Jurassic City
(2015)
Avec son titre et son affiche qui détourne le logo de Jurassic Park, ce Jurassic City tombe dans la catégorie des mockbusters, films au rabais produits à grande vitesse afin de profiter du succès d’une grosse production hollywoodienne à la mode. La Asylum s’en est fait une spécialité mais nombreuses sont les petites boites qui surfent sur la même vague, bâclant généralement le travail puisque partant du principe qu’elles réalisent un nanar volontaire. Tant pis si les acteurs sont nuls et les effets spéciaux pourris, puisque le public visé se moquera de ce qu’il y a à l’écran quoiqu’il arrive, alors pourquoi perdre du temps et de l’argent en s’appliquant ? Lorsqu’en 2015 sort sur les écrans Jurassic World, d’innombrables clones DTV vont déferler, inondant un marché déjà bien saturé en temps normal, et a priori il n’y a rien dans celui-ci qui semble pouvoir le démarquer des autres. Comme d’habitude nous y suivons un petit groupe coincé en huis clos avec une bande de Vélociraptors vorace. Le gimmick ? Cette fois l’intrigue se déroule dans une prison !
Une agence gouvernementale située en plein cœur de Los Angeles cache dans ses locaux de véritables dinosaures, sans doute reproduits génétiquement (les origines ne sont jamais dévoilées) afin d’être envoyés sur le champ de bataille. Lorsqu’un sujet s’échappe et doit être exterminé, le superviseur du projet considère le bâtiment comme inapte à recevoir les trois nouvelles créatures actuellement en plein transfert et demande à son meilleur homme d’acheminer le convoi vers un autre lieu le temps de faire le point. Une prison dont le directeur est sous ses ordres, même si l’affaire est top secrète et qu’il ne doit rien savoir de ce qui se passe. Et ça tombe mal car celui-ci est déjà occupé avec l’arrivée d’un nouveau détenu très dangereux, un violeur et tueur en série qui vient d’être appréhendé après dix ans de cavale. Pour ne rien arranger les choses, les monstres se réveillent dans leur fourgon et commencent à s’énerver tandis que l’homme en charge de les surveiller reçoit l’ordre de repartir chasser un autre dinosaure s’étant fait la malle en ville.
Il est contraint de laisser une équipe réduite sur place et celle-ci va vite se disputer avec les agents de sécurité du pénitencier venu fouiner dans leurs affaires. Inévitablement, les Raptors s’échappent et les soldats ne parviendront pas à les contenir. La plupart des gardes trouvent la mort durant l’attaque lorsque le système de commandes électrique est détruit, toutes les portes de sécurité s’ouvrant alors. L’évasion tourne à la catastrophe (même si le carnage n’est pas montré faute de moyens) et une poignée de survivants doit trouver un moyen de s’enfuir, et bien sûr le groupe se compose des personnes les moins aptes à faire équipe: un garde blessé, deux pochtrons, trois étudiantes innocentes arrêtées suite à une soirée trop arrosée, quelques prostituées et camées et surtout le tueur en série qui a flashé sur l’héroïne et compte bien tirer avantage de la situation. Rien de très original et Jurassic City enchaine les poncifs: les personnages déambulent dans des couloirs vides en se disputant tandis que les monstres attaquent le casting par ordre d’importance.
Dans son genre ce DTV n’est pas ce qu’il y a de pire puisqu’il se montre particulièrement rythmée. Dès les premières minutes un troufion se fait arracher la tête par une bête qui se fait elle-même exploser le crâne au bazooka. Et s’il faut généralement se contenter de quelques gerbes de sang digitales en guise de violence, le nombre de victime est plutôt élevé avec parfois quelques prélèvements d’organes, décapitations et autres démembrement qui peuvent amener à trouver un cadavre amputé ou bras coupé à l’ancienne. Certes le résultat n’est pas toujours génial, surtout en raison du tout CGI qui pose de vrais problèmes d’interaction (un type lâche une rafale de mitrailleuse à travers une vitre sans causer le moindre impact, la seconde d’après les créatures brisent ce même obstacle pour l’atteindre), mais le script se montre généreux dans ses rebondissements et scènes d’actions venant ponctuer une histoire qui, autrement, est des plus convenue.
Un prisonnier achève un dinosaure brûlée dans une explosion à coups d’extincteur, une créature se planque sous l’eau, dans un jacuzzi, pour surprendre les hommes envoyés l’exterminer et un Vélociraptor poursuit une voiture en plein centre-ville tandis que le passager lui tir dessus avec des explosifs. Le plus drôle reste certainement la manière dont l’un des antagonistes trouve la mort, pulvérisé au lance-grenades à bout portant comme à la bonne vieille époque de Death Wish 3 et de Invasion USA, même si cela rend beaucoup moins bien en images de synthèse. Et puis il y a les personnages eux-mêmes qui sont un peu plus intéressant que d’habitude puisque le film ne se prend pas du tout au sérieux. L’héroïne, sarcastique, se montre très amusante dans ses réactions à la Daria, une maquerelle lesbienne s’en va immédiatement draguer les étudiantes placées en garde à vue et une jolie junkie en plein trip voit les monstres sous la forme de gros lapins. Une demoiselle, membre d’une sorority bourgeoise, pose de façon glamour pour son mugshot tandis qu’une soirée bizutage nous permet de voir quelques jeunes filles en bikini catcher dans une piscine de mousse.
Quel dommage du coup que le tueur en série soit si faible, construit comme un individu terrifiant pour apparaitre finalement bien aimable, filant sans trop d’hésitation un coup de main à son prochain. Il redevient méchant dans la dernière partie sans raisons particulières, un peu comme si le scénariste hésitait à en faire un anti-héros sympathique et accusé à tort avant de retourner sa veste en un dernier rebondissement peu utile. Car c’est dans ces vingt dernières minutes qu’intervient le twist final que l’on aurait pourtant dû voir venir: avez-vous remarqué que pour une histoire intitulée Jurassic City, les évènements sont peut-être un peu trop concentré sur le huis clos ? C’est pour mieux nous faire la surprise d’une invasion final, où des milliers de Raptors, T-Rex et Ptérodactyles détruisent Los Angeles en un équivalent d’une apocalypse zombie assez terrifiante quand on y pense. La faute au dirigeant du projet qui espère bien jouer les héros et gagner sa place à la Maison Blanche ! Quoiqu’on en pense, c’est toujours mieux que l’excuse bidon avancée dans Jurassic World: Fallen Kingdom.
Enfin, un nanar moderne n’en serait pas un sans ses habituels guests qui apparaissent tout en haut de l’affiche pour des apparitions se limitant bien souvent à deux ou trois scènes. C’est évidemment le cas ici même s’il faut reconnaitre que la sélection est séduisante: Vernon Wells, inoubliable punk de Mad Max 2 et mercenaire moustachu dans Commando, joue un gradé de la CIA (cinq minutes de présence au début et à la fin) tandis que Ray Wise nous surprend dans le rôle du gentil directeur de la prison. S’il est coupé du monde dans sa salle de contrôle et qu’il ne fut sans doute disponible qu’un jour ou deux, il reste avec nous bien plus longtemps qu’on ne l’aura imaginé. Même chose pour le tatoué Robert LaSardo, même s’il peut paraitre incroyable de le voir jouer un soldat d’élite plutôt qu’un criminel sanguinaire. Plus surprenant: Felissa Rose, inoubliable tueuse transsexuelle de Sleepaway Camp, vient faire coucou pendant trente secondes en jouant les journaliste tandis que le top modèle Sara Malakul Lane s’exhibe en bikini pour une scène malheureusement trop courte !
Des apparitions éphémères qui viennent en rajouter à la bonne humeur générale qui se dégage somme toute de l’ensemble, et si l’on ajoute à cela les physiques attrayant des actrices principales, Dana Melanie et Sofia Mattsson, alors Jurassic City s’élève de plusieurs crans au-dessus de la moyenne et gagne ses galons de petite série B parfaitement recommandable !
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