Camp Dread (2014)

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Camp Dread

(2014)

 

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A ne pas confondre avec Club Dread, slasher parodique avec Bill Paxton sorti dix ans plus tôt, Camp Dread (à l’origine intitulé Dead.tv) est la première réalisation du scénariste B Harrison Smith – sans point après le B, à la manière de Forrest J Ackerman, responsable d’une poignée de gros Z que personne n’a jamais vu (Garlic & Gunpowder avec Michael Madsen, Zombie Killers: Elephant’s Graveyard ave Billy Zane, l’horrible Death House écrit par Gunnar Hansen). Si notre bonhomme n’est pas l’artiste le plus talentueux du monde, il essaya quand même de soigner les choses autant que possible pour ce grand saut derrière la caméra, s’occupant du script, produisant et engageant quelques vieilles gloires pour gagner le cœurs des fans. Ce sont Danielle Harris, Eric Roberts et Felissa Rose qui le rejoignent ici, se partageant le haut de l’affiche malgré un temps de présence évidemment limité à l’écran, on sait tous comment cela fonctionne. Mais pourtant au moins deux d’entre eux se retrouvent ici avec des rôles assez conséquent, contre toute attente.

 

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Ce vieux briscard de Roberts incarne Julian Barrett, cinéaste has been dont la seule gloire fut la trilogie Summer Camp qu’il tourna dans les années 80. Des slashers plutôt bien reçu à l’époque jusqu’à ce que l’un de ses acteurs principaux ne se retourne contre lui suite à un “différent artistique” (comprendre: Barrett est un enfoiré se moquant complètement du bien être de son équipe), provoquant la fin de sa carrière. Quelques décades plus tard, grâce au financement d’un mystérieux producteur, il organise secrètement le remake de son premier opus et réunit une petite équipe dans le même camp de vacances ayant servi aux originaux. Une affaire à la limite de la légalité puique ses comédiens sont des jeunes à problèmes condamnés par la Justice et n’ayant pas d’autre choix que de participer sous peine de finir en centre de désintoxication ou en maison de redressement. Pour capturer au mieux leurs réactions, le metteur en scène leur fait croire qu’ils participent à une émission de télé réalité où ils peuvent être éliminés, avec une récompense d’un million de dollars pour l’ultime survivant.

 

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Une compétition qui va réveiller les plus mauvais instincts chez certains, et les participants vont commencer à tomber comme des mouches, tués pour de vrai par un meurtrier dont l’identité nous est pas révélé en un cas classique de whodunit. Le coupable est-il l’un des concurrents qui aurait cédé à l’appât du gain ou à ses démons intérieurs ? Ou s’agit-il de du cinéaste qui serait devenu fou, gardant bien de secrets sur l’organisation de son projet et invitant comme par hasard la personne responsable de sa déchéance ? Dans tous les cas le coupable va bien profiter des règles du show puisqu’il est justement question d’un assassin fictif en charge des éliminations, censé opérer sans prévenir. Il est donc permis de se demander si Barrett ne se contente pas de profiter de la situation pour la tourner à son avantage, filmant ces crimes sans pour autant les commettres ou en être responsable. Un concept plutôt bien orchestré par le scénariste et qui va déboucher sur non pas un seul twist final, mais plusieurs.

 

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Balancés coup sur coup afin de nous surprendre même lorsque l’on pense avoir compris de quoi il en retourne, ils sont de qualité inégales, allant du plus prévisible au plus inattendu. Et si certaines révélations ne seront pas vraiment surprenantes (l’identité du ou des tueurs, la vérité derrière les agissements du réalisateur), d’autres se montrent plutôt originales voir même assez osées en leur genre, se rapprochant parfois plus de La Baie Sanglante de Mario Bava que de l’habituel pseudo Vendredi 13. Un choix volontaire de la part du scénariste qui cherche à rendre ses protagonistes intéressants et à développer l’intrigue au-delà du simple enchainement de mises à mort. Il s’aventure plus d’une fois sur le terrain de la comédie noire, comme dans cette scène où une fausse thérapiste lis au groupe les condamnations de chacun sans se soucier de leur vie privée, déballant autant les petites infractions que les gros traumas. Les jeunes flairent d’ailleurs bien vite le traquenard, questionnant tout ce qui leur arrive tandis que certains stéréotypes sont mis à mal.

 

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Le macho de service cache une personnalité instable qui explique son comportement violent, le camé s’enfuit immédiatement car cherchant sincèrement de l’aide pour son problème, l’associale agressive avoue avoir été violée par son propre frère… Difficle même de ne pas prendre parti pour certains d’entre eux, victimes d’homophobie ou de tragédies personnelles, et dans la plupart des cas ce sont les parents qui semblent être la vraie cause de leurs soucis. Et surprise, c’est exactement là où le film veut en venir au final: SPOILERS ce sont eux les véritables monstres, ayant payé Julian Barrett pour qu’il se débarasse de leurs gamins, sa propre vengeance envers ses anciens acteurs et le tournage du film n’étant qu’une sorte de gros bonus pour assurer son avenir FIN SPOILERS. Cruel mais diablement efficace, plaçant ce slasher un peu au-dessus de la moyenne malgré son petit budget et son point de départ a priori peu original. Les meurtres sont en revanche un peu plus médiocres malgré quelques bonnes idées.

 

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La faute sans doute aux moyens limités de la production qui embaucha feu Cleve Hall pour les effets spéciaux. Un artisan bien connu des fans de la série B que l’on a pu voir un peu partout, que ce soit chez Charles Band (Ghoulies, Troll), Donald G. Jackson (Roller Blade Warriors) ou Fred Olen Ray (Alienator) en passant par la Asylum (2-Headed Shark Attack), mais sans jamais trop en faire, se contentant généralement d’un rôle d’assistant ou de simple fabriquant. Son travail est ici tout à fait passable mais loin des hauts standards à la KNB ou Tom Savini, ou même du do it yourself sauvage de ceux qui tourne de l’ultra gore au caméscope. En gros tout aurait pu être mieux foutu, même s’il faut probablement être déjà heureux de se retrouver avec ce minimum syndicale au lieu du fainéant hors champ souvent employé chez les plus pauvres. Une flèche traverse en crâne en passant par l’oeil, le globe oculaire pendouillant du trait, un type est pendu à un crochet à viande dans une chambre froide et retrouvé agonisant façon The Prowler

 

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Si certaines choses sont assez simples (une strangulation au fil barbelé qui lacère salement le cou), d’autres sont plus créatives ou plus délirantes, comme lorsqu’un pauvre unijambiste se fait casser sa jambe valide avec fracture ouverte avant d’être battu à mort à l’aide de sa propre prothèse ! Quelqu’un est noyé dans un lac de nuit tandis qu’un cygne nage dans l’eau brumeuse à proximité, et une fille qui se rase les jambes dans la douche voit une machette déchirer le rideau pour se tailler une tranche dans son mollet. Le tueur force une victime à boire du détergeant corrosif qui va dissoudre sa gorge et un improbable lance-pastèque est utilisé avec une tête coupée qui va percuter de plein fouet la caboche d’un autre gars, créant le coup de boule le plus absurde qu’on ait jamais vu. Enfin, il a cet instant douloureux où une demoiselle trainée au sol sur un vieux ponton voit son piercing à la lèvre inférieur se coincer sur un mauvais clou et s’arracher lentement alors que le meurtrier la tire en arrière.

 

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Un bilan globablement positif même si l’on a déjà vu plus sanglant, dont on ne déplorera que le coup du sandwich empoisonné qui relève de la paresse pure et simple tant il ne montre rien. Une honte pour le coup, heureusement rattrapée par quelques séquences plus marquantes comme lorsqu’un mauvais joueur laisse éclater sa rage après un jeu et tente de noyer son adversaire, ou quand une nymphomane rembarre le mec qui tente de la séduire en questionnant sa virilité, lui balançant qu’il est si joli qu’elle aurait l’impression d’être lesbienne si elle couchait avec lui. Quelques temps plus tard, elle laisse justement sa copine homosexuelle lui faire des câlins devant tout le monde juste pour embêter garçons qui s’en retrouvent fort troublé. A mentionner aussi la scène de sexe étrange avec ce sociopathe qui refuse de pénétrer sa partenaire, préférant se masturber au-dessus d’elle tant en lui demandant de réagir comme si elle ne voulait pas de lui. Camp Dread ne fait décidément pas dans le conventionnel…

 

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Il faut aussi apprécier un film qui exploite un peu plus ses guest stars, car si Danielle Harris n’est là que pour deux minutes, n’apparaissant qu’au début et à la fin (dans le rôle hilarant du shérif du coin, peu crédible du haut de ses 1m50 – au moins met-elle ses autres formes en valeur avec un débardeur moulant), Eric Roberts apparaît régulièrement tout au long de l’aventure. Il intéragit même avec l’ensemble du casting lors des présentations, et si son visage reste perpétuellement figé dans cet espèce de sourire commercial qu’il nous ressort tout le temps, il n’y a rien à critiquer de sa prestation parfaitement profesionnelle. Tout le contraire de cette pauvre Felissa Rose qui n’a jamais vraiment été actrice et se montre comme souvent incroyablement mauvaise. Mais c’est un véritable second rôle qu’elle obtient ici, sans doute favorisé grâce à sa position de productrice associée, et il est forcément intéressant de la voir ici dans le rôle inverse de celui qu’elle tenait dans Sleepaway Camp.

 

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B Harrison Smith s’est apparemment lié d’amitié avec elle puisqu’il fait constamment appelle à elle sur tous ses autres projets et il a fini par prendre l’habitude de jouer le Rob Zombie du pauvre en s’associant avec un tas d’autres has been rencontrés en convention. Cela n’empêche en tout cas pas ce Camp Dread de mériter le coup d’oeil grâce à ses différentes trouvailles et de sortir un peu du lot malgré quelques similarités dans le propos avec le Fanatique de Matt Flynn et l’habituel aspect meta à la mode depuis Scream. Pour un slasher moderne ce n’est déjà pas si mal.

 

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