Aliens: Unleashed (2003, Mobile)

 

Mobile

Aliens: Unleashed

(2003)

 

 

Petit FPS développé exclusivement pour téléphones portables, Aliens: Unleashed (ou plus exactement ALIENS: Unleashed, puisque c’est ainsi que les compagnies productrices l’écrivaient dans leurs documents officiels) a pour lui d’être le tout premier jeu mobile de la franchise Aliens. Pas nécessairement un grand accomplissement mais il peut au moins se targuer d’être ça. Il faut remonter aussi loin que Novembre 2003 pour retrouver ses origines, dont le responsable principal est évidemment la 20th Century Fox. A l’époque sa division Licensing & Merchandising, responsable de distribuer les droits à divers fabricants de produits dérivés, avait un contrat avec le développeur Sorrent (maintenant Glu Mobile) qui réalisait pour eux différents jeux d’après leurs licences, dont notamment des titres sportifs. Aliens: Unleashed résulte donc de leur association, ainsi que d’un partenariat avec Verizon Wireless, une très grande entreprise de télécommunications justement spécialisée dans les services mobiles comme les applications primitives de l’époque.
Sans surprise, le jeu était particulièrement disponible pour les clients de Verizon via leur plateforme Get It Now, disponible sur certains téléphones associés: Audiovox 8900, Motorola T720, Siemens S55 et tout une gamme de Nokia (2650, 3100, 3120)… Si ça ne vous dit rien rassurez-vous, c’est pareil pour moi. 2003 ça remonte et je n’étais pas spécialement un spécialiste du téléphone à cette époque.

 

 

Pour autant je me souviens à quel point la technologie était limité à l’époque. Chaque SMS était payant, les écrans étaient minuscules, les graphismes grossiers, le rendu des photos bien moche, on ne pouvait pas charger de la musique dans l’appareil et les vidéos MMS était aux choix inregardable car évoquant un gros tas de pixels dansant, ou impossible à ouvrir car jamais compatible avec votre OS. Bref, à moins d’avoir le nec plus ultra, qui coûtait autant un bras alors que maintenant, un téléphone portable restait très limité que ce soit en terme d’utilisation ou de performance. Autant dire que Aliens: Unleashed n’aurait jamais pu être beau et prenant de toute façon, même avec un gros budget, devant compter sur une technologie balbutiante et l’emploi de ce bon vieux Java pour faire ses preuves. Le gameplay est réduit à une peau de chagrin, se résumant globalement à appuyer sur le bon bouton au bon moment plutôt que d’offrir une liberté de contrôle au joueur.
Graphiquement le jeu est à la ramasse puisque se contentant d’afficher quelques images fixes en guise de décors, des personnages en pose statique en guise d’ennemis, et l’animation n’existe pour ainsi dire pas: ce sont différentes images qui apparaissent, les unes après les autres, avec quelques différences qui viennent donner la notion de mouvement…

 

 

En gros Aliens: Unleashed évoque ces vieux jeux électroniques d’antan, du genre Tiger Electronic, la couleur en plus – et encore, et avec un meilleur son. Tout ce chemin depuis les années 90 pour en revenir là, c’est plutôt désolant, mais cela n’empêchait pas les responsables de vanter les mérites de leurs programmateurs: Ray Schaaf, président de Sorrent, participa lui-même à la campagne marketing en déclarant notamment que le jeu possédait “a gripping storyline” (une histoire captivante). Alors évidement, c’est faux. Comme sur la plupart des jeux vidéos sur mobiles, même les actuels, il y a très peu de place pour une intrigue et on se retrouve généralement avec un fil rouge tellement léger et à peine évoqué que l’on y prête rarement attention. C’est évidemment le cas ici, toutefois, il faut bien le reconnaitre, la personne en charge d’écrire les trois lignes de narration pour cet opus a eu une idée plutôt originale. Pas nécessairement bonne mais au moins inédite.
Car il se trouve que dans ce jeu Aliens, il n’y a pas de Xénomorphes ! Pas au début en tout cas: les créatures que l’on y rencontre n’ont que l’apparence des célèbres bestioles de la saga et sont en fait… des robots ! En effet, le “scénario” nous met dans les bottes de l’habituel Colonial Marine, ici un bleu en plein centre d’entrainement sur la base spatiale de New Quantico (!), dans le système Hixxo 53. Une planète où sont formés les futurs chasseurs de Xénomorphes qui devront agir dans telle ou telle colonie en cas d’infestation. Leurs cibles d’entrainement sont de véritables androïdes, comme Ash ou Bishop, mais ayant la forme de Xénomorphes, afin de les mettre en situation.

 

 

On y trouve ainsi de faux Drones, Facehuggers, Chestbusters et même quelques Runners, le Xénomorphe “animal” de Alien 3, qui sont tous dénommés “Synth” pour “synthétiques” (peut-être préfèrent-ils “aliens artificiels”, mais c’est personnel) et imitent à la perfection leurs dangereux modèles bien qu’ils soient non létaux. Le jeu va jusqu’à expliquer que ces répliques ont été construites par “la compagnie”, c’est-à-dire la Weyland-Yutani, et les programmateurs ont eu la présence d’esprit de leur offrir du sang blanc afin d’être raccord avec ce que l’on voit dans les films.
Le point de départ assez fou de Alien: Unleashed, c’est qu’après une première mission tout à fait normale où l’on dégomme quelques robots pour se faire la main, les synthétiques ont une malfonction et attaquent tout le monde à vu ! Un peu comme dans cet épisode des Simpsons, lorsque la famille visite Itchy & Scratchy Land et que les robots utilisés en guise de mascottes automatisées pètent un câble et s’en prennent aux touristes ! Notre personnage doit alors se battre pour de bon afin de survivre, et éliminer la menace qui est désormais aussi dangereuse que les véritables Xénomorphes. Encore plus lorsque les autres synthétiques de la base, ceux d’apparences humaines, se mêlent au combat pour prêter mains fortes à leurs frères monstrueux…

 

 

Ce concept est la véritable raison qui m’a poussé à m’intéresser à ce titre, hélas celui-ci n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout et redevient très conventionnel lorsqu’au milieu de la partie arrive le twist: on découvre que la Compagnie gardait de véritables Xénomorphes pour faire leurs recherches et ceux-ci ont profité de la confusion pour s’échapper, obligeant le joueur à leur faire face. Et pas question de nous plonger dans une guerre étrange entre vrai et faux aliens: le jeu continue comme avant mais les ennemis ont désormais le sang vert. En fait l’argument semble juste être là pour rajouter une petite difficulté, les projections acides pouvant blesser le joueurs s’il tir sur un monstre trop proche de lui…
Cela permet au moins un dernier boss sous la forme d’une Reine, plutôt simple à abattre compte tenu de l’arsenal dont on dispose à ce moment là, mais donnant au moins un sentiment de satisfaction quant à la conclusion du jeu. Aliens: Unleashed aurait pu continuer en boucle, ad nauseam, jusqu’à ce qu’on l’abandonne par lassitude. Au contraire on se retrouve avec un minimum de progression qui fait espérer la confrontation finale, et c’est un bon point. Car répétitif, le jeu l’est déjà énormément: le joueur passe son temps à éliminer les mêmes adversaires de la même façon (cliquer sur une touche lorsqu’on nous l’indique) sans évolution dans le gameplay.

 

 

S’il y une illusion d’exploration via le menu du jeu (avec une option pour se battre contre différentes cibles et une autre pour fouiller caisses et cadavres afin d’obtenir de précieux items, mais ce n’est qu’une ligne de texte) et qu’il existe une fausse gestion de l’équipement (on peut garder ou supprimer des armes et il faut en sélectionner deux avant un combat), Aliens: Unleashed se limite à bien peu de chose. Le personnage “explore” les environs de New Quantico dans une série de lieux différents qui se séparent en plusieurs zones: baraquements, entrepôts, laboratoires, bureaux de la Compagnie et jusqu’à une ruche Xénomorphe que le jeu appel un “nid”. Autant d’endroits qui se résument à une image de fond qui change de couleurs de temps en temps.
Le combat se déroule au tour par tour, ne présentant qu’un seul ennemi à la fois, lequel se rapproche progressivement de l’écran comme dans un jeu de tir sur cible en carton. Un numéro apparaît au-dessus de la créature à abattre et le joueur doit cliquer sur la touche correspondante pour faire mouche, avec aléatoirement l’apparition d’un tir “critique” qui fait plus de dégâts ou d’un raté, qui fait perdre un tour. On ne peut pas bouger, on ne peut pas viser, on ne peut pas esquiver ou changer d’angle de vue: le seul choix donné est le changement d’armes en cours de combat, pour une attaque à distance / rapprochée, et la possibilité de fuir.

 

 

Autant le dire, c’est vite lassant et on fini par avoir l’impression d’être bloqué sur le même combat en boucle a force de répéter les mêmes actions. Le jeu tente de rendre les choses plus dynamique en ajoutant une liste d’adversaire toujours plus longue à force de progression, en accélérant la vitesse de ses Quicktime Events (car c’est exactement ce dont il s’agit) et en essayant de varier la méthode d’élimination: théoriquement, des armes différentes sont requises pour abattre les cibles dans les meilleures conditions et il convient de trouver la bonne combinaison. En réalité, cela importe peu si vous êtes assez rapide avec vos touches.
Il y avait de l’idée pourtant, entre les synthétiques et les véritables Xénomorphes qu’il faut éviter d’exterminer de trop près, les gardes humains qui se rebellent pour assurer leur survie et les gardes robots qui peuvent vous tirer dessus de loin. Mention spéciale au Facehugger, qui s’agrippe à votre visage à la manière d’Alien Trilogy, et le Chestbuster, tout petit et tout vert, qui est adorable lorsqu’il attaque puisqu’il tend ses petits bras comme s’il voulait vous faire un câlin ! Il existe plusieurs armes à trouver et tester contre eux, comme les classiques Pulse Rifle et Smart Gun d’Aliens, mais aussi plusieurs fusils, pistolets, lance-grenades, bazooka et même un fusil plasma.

 

 

Différentes armures de protection sont disponibles ainsi que des Medkits qu’il faut trouver et économiser. Aussi le nombre d’objets que l’on peut conserver est limité et il faut parfois faire des sacrifices. Autant d’éléments qui donnent l’impression que Aliens: Unleashed propose un système de jeu complet, mais qui ne sont que des gadgets destinés à vous faire oublier que la seule chose que l’on y fait, encore et encore, c’est appuyer sur les trois mêmes touches. Mais ne crachons pas sur cette poudre aux yeux qui a au moins le mérite d’être là et de rendre ce titre un peu plus consistant, même en apparence. Pour un jeu mobile, c’est déjà énorme. Les programmateurs ont le soucis du détail (les synthétiques ont le sang blanc, le cri du Xénomorphe est bien rendu, les armes d’Aliens sont fidèles au film), l’idée de départ est assez folle pour être plaisante et on peut toujours se marrer devant l’absence de logique du jeu vidéo: un Chestbuster peut avoir plus de points de vie qu’un Marine et un Facehugger peut encaisser missiles et grenades.
Mon seul regret c’est que le guide du joueur, un “Synth Advisor” qui donne conseils et renseignements, ne pète pas un câble comme ses semblables. Il aurait été hilarant de le voir progressivement déraper, à la manière de l’I.A. dans Metal Gear Solid 2, et donner de fausses consignes du genre “ne rechargez pas” ou “laissez l’ennemi venir vers vous” comme s’il cherchait à vous faire tuer.

 

 

Pour une première expérience sur mobile, Aliens: Unleashed n’est pas la chose plus honteuse qu’il soit, se montrant finalement aussi généreux qu’il pouvait l’être considérant ses limitations. C’est moins le cas de son prix d’époque, puisqu’il était disponible pour 3,99$ au mois ou 6,49$ en achat définitif. Autant dire qu’il fallait vraiment être fan pour claquer tout ce fric là-dedans.
De nos jours il est quasiment impossible d’y jouer, à moins d’installer un émulateur spécial pour vieux mobile. Certains sont peu intéressant à utiliser (affichant un écran de quelques centimètres qui n’est pas très agréable à regarder depuis un ordinateur) et les meilleurs ne sont pas nécessairement simple à faire fonctionner. J’ai moi-même infecté mon ordinateur en tentant la chose – même gratuit, Aliens: Unleashed n’est pas donné ! Mais il reste une curiosité dans la franchise qui mérite au moins qu’on l’évoque une fois de temps en temps.

 

 

 

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