FLAGELLATION MENTALE
Le Chatterton ne me servira pas cette fois. Je m’assois dans un coin et utilise une pince pour retirer les chevrotines logées dans mon ventre. Mes entrailles me brûlent, ma blessure était plus grave que je ne le croyais. Je serre les dents pendant mon opération.
Pourquoi ne pas rester là à pisser le sang ? Ça serait vite fini.
L’extraction semble durer une éternité, des points noirs apparaissent devant mes yeux. Je sais pas ce qui me fait tenir, mais quand tout est terminé et que je m’attaque aux sutures, je pris pour qu’il m’en reste encore.
La douleur m’aide à me sentir vivante…
Plus que la compresse avec du sparadrap. Je m’occupe ensuite des éraflures subit pendant la “mission diplomatique” pour le Royaume… Aïe, c’est pas beau à voir non plus. Vive les talents de chirurgien. Après ça, je retire le Chatterton de ma main blessée et la soigne comme je peux.
Ça fait si mal…
Je m’arrête là. Retirer la bande adhésive de mes bras me semble une tâche impossible.
Je manque de tourner de l’œil.
Je me retape comme je peux. Quand c’est fini, je vais pas mieux, mais c’est toujours ça.
Mon corps est une ruine. Je suis un déchet à l’intérieur, mais l’extérieur n’est pas mieux. En plus je tremble énormément et j’ai comme des faiblesses… Des fourmis dans le corps, des nausées.
C’est la fièvre.
Bah. Elle finira bien par descendre. Et puis la douleur m’aide à surmonter cette fièvre et la sensation de mollesse qui m’emporte. Si je n’avais pas cette douleur, j’aurai l’impression d’être dans du coton.
Ça m’anesthésie. Faudrait peut-être que je m’allonge cinq minutes.
Je crois que je suis malade… Trop de fièvre…
Faut que je me soigne mieux que ça.
Ma tête tourne quand je me lève et que je marche. Mais je m’accroche. Le sang arrête de couler, les sutures tiennes. Je peux continuer à marcher. Tout va bien.
Je me rappelle avant… Lorsque j’allais mal et qu’il me portait, qu’il me réconfortait.
L’est plus là. Peux tenir le coup. J’avance alors qu’un tourbillon emporte mon champ de vision. J’ai du mal à tenir en équilibre. Je me sens si faible. C’est pas uniquement la fièvre… J’ai perdu trop de sang…
Il était si gentil quand j’allais pas bien…
Faut que je me reprenne. Que je me ressaisisse.
Tellement de bien… Quand j’étais contre lui…
Que j’arrête de me lamenter. Je suis forte.
… C’était si bon…
J’arrive à avancer. Tout devient flou. Autant se retrouver dans une Ombre où je pourrais m’asseoir sans risque de me faire repérer par quelqu’un. Un endroit où j’ai l’habitude d’aller… Voyons… C’est difficile, va falloir faire confiance à l’instinct.
Son odeur, sa présence… C’était si…
Peux plus tenir. Vais me trouver un coin pour me reposer. Juste cinq minutes. Je reconnais l’Ombre malgré les points noirs et les tournis.
Son souvenir m’aide à marcher.
Je peine, j’ai trop mal. Mon ventre me brûle, je plaque un bras dessus. Je boite lamentablement vers la forme sombre.
J’y arriverai.
Je peux presque l’atteindre. Mais je peux pas y aller comme ça. Je fais apparaître un bouquet de fleurs dans ma main libre. Des roses noirs.
J’y suis presque.
Ça tangue de trop. Je m’entends souffler. Je force pour y arriver… Mes sutures n’ont pas tenues. Le sang se remet à couler et goutte au sol. Mes forces me lâchent. C’est à peine si je distingue l’imposante construction devant moi.
… Presque…
A peine à un mètre , je m’arrête. Peux plus bouger.
Je tombe.
“Aah…”
J’ai trébuché à mon dernier pas. Plus la force. Je tombe à la renverse et ne tente rien pour amortir la chute. J’essaye juste de lever mon bouquet de fleur, qu’il puisse être en place malgré tout.
Je suis par terre…
J’atterris lourdement. Face contre sol. Un bras le long du corps, l’autre tendu, la main ouverte.
Le bouquet… Il a roulé de quelques centimètres pour atteindre son but.
Maintenant je devrais me relever… C’est pas la mer à boire.
Il fait si sombre…
Et merde… Je vais…
Vincent, je t’…
NOIR…
NOIR…
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