Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 59
BIG YELLOW
R.L. Stine’s The Haunting Hour: The Series (2011)
Facilement l’épisode le plus mémorable de la série The Haunting Hour, Mascot met en scène une grosse créature poilue du nom de Big Yellow, la mascotte dansante d’un club de football du collège de Yellow Valley. Un gros bonhomme à l’allure un peu surprenante puisque le costume a clairement connu des jours meilleurs et que personne ne semble savoir ce qu’il est censé représenter. Selon certains la région abritait autrefois des marsupiaux préhistoriques et cela serait peut-être la source d’inspiration de son apparence, mais un bref coup d’oeil suffira à rejetter cette théorie. Car la bête est grande et difforme, dotée de longs bras, d’un ventre bedonnant et d’une fourrure jaune qui porte des traces de salissures noires. Il possède quelques cheveux épars sur le sommet du crâne, une dent unique ressort de sa bouche et ses pieds et ses mains se terminées par des doigts griffus peut-être un peu trop réalistes. Ses gros yeux globuleux sont également rougis sur le dessous, et en y regardant bien on pourrait y voir un réseaux veineux…
Vous l’aurez compris, Big Yellow n’est pas vraiment une mascotte mais un véritable monstre qui prétend être un costume porté par un étudiant. Une bonne façon de passer inaperçu même si l’on ne peut pas vraiment dire qu’il soit doué pour passer inaperçu. Car sa chorégraphie ridicule en fait la cible de moqueries, et il a tendance à bousculer les petites cheerleaders en jupettes avec qui il partage la scène. Parfois volontairement d’ailleurs, car il veut clairement être le centre de l’attention. Pourquoi ? Comment ? Autant de questions qui resteront sans réponse puisque ses origines ne sont jamais révélées. Étrangement il possède une carte étudiante dans son portefeuille, mais au lieu de lui fournir une fausse identité celle-ci le présente bien sous le nom de Big Yellow, avec un photo de son visage cartoonesque, preuve peut-être que quelqu’un dans le personnel éducatif sait qui il est réellement. Quant à celui qui l’avait autrefois engagé, il s’est volatilisé il y a plusieurs années, laissant ses collègues dans le flou.
Personne ne s’en souci réellement à vrai dire, et Big Yellow possède ainsi son propre vestiaire dans le sous-sol du gymnase, dans lequel il a fait sa demeure. Une antre étrange, éclairée d’une lumière jaune et où s’entassent des tas d’objets divers à la provenance nébuleuse mais tous de la même couleur: maillots de sport, peluches, jouets pour chiens, vaisselles, et même ces bandes jaunes utilisées par la police en cas de crime… S’y trouvent également un portrait du manager disparu, dont le visage est barré à la peinture, et même des barils marqués du symbole biohazard ! Allez savoir si ces produits toxiques sont responsables de la naissance du monstre. En tout cas Big Yellow semble les utiliser pour gazer les intrus, relâchant une fumée (jaune) irritante en guise de piège pour les asphyxier. Au final on n’en saura pas plus à propos de la vie quotidienne de la bestiole, même si l’épisode nous le montre répéter sa petite danse.
Un message “be kind to others” y apparaît néanmoins déchiré, preuve de la véritable nature de la mascotte qu’il convient de ne pas sous-estimer. Car s’il aime se promener avec sa boom box et jouer la même musique idiote en faisant ses petits pas, Big Yellow demeure un monstre imprévisible et surtout carnivore, du genre à avaler tout ceux qui lui déplaisent. Susceptible, il pourra même menacer ses ennemis à sa manière, comme lorsqu’il laisse la tête d’une mascotte de remplacement dans le lit du garçon qui espérait le faire virer, à la manière de la scène du cheval dans Le Parrain. Un comportement qui trahit une certaine intelligence, comme lorsqu’il se présente à l’audition organisées par des élèves afin de garder son travail, mais ne vous y trompez pas: dévorer ceux qui l’importune reste une méthode gagnante pour lui et il est certainement coupable de la disparition de son ancien responsable. Durant l’intrigue il avale justement deux autres personnes, des gamins venu troubler sa petite vie, qui finissent dans son estomac.
Bien sûr The Haunting Hour étant une série pour jeunes, ces attaques ont lieux hors-champ et ne sont pas ouvertement fatale puisque la conclusion montre les victimes être prisonnière à l’intérieur de lui dans ce qui ressemble à une petite cave visqueuse. Du pur vore qui ne fait que renforcer l’idée que R.L. Stine aura donné plus d’un fétiche à ses lecteurs, même si l’auteur n’a pour le coup rien à voir avec cet épisode inventé spécialement pour l’occasion. L’épilogue montre l’un des ingurgités utiliser son téléphone portable pour contacter un ami, mais son sort reste en suspens puisque sa batterie tombe à plat et que son sauveur potentiel est lui-même ciblé par la bête. Sympa, mais on aurait quand même bien voulu voir Big Yellow avaler au moins une personne, d’autant que l’on découvre sur la fin que sa tête se décroche exactement comme celle d’une vraie mascotte. Il est ainsi capable de faire bouger son corps indépendament et semble presque manger le protagoniste à travers son moignon cotonneux !
Il aurait été intéressant de voir comment cela fonctionne, mais considérant l’époque à laquelle la série fut tournée, l’effet aurait sans doute été rendu en CGI mal foutus et décevants. Preuve comme quoi moins on en sait à propos de Big Yellow, mieux cela fonctionne, et on peut remercier le ciel que le show n’ait pas continué au-delà de son unique saison, sans quoi notre grosse mascotte serait sans doute revenu pour un épisode séquelle surexplicatif qui aurait ruiné la mystique. Non vraiment, il y a une raison pour laquelle Mascot reste dans les mémoires, ça aurait été dommage de le gâcher. Et puis ce n’est pas comme si le sous-sous-genre du film de mascottes tueuses est particulièrement prolifique (citons ce Deadite de Ash vs. Evil Dead et… pas grand chose d’autre), alors autant le préserver autant que possible.
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