Kickboxer 2: The Road Back
(1991)
L’envol de Jean-Claude Van Damme aura laissé dans la poussière ses meilleures plateformes, Bloodsport et Kickboxer, dont les producteurs auraient aimé prolonger le succès avec la participation de la star. Et autant Bloodsport 2 copia la formule à l’identique et grima Daniel Bernhardt comme le belge, autant Kickboxer 2 ne pourrait pas être plus différent au point de ressembler à un quelconque film de combats de vidéoclub. La faute au script pondu par David S. Goyer qui semble avoir été réécrit en cours de route pour devenir une suite. On nous y présente un nouveau Sloan (ici sans “e”), David, frère de Eric et Kurt quand bien même JCVD expliquait n’avoir pas d’autre famille. Il est lui aussi un combattant mais a fini par abandonner la compétition suite à la mort de ses frangins, assassinés par Tong Po peu après sa défaite. Son gymnase est proche de la faillite et, s’il accepte un match pour arranger les choses, il entre en conflit avec un promoteur corrompu qui va détruire son club en représaille. Blessé, David reçoit la visite de Xian, l’entraineur de Kurt, qui va l’aider à se remettre.
Ils ignorent que tout cela est un piège monté par un criminel thailandais manipulant tout le monde afin de réunir Sloan et Tong Po pour un ultime affrontement, dans l’espoir que son champion puisse laver son honneur suite à son crime. Un plan un peu alambiqué avec trop d’étapes, certainement parce que l’intrigue originale devait juste montrer le héros se rétablir pour affronter le vilain manager et son molosse, sans plus. Il faut attendre près de quarante minutes avant que la révélation n’ait lieu (Tong Po ne débarquant qu’au bout d’une heure, et si Michael Qissi reprend le rôle, le voir évoluer dans un ring ordinaire entouré de gobelets Coca-Cola écorne un peu la mystique du personnage. Xian n’est pas mieux loti et l’ermite qui vivait reclu est désormais un plaisantin bavard qui mange des glaces et reluque des filles en maillots de bain sur la plage. Son entrainement se fait dans un parc parmi les clochards et jamais il ne fait preuve de créativité dans ses méthodes, se limitant aux choses les plus génériques. Pour ne rien arranger la mise en scène de Albert Pyun, habituellement inventif et énergique, est si plate qu’on ne le reconnaît pas.
Peut-être se sentait-il limité par le petit espace du ring mais sa caméra reste désespérément statique, filmant les combats au plus près sans capturer l’esbrouffe ou la puissance de ses acteurs. Dommage car le casting était prometteur: Qissi bien sûr, qui assure un minimum de continuité avec sa muy thai violente, Matthias Hues, qui devait probablement être l’antagoniste original et disparaît maintenant au milieu du film, Vincent Klyn, l’adversaire de Van Damme dans Cyborg qui se contente de jouer les observateurs sans jamais se battre, et l’obscure Vince Murdocco, qui fut le second Flesh Gordon. Sasha Mitchell, l’idiot du sitcom Notre Belle Famille pour lequel il tournait encore à l’époque, tente de durcir son image malgré un manque de charisme évident et un personnage creux. Au moins se montre-t-il compétent dans les scènes d’actions puisqu’il était artiste martiale dans la vraie vie. A leurs côtés quelques valeurs sûres comme Peter Boyle, le classieux Cary-Hiroyuki Tagawa, et Dennis Chan qui reprend le rôle de Xian.
Aussi, le réalisateur de Rabid Grannies remplace JCVD pour un bref flashback, celui-ci ayant en fait tourné un combat contre Tong Po en guise de prologue qui fut coupé au montage parce que le résultat était trop bon ! Pyun et les producteurs jugèrent que cela diminuait la crédibilité de leur star et supprimèrent la scène pour éviter une comparaison dérangeante. Bilan: une série B regardable mais trop basique et jamais à la hauteur de son modèle – même sans compter le facteur Van Damme. Reconnaissons-lui quelques idées (ça flirt avec la hoodsploitation via les gamins de quartier que Sloan recueille), quelques fulgurances (Tong Po défonce un arbitre bedonnant pour mieux massacrer son adversaire en face de sa maman) et une image amusante (de vrais pigeons qui ont fait leur nid dans une lettre de l’enseigne d’un motel miteux). Les faux raccords avec Kickboxer 1 peuvent aussi faire sourire (Kurt Sloan décrit comme un combattant alors qu’il n’était qu’un manager, toute l’intrigue reposant sur son apprentissage) et la chanson One Man Alone de Savoy Brown est caricaturale au point de l’hilarité.
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