Dolly Dearest (1991)

 

Dolly Dearest

(1991)

 

I am not losing my daughter to a goddamn 900 years old goat head !

 

 

Maria Lease est une grande inconnue mais sa carrière demeure intéressante pour quiconque s’intéresse à la série B. Actrice sur quelques perles du cinéma d’exploitation à très petit budget (Love Camp 7, One Million AC/DC, Dracula vs. Frankenstein), elle fut également script girl sur quelques autres productions (Kiss of the Tarantula, Planet of Dinosaurs, Schoolgirl in ChainsLe Cobaye 2) et réussi même à obtenir une petite carrière dans la réalisation. Le point d’orgue de sa carrière est sans doute ce Dolly Dearest, autrefois perçu comme une simple décalque des aventures de Chucky mais s’apparentant désormais plus à une sorte de Annabelle avant l’heure. Scénarisant la chose avec deux amis qui n’ont jamais rien fait d’autre de leur vie, elle s’inspire finalement autant de Jeu d’Enfant que des films d’exorcismes et de petits monstres façon Gremlins puisque sa poupée est possédée par un démon et existe en plusieurs exemplaires.

 

 

Un sacré cocktail pour un film hélas un peu trop mou et n’ayant pas les moyens de ses ambitions. Le résultat demeure acceptable en l’état, mais passée la première vision le film commence à montrer ses faiblesses et ses longueurs. Les premières quarante minutes se trainent particulièrement, servant à poser les bases d’une intrigue qui n’a pourtant pas besoin d’énormément d’introduction: à Hapala, au Mexique, un archéologue profane un tombeau et libère une puissance maléfique qui s’échappe pour trouve refuge dans le plus proche bâtiment. Une usine de poupée abandonnée qui, coïncidence, est sur le point de rouvrir puisque ayant été rachetée par un entrepreneur américain. Visitant l’endroit avec sa famille, celui-ci récupère une des poupées encore présentes pour sa fille Jessica sans savoir qu’elle abrite l’entité démoniaque qui va vite asservir la petite. Et tandis que la maman réalise ce qui se passe, les morts commencent à tomber…

 

 

M’enfin pas trop quand même et jamais de façon spectaculaire. Une gouvernante est électrocuté dans une cave, un gardien de nuit  effrayé fait une grosse crise cardiaque et un archéologue est écrasé sous une dalle en pierre lors des fouilles de la crypte interdite. Pas de quoi surfer sur le genre alors moribond du slasher et la réalisatrice semble d’ailleurs plus intéressée à imiter les films traitant du Diable, comme Amityville et consorts. Jessica se met à parler une langue étrangère qu’elle ne devrait pas connaitre, telle Regan dans L’Exorciste, et la scène de La Malédiction montrant Damien faire une crise d’hystérie lorsque ses parents veulent l’emmener à l’église est reprise pratiquement à l’identique. Le plus amusant dans cette décision reste l’utilisation de la religion chrétienne alors que les faits se déroulent au Mexique, berceau de civilisations bien plus anciennes ayant leurs propres mythologies.

 

 

Contrairement aux apparences, le démon de Dolly Dearest n’est pas d’origine Aztèque, Inca ou Maya puisqu’il s’agit tout simplement… de l’Antéchrist ! Il se trouve que 900 ans plus tôt, un peuple mexicain dédié au Mal (les fictionnels Sanzias, dont le nom signifie… “Satan on Earth” !) a préparé l’arrivé du fils du Diable afin de plonger le monde dans le chaos. Mais leur messie, un enfant démoniaque à corps humains et à tête de chèvre, se montra peut-être un peu trop monstrueux, les exterminant presque entièrement et les forçant à se rebeller contre lui. Libérée, la Bête compte bien reprendre ses habitudes de sacrifices d’enfants dont il s’abreuve du sang, et cible donc Jessica qui devient sa marionnette comme Regan et Carol Anne de Poltergeist avant elle. Dommage quand même de déménager l’action dans un autre pays pour refaire exactement la même chose qu’à la maison, mais le script semble déterminé à aligner les poncifs.

 

 

Le film n’est ainsi jamais au-dessus d’un jumpscare commis par un chat ou d’une visite au couvent pour rencontrer une nonne en réclusion. Jessica se rebelle évidemment contre sa mère sous l’influence de l’entité et l’historien sceptique fini par rallier la famille dans la dernière partie afin de combattre le Mal. Au moins la réalisatrice parvient à livrer quelques séquences efficaces comme lorsque la mère manque d’exploser la tête de la gamine au fusil en pensant qu’il s’agit de la poupée. Mais c’est vraiment en deuxième partie que les choses deviennent plus folles et intéressantes, avec même l’injection d’une forte dose d’humour. Dolly (nommée ainsi car cela veut simplement dire doll – poupée, en anglais) se montre plutôt fun et proche de Chucky dans son comportement, provoquant ses adversaires et riant de sa propre méchanceté.

 

 

On peut la voir planter des ciseaux dans la jambe d’un fuyard, poignarder une chrétienne avec une dague sacrificielle et même utiliser une machine à coudre pour mutiler la main d’une de ses victimes. Quand les héros tentent de faire exploser l’usine à la dynamite, elle cours partout pour jeter de l’eau sur les mèches, et lorsqu’un employé ignorant s’amuse à lui parler en faisant mine de la draguer, elle roule des yeux. Le plus intéressant reste cette idée que l’Antéchrist ne possède pas qu’une Dolly mais tous les modèles existant en même temps, préfigurant alors Cult of Chucky vingt-six ans en avance ! Les poupées travaillent de concert pour piéger leurs proies, et toutes n’affichent pas nécessairement la même tête ou les mêmes expressions, certaines étant plus laides que d’autres. Même les spécimens inachevés peuvent réagir, comme cette tête démontée tirant une langue démesurée dans le dos d’un petit garçon.

 

 

Si une guerre un peu plus ouverte entre les protagonistes et l’armée du démon avaient eu lieu en dernière bobine, Dolly Dearest aurait certainement rattrapé sa première heure mollassonne et fait pour une série B parfaitement recommandable. Mais en l’état, en-dehors de la tentative de plonger le père dans un mixer à caoutchouc et du moment où le fiston décharge un coup de chevrotine dans l’un des pantins (“Play with this, bitch !”), l’interaction entre les personnages apparait bien trop limité et en ressort l’impression que Dolly ne fout pas grand chose dans son propre film. Reste le casting, incroyablement bon, à commencer par le regretté Rip Torn dans le rôle de l’archéologue ronchon. La courageuse maman est jouée par Denise Crosby, vu dans Appel d’Urgence et Simetierre, et son époux n’est autre que Sam Bottoms, de Apocalypse Now. Et de Project Shadowchaser 3.

 

 

Dolly elle-même possède une doublure occasionnelle en la personne de Ed Gale, acteur nain ayant joué Howard the Duck pour George Lucas et même – Ô surprise – Chucky, pour quelques plans dans Jeu d’Enfant. Enfin les fans des Goonies reconnaitront Lupe Ontiveros, la femme de ménage espagnole maltraitée par Corey Feldman, dans un rôle quasi similaire. Ensemble ils portent collectivement le film sur leurs nombreuses épaules et permettent de donner l’illusion que celui-ci est plus friqué et réussi qu’il n’en a l’air. Non pas qu’il soit particulièrement mauvais en soit, au contraire il se laisse bien suivre, mais leur performance fait clairement la différence et aide beaucoup à l’appréciation de l’œuvre. Enfin en même temps, lorsque l’on voit qu’Annabelle et ses suites parviennent à rassembler les foules avec une poupée moche et des scénarios ridicules, il n’y a pas de raison pour que Dolly Dearest ne fasse pas un carton avec sa nouvelle réédition Blu-ray !

 

 

 

       

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