Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 20
Pin-Up
WEEPING WILLOW
Madame Mirage (2008)
Ceux qui trainent par ici depuis assez longtemps le savent, j’ai un faible pour les jolies brunes aux yeux verts. Mais j’ai aussi un faible, dans les comics, pour les super-criminels qui reposent sur les gimmicks les plus absurdes – ce sont Lady Octopus, pendant féminin du célèbre Dock Ock de Spider-Man, Scream, version femelle et de couleur jaune de Venom, ou encore Spot, un personnage au costume couvert de tâches noirs qui sont autant de petites portes vers d’autres dimensions. Aussi, lorsque je découvre dans les pages de bandes-dessinées des personnage qui regroupent ces choses, j’en deviens aussitôt accro. Comme avec Zatanna chez DC, magicienne qui peut réaliser tout ce qu’elle dit en parlant à l’envers, ou X-23 de Marvel, clone de Wolverine mais jeune fille, car les chromosomes de l’original étaient trop abimés pour créer une copie et il fallu les modifier. Ou comme Weeping Willow, mercenaire qui fait presque office de figurante dans Madame Mirage, une série en six numéros qui revisite le mythe du super-héros à la sauce high-tech.
On doit ce titre à Paul Dini, grand scénariste de DC qui œuvre bien souvent chez Batman et qui est au moins tout autant obsédé par Zatanna que moi. Sans doute plus, puisqu’il écrit beaucoup d’histoire pour elle tant en comics que dans les divers dessins-animés du Chevalier Noir, et surtout il a fini par épouser une véritable prestidigitatrice, Misty Lee, qui porte évidemment aussi le haut-de-forme et les bas résilles. Il s’inspire encore une fois sur son épouse lorsqu’il réalise Madame Mirage, dont l’héroïne évoque les beautés fatales des romans pulp, et les accoutrements délirant des costumes de scène ou de vieux cinéma. Il y troque cependant la magie pour la haute technologie, puisque sa série réinvente le mythe du super-héros uniquement à travers la science cybernétique et le génie biologique. Il adapte ainsi l’art de l’illusion et Madame Mirage se révèle essentiellement être un hologramme, ce qui lui permettre d’apparaitre où elle le souhaite et d’être invulnérable à tous types d’attaque. Un moyen également de tromper, manipuler, mystifier son entourage et particulièrement ses cibles de prédilection: des anciens super-vilains qui ont dû se reconvertir après une purge des « super » figures organisée par le gouvernement…
Ainsi traque t-elle particulièrement les exécutifs de l’A.S.I. (Aggressive Solutions International), un syndicat du crime qui dissimule ses activités crapuleuses derrière des services nauséabonds mais légaux: vente d’armes, milices privés, etc. Les criminels d’autrefois peuvent ainsi continuer à endosser leur équipement de haute technologie sans être trop inquiété par le FBI, tandis que les héros ont fini par abandonné leurs activités peu lucrative et désormais passible de lourdes peines. Naturellement cela permet au scénariste de mettre en scène un grand nombre de personnages scientifiquement amélioré et aux pouvoirs à la fois grotesques et amusant, même si aucun ne peut rivaliser de talent avec sa fe… son héroïne: citons Pachy-Doom, un colosse en armure high-tech qui évoque un peu le Rhino de Marvel, Aphrodisiac, une jolie bimbo qui peut vous griller le cerveau avec ses phéromones, Cotton-Eye Joe, cliché texan et téléporteur… Et donc Weeping Willow (saule pleureur), une petite Goth aux cheveux noirs et surtout vivants, qu’elle peut ainsi manipuler comme des tentacules à la manière de Medusa des Inhumains chez Marvel, ou de Sindel dans Mortal Kombat.
De son vrai nom Amanda Drutch, elle n’apparait que dans le 4ème numéro en tant que personnage gag. Littéralement. Elle n’en fait pas plus ni moins que ses collègues dans l’histoire et ne sert que de chair à canon pour une Madame Mirage surpuissante et protégée par son scénariste, le seul commentaire fait par la narration à son sujet est une phrase décalé: “tout le monde doit avoir son gimmick, j’imagine”. Elle s’en sort cependant avec les honneurs puisque, comparé à tous ses camarades, elle est la seule a poser un réel problème à l’hologramme, puisque plutôt que de s’attaquer directement à elle, elle prend en otage sa jeune sœur – en réalité celle qui manipule la technologie de Madame Mirage, qui n’est que virtuelle. Elle aurait certainement gagnée la partie si elle avait su que son adversaire n’existe pas vraiment, et aurait pu le neutraliser en s’occupant un peu plus de sa captive. Bien sûr celle-ci se libère facilement en utilisant un couteau pour se libérer avant de l’endormir à l’aide d’une seringue hypodermique. Un sort plutôt miséricordieux compte tenu du fait que Madame Mirage et sa créatrice exécutent d’ordinaire très brutalement leurs proies.
En il suffit de connaitre un peu Paul Dini pour comprendre qu’il a tenu à sauver Weeping Willow non seulement d’un sort funeste mais aussi de l’anonymat: si certains cyber-criminels font une brève apparition sans spécialement revenir par la suite, l’auteur insiste pour ramener la jeune femme dans les pages suivantes. Certainement pas un hasard puisque sa chevelure noire et ses vêtements sombres en font presque une réplique adolescente et rebelle de Zatanna et de Misty Lee. Ainsi nous la retrouvons plus tard dans les locaux de l’A.S.I., poireautant à l’infirmerie pour obtenir des anti-douleurs. Pourquoi ? Tout simplement parce que sa technologie capillaire fait que chacun de ses follicules pileux possède une vie propre – ainsi l’amputation de quelques mèches subit lors de sa bagarre avec Madame Mirage lui cause une grande douleur, “comme si un million de petits bras avaient été coupés de ma tête”. Elle demeurera alors hors de combat pour le reste de la BD, avec des bandages non pas à la tête, mais sur ses cheveux.
On la retrouve plus tard dans le tout dernier numéro de la mini-série, durant la conclusion, alors que les héroïnes ont fait tomber la société maléfique en informant le FBI de ses sombres secrets. En état d’arrestation, elle se fait embarquer dans un fourgon. Et alors que sa chevelure ondule tout autour d’elle, comme des tentacules flottant, un agent l’empoigne par quelques mèches comme il l’aurait ordinairement fait avec les bras d’un prisonnier. Grincheuse et douloureuse, Weeping Willow le houspille alors: “Watch the hair !” C’est malheureusement tout et j’avoue avoir été un peu déçu de ne pas la voir apparaitre un peu plus, même s’il n’y a scénaristiquement aucune raison pour cela. Amandra Drutch n’est globalement qu’une figurante dont l’auteur – et ce lecteur, pour l’occasion – s’est un peu entiché, prolongeant un peu plus son temps de présence via une ou deux situations humoristiques. La raison tient principalement de son apparence et de son gimmick, une jolie Goth aux cheveux ondoyant étant forcément séduisant et détonnant des autres personnages cybernétiques peuplant cette histoire.
Il faut d’ailleurs noter le soucis du détail sur sa tenue et son maquillage (qui semble s’étendre sur son visage comme s’il était relié à ses pouvoirs capillaires), qui apparaissent bien plus chargés et élaborés que ceux de pas mal de ses compagnons au look plus épuré et moins original. Sans doute l’une des raisons pour lesquelles elle sort du lot, au point que l’on pourrait totalement imaginer ce même personnage réapparaitre ailleurs dans un autre univers. Elle ferait une parfait méchante de second plan, le temps d’une court épisode, pour des personnages comme Spider-Man ou Deadpool. Mais aussi une bonne sidekick ou rivale pour Zatanna. Mais Madame Mirage date d’il y a dix ans maintenant et Dini n’a jamais recyclé sa création. Il est alors temps de tourner définitivement la page sur Amandra Drutch, cyber-mercenaire aux cheveux vivants et aux yeux émeraudes. Même si le format comic-book vous permet de revenir en arrière autant de fois que vous le voulez, ce qui est quand même bien pratique !
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