Lumberjack Man (2015)

ROAD TO HALLOWEEN VI

 

 

Lumberjack Man

(2015)

 

You’ll all end up in the asses of an ocelot !

 

 

Film d’horreur indépendant présenté en son temps dans au festival annuel 8 Films to Die For organisé par After Dark Films, Lumberjack Man semble a priori être l’habituel slasher mettant en scène un boogeyman surnaturel à la Freddy ou Jason. Un énième avatar du genre qui marche sur les traces de Hatchet pour son aspect grand guignolesque et l’exagération à l’extrême des scènes sanglantes. C’est en grande partie vrai, mais attention, car comme le titre l’indique un peu (l’homme-bûcheron, ce qui ne fait pas très sérieux) il s’agit en fait d’une parodie. Pas une caricature façon Scary Movie où tout est résolument absurde mais une comédie impossible à prendre au sérieux en raison de nombreux personnages loufoques et de l’absurdité de la menace: un mort-vivant qui souhaite manger des pancakes géants en utilisant du sang humain en guise de sirop d’érable ! Ajoutez à cela un Michael Madsen déjanté qui se prend pour le Dr. Loomis de Halloween et de nombreuses scènes sexy qui tombent avec la même régularité que celles de meurtres, et le résultat est évidemment à prendre au trente-sixième degré.

 

 

Ce n’est pas une surprise de découvrir que le réalisateur provient de l’univers du jeu vidéo indie, avec à son actif des titres délirant comme Comic Jumper: The Adventures of Captain Smiley ou Splosion Man. Pour l’occasion il réuni son partenaire producteur Bill Muehl (F.E.A.R. 3 et Charlie et la Chocolaterie sur X-Box) et ses scénaristes Ed Kuehnel et Matt Entin (Leisure Suite Larry: Magna Cum Laude, ce qui explique la nudité abondante) afin de pondre une intrigue volontairement risible et prétexte à un jeu de massacre: au temps de l’Ouest sauvage, un chasseur rencontre le bûcheron Nehemiah Esterday, alors en pleine préparation de délicieux pancakes pour la fête du Mardi Gras. Invité à goûter les crêpes, l’homme tombe est séduit par le goût et lui propose un deal afin de commercialiser sa recette. Mais le coupeur de bois refuse, ayant juré de ne jamais révéler ce secret de famille bien gardé. L’autre l’assassine alors en le noyau dans son chaudron de sirop avant dérober la formule (cachée dans l’anus d’un ocelot empaillé) et de faire fortune. Depuis, Nehemiah revient à la vie tous les 30 ans pour se venger.

 

 

Devenu un super-zombie à la force surhumaine, il a pour habitude de se cuisiner une pile de pancakes géants avant de partir à la chasse, un “petit déjeuner” qu’il compte manger après avoir dézingué tout ceux qu’il croise, utilisant leur sang à la place du sirop. Lorsque le film commence il se lance à l’assaut d’un camp de vacances chrétien dont les moniteurs viennent juste de débarquer. Heureusement le brave Dr. Shirtcliff, le seul à savoir comment l’arrêter, se lance à ses trousses. Mais hélas celui-ci semble avoir quelques cases en moins et aura bien du mal à convaincre quiconque de lui venir en aide… S’ensuit une bonne heure de mises à mort démentielles, de nudité plus ou moins érotique façon teen comedy des années 2000 et de blagues pas toujours drôles mais balancée avec une bonne humeur certaine et presque communicative. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Lumberjack Man ne cherche pas à arnaquer son public, se montrant non seulement généreux mais aussi très rythmé, enchainant les bons moments sans temps morts et aussi tôt que possible. Même le générique d’ouverture se plait à montrer le croquemitaine se préparer façon Rambo.

 

 

Celui-ci chauffe ses crêpes sur une plaque dégoûtante où trainent quelques asticots et utilise un vieux chariot pour les transporter partout où il va, la brouette cachant un arsenal à la manière du landau de Baby Cart. Le monstre œuvre en plein jour sans se soucier des convenances et aborde un look à mi-chemin entre le redneck géant à la Victor Crowley ou Leatherface, et le fantôme indien avec ce masque en bois et ces plumes dans les cheveux. Au final c’est une vingtaine de personne qui tombent sous ses coups, celui-ci ne plaisantant pas du tout malgré l’esprit déconne voulu par les créateurs du film. Il est même si efficace que parfois l’angle parodique disparait presque, les acteurs jouant l’agonie de manière crédible tandis que la mise en scène tourne froidement certaines exécution. L’exemple le plus frappant est l’assassina d’une bimbo idiote à coups de crêpes géantes: le monstre la tabasse à répétition avec son pancake au point que le visage de la jeune femme fini par s’incruster dans la pâte. Marrant, sauf que la demoiselle réagit comme si elle était véritablement attaquée par un assaillant violent tandis que ses blessures se montrent réalistes.

 

 

Il n’y a ni bruitage de dessin animé, ni commentaires décalés, ni rien, et en résulte une vision assez perturbante de ce calvaire mi-drôle mi-terrifiant. Même chose pour cette scène pourtant incroyable où la pétasse de service est transformée… en table basse vivante ! Nehemiah brise ses bras, ses jambes et sa colonne vertébral, réarrangeant l’emboitement de manière à ce qu’elle soit immobilisées en une pose comme l’exercice du pont. Il installe ensuite une crêpe sur son torse comme s’il allait déjeuner, la blague venant du fait que le “meuble” est bancale ! Agacé, il fini par balancer sa victime contre un arbre… Le réalisateur choisi étrangement de garder la fille vivante et suppliante durant tout ce temps, rendant ainsi la séquence bien plus malsaine qu’elle ne devrait l’être. Surprenant pour une parodie, même si beaucoup n’y verront que du feu en raison de l’aspect cartoonesque de ces sévices. D’ailleurs ce déséquilibre ne concerne que quelques meurtres, le reste se montrant plus traditionnel et très satisfaisant: le bûcheron arrache la tête d’un type à mains nues et la jette sur la poitrine opulente de sa compagne, coupe un arbre géant pour écraser un pauvre voyeur dont le crâne éclate sous l’impact et scotch un gars au plafond d’un bus avec une lance.

 

 

Il arrache le cœur d’un autre avant de lui enfourner profondément dans la bouche, effectue une double décapitation où chaque tête s’envole dans une direction différente, plante un robinet à vin dans le front d’une pauvre fille et tranche en deux un fuyard à la grande scie, le haut du corps demeurant coincé sur la lame tandis que les jambes continuent de courir ! Le zombie arrache même les prothèses mammaires de la directrice poumonée du camp de vacances et cache un visage humain dans une pile de crêpes distribuée à la cantine. Bref, que du bon, et même si le réalisateur n’hésite pas à employer les CGI ici et là quand ça l’arrange contrairement à un Adam Green, le résultat est suffisamment soigné pour ne pas détonner avec les effets spéciaux mécaniques. Mais le sang n’est pas l’unique atout de Lumberjack Man et, comme de l’ignoble Muck, il contrebalance pratiquement chaque scène horrifique par de la nudité. Ici un chauffeur de bus sniffant de la coke sur son volant s’envoi en l’air avec deux greluches qui simulent leur plaisir tout en pianotant sur leurs téléphones portables, là une donzelle effrayée s’échappe à travers bois en short court et soutien-gorge.

 

 

Un voyeur observe, banane à la main, deux idiotes faire trempettes seins nus dans un lac, le film usant du ralenti et du flou artistique à l’extrême pour accentuer le côté fantasme de la scène. Un couple baise dans les bois avant de se faire mettre en charpie, une fête improvisée devient un concours de tee-shirt mouillé, et deux garnements observent secrètement leur monitrice à la sortie de sa douche, celle-ci prend lascivement la pose sans aucune raison avant de s’enduire de crème comme si elle jouait dans un softcore. Quant au surveillant fumeur de joint, il confond le Nehemiah avec son ex-femme et cours s’amuser avec la généreuse poitrine hallucinée sans réaliser le danger. Même l’héroïne n’est pas épargnée dans la dernière partie, Michael Madsen lui ordonnant de se déshabiller afin de se couvrir d’un sirop magique lorsque le croquemitaine vient à sa rencontre. Son excuses ? Le tissu de ses vêtements risquerait d’absorber trop de liquide, la mettant alors en danger ! Seule la jolie shérif adjointe refuse de dévoiler ses charmes mais l’uniforme lui va à ravir. Autant dire que le cinéaste nous en met plein les yeux, et son film a donc toujours quelque chose à nous montrer, quoiqu’il se passe à l’écran.

 

 

Forcément, avec tout ça, Lumberjack Man se retrouve bien chargé. Pourtant il faut aussi compter sur l’angle parodique et les idées un peu étranges qui émaillent le film. Comme la lueur rouge dans les yeux du tueur, générée par une LED sous son masque, ces dude bros de corvée d’étable qui fabriquent des doubles d’eux-mêmes en fumier pour tromper la vigilance de leur gardien stoned ou ce directeur de camp limite neuneu avec sa coupe au bol, son petit sac à dos et son attitude de chochotte. La réplique “You don’t know what death is” de Halloween 2 est détournée au moins trois fois en remplaçant la “mort” par “breakfast”, “meatloaf” et “pancake” sans que cela n’ait le moindre sens. Les origines du tueur sont racontées via un sympathique dessin animé où l’arrière-plan imite la texture de la pâte à crêpe tandis que les animations ont la couleur du sirop, et enfin il y a Michael Madsen. Pour la première fois depuis très longtemps celui-ci semble vraiment s’amuser, imitant Donald Pleasence et balançant des répliques complètement idiotes: “That demon logger has been out there targeting the innocent for centuries, setting before him his breakfast of ghastly vengeance”.

 

 

Il roule dans une minuscule Smart, prend en photos des monitrices exhibant leur seins, manie le fusil à pompe, et au final parait beaucoup moins misérable que dans les DTV type Piranhaconda qu’il enchaine continuellement. Le personnage existe même en dehors du film puisque les créateurs l’ont utilisés à travers une intelligente campagne marketing virale: quelques heureux élus reçurent trois différents colis supposément envoyés par le Dr. Shirtcliff durant les étapes de pré-production, de tournage et de post-production, chacun contenant des documents attestant de l’existence de Nehemiah Esterday et plusieurs goodies promotionnels. Parmi les critiques ayant été choisi, citons le site spécialisé sur le cinéma d’horreur ShockTillYouDrop.com (renommé génériquement ComingSoon.net depuis) et surtout le Angry Video Game Nerd lui-même, James Rolfe, qui dévoila le contenu des paquets dans une vidéo durant l’un de ses fameux Monster Madness. Une très bonne manière d’attirer l’attention du public sur ce petit film qui autrement serait sans doute passé totalement inaperçu.

 

 

 

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