Friday the 13th Part 3 3D (1982)

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Friday the 13th Part 3 3D
(1982)

How come you never scream when we have sex ?
Give me something to scream about.

 

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Mis en chantier précipitemment après la sortie de son prédecesseur, Friday the 13th Part 3 (ou Meurtres en Trois Dimensions chez nous) souffre de nombreux soucis: gros imprévus, idées bizarres et gimmick 3D qui rendit le tournage cauchemardesque, puisque véritable gouffre temporel et financier qui força le réalisateur à ne pas tenir compte des mauvaises prises et même à traiter ses acteurs comme des chiens pour être sûr d’emballer les effets demandés. A cela se rajoute la disparition du scénariste Ron Kurz, à qui l’on avait pourtant proposer de revenir. Il est remplacé par un couple, Carol Watson et Martin Kitrosser (Meatballs Part II) qui ne garde pratiquement rien de l’univers mis en place la dernière fois: pas de camp de vacances, de malédiction, de vengeance ou de nouvelles origines pour Jason, qui se retrouve dépouillé de tout ce qui le caractérisait jusqu’ici et devient un meurtrier monolithique sans sincères motivations. A la décharge des auteurs, ils durent faire face à un problème inattendu: la défection de l’actrice Amy Steel.

 

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L’héroïne du film précédent devait revenir dans une intrigue se déroulant dans une institution psychiatrique, où elle se retrouvait enfermé à cause de son traumatisme. Jason, toujours vivant et à sa poursuite, massacrait alors patients et médecins sans que la final girl ne puisse convaincre quiconque du danger comme tout le monde la croit paranoïaque. Un concept assez proche de Halloween II sorti l’année d’avant, et qui fut plus ou moins recyclé dans le cinquième Vendredi 13. La nouvelle histoire propose alors une autre protagoniste qui a elle aussi déjà eu une rencontre avec le tueur de Crystal Lake par le passé, mais hormis une ou deux répliques cela n’a aucune incidence sur les évènements très basiques qui sont ici narrés: ayant survécu à ses blessures et fuyant la police, Jason se cache dans une grange situé sur le terrain d’une maison isolée au bord du lac. Mais un groupe de jeunes débarque pour y passer quelques jours et il va aussitôt se remettre au boulot la nuit venu.

 

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Et c’est à peu près tout pour ce troisième opus qui ne cherche jamais à développer le moindre élément ou personnage, et qui ne possède toujours pas les talents d’un Tom Savini pour accentuer sa violence. Pourtant ils s’y mirent à trois pour écrire tout ça la production amenant un Petru Popescu pour réviser le script et rendre les choses “plus sinistres et plus menaçantes” (lequel ne fut pas crédité pour son travail). Du vent, puisque la Paramount se dégonfla aussitôt qu’il fallu creuser le passé de la nouvelle héroïne, qui un an plus tôt fit une fugue et croisa Jason dans les bois. Il est clair que le monstre la viola et quelques dialogues évoquent sa réticence à propos de l’acte sexuel, mais globalement tout ce qui touche à cette sous-intrigue a été abandonné de peur d’aller trop loin. Pareil pour le nouveau look du meurtrier qui passa par trois maquillages similaires mais de moins en moins grotesques (le premier conçu par rien de moins que Stan Winston, et un second très Toxic Avenger le temps d’un flashback).

 

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Et rebelote pour la conclusion, qui comme dans l’original montre la survivante échapper au tueur et faire un cauchemar pour un ultime jump scare, à l’origine assez violente. Celle-ci devait retourner à la grange en croyant apercevoir son petit ami disparu, pour être accueillie par Jason qui la décapitait d’un coup sec. Belle et bien tournée, la scène a été remplacée par une imitation peu réussie de celle du radeau du premier film, remplaçant le petit garçon par sa maman. Le sursaut est incomparable tant elle est présentée platement, et s’il est appréciable de retrouver le concept abandonné d’une Mme Voorhees zombie de Part 2, le film se termine sur une déception de plus. Car la seule chose qui intéressait les responsables était les effets 3D, gimmick alors très à la mode (Amityville 3D, Les Dents de la Mer 3D) mais totalement creux qui se limite à balancer quelques trucs à l’écran pour divertir le spectateur: petite souris, pop-corn, bout de bois et yo-yo, et en quelques occasions seulement des yeux arrachés et gouttes de sang.

 

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Part 3 a au moins le mérite d’avoir un plus gros bodycount que ses prédecesseurs avec une bonne douzaine de meurtres au total: hachoir dans la poitrine, aiguille à tricoter dans la nuque, égorgements et coups de machettes. Et si la censure veille au grain, certaines mises à mort se montrent tout de même créatives. Jason tir au fusil harpon dans l’oeil d’une fille, transperce un punk avec une fourche, qui passe une main dans son dos pour toucher les piques qui en ressortent, jette un hippie contre le compteur électrique et broie un crâne à mains nues avec tellement de force qu’un globe oculaire est éjecté de son orbite. Un type s’amusant à marcher sur les mains se retrouve avec une lame plantée entre les jambes (cela filmé depuis un faux plancher transparent), un tissonier chauffé à blanc traverse un corps pour se refroidir avec son sang, et le meurtre de Kevin Bacon est rejoué avec une femme et un couteau de chasse, le résultat malheureusement coupé au montage dès que la lame émerge de sa poitrine.

 

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Il faudra au moins ça pour fermer les yeux sur le rythme mou du genou et les étranges décisions qui parasitent le film, comme cette hilarante musique disco qui ouvre le générique, cette demoiselle présentée comme enceinte sans que cela ne revienne jamais sur le plat et qui se fait abattre comme le reste, ce bouseux qui goutte à la nourriture de son poisson avant de foncer au toilette avec de grands bruits de chiasses, ou ce clochard illuminé qui sert de Crazy Ralph du pauvre le temps d’une scène. Dire que ce troisième opus fut conçu dans la précipitation est un euphémisme et cela se ressent, heureusement tout n’est pas à jeter. Un personnage lis un article de Fangoria sur Tom Savini, un autre imite Michael Myers pour effrayer ses amis et la scène de la douche de Psychose est parodiée dans le sens où elle ne propose aucun meurtre. Le clown de service qui s’amuse à prétendre être mort est ignoré par ses amis quand il agonise pour de vrai, et un couple pense que le hurlement d’une victime est un orgasme.

 

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Et tout simplemen, il faut admirer le fait que pour un film intitulé Friday the 13th, les évènements se déroulent en fait les jours suivant, les Samedi 14 et Dimanche 15, puisque c’est une suite immédiate du Tueur du Vendredi. Ce qui nous amène à Jason, qui certes n’est plus qu’un colossal mongoloïde exterminant tout ce qui se trouve devant lui, mais gagne au passage son look emblématique par total accident. Peu satifsait de son apparence ringarde les producteurs décidèrent de lui offrir un lifting, faisant disparaître sans explication sa barbe et sa longue chevelure, et l’envoyant voler de nouvelles fringues dès le début de l’aventure. C’est à visage découvert qu’il devait agir par la suite, gardé dans l’ombre jusqu’à l’ultime révélation, mais parce que le superviseur des effets 3D était fan de hockey, un vieux masque fut proposé en guise d’alternative. Un vrai modèle (celui des Red Wings de Detroit) qui fut cependant modifié pour être visuellement plus intéressant et intimidant.

 

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Malgré tout il faut reconnaître que Jason n’est pas encore complètement lui-même. Il grogne de douleur, esquive les coups, tente d’intimider une camionnette mais saute hors de sa trajectoire quand le véhicule ne s’arrête pas, et boite salement après une blessure à la jambe. Après tout il n’est encore qu’un sauvage à ce stade de sa carrière, mais il laisse entrevoir par moment la tenacité qu’on lui connait: quand une conductrice lui coince les mains avec la vitre de sa portière, il se libère en brisant la glace d’un bon coup de boule, et quand la final girl le fait chuter du hangar avec la corde autour du cou, il se libère sans aucun problème. En fait il continue d’avancer vers sa proie malgré une hache plantée dans le crâne, montrant déjà cette invulnérabilité cartoonesque qui va devenir sa signature. A côté de ça les autres personnages n’ont pas grand chose à proposer, et on reconnaitra juste Dana Kimmel en remplaçante d’Amy Steel, vu dans le (pseudo) slasher Sweet Sixteen à la même époque.

 

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S’il est indubitablement mauvais et qu’il ne tient pas la comparaison avec ses aînés ou la forte concurrence d’alors (Amitville II, Creepshow, Halloween III, Poltergeist, The Thing), Meurtres en Trois Dimensions se montra suffisament rentable pour que la Paramount donne le feu vert à une nouvelle suite – non sans prendre un peu plus leur temps cette fois-ci. Une séquelle qui fut annoncée comme la toute dernière, Tom Savini revenant d’ailleurs pour mettre le point final à l’odyssée sanglante de Jason. Un Chapitre Final qui surclasse ce Part 3 haut là main, au point que la franchise continua son bonhomme de chemin pour le reste de la décade. Comme son protagoniste qui se relève sans cesse pour continuer à faire ce qu’il sait faire de mieux, la saga Vendredi 13 endura censures et critiques jusqu’à la mort assez naturelle du genre à la fin des années 80. Genre dont elle donna pratiquement naissance, et qui ne fut jamais complètement le même après sa disparition, avant qu’il ne se réinvente avec le succès de Scream.

 

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3 comments to Friday the 13th Part 3 3D (1982)

  • Blue Espectro Blue Espectro  says:

    J’ai toujours eu une grande affection pour cette épisode. Mon préféré avec le chapitre 7 (mon tout premier Jason).

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      C’est à la fois cool et dommage que Part 7 soit ton premier. Superbe Jason, mais horrible censure.

  • Blue Espectro Blue Espectro  says:

    C’est clair qu’ils n’y sont pas allés de main morte… Mais bon, j’avais 14-15 ans quand j’ai découvert le film. A cette époque, je commençais tout doucement à découvrir le cinéma de genre et le « peu » (de gore) était déjà assez impressionnant.

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