêts. Et si je vous dis qu’en plus le Freakmaster est joué par Gunnar Hansen ?
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