Bikini Island (1991)

 

Bikini Island

(1991)

 

 

Pour un fan de slasher, s’intéresser à Bikini Island signifie que l’on se retrouve réduit à faire les fonds de tiroir pour se procurer son fix. Cela arrive aux meilleurs d’entre nous mais d’en demeure pas moins embarrassant. Pas étonnant du coup que ce titre ne soit pas vraiment connu, évoquant d’ailleurs plutôt un anecdotique softcore produit pour le câble qu’un véritable film d’horreur. Et pour être franc je pense sincèrement que le projet à commencé de cette manière avant qu’un changement de dernière minute n’ait été décidé pour son exploitation commerciale, tant le résultat s’apparente plus à un épisode de Alerte à Malibu ou Agence Acapulco avec cette volonté de mettre en avant le casting de bimbos en maillots de bain. Ceci lui a justement valu de se faire traiter de “thriller érotique” par certains, dans l’idée de parvenir à le classifier de la façon la plus honnête possible. Manque de pot il n’y rien d’érotique là-dedans, et encore moins qui puisse se réclamer du thriller.

 

 

En fait on peut même dire que le réalisateur affiche la couleur dès le générique, lorsqu’un écriteau affiche “Based in part on a true story”. Comprendre par là que, comme les personnages de l’intrigue, l’idée de base était certainement de mettre en scène de jolies filles et peut-être même de profiter du tournage pour s’envoyer en l’air avec les actrices avant que des évènements ne viennent déranger le plan initial. Dans le film cela se traduit par un séance de photos sur une île déserte où les modèles sont assassinées une par une par un mystérieux individu. Dans la réalité ce fut sans doute la nécessité de retourner certaines scènes pour transformer Bikini Island (un titre qui parle de lui-même) en un produit plus vendeur et intéressant pour le marché vidéo. Ce ne sont que des suppositions de ma part évidemment, mais c’est franchement ce qui ressort du produit final.

 

 

L’intrigue tourne autour d’un concours organisé par le magasine Swimwear Illustrated, qui auditionne pour trouver la nouvelle pin-up qui fera la couverture de leur numéro anniversaire. Un groupe de candidates est sélectionné et envoyé sur une île (supposée) paradisiaque pour un shooting, avec à la clé un bonus de cent mille dollars pour la grande gagnante qui sera choisie à l’issue de la compétition. Mais les jeunes femmes n’agissent pas vraiment comme des rivales, s’amusant surtout de ces vacances en espérant remporter la victoire tandis que les hommes composant l’équipe technique compte bien en profiter un maximum. Et le film d’enchainer les séquences de remplissage pendant la plus clair de son temps: les filles se promènent constamment en lingerie ou en bikini, bronzent, jouent au volley ou prennent la pose devant l’objectif. Pendant ce temps Jack, le directeur du concours, fantasme sur chacune d’elles en essayant de les mettre dans son lit. Il est prévenu pourtant: le grand patron sait quelle genre de personne il est et menace de le virer au moindre dérapage.

 

 

Au bout de quarante minutes, enfin, les modèles commencent à disparaitre les unes après les autres, assassinées par un tueur dont on ne voit jamais le visage histoire d’entretenir un minimum le suspense. Un whodunit qui a au moins le mérite de multiplier les suspects. Est-ce le photographe, qui possède un serpent de compagnie et adore lui donner à manger des souris vivantes ? Le maquilleur puceau jouant les voyeurs, qui se coupe littéralement du monde aussitôt qu’il flash sur une demoiselle ? L’assistante vieillissante qui désapprouve les mœurs légères des jeunettes et les jalouses secrètement ? Ou encore l’étrange gérant de l’hôtel qui ressemble à une véritable goule avec ses yeux cernés de noir et ses dents en mauvais état ? Ou peut-être est-ce tout simplement l’une des participantes qui cherche à gagner à tout prix ?

 

 

Peu importe au final puisque tout semble avoir été improvisé à l’arrache, comme le prouve les meurtres inoffensifs qui ne montrent rien du tout. Une donzelle est poussée du haut d’une falaise (hors champ), une autre est étranglée avec un tuyau d’arrosage (hors champ), tandis qu’un pauvre type à le crâne fracassé par un jet de pierre (en plastique) qui rebondit sur sa tête comme un ballon, sans laisser la moindre trace. L’arme de prédilection de l’assassin: la ventouse de débouche-chiotte. Juré. Deux victimes sont paisiblement étouffées, l’objet étant docilement placé sur le visage, et le réalisateur ose même reprendre cette hilarante scène de Phantom of the Paradise où William Finley venait intimider Gerrit Graham dans sa douche en une parodie de Psychose. Voilà qui rend plus crédible ma théorie comme quoi Bikini Island avait un concept très différent à l’origine, le metteur en scène se retrouvant contraint de rajouter de nouveaux éléments au jour le jour pour satisfaire la demande des producteurs.

 

 

Heureusement celui-ci a certainement eu droit à une rallonge pour retourner quelques séquences “choc” afin de sauver les meubles, à commencer par le prologue totalement gratuit (une scène de rêve) mais permettant d’accrocher le spectateur: une séance de shooting au bord du vide où la modèle se tient maladroitement sur des talons aiguilles pas vraiment appropriés pour l’occasion. Le photographe n’arrête pas de lui demander de reculer, s’avançant lui-même comme pour la forcer à se rapprocher du précipice jusqu’à ce qu’elle fasse une chute mortelle. Rien de spécial même si la scène demeure amusante (la victime se fait mitrailler pendant qu’elle tombe) et plutôt bien amenée question tension. Et surtout il y a les vingt dernières minutes où l’assassin se lâche sur le casting dans une succession de moments méchants et très rythmés qui réveillent immédiatement. Un type se prend une flèche en plein cœur, épinglant une lettre de démission sur son torse. Jack s’enfuit en camion, abandonnant son assistante qui lui cours après et se prend un carreau dans le dos, la pointe dépassant de son ventre.

 

 

Emportée dans son propre élan, elle n’a même pas le temps de toucher terre qu’elle est heurtée par le véhicule lancé à pleine vitesse, son corps rebondissant sur la carrosserie ! Le conducteur est ensuite touché à la gorge et perd le contrôle de l’engin tandis qu’il agonise, finissant sa course en bas d’une falaise. Le meurtrier se révèle et ce carnage inattendu prend presque sens, puisque le coupable est l’une des candidates qui vient tout juste d’apprendre qu’elle a perdu la compétition. “I guess I’m a sore loser” déclare t-elle avant de pourchasser l’héroïne qui va chèrement défendre sa peau. Celle-ci utilise un cadavre comme bouclier contre les projectiles et un corps-à-corps s’engage entre les deux femmes qui se mordent sauvagement, se poignarde avec des peignes et se donnent de grands coups de pieds dans les parties. Le final, un rien satirique, montre l’héroïne hospitalisée apprendre avec bonheur qu’elle a gagné le concours, remportant le pactole tandis que son histoire va devenir un film (baptisé The Bikini Island Swimsuit Massacre) dont elle tiendra le premier rôle.

 

 

Pour une surprise, c’est une surprise, et voilà qui justifierait presque la vision de ce Bikini Island jusqu’ici soporifique. Car si ce n’était pour cette conclusion magistrale, il y a très peu à se mettre sous la dent. Une apparition du réalisateur de Psycho Cop Returns, une verrière abandonnée pleine de plantes mortes en guise de décor intéressant et l’idée que l’assassin laisse trainer des lettres d’abandon pour justifier la disparition de ses victimes, qui s’accumulent à n’en plus finir. Le très moche intendant de l’hôtel (Terry Miller, qui la même année était l’assistant réalisateur de James Cameron sur Terminator 2 !) se nomme apparemment “Frab”, ce qui à l’envers donne barf (vomir), et un acteur aux origines françaises se cache sous le pseudonyme de… Gaston LeGaf ! Naturellement il y a plein de jolies demoiselles, même si le directeur doit avoir des goûts étranges puisqu’il se débarrasse des plus belles dès que possible. Ainsi la jolie candidate N°18 avec son physique à la Athena Massey perd l’audition tandis que la torride Nikki est la première à disparaitre.

 

 

Heureusement qu’elle a le temps de filmer une scène topless, sinon on serait en droit de se demander pourquoi ce film existe. A ses côtés on y retrouve les bimbos Cyndi Pass (la fille qui se transforme en verre dans Wishmaster, également vu dans Scanner Cop) et Holly Florina (héroïne du Netherworld de David Schmoeller pour la Full Moon). De bien belles plantes qui passent la totalité film à moitié nue pour notre plus grand plaisir, même si cela ne nous lavera pas vraiment les yeux de cette scène où une petite souris est offerte en pâture à un serpent pour de vrai. Le réalisateur ne pouvait pas mieux faire pour flinguer le fun et la présence de cette scène est absolument injustifiable et indéfendable.

 

 

 

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>