Halloween at Aunt Ethel’s (2019)

ROAD TO HALLOWEEN VI

 

 

Halloween at Aunt Ethel’s

(2019)

 

 

Halloween at Aunt Ethel’s est l’une des pires choses qui m’a été donné de voir. Bien sûr lorsque je repense à Keaton’s Cop ou Twister’s Revenge je me dis qu’il y existe peut-être plus lamentable encore, mais à ce niveau tout devient subjectif et il est difficile de “classer” la non-qualité de ces œuvres. Dans le cas présent, il faut par exemple déjà admettre que ce long-métrage n’est pas un film à proprement parlé mais plutôt une sorte de vidéo YouTube dépourvue de toute qualité artistique, narrative ou technique. Un sketch pas très drôle qui repose uniquement sur son concept (une vieille dame tueuse en série et cannibale vaque à ses occupations la nuit d’Halloween) que son créateur semble avoir artificiellement gonflé pour prétendre à une exploitation commerciale. Le résultat n’excède pas les 78 minutes génériques compris, celui de fin durant d’ailleurs dix bonnes minutes car le monteur y cache secrètement un vidéoclip et un bêtisier. Ajoutez à cela une scène d’intro qui s’étire inutilement sur dix minutes supplémentaires et vous comprendrez que nous tenons là une petite magouille indigne d’être qualifié de cinéma, de série B, et à peine de zéderie.

 

 

Cette arnaque elle est écrite et réalisé par un certain Joseph Mazzaferro, qui n’a pas grand chose sur son CV hormis quelques travaux documentaires ainsi que deux petites bandes d’horreur très obscures (Anne et Scathing), et à voir ses notions d’écriture et de mises en scènes on comprend vite pourquoi. Le film se traine tandis que l’intrigue ne prend forme que tardivement, enchainant des vignettes inutiles qui n’ont aucun liens ni même aucunes cohésions entre elles. En gros, le responsable de ce merdier improvise clairement, inventant de nouveaux éléments en cours de tournage et laissant soin au monteur de rassembler tout cela malgré la différence flagrante de ton qui transparait d’une scène à l’autre. Le résultat s’apparente essentiellement à une parodie bien crade, grasse et beauf à l’image des Epic Movie et autres insupportables productions de Jason Friedberg et Aaron Seltzer. Puis subitement l’ambiance devient plus sérieuse avec cette visite chez la grand mère meurtrière, les protagonistes nous apprenant subitement vouloir se venger d’elle parce qu’elle est responsable de la mort de leurs frères et sœurs des années plus tôt.

 

 

Le département Horreur tourne essentiellement autour de la comédie noire et du Grand Guignol via de nombreuses scènes où la mémé cannibale découpe et cuisine ses victimes, puis la dernière partie nous balance un meurtre d’enfant on ne peut plus sérieux et un twist final plus tragique qu’amusant. Bref, ça part dans tous les sens, et sans surprise aucune de ces différentes directions ne fonctionnent. Ni la comédie, ni la narration, ni l’épouvante et encore moins l’esprit d’Halloween qui est à peine exploité. Et c’est dommage car il y avait là un point de départ intéressant avec cette adaptation du conte de Hansel et Gretel en pleine fête de la Toussaint, où les friandises règnent en maitre. Sorte de sorcière moderne, la vieille tante Ethel est connue de tout le quartier comme une légende urbaine vivante puisqu’elle aurait massacrée toute sa famille vingt ans plus tôt. On dit que depuis lors, elle capture et tue les enfants qui viennent frapper à sa porte, utilisant les corps pour en faire des friandises. La police n’ayant jamais trouvé de preuve de ses crimes, elle est libre de poursuivre le carnage chaque année sans la moindre surveillance.

 

 

L’un de seuls gags du film vient du fait qu’il n’y a absolument aucun secret derrière cette rumeur, puisque l’on peut voir la mégère fouiller dans un frigo encombré de morceaux de cadavres au moment même où les protagonistes racontent les histoires qui courent à son sujet. En fait Ethel n’en peut plus d’attendre le jour J, sélectionnant déjà diverses armes en attendant de pouvoir s’en servir. Et tandis que les héros perdent inutilement notre temps en se préparant pour l’habituelle fête étudiante, la cannibale cuisine un pied ou une tête avant de prendre son mal en patience. La voir fumer un joint, bouquiner et soupirer d’impatience reste sans doute le seul moment drôle du film, même si le scénariste vient tout ruiner en montrant qu’elle peut finalement tuer des gens en avance. Pourquoi diable nous faire patienter jusqu’à la fameuse nuit de Samhain si l’intrigue peut se dérouler n’importe quand ? Tout simplement pour faire du remplissage avec les autres personnages,qui n’en finissent plus de draguer, baiser et se disputer. De la teen comedy clichée, puérile et filmée de la façon la plus beauf possible.

 

 

Les filles sont toujours entrain de s’habiller, prendre une douche ou s’envoyer en l’air tandis que la caméra s’attarde sur toutes les poitrines qui passent devant son objectif. De la nudité plus vulgaire que sexy, d’autant que les actrices ne sont pas toutes nécessairement charismatique, ayant été choisie sur leurs atouts mammaires plutôt que sur le reste. Triste à dire mais c’est la vérité, et le cinéaste semble surtout être un gros pervers utilisant son projet comme un simple prétexte pour assouvir ses fantasmes. Il faut quand même voir sa conception de l’érotisme: un masturbateur chronique qui se défoule devant les fenêtres de tout le voisinage (y compris chez tante Ethel qui est censée être vieille et moche, donc gag), un queutard qui creuse un trou dans son sac à bonbons pour y placer son sexe, encourageant les filles à venir fouiller dedans, ou encore ce fêtard surnommé Dr. Dick qui aborde en faux-nez en forme de pénis qui se frotte à sa copine sans se soucier de savoir si elle est en pleine conversation avec quelqu’un d’autre. Celle-ci n’est pas plus distinguée puisqu’elle lui offre une fellation à en pleine rue en guise de salutation !

 

 

Halloween at Aunt Ethel’s se montre alors aussi surréaliste qu’une parodie mais sans en être vraiment une, et devient difficilement supportable du fait que ni l’humour ni la nudité n’y valent quoi que ce soit. Heureusement que la harpie sanguinaire commette quelques méfaits, même si elle n’est finalement pas très productive: elle, découpe le corps d’un voyeur en commençant par son phallus, tente avec peine d’arracher un œil à la petite cuillère et fait un grand feu de joie des différentes parties d’un corps qu’elle vient de démembrer. Elle enferme quelques enfants dans des cages en attendant de les exécuter et dévore avec avidité sa “spécialité maison” faite de chair humaine et de sauce chocolat. Question meurtre c’est un peu la déception puisque qu’en dehors d’un lancé de hache dans le dos d’un fuyard, on ne compte qu’une gorge tranchée (hors champ) et une balle tirée à bout portant (hors champ aussi). Nous voilà loin du slasher que la bande-annonce tente de nous faire vendre, et à dire vrai c’est aussi la misère aussi question exposition. Car ce n’est que dans la dernière partie que Ethel dévoile la raison de ses agissements, sans que cela ne soit satisfaisant.

 

 

Il se trouve qu’elle n’est pas sorcière mais la victime d’une malédiction que lui lança une véritable ensorceleuse trente ans plus tôt. Chaque nuit d’Halloween, elle est contrainte de livrer 31 âmes – une pour chaque jour du mois d’Octobre. A qui ? Pourquoi ? Quelle peine encourue si elle échoue ? Autant de questions qui restent sans réponses, et de toute façon le personnage s’amuse bien trop à trucider son prochain pour avoir l’air de souffrir de son tourment. Le twist montre l’héroïne la supplier d’épargner son jeune neveu, qu’elle garde prisonnier, allant jusqu’à faire un deal avec elle: en prenant elle-même la dernière âme de la soirée, Ethel laissera le garçon partir. Un piège, puisque après avoir tué un gamin innocent, la jeune femme apprend qu’elle vient de libérer la meurtrière et va devoir prendre sa place. Difficile d’éprouver la moindre émotion pour ce retournement de situation vu qu’on ne nous donne que la moitié des informations relatif au sujet et que l’aspect tragique du moment ne colle pas du tout avec ce qu’on nous a été montré jusque là.

 

 

De toute façon le réalisateur s’en fiche complètement et vient aussitôt nous servir son horrible clip de rap tourné à la va-vite, à la fin du film. Un bonus dont on se serait bien passé et qui sert surtout à rallonger la longueur du métrage, la qualité du machin étant là encore digne de YouTube. Et lorsque tout se termine, il faut vraiment creuser ses méninges pour trouver quelques bons points à ce ratage complet. Citons quelques gags visuels passables comme ce gros plan sur une toile d’araignée symbolisant l’héroïne prise au piège, mais faite à l’aide d’une décoration d’Halloween, ou ce moment où lorsqu’elle découvre en pleine soirée que son mec la trompe, la foule se trouvant en arrêt sur image tandis que les coupables continuent de s’embrasser fougueusement. Il y a aussi cette engueulade entre une bimbo et sa mère persuadée d’être une MILF plus séduisante qu’elle, et surtout le thème musical pour le coup très réussi, morceau de synthwave rétro et efficace qui revient plusieurs fois pour créer l’illusion d’une atmosphère. C’est peu et c’est de toute façon tout ce que je me sens capable de complimenter vu le supplice que fut la vision de cette aberration filmique

 

 

 

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