Aztec Rex
(2007)
Aztec Rex, autrefois connu sous le titre de Tyrannosaurus Azteca mais ça devait être trop compliqué, est l’œuvre de Brian Trenchard-Smith, un cinéaste qui n’est pas sans avoir sa réputation dans le milieu de la série B. S’il est l’auteur du vraiment sympa Secret du Lac, il est surtout connu pour avoir réalisé Les Traqués de l’An 2000 ainsi que les divertissants Demon House 2 et Leprechaun 3 et 4 (celui à Las Vegas et celui dans l’espace !), tous bien supérieurs à leurs ennuyeux prédécesseurs. Mais le monde du DTV a bien changé depuis et les films du genre ont globalement cédés la place à des téléfilms formatés, comportant généralement une ou plusieurs créatures en CGI mal foutus. Cerberus, Mammoth, Supergator, Dinoshark, Mongolian Death Worm, la liste est longue et on peut y inclure cet Aztec Rex produit par la chaine Syfy, lequel qui met en scènes quelques T-Rex reproduits en basse résolution…
Heureusement le réalisateur parvient à relever un peu le niveau, transformant ce qui devrait être un énième DTV fade et sans originalité en quelque chose d’un peu plus fun, misant avant tout sur un concept totalement délirant qui nous montre une bande de conquistadores chasser le T-Rex durant la découverte du Nouveau Monde ! Une idée assez prenante qui change de l’habituel cadre contemporain.
C’est même autour d’un personnage historique qui se développe le récit, l’espagnol Hernán Cortés qui a triomphé de l’Empire Aztèque durant les conquêtes. Aztec Rex nous dévoile ainsi sa toute première tentative, lorsque lui et ses hommes pénètrent dans une vallée du Mexique pour asservir une tribu adepte des sacrifices humains. Des rites sensiblement différent de ceux que l’Histoire connaît, car si les natifs arrachent le cœur de leurs victimes c’est pour mieux les offrir aux animaux sacrés qu’ils vénèrent: des Tyrannosaures !
Ces dinosaures, probablement à l’origine du mythe du Serpent à Plumes, sont au nombre de deux. Un couple qui a survécu on ne sait comment à l’extinction et qui rôdent autour d’un petit village, croquant tout ceux qui passent à portée de leurs dents. Les Aztèques les ont baptisés Thunder Lizards et pensent avoir affaire à des créatures envoyées par les Dieux, qu’il convient d’apaiser régulièrement par quelques offrandes afin d’éviter une colère divine. Du moins c’est l’explication qu’entretien le shaman de la tribu, un véritable psychopathe avide de pouvoir et qui prend plaisir à exécuter ses semblables. Manipulateur, il s’est aussi arrangé afin d’obtenir la main d’Ayacoalt, la fille du chef de clan, de manière à hériter plus tard du statut de leader incontesté.
Ses plans vont être contrariés par l’apparition de Cortés, qui compte bien conquérir le pays au nom de l’Espagne et de revenir vers le Roi avec tout l’or qu’il peut trouver. Alors que l’assaut des conquistadores est un échec, les soldats étant facilement maîtrisés en quelques coups de sarbacane, le lieutenant Rios sauve Ayacoalt d’un T-Rex. Pacifiste dans l’âme, il tente d’apaiser les tensions entre les deux peuples en demandant une trêve et en proposant de débarrasser la tribu des monstres qui hantent la vallée. Mais si Rios, Ayacoalt et son père considèrent véritablement cette alliance, Cortés comme le Shaman essaient de retourner la situation à leur avantage. L’un espère pouvoir s’enfuir avec l’or, pour revenir avec une armée entière, tandis que l’autre jalouse Rios et tente de convaincre son peuple qu’en affrontant les Thunder Lizards, ils risquent de défier leurs Dieux…
Complots et trahisons se forment de chaque côté tandis que les dinosaures continuent à faire des ravages. Et lorsque le mâle est finalement abattu, la colère de la femelle se fait immédiatement ressentir…
Une bien belle histoire pour un budget maigrichon. Trop ambitieux. Aztec Rex n’est jamais à la hauteur de ses intentions et perd en ampleur à cause de ses productions values quasi inexistantes. Les troupes de Cortés se limitent à un groupe de sept personnes et le village Aztèque ne compte pas plus d’habitants, les superbes pyramides cédant la place à trois ou quatre huttes en pailles dans un coin de prairie. L’autel dressé en l’honneur des Thunder Lizards n’est qu’une petite plateforme ornée d’une décoration représentant en T-Rex en faïence et un seul sacrifice nous est montré en début de film, pratiquement hors champ puisque le budget effets spéciaux est des plus réduits.
Dommage car le film possède alors le même aspect “lisse” ou “épuré” que les autres petites productions de ce type, pas très accrocheur et désespérément triste. La faute bien entendu aux producteurs, trop effrayés pour livrer un bon film et ayant apparemment causés quelques soucis à Brian Trenchard-Smith lorsqu’il tentait de mettre en scènes les passages dramatiques du script. Et c’est dommage puisqu’il reste encore un peu de substance à cet Aztec Rex. Un petit côté “Pocahontas au pays des dinosaures” qui n’est pas déplaisant et qui repose même sur un certain sens du suspense puisque l’on sait que Cortès a finalement triomphé des Aztèques. Cela rend l’intrigue un peu plus imprévisible que prévue, même si la conclusion façon Astérix et Obélix n’était probablement pas le meilleur choix à faire. De même il est assez amusant de voir comment vont s’y prendre les conquistadores pour affronter les Tyrannosaures, compte-tenu de leurs ressources limitées et du fait que les dinosaures se montrent insensibles aux boulets de canons !
Il va sans dire que le film est très loin d’être un spectacle épique et mémorable, le manque de budget et la frilosité des producteurs ayant tué dans l’œuf cette possibilité. En revanche ces tares servent à donner l’effet inverse, Aztec Rex s’imposant instantanément comme un bon gros nanar. A peu près tout ce que vous pouvez attendre d’un tel film se retrouve à l’écran: les Aztèques parlent parfaitement l’anglais, les personnages n’entendent jamais les T-Rex arriver, même à un mètre de distance, et les demoiselles sont vêtues de bikinis en peaux de bêtes…
Bref tout est là, et même si ces éléments que l’on a pu voir maintes et maintes fois ne réservent aucune grandes surprises, cela reste suffisant pour s’amuser. Comment ne pas sourire devant les incroyables perruques que portent les conquistadores, ou lorsqu’un prêtre apparaît soudainement pour justifier le parlé anglais des Aztèques ? Les espagnoles chargent les T-Rex à la hallebarde et à la rapière malgré leur invulnérabilité, les héros se marient et s’envoient en l’air alors qu’un dinosaure rôde à quelques mètres de là et l’épilogue vient carrément nous expliquer que la création de la sangria découle de toute cette histoire !
Les monstres en CGI sont super moches, bien qu’il faille reconnaître un certain effort de la part des programmeurs pour retransmettre quelques détails graphiques (membres amputés tombant de la gueule lorsqu’une victime se fait mâcher, le sang maculant les écailles après repas, blessures de combats), et les véritables acteurs sonnent tout aussi faux. Tous des transfuges du petit écran, parmi lesquelles Ian Ziering dans le rôle de Cortès, un acteur reconnu par beaucoup pour avoir joué pendant dix ans dans Beverly Hills et dont la prodigieuse perruque ferait ici office de facteur nanar ultime. A ses côtés Dichen Lachman (Dollhouse) dans le rôle de la princesse en petite tenue et Marco Sanchez (SeaQuest) dans celui de son chevalier servant, sans conteste le seul à faire un tant soit peu illusion. Il obtient d’ailleurs un peu de reconnaissance actuellement puisque vous pourrez le voir dans le rôle de “Torpedo Security” dans Star Trek: Into Darkness au cinéma !
Le constat n’est pas déplorable mais pas des plus emballant non plus. Au mieux Aztec Rex fait preuve d’originalité par son cadre “historique” et son concept de base, mais il échoue a atteindre le niveau d’une série B correct en raison de son format: un banal téléfilm vite emballé. On y trouve sans problème de quoi rire, mais pas de quoi y revenir. Sachez en tout cas qu’aucun dinosaure ne fut maltraité durant le tournage, et ça c’est plutôt cool.
Au moins il y a du sang, c’est pas toujours le cas dans ces productions Syfy et compagnie et comme tu le dis, les héros changent un peu du tout venant… Quand même dommage pour ce réal de séries B sympas, j’adore Les Traqués de l’An 2000, vraiment, pour moi c’est de la pure bombe bis jamais chiante, et quel final explosif! Dommage de tomber dans des trucs pareil…
Oui, un brin, très sensiblement, de gore, ce qui est toujours bon à prendre. Certainement une volonté du réal qui est un gars normalement très généreux ! Et ouais, Les Traqués c’est juste génial je suis d’accord !
Malheureusement, lui comme les autres, sont tombés victimes du manque de demande pour les « vrais » séries B et l’évolution qu’il y a eu depuis pour les films « à la Sharknado » où on joue du côté ridicule « volontaire » pour en faire le moins possible. Il y a clairement un côté « on sait que c’est nanars, mais on le fait exprès ! » ce qui leur permet d’économiser sur tout et n’importe quoi, et il n’y a plus de place pour ce qui se faisait d’un peu plus construit dans le genre.