Monkey Man Gets His
(1999)
Grand classique de GMP Pictures s’il en est, Monkey Man Gets His est le premier (?) volet d’une série de films mettant en scène Rich Evans dans un costume de gorille. On imagine que Mike eu l’idée aussitôt qu’il découvrit le déguisement, forçant son ami à l’enfiler et faire le pitre pour son amusement personnel, néanmoins la véritable star n’est pas le futur Mr. Plinkett mais sa vieille grand-mère Nannoo. Une excentrique un peu folle pour qui Stoklasa développa une véritable fascination (et de ce fait aussi certainement son obsession pour les personnes âgées), la filmant autant que possible pour capturer ses réactions extravagantes et se marrer un bon coup. Il n’y a d’ailleurs pas d’autre explication à l’existence de cette vidéo qui dérape littéralement passé les premières minutes, abandonnant son point de départ (la découverte du Monkey Man, sorte de chainon manquant, par un documentaliste) pour se concentrer essentiellement sur la pauvre mémé qui participe malgré elle à l’aventure. Ainsi un chercheur en quête de l’homme-singe découvre la créature en pleine forêt mais se fait vite repérer, provoquant sa fuite.
La bête trouve refuge chez Nannoo et se comporte plus comme un ado attardé qu’un cryptide: il tente de jouer du piano, lance des balles sur la caméra, lit le journal au toilette et surtout vole les pilules de la vieille femme pour s’en gaver. Et celle-ci de lui parler comme s’il était une personne ordinaire, lui demandant de ne plus prendre de drogue en sa présence et se calmer un peu le temps qu’elle lui prépare son dîner. Elle se rend dans au chiotte avec une casserole pour récupérer ce qui traine dans la cuvette, puis fait sauter au poêle quelques étrons qu’elle va servir à Monkey Man, lui offrant même des couverts pour lui apprendre les bonnes manières ! Et dire qu’on pensait tous que c’était Jay Bauman qui était fan de Pink Flamingos ! Que les effrayés du scato se rassure, les merdes sont de simples gâteaux et on ne voit pas le gorille manger quoique ce soit, bien que Mike nous repasse au moins quinze fois ce même plan où il approche la fourchette de sa bouche, avec différents filtres et effets pour accompagner.
Un chaos visuel qui meuble (mais dynamise) les choses puisqu’il faut admettre qu’il ne se passe pas grand chose dans ce Monkey Man Gets His. L’improvisation est évidente et Mike présente tout ça dans le désordre le plus complet, avec quelques plans “subliminaux” plus ou moins long: le visage d’une statue du Christ, des salades sur un étalage de ferme, un oiseau mort et décomposé… Un découpage bordélique au possible, limite épiléptique, qui certes colle à l’idée que Monkey Man s’est envoyé un flacon entier de médicament, mais qui permet surtout de balancer en audio des tas de phrases nonsensiques prononcées par Nannoo. “Give me back my tennis shoes, you scum !” râle-t-elle sans le moindre contexte. “Monkey Man is the world” dit-elle ici, “My ass fell out” lance-t-elle ailleurs. Il reste difficile de dire si ces répliques étaient de vraies déclarations enregistrées en douce ou si la vieille dame lisait des mots écrit par Mike (probablement un mélange des deux), et cela témoigne bien du personnage qu’était la grand-mère.
Car elle se comporte à l’écran comme elle le faisait certainement dans la vraie vie, ignorant la caméra ou le fait que Rich soit en costume de singe, mais joue le jeu de lui servir de la merde et de l’appeler “Monkey Man” sans que rien ne la phase. Certaines scènes sont alors hilarantes, comme cette conversation devant la télé (“You go back to the forest or what ?”), et quelques tirades sont encore utilisées par Mike des décénies plus tard dans certaines vidéos, comme les intros de Half in a Bag (“The Devil’s my hairdo”). Comme il faut bien conclure les choses, Mike reprend un peu les rennes du film sur la fin et montre l’habituelle humilation de Rich, qui ici s’aperge maladroitement le visage en arrosant des plantes et se cogne contre quelques chaises de jardin. Le final illustre alors l’expression “going ape shit” en montrant Monkey Man s’énerver et jeter le meublier dans tous les sens avant de chier sur un nain de jardin en forme de Père Noël (“I am in Hell” dit Nannoo).
Il ramasse ensuite son caca et le lance contre la maison, avant que le scientifique du début du film – en fait Mike en perruque et vêtu d’un chale de vieille femme – ne le capture en lui plaçant un filet à papillons sur la tête. Du grand art. Avec tout ça on en oublierait presque cette fermeture éclair dans le dos du gorille qui s’ouvre de plus en plus alors le film progresse et révèle un T-shirt blanc très visible en-dessous. Le “succès” de cette expérience mena Mike à produire de nombreuses suites et spin-off comme Monkey Man 2k+1, Recipe for Disaster: A Monkey Man Tale, et bien sûr le séminal Gorilla Interrupted.
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