Flesh Eater: The Revenge of the Living Dead
(1988)
Avec la Zombie Walk Paris qui s’est terminée ce week-end et Halloween qui arrive au suivant, voici l’occasion parfaite pour parler de FleshEater, ou plutôt Flesh Eater: The Revenge of the Living Dead comme semble l’indiquer le titrage vidéo.
Le film est signé Bill Hinzman, un nom qui vous dit peut-être quelque chose car il était le tout premier zombie a apparaître à l’écran dans La Nuit des Morts-Vivants: celui qui, dans le cimetière, tuait Johnny et forçait Barbara à fuir en direction de la ferme. Quelques vingt ans plus tard, l’acteur reprend du service dans une œuvre qu’il écrit, produit et réalise en plus d’y apparaître sous la forme d’un mort-vivant très ressemblant a celui qui l’a rendu célèbre.
A la manière des arnaques montées par John Russo (Children of the Living Dead), Flesh Eater emprunte pratiquement tout au film de George Romero. L’invasion progressive des morts-vivants, la ferme isolée où se réfugient les survivants, la milice qui prend les choses en main, et jusqu’au final qui voit quelques bouseux abattre les héros en pensant avoir affaire à des zombies. Quant au cadavre ambulant joué par Hinzman, il échappe au massacre final, laissant sous-entendre que tout ceci pourrait être une préquelle de l’illustre modèle.
De nombreuses références renforce la parenté entre Flesh Eater et La Nuit: l’intitulé lui-même provient d’un des titres originaux du film de Romero (Night of the Flesh Eaters). L’acteur Vincent Survinski, qui abattait Ben à la fin du film, revient ici dans un rôle quasi similaire et la ferme assiégée est désigné comme appartenant aux Spencer, comme dans le roman La Nuit écrit par John Russo. Enfin, comme nous l’avons déjà dit, Hinzman reprend le rôle d’un mort-vivant grimaçant même s’il ressemble ici beaucoup plus à Gerrit Graham dans C.H.U.D. II qu’à la goule historique qu’il a incarné.
L’histoire prend cependant quelques distances avec l’aspect science-fiction évoquée dans La Nuit. Ici le peu de background qui nous est offert évoque la présence d’un culte satanique ayant œuvré dans la région il y a longtemps, lequel aurait apparemment pratiqué des sacrifices humains. Pour le reste il faudra se contenter de l’étrange découverte d’une sépulture dans la forêt par un fermier. Arrachant une énorme souche d’arbre, il découvre dessous une épaisse dalle en pierre gravé d’un pentacle. Encore en-dessous, un vieux cercueil avec une gravure pour le moins prévenante:
“… This Evil
which will take
flesh and blood
from thee
and turn all ye
unto evil…”
Et plutôt que d’alerter les autorités, notre brave pecnot arrache le cadenas rouillé protégeant la tombe et met à jour un cadavre qui s’empresse de se réveiller et de le mordre au cou. Qui est ce zombie ? Une victime de ces sacrifices humains ou un disciple de Satan mis en terre par ses confrères ? Et dans tout les cas, pourquoi tant de protections et d’avertissements ? Autant de questions que l’on ferait mieux d’oublier car l’invasion des morts-vivants commence aussitôt, chaque personne tué par Hinzman revenant à la vie pour se nourrir de chair humaine. Oui, même celui empalé par une fourche et qui n’a même pas été touché par notre flesh eater.
Ce qui s’ensuit est un enchainement de séquences qui n’ont pas vraiment de liens entre elles, hormis sur le tard la présence d’un couple, personnages “principaux” fuyant les morts-vivants d’un endroit à l’autre sans jamais vraiment rien faire d’autre. Les vingts premières minutes, longues à démarrer, nous montrent ainsi l’habituelle fête de jeunes qui tourne mal lorsqu’interviennent enfin les rares zombies du coin. Les survivants vont vite se réfugier dans une ferme isolée, la tension montant rapidement lorsque l’un d’eux refuse d’ouvrir à ses camarades toujours à l’extérieur et que la police ne croit pas à leur histoire.
Si jusqu’ici nous sommes sur le terrain très classique du slasher, avec la mise à mort progressive d’une bande de teenagers fornicateurs et buveurs de bière, le script surprend car ne pointant pas particulièrement de personnages principaux et éliminant d’entrée de jeu la quasi totalité du petit groupe ! Un bon point malheureusement vite contrebalancé par l’écriture décousue de la suite des évènements. Flesh Eater ne progresse plus vraiment et s’enlise dans la même séquence répétée encore et encore, laquelle montre simplement des zombies arriver quelque part et attaquer les humains présents. Seul fil rouge: un couple ayant survécu à la première attaque qui passe par là en espérant se faire aider, en vain.
Le scénario semble rebondir lorsque l’on suit alors les troupes d’extermination montées par la police, mais là encore on se retrouve prit dans une boucle: la même scène de ces quelques ploucs, armés de fusil et faisant un carton sur trois malheureux zombies, encore et toujours. Le nombre de munitions utilisés est d’ailleurs assez astronomique (j’ai compté environ 30 coups de feu pour 3 cibles !). Puis subitement on réalise que tous les morts-vivants croisés dans le film sont anéantis. Quelques coups de feu, une grange où sont supposément réunis d’autres zombies est brûlée, et voilà. Aucun retournement de situation ne vient entraver ce dénouement soporifique, aucune tension dans la mise en scène, Flesh Eater se contente de s’arrêter, comme ça.
En guise de conclusion, Hinzman se permet inexplicablement de survivre, surgissant des ruines sans la moindre trace de brûlure là où ses semblables ne sont plus que des corps calcinés, et le jeune couple qui avait tenu jusqu’ici se fait abattre sans la moindre surprise par un chasseur qui ne semble même pas les entendre crier. Si l’idée était de nous surprendre, elle a vingt ans de retard…
Avec un rythme mou et peu de renouvellement dans ses péripéties, Flesh Eater ne peut guère compter sur autre chose que le facteur “choc” des scènes gores et sur la nudité féminine plutôt abondante pour accrocher ses spectateurs. Et à ce titre il faut plutôt lui reconnaître quelques idées farfelues: un nez arraché à la bouche, un cœur extrait à mains nues, quelques headshots bien placé et même un poing transperçant un dos pour ressortir de la poitrine. Mais hormis ces séquences, il faut surtout se contenter de quelques morsures dans le cou, façon vampire donc sans aucun impact. Le quota de nue s’en tire un peu mieux avec une jeune femme dévoilant ses seins dès les 10 premières minutes de film.
Plusieurs candidates révèlent ainsi leur poitrine, et l’une d’entre elles se montre même intégralement au spectateur, sa serviette de bain lui étant arraché par Hinzman lui-même lors de son agression ! Plus gratuit tu meurs, et il faut d’ailleurs souligner l’étrange perversité de nos zombies qui prennent l’habitude de toucher les seins de leurs victimes…
Ne soyons pas langue de bois, Flesh Eater: Revenge of the Living Dead est mauvais. Il est même très mauvais, rongé par un amateurisme absolument hilarant. Il faut voir ce bouseux expliquer à ses collègues qu’il ne peut pas tirer sur le zombie en face de lui parce qu’il s’agit de sa fille, la scène étant entièrement doublé avec des voix plates et peu concernées ! Les nombreux figurants surjouent les scènes de peur ou de mise à mort en tirant la langue, et les dialogues font mouches:
“– Hey, why don’t you ever kiss me like that ?
– Well, maybe if you had tits like her I would”
Techniquement parlant, le film est à la ramasse. Certes le grain 16mm confère à l’image un côté brut assez bienvenu mais soulignant le manque de budget de l’entreprise. Le montage aurait pu permettre de dynamiser les scènes mais fait tout le contraire: la même musique tourne en boucle pendant toute la durée du métrage, devenant rapidement crispante, et les bruitages et doublages sont de pauvre qualité (quelques grognements agacés pour représenter les râles d’agonie de zombies brûlés vifs).
Ici et là cependant surnagent quelques bons moments, à commencer par cette petite fille déguisée en ange qui ouvre la porte à Hinzman le soir d’Halloween. Suivant sa mort, elle sera retrouvée plus tard avec une aile en moins, parfaitement immobile dans le jardin auprès d’un moulinet à vent. Une image saisissante, pour le coup à la hauteur d’un bon film de morts-vivants. On peut également évoquer le sort réserver à son grand frère, fuyant la maison envahie en passant par la porte de derrière pour mieux tomber dans les bras d’un autre zombie.
C’est mince et peu sont ceux qui arriveront à s’en contenter. Flesh Eater n’est ni un bon film de morts-vivants ni un bon hommage au classique du genre. En le voyant aujourd’hui, il n’apparaît guère différent de toutes ces vidéos trouvables sur Internet et réalisées en amateur par quelques amis. Triste constat, mais pour se rassurer on peut toujours se dire qu’il y a pire. D’ailleurs dix ans plus tard, Hinzman se glissera une nouvelle fois dans la peau du mangeur de chair humaine pour le compte de John Russo, dans l’ignoble édition du 30ème Anniversaire de La Nuit des Morts-Vivants…
Et Halloween continu !
Rien ne vaut Georges Romero.