The Postman (1997)

 

The Postman

(1997)

 

 

La dernière expérience de Kevin Costner avec la science-fiction tendance post-apocalyptique remonte deux ans plus tôt avec Waterworld et son fameux plantage au box office. Pas découragé par le bide du film, il retente d’œuvrer dans le genre par le biais de l’adaptation d’un roman de David Brin, The Postman.

Au premier abord le film pourrait laisser croire à un nouveau Mad Max 2, tel que le précédent Waterworld, et pourtant il n’en ait rien. Si le postulat de départ nous présente bien une Amérique dévasté après un conflit, réduite à d’immenses plaines désertiques et à quelques villages privés de moyens de communication, The Postman change la donne en nous présentant une histoire plus originale et d’un aspect différent du basique post-apocalyptique.

2013. Suite à un grand conflit, les États-Unis d’Amérique n’existent plus. La civilisation a disparue et les quelques survivants se sont regroupés en petits villages éparpillés et ne pouvant désormais plus se contacter, suite à une régression totale de la technologie. Les responsables de la guerre passée, les Holnists (un groupe de terroristes xénophobes), sont devenus une véritable armée crainte par de tous, recrutant désormais dans divers villages. C’est ainsi que se fait capturer un homme solitaire, voyageant de villages en villages pour gagner sa pitance en faisant de petites représentations, lequel est alors enrôlé de force. Réussissant à fuir le camp d’entraînement, il se retrouve à s’abriter de la pluie dans une carcasse de voiture de poste. Récupérant le courrier et se faisant passer pour le facteur afin de continuer à vivre, il réalise progressivement qu’il rend espoir à tout un peuple…

Si l’œuvre de David Brin flirtait beaucoup avec la science-fiction (les Holnists sont vus comme des sortes de cyborgs tandis que les villageois sont aidés par un puissant ordinateur), Costner opte pour une disparition totale de la technologie, faisant ainsi plus ou moins revenir les États-Unis vers la période de l’Ouest sauvage. Cette approche change donc énormément le ton de l’histoire qui s’apparente plus à un western qu’à un véritable film de SF. C’est de cette originalité que naît la qualité principale du film, malgré une impression de déjà-vu. Ainsi pense t-on à Mad Max 3, ne serait ce que pour le héros prit à tort (puis à raison) pour le Sauveur, ainsi que pour le face-à-face entre l’anti-héro et son ennemi, autrefois un anonyme mais désormais quelqu’un d’important et de respecté.

Toutefois The Postman possède un ton très différent du tout public Mad Max 3. Pas de grand spectacle, pas de cascades dans tous les sens. Cela reste un film de personnages et donc d’acteurs. Rôles très intéressant bien que parfois assez caricaturales et trop clichés (le général Holnist et certains de ses hommes, pour le coup trop complaisants dans leur idéologie et tournant au cabotinage général, sans parler de l’inévitable ami appuyant le personnage principal et allant bien sûr jusqu’à lui redonner la foi), mais brillamment interprété par des acteurs convaincant (Costner, Will Patton et Olivia Williams en tête). On peut apprécier les magnifiques décors du film, parfois tout bonnement époustouflant, ainsi que la sauvagerie qui se dégage du film, montrant bien la régression de l’homme et son retour à une époque impitoyable.

Il faut aussi mentionner l’humour, pas poussif et nullement omniprésent (ce qui aurait gâché grand nombre de séquences du film), que ce soit les réactions du personnage de Costner, ou bien certains gags évoquant ceux de Waterworld (les Holnists au cinéma plein air, huant Universal Soldier au profit de Heidi, au grand dam du projectionniste), sans parler de l’apparition soudaine de la rock-star Tom Petty, dans son propre rôle dans le futur.

Cependant, le film recèle de plusieurs petits défauts qui peuvent rebuter le spectateur, voir lui gâcher complètement le film. Certains passages comme celui de la petite fille se mettant à chanter lors du départ du premier village visité par Kevin Costner, ainsi que la scène où ce dernier retourne sur ses pas pour récupérer la lettre tendue par un petit garçon, peuvent sembler excessives. De même les scènes de romance entre Costner et Williams sont trop convenues pour paraître spontanées et crédibles. Enfin il faut noter la durée excessive du film (2h20) qui donne parfois l’impression d’accumuler des moments inutiles (la trop longue scène où Costner et Williams sont bloqués dans un chalet sous la neige), et surtout le message même du film, perçu différemment par le spectateur américain et du reste du monde. Si l’idée générale est celle de la réunification des peuples sous une même nation, symbolisant le retour à la civilisation, le côté “retour en force des États-Unis” peut franchement s’avérer rébarbatif, voir énervant pour le spectateur qui n’est pas principalement concerné, en particulier lors de scènes tel que l’affrontement entre le général Holnist et Costner, ce dernier se mettant à lancer un très héroïque “Je crois aux États-Unis d’Amérique” avant de vaincre son adversaire sous fond de musique triomphante…

Bref, The Postman est un film d’aventure certes classique, mais néanmoins intéressant dans son approche, pour peu que l’on aime Costner ou que l’on fasse fi des défauts pouvant littéralement briser le film selon le spectateur. A voir, ou non, selon les envies et les goûts. Il va sans dire que le film aurait pu être bien meilleur sous une autre réalisation, mais il aurait également pu être bien pire, voir ridicule, ce que dans l’état actuel The Postman n’est pas. A tenter.

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