Freddy’s Nightmares (1.04) – Freddy’s Tricks and Treats (1988)

ROAD TO HALLOWEEN

 

 

Freddy’s Nightmares – A Nightmare on Elm Street: The Series

Freddy’s Tricks and Treats

(1988)

 

Pour conclure cet Halloween 2011, quoi de mieux qu’une aventure mettant en scène l’homme de nos rêves en personne, j’ai nommé Freddy Krueger ?! C’est donc avec un épisode de série télé que nous achevons ce marathon thématique: Freddy’s Tricks and Treats, chez nous étrangement retitré Enlève ton Masque. Mais avant de tailler dans le vif, une petite introduction s’impose pour ceux qui ne connaîtrait pas le show…

 

 

Freddy’s Nightmares, connu en France sous le titre de Freddy, le Cauchemar de vos Nuits (diffusion sur La Cinq) ou celui des Cauchemars de Freddy (en cassettes vidéos), a vu le jour en 1988 au cours d’une incroyable Freddymania. Le croquemitaine étant plus populaire que jamais, l’idée était de capitaliser via une série télé où il apparaîtrait régulièrement et le projet fut rapidement produit, avec un budget très limité. En conséquence, le show ne survécu pas au-delà de la seconde saison et se traîne, a raison, une réputation catastrophique bien qu’une sorte de bonne humeur générale se dégage de l’entreprise.

 

 

La faute en incombe surtout au concept, très mal pensé. Plutôt que de faire de Freddy le personnage principal, ou en tout cas l’antagoniste de toute la série, Freddy’s Nightmares s’apparente à une anthologie d’histoires horrifique où le Springwood Slasher ne serait qu’un présentateur à la manière du squelette des Contes de la Crypte ! Et encore, les-dites présentations étant limités à quelques apparitions minimalistes ici et là, avec blagounettes risibles à la clé !

 

 

Quelques exceptions subsistent toutefois, où Krueger est directement impliqué dans l’intrigue. C’est le cas de ce quatrième épisode de la série télé, diffusé le 30 octobre à la télévision et se déroulant tout naturellement pendant Halloween. Mêler Freddy à cette fête des monstres était une bonne idée qui aurait pu aboutir à un résultat intéressant, hélas celui-ci est totalement insignifiant. Aux commandes de ce beau gâchis, Ken Wiederhorn (le fauché mais sympa Shock Waves et l’ignoble Retour des Morts-Vivants II) offre une réalisation impersonnelle au même titre que ses prédécesseurs sur le show…

 

 

L’histoire, pas vraiment originale, nous montre comment le croquemitaine s’applique à rendre folle une étudiante en médecine qui ne croit pas aux fantômes, et donc qui ne croit pas en lui. Un postulat de départ pas franchement excitant et très mal exécuté en raison de la structure narrative particulière de la série: il faut savoir que chaque épisode est séparé en deux parties, avec l’intrigue servant de fil rouge. Freddy’s Nightmares suit généralement les mésaventures d’un protagoniste avant de le quitter pour se concentrer sur un personnage secondaire du récit, lequel va devenir le nouveau personnage principal dans l’histoire.

 

 

Ici nous suivons donc Marsha, une jolie jeune fille ne pensant qu’au boulot et qui semble avoir beaucoup de mal à se détendre. Malgré la fête d’Halloween, l’étudiante ne pense qu’à son examen du lendemain et même son seul ami, Mark, ne parvient pas à la soustraire de son travail. Se rendant à l’école de médecine pour s’entraîner à pratiquer une autopsie, la jeune femme prend à la rigolade les histoires de fantômes que lui raconte le gardien de nuit, notamment celle de Freddy Krueger dont elle n’avait jamais entendu parlé. Aussitôt Marsha est victime de visions cauchemardesques et tout laisse à penser qu’elle a perdu la raison…

 

 

Au cours de sa carrière cinéma, Freddy Krueger a vu les règles régissant sa mythologie se modifier de plus en plus. Lui qui ne tuait que les adolescents d’Elm Street a fini par pouvoir s’en prendre aux autres gamins de toute la ville via quelques astuces scénaristes, et l’âge de ses victimes a fini par ne plus avoir vraiment d’importance avec le temps. Ici cependant, rien ne vient vraiment justifier l’intrusion du croquemitaine dans l’esprit de Marsha, une jeune femme qui n’est aucunement lié à lui et qui surtout ne semble même pas dormir lors de ces attaques ! Les visions dont elles souffrent lui arrivent sans raisons alors qu’elle est pleinement éveillée, ou qu’elle se remémore des évènements passés. Même le trauma et les problèmes mentaux qui se dévoileront par la suite ne peuvent fournir d’excuses valides…

 

 

Élevée par une grand-mère puritaine à la mort de ses parents, Marsha se révèle être une jeune femme sexuellement inhibée et surtout hantée par le décès de son aïeul, occasionné par une crise cardiaque lors de son seul instant de rébellion ! Ce souvenir douloureux, qu’elle semble refouler au plus profond d’elle-même, est bien sûr la raison qui l’a poussée à devenir étudiante en médecine. Si Krueger utilise ce background pour torturer Marsha, rien ne justifie qu’il puisse pénétrer dans sa tête et affecter son quotidien alors qu’elle n’est même pas endormie.

 

 

Pire encore vient la révélation a propos de Mark, l’ami de notre héroïne qui s’inquiète pour elle. Comprenant qu’elle traverse une crise d’angoisse en cette nuit d’Halloween, il décide de s’occuper de son cas et la ramène à la maison de sa grand-mère afin de la forcer à se confronter à ses démons. Au final, alors que Marsha s’en tire in-extremis sans pour autant avoir réglé son problème avec Freddy, Mark décrète qu’elle a réussie son épreuve et qu’elle n’a plus besoin de lui désormais… Car Mark n’était qu’un ami imaginaire veillant sur elle sans qu’elle ne le réalise !

 

 

Voilà une belle opportunité complètement gâché. Un ami imaginaire tentant de protéger sa “créatrice” de Freddy à travers rêves et visions ! Le concept aurait pu permettre beaucoup de choses mais il n’est même pas effleuré ici. Ni Mark ni Freddy n’auront conscience l’un de l’autre et lorsque le croquemitaine attaque le jeune homme lors d’une vision, lui crevant les yeux, il n’y a par la suite aucune répercussion comme si cela n’était jamais arrivé.

 

 

En ressort une certaine confusion, avec ces multiples éléments qui n’amènent nulle part et ne se mêlent jamais, d’autant plus que la thématique d’Halloween passe complètement à la trappe, le récit pouvant faire sans. Et pour couronner le tout, une grande partie de ce qui vient d’être construit lors de cette première partie n’est même pas réutiliser dans la suite de l’épisode, la seconde moitié rebondissant sur une idée différente et tout aussi farfelue…

 

 

Suite à la disparition de Mark, Marsha devient alors volontaire pour une expérience sur les rêves, conduite par deux étudiants aperçu un peu plus tôt dans l’épisode. Grâce à une machine de leur invention, ceux-ci sont capable de visionner les rêves de leur patient et même de les enregistrer sur VHS ! Bon, dans un film de science-fiction pourquoi pas, mais dans l’univers de Freddy Krueger, ça va un peu loin. Et pourtant, quitte a utiliser une idée comme ça, autant le faire correctement et exploiter toutes les possibilités que pourrait permettre un tel appareil. Autant le dire tout de suite, ce n’est pas le cas ici…

 

 

Avec Marsha, nos chercheurs pensent avoir un cobaye idéal pour avancer dans leurs recherches et ils l’utilisent pour des sessions d’enregistrements. En quoi le cas de la jeune femme est-il important pour leur projet, cela demeure un mystère. En tout cas les scientifiques passent surtout pour de sacrés pervers puisque les rêves de leur cobaye se résument a du strip-tease avorté ! Elle se caresse doucement face à sa fenêtre, devinant la silhouette de voyeurs l’observant, puis se met en sous-vêtement avec poses lascives à la clé. Les mecs inventent une machine à rêves et s’en servent pour regarder un porno soft à l’image brouillée !

 

 

Marscha, en effet, bloque inconsciemment ses rêves, refusant de “se lâcher”, et la machine perd rapidement le signal. Ce qui n’est jamais expliqué c’est si cette retenue psychologique est dû à la sexualité refoulée de la jeune femme ou à la peur de Freddy. Décidé à en voir plus (pour le bien de la science, ou pour mater une femme nue ?), l’un des inventeurs se met en tête de booster l’imagination de sa patiente et lui fait alors visiter la vieille chaufferie où travaillait de son vivant Freddy Krueger…

 

 

A partir de là, le spectateur va complètement perdre le fil de l’histoire. Tout s’enchaîne trop vite et sans logique: Marsha a de nouvelles visions, de véritables rêves cette fois puisqu’elle pratique une session d’enregistrement directement sur place, où elle découvre une petite fille retenue prisonnière par Freddy qui a tôt fait de venir l’attaquer. La machine à rêve semble incapable de stabiliser les images qu’elle reçoit, au grand dam de son créateur qui s’insurge. Puis nous découvrons que tout ceci était un rêve dans un rêve, Marsha se trouvant en fait toujours à la clinique sans que nous sachions si la première visite à la chaufferie a réellement eu lieu ou non.

 

 

La jeune femme se réveille pour découvrir qu’elle se fait étrangler dans son sommeil par le chercheur, lequel est devenu fou a force ne pas obtenir les résultats qu’il espérait, et soudainement Freddy surgit de la machine pour l’attirer avec lui dans le monde des rêves. Le croquemitaine se débarrasse de lui et semble ensuite s’en prendre à Marsha, mais celle-ci se réveil une nouvelle fois, dans la clinique et indemne. Et en guise d’épilogue, nous découvrons via la machine à rêve que le jeune scientifique est toujours vivant, prisonnier à l’intérieur du cauchemar de Marsha… Avant de se faire tuer une nouvelle fois !

 

 

Honnêtement je n’avais pas vu si confus depuis Nightwish. L’intrigue n’a aucun sens, brouille les pistes mais n’amène à aucune véritable révélation, et on ne sait plus bien ce qui se passe. Est-ce que Freddy peut tuer indéfiniment ses victimes à travers le monde des rêves, comme ce double-meurtre du scientifique semble le laisser croire ? Pourquoi fini t-il par laisser vivre Marsha, envers qui il avait un motif harcèlement, pour s’en prendre à un autre adolescent ? Et si la machine à rêve fonctionne, pourquoi tout simplement ne pas l’avoir testée sur un autre sujet que Marsha ? Autant de questions qu’il convient de ne pas poser si on veut éviter la migraine…

 

 

Autant le dire, cette seconde partie de Freddy’s Tricks and Treats est un véritable calvaire qui plombe un récit déjà sérieusement handicapé. Le thème d’Halloween disparaît totalement, mais on peut facilement supposer que les tests effectué sur Marsha se passent quelques temps plus tard. Ce qui relance la question: pourquoi utiliser cette période si particulière lorsque l’intrigue peut totalement s’en passer ?

 

 

Bref vous l’aurez compris, Freddy’s Nightmares est un beau bordel qui témoigne de l’avidité des producteurs et il y a vraiment peu de chose à en tirer. Quelques séquences ici et là, comme un amusant squelette-Freddy et l’idée de la petite fille enfermée dans la chaufferie. Le maquillage de Krueger est de bonne qualité, effectué par Kevin Yagher qui était déjà au poste sur le troisième et quatrième film. Dommage que la voix du Springwood Slasher ne subisse pas le même traitement, laissant Robert Englund prononcer ses répliques sans le bon effet sonore qui l’accompagne habituellement. On peut également noter un clin d’œil amusant envers les franchises concurrente puisqu’apparaissent un masque de Jason, porté par un farceur très maladroit, ainsi que celui d’une citrouille emprisonnant la tête de l’héroïne, tout droit tirée de l’excellent Halloween III.

 

 

Enfin rayon anecdote, on peut remarquer la présence de Mariska Hargitay dans le rôle de Marsha, qui n’est autre que la greluche réac’ de New York: Unité Spéciale. Quant à sa grand-mère anti-sexe que l’on aperçoit finalement que quelques secondes, elle est jouée par Elsa Raven. Elle ne vous dit probablement rien, mais vous l’avez tous déjà vu: elle était celle qui tentait de sauver l’horloge de l’hôtel de ville de Hill Valley dans Retour vers le Futur ! D’ailleurs n’y empêchait-elle pas Michael J. Fox d’embrasser sa bien-aimée ? Coïncidence, coïncidence…

 

 

Toujours pas édité en DVD ou Blu-ray a ce jour, Freddy’s Nightmares n’est visible que par le biais de rip télé de très mauvaises qualités. Autant le dire, voilà un argument supplémentaire pour ne PAS recommander la série. Si certains aficionados passeront outre les nombreux défauts pour une franche partie de rigolade, tous les autres trouveront beaucoup plus difficile d’encaisser ces 45 minutes.

 

Stick that in your VCR… And suck on it !

 

 

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