The Walking Dead (5.11)

The Walking Dead
Ep.5.11

The Distance

 

 

Je sais que la saison 5 t’es pénible”, me dit l’autre jour mon collègue toxique, Rigs Mordo. Et tu n’as pas idée a quel point tu as raison, petit belge ! La preuve: devant tant de médiocrité, je rechigne à faire mon travail et j’accumule le retard: trois semaines, un mois. Maintenant cinq semaines. Plus, je perds le compte. Je me suis tout bonnement tiré une balle dans le pied après avoir survécu au mid-season, en décidant de reprendre malgré tout les chroniques hebdomadaires. Avant la pause, déjà, je laissais entendre que je ne savais pas si j’allais retenter l’expérience. Dans le doute j’ai préféré au moins conclure la saison jusqu’au bout, afin de présenter une série complète de petits rapports. Peut-être aurais-je dû m’abstenir…
Ce fut honnêtement une expérience intéressante, amusante même, que de suivre régulièrement un épisode d’une série télé et d’en parler, de faire des pronostiques et de constater à quel point je pouvais avoir tort ou avoir raison, voir comment l’intrigue évolue au fil des mois. Mais après avoir achevé Constantine, et par le passé m’être déjà fait la main avec quelques shows comme Doctor Who, Hannibal, ou encore From Dusk Till Dawn, je me dis que ce n’est tout simplement pas mon créneau. Si j’avais en tête certains titres à venir dans le courant de l’année (les nouvelles saisons d’Hannibal et d’Une Nuit en Enfer par exemple), je crois que seule celle sur Evil Dead aura droit à ce traitement, vu son importance.

 

 

Quoiqu’il en soit, The Walking Dead épisode 11. Le hasard veut que, au moment exact où je me laisse aller à la procrastination et que je ne parvient plus à tenir mes délais, la série trouve le moyen d’amorcer un virage totale et de devenir… bonne ! The Distance est le début de la renaissance et je ne parle pas simplement en terme narrative. Bien sûr il marque l’arrivée de Team Rick à la Safe Zone, leur introduction au sein d’une nouvelle communauté et donc le début de nouvelles aventures. Mais la dynamique du groupe rebondit, les rapports entre les divers protagonistes deviennent intéressant, le symbolisme lourdingue se fait beaucoup moins présent et les dialogues ne semblent plus être là pour faire du remplissage.
Mieux encore, la “logique” semble être de mise lorsque nos héros rencontrent les habitants de ce village fortifié: alors que tous espéraient atteindre Washington dans l’espoir de trouver un sanctuaire idyllique, les voilà qui réalisent qu’un tel endroit ne peut tout simplement pas exister et s’en méfient alors comme de la peste. Je m’avance (mais avec le retard, j’englobe un peu la totalité du story arc), mais il s’agit vraiment d’un pas en avant pour cette série qui tournait en rond depuis fort longtemps. Les évènements qui se déroulent ici ne forment qu’un prologue à tout ce renouveau, mais déjà tous les éléments sont réunis ici et, pour la première fois depuis un bon moment, on se surprend à regarder avec attention ce qui se passe à l’écran.

 

 

L’intrigue reprend pile là où nous l’avions laissée, avec l’arrivée de Aaron parmi le groupe. Un étranger qui parait presque trop sympathique pour être honnête. Celui-ci prétend vouloir recruter chacun d’entre eux pour qu’ils fassent partie de sa communauté, un havre de paix qui demande tout de même une ressource principale pour continuer à exister: des êtres humains. Aaron avoue les avoir observé depuis longtemps avant de faire son choix, découvrant en eux des survivants capables de se soutenir et de s’entre-aider même dans les pires conditions, preuves qu’ils sont de “braves gens”.
Mais évidemment après le Gouverneur, les cannibales et l’hôpital fasciste de Dawn, notre équipe est plus que méfiante envers cet individu et ses belles paroles. Et s’il parvient à en toucher quelques uns avec ses dires, grâce au désespoir total qui s’est installé dans le cœur de chacun, Rick sombre à la limite de la paranoïa et flaire le piège. Après avoir assommé l’inconnu, l’interrogeant ensuite sur ses motivations et le nombre de ses partenaires, celui-ci convient de simplement oublier la rencontre et ne pas l’écouter. Ses amis ne sont pas du même avis et le convainc de partir à la rencontre de l’équipier d’Aaron, qui apparemment se cache dans les parages, afin de tirer toute cette histoire au clair.

 

 

Je vais tâcher de faire court pour une fois, mais voilà un épisode bien plus rythmé et intéressant qu’on aurait pu le croire. Jusqu’ici The Walking Dead nous avait habituer à faire trainer les choses, allongeant sur trois ou quatre épisodes des séquences qui auraient pu être racontées sur un ou deux. Lorsque Aaron est capturé et questionné par Rick, tous laisse à penser qu’il va falloir au moins deux épisodes pour que les protagonistes se mettent enfin en route, puis encore un ou deux autres avant qu’ils n’atteignent leur destination, avec l’idée que la Safe Zone n’arrive qu’au season finale afin de créer le cliffhanger habituelle pour de nouvelles bases en saison 6.
Pourtant non ! Les responsables décident qu’il est grand temps de passer à autre chose et si Rick doute beaucoup des promesses d’Aaron, ce n’est que pour introduire ce qui va devenir la problématique principale dans les temps à venir: le problème de confiance, celui de ne pas réussir à s’intégrer pleinement à un autre groupe, ainsi que le sentiment qu’une communauté idéale et paisible soit impossible à trouver dans le monde tel qu’il est devenu. Du reste, The Distance montre surtout le groupe prendre la décision de croire à ce refuge et de partir en route malgré le danger potentiel qu’il représente.

 

 

C’est donc en toute fin d’épisode que Team Rick débarque aux portes de la Safe Zone, avec entre cet épilogue et les premières scènes avec Aaron une sympathique séquence d’action à base de morts-vivants. Le scénario se focalise enfin sur son histoire plutôt que de suivre chaque personnage indépendamment et de répéter en boucle leur dilemme personnel, et l’impression générale qui se dégage de The Distance est qu’il y a un véritable effort de progression.
Pour autant, il y a naturellement ici et là quelques éléments de développement des personnages avec, surtout, la méfiance de Rick. Celle-ci prend le plus de place et montre l’ancien homme de Loi devoir réviser son jugement lorsque Michonne s’oppose clairement à lui et que Daryl ne le soutient pas. On peut tout de même voir Glenn s’affirmer en homme de terrain, Abraham tenter d’avoir une discussion avec sa compagne (preuve définitive que leur couple bat de l’aile, ce qui se confirmera plus ou moins par la suite avec l’apparition d’un nouveau personnage féminin) et Aaron affiche ouvertement son homosexualité et son couple avec un autre jeune homme. Une idée reprise directement de la bande-dessinée et gardée telle quelle, sans modification ou “atténuation” pour le petite écran. Cela peut paraître anodin de nos jours, mais rappelons que la polémique existe malgré tout ! Ici Aaron et son petit ami Eric ne sont pas représentés de façon caricaturale, ou trop appuyé, ce que l’on peut vraiment saluer.

 

 

Le personnage d’Aaron n’est pas la seule chose qui va inspirer les scénaristes pour la suite de la saison, et on peut en fait voir qu’à partir de maintenant The Walking Dead va se rapprocher énormément de sa version papier. Les modifications demeurent mais, dans les grandes lignes, il n’y a pour ainsi dire aucune prise de liberté avec le matériau d’origine. C’est quelque part assez ironique que ce show, dont le principe de base était de s’éloigner des comics, se met à fonctionner lorsqu’il revient justement à la source !
J’ignore totalement si cela est temporaire et que la narration dévira de nouveau avec la saison 6, ou si, pour les temps à venir, l’histoire principale collera à celle écrite par Kirkman avec de simples changements sans importance ici et là. L’air de rien, avec l’annonce officielle du spin-off (pas de titre mais déjà deux saisons de validées ! Faudrait peut-être attendre de voir comment le show s’en tire avant de se précipiter comme ça les mecs !) qui part du principe de suivre un groupe de survivants totalement nouveau pour des histoires résolument nouvelles, peut-être que cette réorientation subite n’est pas dû au hasard… Je ne suis pas assez cynique pour dire qu’il s’agit là d’un aveu d’échec, mais je ne regrette absolument pas la tournure des évènements étant donné que The Walking Dead retrouve un second souffle en abandonnant ses errances ennuyeuses et en favorisant une narration déjà établie au préalable.

 

 

Enfin, comme toujours, le morceau de bravoure de la semaine réside dans ses attaques de zombies, souvent innovantes et visuellement bien troussées. Ici c’est tout le convoi Team Rick qui se retrouve dans la panade, prenant de nuit une route “non nettoyée” où pullulent les Walkers. Les véhicules se perdent de vue et le bolide de tête fonce dans une horde de cadavres ambulants, repeignant son pare-brise au point de se rendre aveugle. L’accident oblige les différents personnages à partir à pied, suivant vaguement une fusée éclairante aperçue plus tôt pour se retrouver.
Michonne essaye de retirer des morceaux de corps du capot de la voiture afin qu’elle puisse repartir, Rick tir une fusée de détresse dans la bouche d’un zombie façon Dredd 3D, et Glenn fait une fois de plus preuve de compétence lorsqu’il s’agit de s’en sortir alors qu’il est submergé de toute part. Une séquence solide et plutôt prenante car on ne sait pas vraiment si les personnages vont se réunir d’ici la fin de l’épisode et si Aaron ne va pas tout simplement les abandonner sur place pour retrouver Eric. Il y a donc plus ici que la simple notion de gore, et la série prouve que, quand elle le veut, elle peut véritablement utiliser la tension et les relations entre les personnages à son avantage afin de montrer le danger que représente son univers. C’est en tout cas bien plus efficace que les dernières morts “choquantes” qui arrivaient comme un cheveu sur la soupe.

 

 

Cerise sur le gâteau, il y a également deux ou trois scènes “différentes” à se mettre sous la dent en cours de route: l’anecdote amusante à propos de l’enfance d’Aaron, sa mère l’obligeant à manger une certaine nourriture répugnante dans l’espoir de le rendre viril, et ses réactions lorsque Rick le force à en avaler afin de s’assurer qu’il ne s’agisse pas de poison. Les propos tendre que le personnage échange avec son petit ami après une grosse frayeur. Et surtout il y a la toute dernière séquence où les personnages se retrouvent aux portes d’Alexandria. La réalisation adopte le point de vue de Rick, alerte et ne pouvant voir ce qui se cache au-delà du portail blindé. Celui-ci est tendu et s’attend véritablement à une attaque, jusqu’à ce qu’il entende finalement le rire des enfants par-delà les murs. Un déclic s’opère en lui et il accepte alors de prendre sa fille dans ses bras et d’approcher la Safe Zone, avec en tête un possible retour vers une vie paisible…
De la mise en scène, du suspense et des moments mémorables. Depuis quand The Walking Dead n’avait pas été aussi agréable à suivre ? En tout cas The Distance fait un épisode très recommandable et même une parfaite entrée en matière pour quiconque serait intéressé pour voir la série sans se farcir les quatre saisons précédentes. Son seul défaut est de poursuivre sur l’étrange concept de débuter les épisodes dans le silence absolu, sans musique ni bruitage, donnant là encore l’impression d’avoir un soucis audio et nous faisant monter le son pour rien…

 

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