Blood Feast 2: All U Can Eat
(2002)
Avec Internet, le cinéma a beaucoup changé. Je ne parle pas d’une évolution dans le style mais dans la façon dont le public perçoit les films, dont ils en parlent et comment ils peuvent influencer leurs devenirs. Et si autrefois de nombreux métrages étaient destinés à demeurer invisibles, à se noyer dans la masse, n’importe qui peut désormais exhumer une perle et attirer l’attention sur elle via le partage de masse. Une perle ou un navet en fait, et ainsi même le produit autrefois perçu comme une petite chose indigne peut accéder au statut d’œuvre culte avec du temps et quelques admirateurs. Et c’est comme ça que des suites de trucs vieux comme le monde ont fini par se réaliser, contre toute attente et alors que plus personne ne les attendaient. Des films comme Samurai Cop, The Deadly Prey, Slime City ou (moins compréhensible) Hobgoblins ont pondu un nouvel opus très tardivement et uniquement pour un public spécifique. Ce sont moins des films que des fanfilms, des produits conçus pour entretenir la flamme d’un public déjà vendu à la cause des responsables et servant avant tout à célébrer l’original de façon un peu spéciale. Comme pour un anniversaire en quelque sorte. Il n’y a rien de honteux là-dedans mais l’objectif reste mercantile au-delà de tout et le résultat ne se compare jamais à l’original, tant sur le fond que sur la forme. D’ailleurs dans certains cas on se retrouve dans l’arnaque pure et simple, lorsque des producteurs sans aucun rapport avec l’œuvre originale tentent de capitaliser sur un nom connu afin de vendre leur merde: souvenons-nous de la Taurus avec leur Creepshow III et Day of the Dead 2, ou quiconque était derrière le combo Return of the Living Dead 4 et 5.
S’il est moins récent que les nouvelles séquelles cités ci-dessus, Blood Feast 2 entre dans cette catégorie et demeure une bizarrerie dans la carrière de Herschell Gordon Lewis. Pensez-vous, sortir une séquelle de Blood Feast, le premier Gore officiel, exactement 30 ans après sa retraite ? Cela n’évoque pas un retour au source mais un gimmick marketing destiné à capitaliser sur un film respecté par toute une communauté. Et capitaliste, le Parrain du Gore l’ai probablement plus que n’importe qui. Car une chose que l’on évoque rarement lorsque l’on parle du réalisateur, c’est qu’il n’est en aucun cas un artiste. S’il a définitivement façonné le genre sanglant, ce n’était que pour se différencier de la concurrence. Le reste de sa carrière, ciné ou autre, il l’a toujours conçue dans l’optique de s’enrichir le plus facilement et le plus vite possible. Il suffit de jeter un œil au titre des livres qu’il a pu écrire au cours de sa vie: How to Write Powerful Fund Raising Letters, Cybertalk That Sells, Direct Mail Copy That Sells !, Marketing Mayhem et j’en passe. Qui plus est, le gore tel que Lewis le pratiquait autrefois est dépassé. Personne ne se soucis d’un film conçu avec quelques abats récupérés chez le boucher du coin et les effets spéciaux plus sophistiqués ont pris le relais, et à partir de là on peut se demander: est-ce qu’un film de H.G. Lewis dont les trucages ont été fait par une tierce personne est vraiment un film de H.G. Lewis ? La question reste posée car le Parrain fait ici appel aux services de Joe Castro, un protégé à lui. Et loin d’être un petit artisan, celui-ci est plutôt un expert dans le domaine puisqu’il possède sa propre filmographie.
L’homme est spécialiste en effets sanglants depuis longtemps, ayant œuvré sur une demi-douzaine de films (Teenage Exorcist, Demonicus, Wishmaster 3, le remake d’Humanoids From the Deep) en plus d’en avoir mis quelques uns en boite lui-même (dont un Troma, puisqu’on y revient toujours, Legend of the Chupacabra). La même année que Blood Feast 2, il réalise également son Terror Toons qui va définitivement lancer sa carrière et lui faire un nom dans le domaine de l’horreur indie. Faut-il y voir une coïncidence ? Peut-être que le Parrain à voulu donner un coup de pouce à un petit jeune, peut-être s’est-il simplement senti trop vieux pour patauger dans les tripes, toujours est-il qu’il cède la placepour la totalité des moments saignants et cela se voit: le maquilleur possède un style bien à lui, très bon par ailleurs, et jamais le gore de Blood Feast 2 ne ressemble à celui de l’original Ce n’est même pas une question d’époque et d’avancement des techniques, mais juste de style. Car le Parrain du Gore aurait surtout dû être nommé le Parrain du Bizarre tant son truc à lui est de surprendre et choquer à la manière d’un vieux forain. Ce qu’il aimait c’était l’extravagance, le petit détail pour gonfler l’impact, et surtout il avait un sens du théâtral qui rendait des scènes “simples” inoubliables (au hasard la langue arrachée, dans Blood Feast). Castro, lui, fabrique des plaies et des organes de manière impressionnante mais se contente de filmer le tout en gros plan. Résultat les atrocités perdent en ampleur, et lorsqu’une jeune femme perd un morceau, ce n’est qu’une mutilation perdue au milieu d’autre: il n’y a aucun impact et de ce fait les meurtres ne sont pas mémorables.
Pour enfoncer le clou, le scénario n’est pas non plus écrit par Lewis, qui délègue à un parfait inconnu, W. Boyd Ford, ayant œuvré ici et là sur différentes tâches pour quelques séries ou DTV. J’ai un moment cru qu’il s’agissait d’un nouveau pseudonyme, mais dans une interview donnée par la légende dans un livre (Film Out of Bounds: Essays and Interviews on Non-Mainstream Cinema Worldwide – ouf !, de Matthew Edwards), celui-ci confirme qu’il n’a fait qu’écrire tout un tas de notes et de suggestions qui lui sont revenues plus tard sous la forme d’un script. En fait sur la création de Blood Feast 2, il n’est pas très passionné et pour cause: ce n’est pas concrètement son projet mais celui d’un producteur, Jacky Lee Morgan (quelques films en commun avec Ford, ce qui clarifie beaucoup de choses). C’est lui qui l’a poussé à travailler sur cette séquelle, s’occupant d’un peu de tout jusqu’à ce que Lewis ne se retrouve qu’avec le minimum à effectuer. Du travail pré-mâché en quelque sorte, puisqu’il ne n’a même pas occupé du montage final ! Se retrouvant catapulté au poste de réalisateur, il a dû gérer tout une équipe comme il n’en avait encore jamais eu, ignorant ce que la moitié de ces personnes étaient censées faire et ne sachant comment utiliser son assistant ! Autant dire que le vieux monsieur à dû se sentir bien perdu, et heureusement que son ancien compère David Friedman a pu participer à l’aventure car sans ça il se serait senti bien seul… Bref, autant le dire en gros: Blood Feast 2 n’est pas vraiment Blood Feast 2. Le film est tout aussi légitime que Blood Diner, la seule différence étant que l’initiateur du projet a cette fois réussi à retenir les droits et à embobiner H.G. Lewis pour valider son affaire auprès des fans.
Et d’ailleurs cela se ressent un peu à travers l’intrigue. Pensez ce que vous voulez du film de Jackie Kon, mais au moins celui-ci tournait bel et bien autour d’un Festin Sanglant pour une ancienne déesse, avec des meurtres cartoonesques, de l’humour noir et un sens du bizarre. Blood Feast 2 évoque presque un simple slasher avec un thème culinaire, un peu comme le The Cook de 2008 que j’avais déjà chroniqué. Certes ont y retrouve Ishtar ainsi qu’un descendant de Fuad Ramses, mais au-delà de ça les évènements ne s’emboitent pas tellement. Ainsi l’histoire se déroule dans la même ville qui a connu les atrocités dépeintes dans le film original, et bien que Fuad Ramses soit mort depuis des années, son épicerie est toujours là, avec dans une pièce secrète la statue d’Ishtar. Son influence maléfique se fait encore ressentir lorsque deux clochards s’aventurent près du magasin et s’entretuent sans même le réaliser, poussés au meurtre par la déesse. C’est là qu’arrive Fuad Ramses III, petit-fils de l’assassin qui a décidé de rouvrir l’entreprise de traiteur de son grand-père. Il est immédiatement prit en grippe par l’inspecteur Myers, un flic con et méchant qui lui fait comprendre qu’il n’est pas le bienvenu ici, mais le jeune cuisinier semble honnête dans sa démarche. Et pour cause: il est totalement innocent et c’est en fait Ishtar qui ensorcelle ses victimes, les forçant à commettre des crimes en son nom ! Hélas lorsque Fuad découvre la pièce où repose l’idole, il est immédiatement asservi et se met au travail: une cliente lui ayant commandé un grand repas pour un mariage, il massacre alors les différentes participantes pour organiser un nouveau Festin…
Oubliez l’éventuelle résurrection de la déesse, oubliez les mutilations bien précises nécessaire à une cérémonie, Blood Feast 2 se contente de faire dans la boucherie totale, Ramses découpant ses proies afin de les recycler en différents plats. Le Festin Sanglant n’est qu’un amuse-bouche pour cannibales et le film aurait pu tout aussi bien suivre les exploits du Cuisinier de Massacre à la Tronçonneuse que cela ne ferait pas tellement de différence. Alors bien sûr on ne va pas chercher l’intelligence dans un H.G. Lewis, mais comparé à l’effort fourni par Michael Sonye dans Blood Diner, cette nouvelle séquelle est pour le moins décevante. Non seulement cet opus n’égale pas la version de 1987, mais elle semble en deçà du classique de 1963, ne proposant rien de délirant ou d’original. Le meurtrier surprend ses victimes, les tue de façon grotesque et cela se répète avec, entre chaque, la même scène où la police enquête: l’agent Myers vomit de dégoût et tente de convaincre son partenaire que Ramses est responsable, lequel lui répond qu’ils n’ont aucunes preuves. Et si vous pensiez que Blood Feast faisait la même chose, clairement celui-ci avait un petit quelque chose en plus: l’égyptien vénérant sa déesse et préparant sa tambouille, les meurtres qui reposaient tous sur un type d’exécution précis et extravagant, la mythologie autour du culte païen, le talent d’hypnose de Ramses ou son embarras lorsqu’une proie ne tenaiy pas en place pour le sacrifie. Bref, il y avait quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Blood Feast 2 tente l’auto-dérision et accumule des gags ni drôles ni même parfois compréhensibles, comme cette parenthèse hallucinante où un policier se met à faire la météo en plein milieu de son discours, carte à l’appuie, ou ce cadavre qui revient sans cesse, corps d’un mort accidentel qui est trimbalé un peu partout sans que personne ne l’évoque jamais.
W. Boyd Ford n’est clairement pas dans son univers et ses trouvailles sont plutôt communes pour le genre, en plus d’être répétées ad-nauseam. Le gros du film repose ainsi sur les préparations de Ramses que de nombreuses personnes avalent sans réaliser ce dont il s’agit. La blague étant qu’ils trouvent cela succulent. L’autre plaisanterie récurrente est l’estomac fragile de l’agent Myers, qui dégueule toujours lorsqu’il trouve un macchabée tandis que son partenaire supporte aisément le spectacle, même en grignotant. Une fois ça va, quinze fois ça devient redondant. En fait je m’en veux même d’avoir qualifié Blood Diner d’immature tant Blood Feast 2 le surpasse à ce niveau. Et si la dernière fois je voulais parler d’une sorte de comportement adolescent, amusant et inoffensif, ici je veux clairement parler de stupidité. On se retrouve avec des passages très beaufs comme lorsque Ramses se branle sur la crème brûlée d’une cliente qu’il n’aime pas, de clins d’œils hors-sujet comme ces policiers nommés Loomis et Myers (bien compris, mais quel rapport ?), et surtout des dialogues affligeants de nullités, notamment lorsqu’il s’agit de faire parler les femmes… Si l’on reste dans l’idée qu’il s’agit d’un hommage aux nudies cuties et à l’attitude des filles naïves de ces films on ne peut pas vraiment critiquer cette décision, et preuve en est ce moment où les héroïnes organisent une soirée lingerie, occasion parfaite pour se déshabiller et discuter garçons. Ça se dénude et c’est très bien, d’autant que certaines actrices sont très jolies, seulement il faut voir les absurdités qui sortent de leur bouche.
Clairement le fantasme d’un adolescent queutard, au point que l’on se croirait dans un film de cul moderne. Et avec ça vient une forme de vulgarité assez décevante, comme du softcore californien mou du genou, des poitrines refaites et l’idée de donner aux personnages des noms de stripteaseuses (Bambi, Brandi, Misti, Candi, Trixi, sérieusement). En fait de nudies c’est plutôt comme une de ces vidéos Penthouse des années 90, qui se veut émoustillante sans jamais vraiment l’être. H.G. Lewis s’est sûrement fait plaisir à filmer ces donzelles comme à la bonne vieille époque, mais le résultat semble provenir d’un autre esprit. Du coup cela en devient presque surprenant lorsque le scénario offre quelques instants réussis et j’en viens à penser que ces éléments ont été modifiés en plein tournage. Une secrétaire s’amuse à les corriger les inspecteurs quant à l’origine d’Ishtar, précisant qu’elle est en fait une divinité Babylonienne, et la nouvelle statue ressemble effectivement plus une idole préhistorique traditionnelle. Le film Ishtar lui-même est évoqué, l’inspecteur Myers serait peut-être le fils d’un des héros du premier film et c’est le comportement macho de son père qui l’aurait rendu aussi con, le livre de Fuad Ramses est désormais un simple livre de recettes cannibales, photos inclues, et lorsque l’assassin s’attaque à une proie un peu trop rebelle, il poignarde accidentellement sa propre jambe, ce qui lui vaut d’obtenir le même boitement que son grand-père. “God !” s’exclame t-il avant de se corriger immédiatement: “I mean, Ishtar !”. Le meilleur reste ce retournement de situation inattendu lorsque l’inspecteur, jusqu’ici vindicatif, est lui-même envoûté et se met à protéger Ramses des suppositions de son partenaire. Aussi, une MILF acariâtre esquive la mort plus d’une fois sans même le savoir, ce qui devient un véritable amusement tant on espère qu’elle y passe.
Savoir si ces petites choses rattrapent le script dépendra du spectateur, de son humour et de ce qu’il s’attend à trouver dans un H.G. Lewis new age. Personnellement j’avais des réticences et il m’a fallu un peu de temps avant de me laisser gagner par cet univers patchwork où chaque idée est la décision d’une personne différente. Toutefois il faut avouer que cet opus est plus calme qu’un Blood Diner et donc plus abordable, et il faut saluer la performance de J.P. Delahoussaye dans le rôle de Fuad Ramses III. Celui-ci porte une bonne partie du film sur ses épaules et compose un personnage très différent de son modèle. Polis, charmeur, blagueur, le comédien est clairement à l’aise devant la caméra et semble s’éclater à échanger avec des personnages qui ne sont techniquement que des proies pour lui. Incompréhensible qu’il n’ai jamais rien fait d’autre après cela car il avait beaucoup de potentiel. D’ailleurs une des rares séquences gores de Blood Feast 2 dont on se souvient est celle qui est la moins graphique mais implique le personnage à un niveau émotionnel: il doit assassiner une jeune femme qui lui plaisait et s’excuse auprès d’elle, alors qu’il l’égorge, lui expliquant qu’il n’a aucun contrôle sur ses actions et que Ishtar le commande. Tandis que la demoiselle expire, Ramses l’embrasse et lui montre des signes d’affection comme s’il regrettait ce qu’il faisait. C’est la seule fois où le film se permet de construire quelque chose d’original, sorte de mix entre de l’humour noir et de l’horreur.
Venons en à la seule chose qui importe vraiment: le gore. Joe Castro a fait un travail remarquable en terme de maquillage et nous sommes dans le haut panier, c’est indéniable. Les plaies sont nombreuses et visibles, les amputations légions, le sang rouge coule à flot et les organes sont prélevés en grandes quantités. Plus important, les crimes sont exagérés à l’extrême et d’une grande stupidité, fonctionnant sur le thème de la cuisine et impliquant de nombreux instruments: une beauté voit ses mains êtres détruites dans un broyeur à viande, une autre se fait planter un tir-bouchon dans la tête qui ressort avec un bout de cerveau, des yeux sont arrachés à la cuillère à glace tandis qu’une fille se fait assommer à l’attendrisseur à viande. Le couteau de cuisine égorge jusqu’à la décapitation et une langue est arrachée à main nue en hommage au film original. La meilleure mort ? Celle où la victime est scalpée au couteau électrique, Ramses tirant ensuite sur la peau pour lui arracher le visage ! Le crâne sanglant hurle encore un moment avant que le meurtrier ne l’ouvre pour en extraire la cervelle. Il ne fait aucun doute que la priorité a été mise sur l’aspect sanglant afin d’être certain de donner aux fans ce qu’ils veulent et ne pas écoper d’une sale réputation. Si cela vous plaît alors tant mieux, toutefois je le redis, il ne s’agit pas vraiment du gore du Parrain. La part belle est faite aux bruitages et la caméra cherche à montrer combien les prothèses sont réussie, et au final on a l’impression de voir une démo de Joe Castro. On se retrouve plus proche d’un Olaf Ittenbach qu’autre chose, et si on nous annonçait subitement que le Lewis n’avait pas réalisé le film, on ne serait pas tellement surpris.
Certains se raccrocheront à sa mise en scène, minimaliste et d’une autre époque avec sa caméra statique et ses fondus au noir. Comme dans Blood Feast premier du nom, les atrocités l’inspirent parfois, cherchant des plans plus complexes, plus créatif. L’acting fera sourire également, les comédiens étant tous très mauvais et ne faisant aucun effort pour paraître convaincant à l’exception de Delahoussay. Il y a cependant une faible impression que cela est fait exprès, comme pour bien rappeler que les acteurs d’autrefois étaient abominables et, comme avec certains Troma, on ne sait jamais ce qui est du “vrai” mauvais et du “faux” mauvais, ce qui peut se révéler un peu perturbant. En résulte un film hybride qui n’appartient à personne, où Lewis et Castro font ce qu’ils savent faire de mieux et où le monteur assemble le tout comme bon lui semble, n’ayant probablement jamais vu un vieux gore de sa vie ! Car le responsable est un nouveau venu dont il s’agit du seul et unique essai, et puisque le reste de sa filmographie coïncide avec celle du producteur et du scénariste, il n’est pas compliqué de voir vers qui il s’est tourné pour donner forme au film. Un exemple parmi d’autre: le corps accidenté apparaissant et disparaissant sans explication devait à l’origine être un running gag, voulu par Lewis mais pas par Jacky Lee Morgan. Le résultat montre donc que c’est ce dernier qui était en contrôle de l’opération et que jamais Blood Feast 2 n’était entre les mains du Maître.
Celui-ci a d’ailleurs exprimé son mécontentement face au produit final, entre une image dégueulasse sur le transfert DVD différente du rendu qu’il désirait, et l’existence de deux versions différentes du film. Il y a la véritable, Unrated, mais aussi une R-rated qui sucre pas loin de 5 minutes de violence de façon incohérente. Pensez L’Enfer des Zombies en terme de coupes sombres ! Il y a de quoi être perplexe: pourquoi monter tout un projet avec le Parrain du Gore, créer une suite au premier film sanglant de l’Histoire du cinéma, pour finalement en livrer une version censurée ? La réponse est simple: Blockbuster. Pour ceux qui ignore les pratiques de cette grande chaine américaine, l’idée est simplement de proposer au grand public des films normalement inaccessibles… au grand public ! En supprimant tout ce qui pourrait choquer la bonne morale ! C’est pour cela qu’il existe souvent des versions “non censurée” de différents films, ou “complète” ou “intégrale »: parce que chez eux, on peut se procurer la même chose sans les insultes, sans la nudité et sans la violence ! Incroyable mais vrai, Herschell Gordon Lewis, grand réalisateur capitaliste qui n’a œuvré que dans l’exploitation, s’est fait vendre ! L’ironie en serait presque drôle si nous-même, fans et spectateurs, n’étions pas contre ce genre de pratique. Mais l’affaire ne se limite pas qu’à cela car un autre soucis horripilant est le choix des musiques, clairement pas sélectionné par le metteur en scène. A la manière du récent Suicide Squad de DC Comics, celles-ci sont incessantes et empiètent les unes sur les autres.
Pour une raison obscure il a été décidé de truffer le film de morceaux de Punk. Le truffer ? Le remplir oui, puisqu’elles ne s’arrêtent tout simplement jamais. D’ailleurs il n’y a pas de compositeur sur Blood Feast 2, même la musique d’ambiance a été faite par un groupe. Résultat, avec son petit budget, plus d’une fois le film donne l’impression d’être un vidéo-clip de Garage Punk mal branlé et certaines scènes en pâtisses, comme celle qui devait être une référence à la séquence d’ouverture de Blood Feast: où une plantureuse pin-up se déshabille pour prendre son bain tandis que la radio annonce la présence d’un maniaque homicide. Manque de pot, malgré le gros plan sur la radio et la mise en scène (la fille ne peux pas entendre l’annonce puisque s’enfermant dans la douche), il n’y aucun message. Juste de la musique ! La séquence est de toute façon désamorcée lorsqu’on y réfléchis un peu et que l’on réalise que les médias ne savent même pas qu’il y a un meurtrier à ce stade de l’histoire. Si, après tout ce que vous venez de lire, vous pensez encore que Blood Feast 2 est légitime juste parce que le nom de Herschell Gordon Lewis apparaît au générique, alors je ne peux plus rien pour vous. Pour moi l’arnaque saute aux yeux et la seule raison pour laquelle le film passe encore, c’est parce que le Parrain du Gore n’a jamais été un artiste de toute manière. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si cette séquelle a mis plus d’un an pour se trouver un distributeur.
Mais je m’en voudrais de vous empêcher d’y prendre du plaisir, car après tout dans son genre il est loin d’être la pire chose qui existe. Le style rétro est touchant, les effets gores sont décents, les filles sont nombreuses, l’acteur principal donne une performance suffisante pour que l’on s’intéresse à ce qui se passe et dites-vous que John Waters lui-même fait une apparition dans le rôle d’un prêtre pédophile ! Voilà enfin une chose que l’on doit au vieux réalisateur, et bon sang que c’est merveilleux ! Du reste je vais me permettre de soulever une dernière question sur la confection de ce Blood Feast 2, car si le film est très différent de l’autre séquelle, il demeure quelques éléments communs: le titre original du était Blood Feast 2: Buffet of Blood, alors que le terme Blood Buffet remplaçait justement celui de Blood Feast pour des raisons de droits dans Blood Diner. Les deux œuvres partagent le même amour pour la musique Punk indie (le scénariste de Blood Diner étant le leader de Haunted Garage), dans les deux cas on y retrouve un obèse qui mange constamment à chacune de ses apparitions et dans les deux cas le duo de flics idiots est humilié par une femme beaucoup plus intelligente et efficace qu’eux. Je veux bien croire aux coïncidence mais il faut avouer que cela est un peu troublant.
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