Deathstalker V

Il y a quelques temps je vous parlais du retour inattendu de Deathstalker sous la forme d’une BD, idée délirante que l’on doit entre autre au guitariste de Guns N’ Roses et au réalisateur de Psycho Goreman. Depuis, quelques pages finalisées ont été présentées mais je ne suis pas revenu sur le sujet vu le peu d’intérêt que cela a engendré ici, et du fait que j’ai été légèrement déçu de voir le barbare blond être transformé en un guerrier brun peu ressemblant, contrairement à ce que laissait présager l’illustration de présentation du projet. Rien de grave en soit, d’autant que deux acteurs châtains et peu musclés ont aussi incarnés le personnage dans certaines suites, et qu’il n’y a aucune continuités entre les films de toute façon, néanmoins ce changement était un peu étrange vu comment les responsables chantaient les louanges du premier opus dans leurs discours promo. J’aurai dû creuser un peu plus car ce choix apparaît en fait volontaire et basé sur le physique de l’acteur Daniel Bernhardt, ancienne star du cinéma d’action qui remplaça JCVD sur les Bloodsport.

En récupérant les droits de Deathstalker pour leur comic-book, et avec un metteur en scène dans le groupe, les créatifs ont dû réaliser qu’ils pouvaient tout aussi bien pondre un nouveau volet. Après tout Steven Kostanski tente depuis longtemps de rendre hommage au sword and sorcery des 80s (voir ses courts métrages Goreblade et W is for Wish), et pour être honnête ce n’est pas le budget qui devrait poser problème considérant que la série entière a été conçue avec trois bouts de ficelle. Une campagne Kickstarter a été lancée le 8 Mars dernier et elle s’est conclue avec succès il y a quelques jours en remportant plus de 95.000 dollars sur les 69.443 demandés. Croyez-le ou non mais la production est déjà bien avancée puisque le but de cette levée de fond n’était pas pour financer le film, mais juste booster le budget des effets spéciaux que le cinéaste veut à l’ancienne. Sa marque de fabrique évidemment, mais on peut le comprendre car quiconque a vu Tales of an Ancient Empire sait à quoi ressemble un pseudo Conan à la sauce CGI.

On nous promet donc costumes en latex, maquettes, stop-motion et même matte paintings, tandis que la légende vivante Boris Vallejo – l’artiste derrière les sompteux posters de la franchise – fut commandité pour livrer une ultime affiche comme on en fait plus de nos jours. Passons sur les détails inintéressants (la chose sera produite au canada par Hangar 18 Media, une filiale Raven Banner Entertainment, Slash est crédité en producteur exécutif) pour réviser l’intrigue qui est visiblement la même que celle du graphic novel, avec peut-être quelques subtiles différences: le royaume d’Abraxeon est attaqué par les Dreadites (ça sonne comme Deadites), une horde de monstres préparant le retour du sorcier Nekromemnon, supposé mort il y a longtemps. Deathstalker est un vautour qui pille champs de bataille et villages anéantis pour survivre, jusqu’au jour où il découvre une amulette magique qui lui refile une malédiction. Il est désormais poursuivit par les créatures et se lance dans une quête pour détruire le sortilège et sauver sa peau.

A la manière de Psycho Goreman, l’idée est de proposer un bestiaire loufoque et bien garni comme la saga n’en a encore jamais vu faute de moyen, et la note d’intention est clairement de rendre hommages aux séries B de vidéoclub qui sortaient à la même époque. Parmi les monstres élaborés citons le Boglodyte, abomination marécageuse inspirée par le cinéma d’horreur Italien et notamment du Conquest de Lucio Fulci, et Despairon, gros golem armé d’un marteau en pierre et dont la tête tourne sur elle-même pour afficher différentes émotions, à la manière du Jester de Puppet Master. L’un de ces visages serait doté de yeux en émeraudes capablent d’émettre un feu vert surnaturel. Le Pig-Man du premier Deathstalker, qui revenait déjà par le biais de stock footages dans les séquelles, a été redesigné avec les Porcoflics de Duke Nukem 3D en guise de référence. Enfin les soldats Dreadites ont été designés d’après les Slayers de Krull, et plus bizarrement par le masque du tueur de The Town That Dreaded Sundown.

D’autres bestioles apparaissent dans les divers croquis, photos et vidéos disponibles sur Kickstarter, mais il faudra attendre un peu pour savoir combien verront le jour au total. Au vu des précédents efforts de Kostanski il n’y a sans doute pas trop à s’inquiéter, pas plus qu’il n’y a de doute à avoir quant aux compétences physiques de Daniel Bernhardt, certes plus vieux qu’à la bonne époque mais toujours aussi efficace (après tout il fut le premier à botter le cul de John Wick). Je conclurais en disant aussi que tout crowdfunding proposant une grosse épée de GN avec le nom Deathstalker gravé sur la lame pour récompense ne peut pas être mauvaise. Oh, et bien sûr le film ne sera pas vraiment nommé Deathstalker V puisque c’est un reboot, mais bon. Il fallait bien attirer l’attention des visiteurs sur ce site et encore une fois il n’y a pas de véritables connexions entre les premiers épisodes. Ou presque car le dernier… Bref, peu importe. Croisons juste les doigts pour que le résultat soit satisfaisant, le nullard Leprechaun Returns – lui aussi chaperonné par Kostanski – ayant prouvé que cette formule n’est pas toujours gagnante.