Fred Ward (1942-2022)

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Fred Ward était l’acteur le plus cool du monde. Ce n’est pas moi qui le dit mais un journaliste de Mad Movies dont je ne me souviens plus le nom il y a bien longtemps, dans je ne sais plus quel numéro à propos de je ne sais plus quel sujet. Mais cela ne m’empêche pas d’être totalement d’accord avec lui, et beaucoup le sont sans doute aussi. Une impression qui provient peut-être du parcours atypique du comédien , issu d’un milieu défavorisé et qui aura vadrouillé un peu partout au grès du vent. Ainsi ses parents divorcèrent alors qu’il n’avait que trois ans, la faute à son père alcoolique souvent incarcéré, et sa maman refit sa vie avec un forain, faisant que la famille bougea très fréquemment sur tout le territoire. A moitié Cherokee, Freddie Joe Ward se retrouva membre de l’US Air Force, boxeur (se cassant trois fois le nez), bûcheron en Alaska, concierge et cuisinier pour fast food, pour au final se retrouver à Rome comme doubleur anglais pour les versions internationales ! C’est là qu’il se fit repérer par le réalisateur Roberto Rosselini qui l’engagea comme acteur sur deux de ses films.

Le début d’une nouvelle carrière qui fonctionna merveilleusement puisqu’il ne la quitta jamais, très vite consolidée par sa présence aux côtés de Clint Eastwood dans L’Évadé d’Alcatraz. Des stars, il en cotoya bien d’autres comme Gene Hackman (Retour Vers l’Enfer), Kurt Russell (Swing Shift), Meryl Streep (Le Mystère Silkwood) et même Vincent Price dans Catchfire, de et avec Dennis Hopper. Il tourna dans le neo western Cœur de Tonnerre, avec Val Kilmer et produit entres autres par Robert De Niro, dont le sujet touche à ses racines indiennes, et dans Carny avec Gary Busey et Jodie Foster, qui se déroule dans un environnement similaire à celui où il a grandit. Mais bien sûr s’il ne fallait garder qu’un seul de ses partenariats avec célébrités, ce serait son duo avec Kevin Bacon dans Tremors, comédie horrifique légendaire dont personne n’a jamais dit le moindre mal. Il reprit le rôle de Earl Bassett sans son compagnon dans la suite DTV, Tremors 2, qui lui donne la vedette comme il se doit et se trouve être très fun malgré son budget au ras des pâquerettes. Il ne revint hélas pas dans Tremors 3 mais son personnage y est évoqué et présenté comme le fier propriétaire d’un parc d’attraction sur le thème des Graboïdes.

 

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Pas grave puisque des rôles mémorables, il en aura eu à la pelle. Celui de Remo Williams pour ne citer que lui, personnage d’une série de romans qui faillit devenir une longue franchise à la James Bond. D’ailleurs le metteur en scène n’est autre que Guy Hamilton. Le destin en décida autrement, mais Remo Williams: The Adventure Begins demeure une excellente série B où notre gaillard obtient des pouvoirs ninjas et affronte de méchants ouvriers en haut de la Statue de la Liberté. Encore une fois il n’apparait pas dans la suite, Remo Williams: The Prophecy, séquelle télévisée ayant servit de pilote à une série jamais produite. Un autre personnage badass qu’il aurait pu jouer plus d’une fois, c’est celui du détective occulte Harry Philippe Lovecraft, héros du très sympathique Cast a Deadly Spell où figure aussi Julianne Moore. De la pure weird fiction où humains et créatures surnaturelles cohabitent dans un Los Angeles des années 40 façon film noir. Un petit bijou en avance sur son temps (de nos jours ça donnerait une série avec six saisons) qui fut rebooté aussitôt par ses producteurs après ça.

Witch Hunt refait la même chose, ramène les mêmes personnages, mais dans les années 50 et sans continuité directe, et c’est Dennis Hopper qui remplace Freddie. Pas un mauvais choix, mais cela change beaucoup le protagoniste. L’acteur affronta l’hilarant Leslie Nielsen dans Y a t-il un Flic Pour Sauver Hollywood ?, jouant un gangster qui fini catapulté dans les airs comme Vil Coyote pour se retrouver tête la première dans les toilettes d’un avion, délogeant le type qui était assis sur le trône, et se retrouva dans Joe la Crasse pour incarner l’horrible père du protagoniste, du genre à abandonner son môme pour mieux le prendre dans ses bras lorsque celui-ci est devenu célèbre. Dans un registre plus sérieux il figure dans le génial survival Sans Retour de Walter Hill, sorte de Délivrance militaire dans les marais de la Louisiane avec un casting cinq étoiles (Brion James, Keith Carradine, Peter Coyote, Power Boothe, Sonny Landham) et la musique hantante de Ry Cooder. Un must. Toujours avec Coyote, il partage l’affiche de Timerider: The Adventure of Lyle Swann, petit film de SF plus eighties tu meurs.

 

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Il y est pilote d’essai pour une motocross high-tech et se retrouve catapulté en plein Ouest sauvage par erreur. Armée de son engin et de son super-casque, il va aider quelques cowboys à déjouer les plans d’une bande de desperados pour une aventure qui préfigure pas mal L’Armée des Ténèbres. Dans l’oublié Poursuite il se retrouve un peu perdu entre Keanu Reeves et Morgan Freeman, faisant plus souvent acte de présence dans un film de chasse à l’homme qui débute sur une impressionnante explosion nucléaire. En revanche il cabotine à mort dans The Crow: Salvation, où il semble a priori mal casté comme chef de police psychopathe qui se scarifie en s’implantant des clous sous la peau du bras, mais gagne vite les faveurs du public tant il exagère. Sadique pervers, il s’amuse à montrer sa cicatrice au pauvre héros coincé sur la chaise électrique au début de l’histoire, celui-ci ayant été faussement accusé du crime dont il est responsable, juste pour le faire sombrer dans le désespoire avant que la Mort de l’emporte. Question perfomance douteuse, c’est plutôt du côté de The Chaos Factor qu’il faut chercher.

Freddie s’y emmerde à mourir dans cette petite production PM Entertainement mal branlée, avec un Antonio Sabato Jr. en plastique et un R. Lee Ermey en autopilote. Un téléfilm qui ne vaut que pour le look post-Matrix sexy d’une jolie tueuse asiatique. Peu intéressant aussi ce Invasion: Earth, mini-série forcément ultra cheap (et ultra bavarde) puisque coproduite entre la BBC et Sci-Fi Channel. Chiante également la seconde saison de True Detective, où l’acteur débarque le temps d’un ou deux épisodes seulement, déception confirmée par pratiquement tout ceux qui ont vu et aimé la première. On en restera plutôt à ses apparitions dans les vieilles séries L’Incroyable Hulk et la honteusement méconnue L’Auto-stoppeur. Enfin citons de nouveau Retour Vers l’Enfer, puisque outre Hackman il y croisait aussi aussi Robert Stack et le regretté Patrick Schwayze, mais surtout Michael Dudikoff, Reb Brown et Tim Thomerson ! C’était un peu ça, Fred Ward: un mec capable de faire le pont entre le grand Hollywood et le petit circuit, et si tout le monde rappelera qu’il fut dans L’Étoffe des Héros avec Ed Harris et Scott Glenn, j’évoquerais plutôt Le Vent Sombre avec Lou Diamond Phillips, thriller atmosphérique comme on aimerait en voir plus souvent.

 

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Bref, il nous manquera Fred Ward, même s’il avait prit sa retraite en toute discrétion vers 2015. C’est à l’âge de 79 ans qu’il nous a quitté ce 8 Mai, même si la nouvelle ne nous est parvenu que ce foutu vendredi 13 dernier. La famille n’a pas souhaité communiqué les causes du décès. Il est survécu par son fils unique, Django Ward, qui tel le cowboy de Sergio Corbucci a été nommé ainsi d’après le fameux musicien dont il était un grand fan.

 

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