Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 23
Damsel In Distress
L’ÉCARTÈLEMENT DE LARA CROFT
Tomb Raider – Tower of Souls (2004)
Octobre arrive et avec lui l’automne. Le froid commence déjà à s’installer et il va falloir trouver un moyen de se réchauffer. Alors pourquoi pas avec la splendide Lara Croft, dont le nouveau jeu vient de sortir ? Faire tourner sa PS4 pendant plusieurs heures peut ainsi faire monter la température de quelques degrés. Heureusement pour ceux qui n’ont ni console ni bon PC, on peut arriver au même résultat en contemplant simplement les courbes sensuelles de l’héroïne ! Quelques comics peuvent suffire pour tenir l’hiver, d’autant que certains numéros sont un peu plus épicés que d’autre. Comme par exemple Tower of Souls, publié en son temps dans les numéros 43 et 44 de la revue consacrée à l’exploratrice chez Top Cow (un studio qui porte bien son nom). Dans cette aventure signée James Bonny, la plantureuse pilleuse de tombe se rend en Irlande afin de mettre la main sur un ancien talisman celtique, le Dolmen Emerald, qui aurait quelques pouvoirs sur les Morts comme sur les Vivants. En fait un objet maudit qui, s’il peut rendre son possesseur immortel, doit être constamment chargé en âmes humaines et oblige ainsi des assassinats fréquents. Sans surprise, elle retrace l’objet dans un château réputé hanté et possédant une histoire sanglante…
Le château de Lotte, dans le comté d’Offaly, fut le théâtre d’affreuses tortures commises par le sadique Ian O’Connor au XVIème Siècle. Un noble psychopathe qui tua de nombreuses personnes sous l’emprise du médaillon, perpétuant le massacre à travers les âges pour survivre. Lorsque notre héroïne se rend sur place, elle est évidemment témoins de phénomènes surnaturels et perd même un ami qui l’accompagne. Bien vite elle est agressée par le sbire du responsable, le “gardien” du château dont le véritable job est bien sûr de ramener de nouvelles proies pour son maitre, et si elle parvient facilement à se défendre, elle presse un peu trop le pas après-coup et tombe à travers une trappe. La chute l’amène directement dans la chambre des tortures de O’Connor, lequel fait enfin son apparition. Sonnée, la belle n’est pas en état de se défendre et elle est vite assommée par le tyran fou qui n’apprécie pas trop que l’on tente de lui voler son précieux talisman. A son réveille, elle se retrouve attachée sur un bon vieux chevalet de torture. Une table d’élongation pour être exact, où stretch rack comme on dit en anglais et dans les communautés BDSM. Aussitôt on oublie l’atmosphère humide de l’histoire, qui se déroule dans une Irlande pluvieuse et dans de vieux cachots moisis: Tomb Raider vient d’effectuer un virage à 180° vers un genre totalement différent.
Bien sûr une bande-dessinée à licence, soumise à stricte surveillance de la part des commanditaires, ne va pas subitement se transformer en délire porno-gore à la Elvifrance, mais il faut avouer que nous sommes subitement très loin des jeux vidéos qui ont fait le succès de Miss Croft. Entre le donjon gothique, les fantômes, l’antagoniste aussi sadique que le Bourreau Écarlate de Vierges pour le Bourreau et la tenue de cuir moulant de la prisonnière, Tower of Souls s’aventure dans le domaine de l’Exploitation pure et dure et de la série B. L’image de la demoiselle en détresse soumise au supplice de l’écartèlement est plus émoustillant qu’autre chose, et ça le dessinateur Wilson Tortosa l’a bien compris ! Quand bien même il n’a pas la place – ni l’autorisation – d’en faire trop, représentant le personnage d’assez loin ou cadré serré afin que la scène ne parte pas l’étiquette “horreur” (ou “sexuelle”), il montre juste ce qui faut pour que la séquence face son effet. Pour cela il joue sur les petits détails, comme la position inconfortable dans laquelle est ligotée Lara – à la verticale, le “clac clac” de la roue qui tourne lentement et les cris de douleurs poussés par la jeune femme. Tout cela suffit pour que l’on se fasse une très bonne idée de ce qui se passe.
Naturellement il convient de parler de l’improbable costume porté par l’exploratrice, totalement inapproprié considérant son métier. Pas du tout pratique ni confortable pour les mouvements… mais diablement sexy ! Car outre un pantalon moulant, elle est vêtue d’un corset très serré qui offre un sacré décolleté et une vue plongeante sur celui-ci. Le genre de fringues qui feraient sensation en soirée goth / fétichiste, mais qui doit être très gênant pour les acrobaties, les combats et toutes séquences d’action en général. Toutefois, puisque nous sommes en 2004, à une époque où le féminisme exacerbé et l’ultra réalisme n’ont pas encore gâché les histoires de super-héros, Lara peut se le permettre et le résultat est superbe. D’ailleurs on peut dire que ces vêtements y sont pour beaucoup dans la réussite de cette scène, les épaules et aisselles dénudées renvoyant à sa vulnérabilité totale face à l’écartèlement. Et comme pour opérer un équilibre cosmique, si l’héroïne est belle et désirable, son tortionnaire apparait comme repoussant à l’extrême. Un vieillard aux cheveux crasseux et à la barbe broussailleuse dont un œil est atteint de la cataracte. En bon bourreau, il prend un grand plaisir à effectuer sa tâche, s’éclatant à tourner la manivelle de l’appareil pour soumettre sa victime.
O’Connor n’est pas en reste, impassible et se délectant de la scène avec un sourire pervers. Car son talisman fonctionne en absorbant non pas que les âmes, mais aussi les souffrances des sacrifiés. Il savoure d’avance l’agonie de Lara Croft qu’il annonce très lente… Hélas, trois fois hélas, cela ne peut durer et bien vite un deus ex machina vient délivrer l’héroïne. A force de malfaisance, l’antagoniste n’a pas seulement rempli son château de fantômes mais aussi d’une sorte de démon né des mauvaises énergies des lieux. Celui-ci est en réalité le créateur du Dolmen Emerald, trahi autrefois par l’immortel et désireux de retrouver son bien afin de se libérer de la malédiction. Parce que le médaillon fut exhumé par l’exploratrice, celui-ci se permet alors d’intervenir, s’attaquant aux geôliers et causant la libération de la jeune femme qui va très vite retrouver ses habitudes d’amazone imbattable. O’Connor et son laquais sont détruit, tout comme le chevalet de torture, et ainsi s’achève Tower of Souls et ce savoureux moment de Damsel in Distress. Que ceux qui on trouvé cela trop court se rassure, il y a bien d’autres séquences du même genre dans les nombreux comics Tomb Raider. Pour les autres, il y a toujours l’œuvre de StudioPirrate, alias Rosselito. Prière de ne pas faire de recherche Google à moins de vraiment le vouloir !
Très bon papier comme d’habitude. À quant un mensuel ? 😊
C’est prévu, mais j’ai une liste d’articles longue comme le bras à rédiger, et une flemme sévère à combattre ! Merci en tout cas d’avoir eu le courage de lire 😃